LA GUERRE FROIDE

frise chronologique de la guerre froide

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les USA et l’URSS vont s’affronter dans un conflit d’un genre nouveau nommé guerre froide. Jamais ces deux puissances nucléaires ne vont s’affronter directement mais leurs relations vont être à l’origine de nombreux conflits périphériques. La diplomatie mondiale se caractérisa par de nombreuses crises et par un climat de tension entre les peuples liés à la propagande et à la course aux armements.

A la suite de la disparition du bloc communiste, les relations internationales apparaissent dominées par une seule superpuissance, les États-Unis. Ceux-ci semblent vouloir prolonger leur action en faveur de la paix et de la stabilisation du monde en collaborant avec l’ONU et en s’associant au plus grand nombre possible de pays, suscitant l’espoir d’un nouvel ordre mondial fondé sur le droit. Assez rapidement, cependant, la résurgence de conflits anciens ainsi que l’apparition de nouvelles formes de conflictualités (qui ne sont plus liées seulement à des rivalités entre États) marquent l’entrée dans une ère nouvelle, dans laquelle le caractère de plus en plus multipolaire du monde et les progrès de la mondialisation incitent à la recherche d’autres modalités de gouvernance.

Comment, à travers ces différents conflits, comprendre les permanences et les ruptures de la diplomatie mondiale depuis 1947 ?

Un conflit idéologique et de puissance

Liberté à l’américaine 1949

L’affiche « Liberté à l’américaine » a été dessinée par Efim Dolgorouki en 1949. Etats-Unis et URSS sont alors opposés dans le cadre de la Guerre froide, qui a débuté en 1947, avec l’exposé des différences doctrinales entre modèle américain et soviétique ( respectivement en mars 1947, doctrine Truman, et septembre 1947, doctrine Jdanov). En 1949, les blocs sont en voie de constitution, comme le montre l’achèvement de la première crise de Berlin qui donne naissance à deux états allemands, RFA (bloc occidental) et RDA ( bloc soviétique). La Guerre froide emprunte toutes les voies du conflit – à l’exception du conflit armé direct. Parmi ces voies, l’affrontement idéologique est majeur, et, dans ce contexte, l’affrontement prend la voie d’une guerre des images. Adressée aux soviétiques – que la propagande occidentale tente de toucher par le biais des médias ( Voice of America, la radio américaine,  émet en russe dès février 1947) – , l’affiche « Liberté à l’américaine » a pour objectif de dénoncer les fondements du modèle américain.

Le principe est simple : les caractéristiques du modèle américain sont reprises et parodiées. Le modèle américain se targue d’être un modèle politique fondé sur la garantie des libertés individuelles. C’est ce que rappelle le discours du président Truman de mars 1947, qui fait de la liberté la ligne de partage entre les deux modèles opposés, soviétique et américain :

    « Au moment présent de l’histoire du monde, presque toutes les nations se trouvent placées devant le choix entre deux modes de vie. Et trop souvent, ce choix n’est pas un libre choix. »

1947, l’URSS s’affirme comme un pays démocratique et anti-impérialiste (c’est la doctrine Jdanov), pourtant, les libertés fondamentales des citoyens des pays de l’Est ne sont pas respectées ainsi que les volontés pacifiques , c’est ce que dénonce cette affiche de propagande. Le blocus de Berlin en 48 montre aussi l’opposition Est-Ouest et le fait que la paix est en danger.

Nous avons donc deux modèles :

Et des alliances militaires

Mais la guerre froide c’est aussi un conflit de puissance.

Un conflit entre les deux grands suppose de prendre le risque d’un conflit atomique, ceux qu’aucun d’entre –eux ne souhaitent. Toutefois, les scientifiques sont recrutés afin d’améliorer la bombe atomique et concevoir des nouvelles armes. Cette course aux armements et son coût économique fut fatal à l’économie soviétique  et il provoqua de nombreuses manifestations aux USA et chez ses alliés occidentaux.

