La Chine et le monde depuis 1949

1949, les communistes de Mao Zedong prennent le pouvoir en Chine .

La Chine de 1949 est à genoux, en guerre depuis 1931 avec l’annexion de la Mandchourie par les japonais. Les chinois font parti du camp des vainqueurs de la seconde guerre mondiale. La guerre civile suspendue en 1937 pour vaincre l’ennemi commun japonais reprend de plus belle entre les communistes et les nationalistes. Cette guerre se soldera par la victoire des communistes et l’exil des nationalistes sur l’île de Taiwan /Formose.

Pays majoritairement rural, sans réel pouvoir politique depuis la fin du XIX°s et la colonisation des européens, la Chine communiste n’aura de cesse de s’affirmer géopolitiquement et retrouver sa puissance, redevenir l’Empire du milieu.

Comment les dirigeants chinois ont-il conquis /reconquis leur place sur l’échiquier géopolitique mondial ?

I. 1949-1966, Un État communiste sous influence soviétique

  La Chine devient communiste

  • Contexte international = guerre froide, donc lorsque proclamation de la Chine communiste, les puissances occidentales (sf GB pour garder Hong-Kong) ne reconnaissent pas la RPC. Ce sont les chinois nationalistes de Taïwan qui représentent la Chine et ils obtiennent un siège au conseil de sécurité de l’ONU.
  • Qui est Mao Zedong ?

  • La RPC se rapproche alors des autres pays communistes. Elle signe un traité d’amitié avec l’URSS de Staline : adopte le modèle politique & économique soviétique /reçoit une aide technique.
    • priorité à l’industrie lourde
    • collectivisation des terres agricoles
    • planification de l’économie
  •  Staline est mort (1953), Khrouchtchev dirige l’URSS et désire mettre fin au totalitarisme et au régime de terreur .Il  lance la déstalinisation. Les relations se tendent. La RPC critique la politique de KH en particulier la déstalinisation et la coexistence pacifique ( cf Cuba 1962), Mao finit par rejeter le modèle soviétique. En 1960, l’URSS met fin à son aide. 1964 : rupture officielle avec URSS.

1958 politique du » grand Bond en avant «

Le Grand Bond en avant est une politique menée en RPC de 1958 à 1961. Il devait comme son nom l’indique permettre à la Chine de rattraper rapidement son retard sans l’aide de l’URSS. Le 2ème Plan quinquennal (1958-1962) s’appuie sur les campagnes comme moteur du développement, avec comme unité de base la commune populaire. Malgré des rapports optimistes, l’industrialisation accélérée et la mobilisation violente des masses paysannes ont donné lieu à des résultats catastrophiques : la récolte de 1958 pourrit sur pied faute de main-d’œuvre dans les champs car elle a été requise pour les grands travaux hydrauliques, la construction de routes et de ponts, la production d’acier dans les « petits hauts-fourneaux » villageois. Les récoltes de 1959 à 1961 sont déficitaires ce qui n’empêche pas Mao Zedong d’en prélever une part plus grande pour relancer l’économie. L’agriculture chinoise n’a retrouvé qu’en 1963 son niveau de 1957. Le Grand Bond en avant s’est accompagné d’une famine qui fit 18 à 23 millions de morts dans les campagnes.
L’échec du Grand Bond en avant est à l’origine de la Révolution culturelle car l’opposition des autres dirigeants déterminera Mao Zedong à déclencher contre eux la Révolution culturelle.

      Une recomposition géographique de la Chine

La Chine ayant été dépecée lors de la colonisation au XIX puis de l’occupation japonaise, lesquels avait annexé la Mandchourie, il s’agit pour les communistes chinois de récupérer des territoires .

  • 1950 annexion du Tibet ( perdue en 1912).
  • Récup de qq zones annexé par la Russie tsariste mais la Chine doit accepter la perte de la Mongolie » indépendante » depuis 1921.
  • Mais impossible de récupérer Hong-Kong, Macao et Taïwan protégés par les USA.

   Un engagement international

  • Soutien des Vietminh contre les colonialistes français lors de la guerre d’Indochine 1946-1954, puis contre les américains lors de la guerre du Vietnam. La Chine et l’URSS livrent des armes, et la Chine sert de base de repli pour les combattants.
  • 1950-1953 Guerre de Corée : 1er conflit avec engagement direct des chinois communistes auprès des coréens du nord, communistes.

 

  • 1955 : opération de séduction des pays du Tiers-monde lors de la conférence de Bandung, le premier ministre chinois Zhou Enlai est présent  et la Chine même si elle n’accueille pas cette conférence fait partie des organisateurs.
    • .Certains  pays acceptent l’aide de Pékin comme la Somalie, mais seule la Tanzanie adopte le modèle chinois de développement pour développer son agriculture.

  • Seul pays des démocraties populaires, l’Albanie suit la voie chinoise.
  • 1962 , lors de la crise de Cuba, Mao accuse les soviétiques de trahison lorsque les soviétiques retirent ses missiles de Cuba.
  • 1964 première bombe atomique chinoise ./
  • 1964 reconnaissance de la RPC par la France de  De Gaulle.
  • 1969 : conflits à la frontière sino-soviétique.

      1966-1976 Une volonté de sortir de son isolement diplomatique.

  1966 -1968, la révolution culturelle

Suite à l’échec du Grand Bond en avant Mao a été écarté du pouvoir, et pour revenir sur le devant de la scène, il va s’appuyer sur la jeunesse.

Cette « révolution culturelle »  commence par une attaque des milieux intellectuels de Shanghai et de Pékin, puis la mairie de Pékin est visée, ses responsables sont destitués, trop conservateurs! . Les jeunes des écoles et des universités s’organisent en associations de gardes rouges. Les cours ne sont plus assurés : dazibaos, réunions politiques, meetings critiques se succèdent. Les jeunes provinciaux viennent à la capitale et les Pékinois parcourent le pays pour « échanger des expériences révolutionnaires ». Les communistes jugés conservateurs sont rééduqués, souvent violemment. Le petit livre rouge, ouvrage regroupant les pensées de Mao devient l’alpha et l’oméga de la pensée. Un véritable climat de terreur règne, Lin bao présenté en 1966 comme le dauphin de Mao, disparait mystérieusement en 1971.

Il faudra attendre 1976, pour que le calme revienne .

    Mao , une fascination occidentale

Lorsqu’il meurt, en 1976, le président Mao n’a pas seulement subjugué tout un peuple, son aura est internationale. Sa «pensée» inspire des mouvements de rébellion en Asie, en Afrique, en Amérique latine, dont certains perdurent jusqu’à nos jours. Les hommages affluent du monde entier, le plus discret émanant de Moscou, l’ennemi idéologique qui se contentera d’une notice diplomatique, le plus élogieux étant peut-être celui du président français Valéry Giscard d’Estaing, qui déclara qu’«avec la mort du président Mao Tsé-toung s’éteint un phare de la pensée mondiale».

https://www.letemps.ch/monde/2016/07/09/mao-etait-un-prophete-occident

A la fin des années 60, la révolution culturelle lancée par Mao en Chine trouve un écho particulier dans la jeunesse occidentale en quête d’idéal. Les intellectuels décident d’investir les usines et de travailler au milieu des ouvriers dans les ateliers…. Le maoïsme est une façon pour la jeune génération de sortir du stalinisme des aînés avec une certaine radicalité et une authenticité dans la recherche d’une voie socialiste….c’est dans ce contexte que Nino Ferrer chante en 1967 sa chanson, Moa et Mao……chanteur décalé et en dehors du show Biz… Il a connu déjà le succès à