L’absurdité de cette course aux armements et à la puissance est illustrée par S Kubrick dans Docteur Folamour (1963)

La guerre froide se caractérise par de nombreuses crises

 Berlin ou l’affrontement de deux modèles idéologiques

 

La question allemande devient le 1er enjeu de la guerre froide. Faute d’accord avec l’Urss qui impose le modèle soviétique dans sa propre zone, les Occidentaux annoncent en juin 48 leur intention de créer un État ouest-allemand et d’introduire une nouvelle monnaie nationale. Staline dénonce cette mesure comme étant contraire aux accords de Postdam ( juillet-aout 1945) et réagit en organisant le 24 juin 48 le blocus de Berlin-Ouest afin d’asphyxier cette enclave capitaliste au cœur de la zone soviétique et de forcer les Occidentaux au départ. Les Américains appliquent leur politique d’endiguement en organisant un gigantesque pont aérien pour ravitailler la ville en menaçant d’aller au conflit si les couloirs aériens ne restent pas libres. Staline ne fait pas utiliser la force et est obligé de reconnaître son échec en levant le blocus en mai 49.

Le résultat immédiat est la création, le 8 mai 49, de la République fédérale d’Allemagne (RFA) soutenue par les Occidentaux. Les Soviétiques répondent, le 7 octobre, par la proclamation de la République démocratique allemande (RDA). Les 2 Allemagnes se font désormais face à face, symbolisant la coupure de l’Europe.

Berlin Est et Berlin Ouest offrent 2 visages totalement différents. Alors que l’Ouest devient la vitrine de l’Occident et de sa réussite économique, l’Est adopte le modèle soviétique ou plutôt se le voit imposer (malgré la révolte populaire de 1953 lourdement réprimée). Face à cette situation, de nombreux Berlinois et Allemands de l’Est voit en Berlin un moyen de gagner l’Ouest. Afin de contenir ces fuites, le gouvernement est-allemand avec l’appui de l’URSS érige dans la nuit du 12 au 13 aout 1961 un mur étroitement surveillé coupant la ville en 2, qualifié de véritable mur de la honte par les Occidentaux. C’est la 2ème crise de Berlin.

Si Berlin a incarné les tensions entre les 2 Blocs, à partir des années 70, elle illustre le dégel des relations. En effet, les relations entre les 2 parties de la ville, tout comme les relations entre RDA et RFA s’améliorent lentement. Cette politique  (Ostpolitik) s’inscrit dans le cadre d’une Détente des relations Est/Ouest. Berlin est de même au cœur de la fin de la Guerre froide, la chute du mur le 9 novembre 1989 symbolisant l’effondrement du bloc de l’Est et la voie de la réconciliation (réunification en 1990).

  La crise de Cuba : le monde au bord du gouffre ?

En 1959, Fidel Castro renverse la dictature en place, alliée des États-Unis. Cette prise de pouvoir s’accompagne de réformes notamment économiques qui suscitent la méfiance des Etats-Unis qui va même jusqu’à tenter un débarquement à Cuba (dans la Baie des Cochons) pour renverser Castro et qui se révèle un cuisant échec. Face à cela, Castro se tourne vers l’URSS et annonce l’appartenance de son pays au camp socialiste. Pour l’URSS de Khrouchtchev, ce ralliement est une grande victoire puisqu’il permet aux communismes de s’installer aux portes des États-Unis, dans la « chasse gardée » américaine.

La découverte en octobre 1962 de l’installation par l’URSS de rampes de missiles, sur le sol cubain, capables de toucher les Etats-Unis, conduit à un tournant majeur dans les relations entre les 2 Grands. Pour la 1ère fois dans la Guerre froide, la menace est directe. Les États-Unis, face à cette situation réagissent avec fermeté face à ce qu’ils considèrent comme une intrusion dans son  aire d’influence. Kennedy de fait annonce le blocus de l’ile de Cuba tout en sommant l’URSS de retirer ses missiles de l’ile n’hésitant pas à évoquer la possibilité de représailles de la  part des États-Unis. Jamais le monde n’a été aussi proche du gouffre et sous la menace d’un conflit direct.

Devant le paroxysme de la crise, les 2 Grands négocient afin d’éviter le conflit nucléaire. De fait, l’URSS accepte de démanteler ses missiles (28 octobre) en échange de quoi les Etats-Unis s’engagent à lever le blocus et à ne pas envahir Cuba. Surtout, la crise de Cuba  amène les 2 Grands à établir un dialogue pour réguler la course aux armements. A partir de 1962, conscients du risque de destruction mutuelle, ils cherchent à apaiser leurs relations et surtout à atténuer les tensions liées à la stratégie de dissuasion nucléaire. S’ouvre alors une période de Détente au cours de laquelle les 2 Grands vont s’efforcer de limiter leurs armements (1968 : traité de non-prolifération nucléaire : 1972 : accords SALT 1)

  La guerre du Vietnam : une guerre périphérique

Depuis la fin de la guerre de décolonisation d’Indochine (1954 : les accords de Genève), le territoire vietnamien est coupé en 2 États.  Au nord, se trouve la République démocratique du Vietnam dirigée par les communistes à la tête desquels se trouve Hô Chi Minh. Au sud, se trouve le Sud-Vietnam, régime soutenu par les États-Unis, soucieux d’endiguer la progression du communisme.

Le Nord entend réunifier sous son autorité l’ensemble du Vietnam et soutient activement une guérilla de communistes sud-vietnamiens (les Viêt-Cong). Face à cette situation, les Américains entendent appliquer leur politique d’endiguement en soutenant dans un 1er temps l’armée sud-vietnamienne. Mais à partir de 1965, les États-Unis interviennent directement dans le conflit en envoyant des forces armées en masse (jusqu’à 550 000 soldats américains). De son côté, l’URSS n’intervient pas directement mais soutient les forces du Nord.

Le rapport de force est asymétrique entre une armée américaine disposant d’une force de frappe puissante et moderne et l’armée d’un pays du Sud. Toutefois, ce rapport de force ne sert pas les États-Unis. En effet, face à une guérilla en milieu hostile, les États-Unis ne parviennent pas à prendre le dessus. Au contraire, la situation s’enlise alors que les pertes s’accumulent.

Face à cette situation et face à la découverte des horreurs de cette guerre (bombardement chimique), l’opinion américaine, et en particulier la jeunesse,  à la fin des années 60, manifeste de plus en plus ouvertement sa désapprobation du conflit. A partir de 1969, les États-Unis organisent le retrait progressif de ses troupes, conduisant à une vietnamisation du conflit. Dès 1972, les communistes prennent un avantage qui conduit à accélérer les négociations de paix. Les accords de Paris en 1973 prévoient le désengagement définitif des États-Unis. Leur retrait entraine la victoire des communistes qui unifient en 1975 le Vietnam sous leur autorité.

La guerre du Vietnam marque donc une défaite militaire des États-Unis, face à un pays tout juste décolonisé et montre les limites de l’armée la plus perfectionnée du monde. Elle se traduit par un profond traumatisme pour les Américains qui se mettent davantage en retrait de la scène internationale dans les années 70.

La guerre du Vietnam a donné lieu à de nombreux films , en attendant mon préféré :

Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola. Pendant la guerre du Vietnam, le capitaine Willard (Martin Sheen), spécialiste des missions secrètes, a reçu l’ordre d’aller tuer un colonel de sa propre armée (Marlon Brando) devenu incontrôlable et accusé d’assassinat. Pour ce faire, Willard doit remonter un fleuve jusqu’au Cambodge où le colonel s’est retranché entouré d’une centaine de personnes qui le vénèrent comme un dieu…

Coppola nous fait toucher du doigt, la folie engendrée par la guerre, la folie des hommes. L’avancement de Willard est ponctué de scènes emblématiques où la raison semble absente : l’attaque du village au son de La Chevauchée des Walkyries de Wagner, la séquence hallucinée du striptease de bunnies en pleine jungle, le pont illuminé attaqué dans la nuit noire et le monologue final de Brando dont on ne voit que le visage dans une demi-pénombre.

Petit récap idéal pour faire une composition, réalisé par 6 élèves un jour de neige

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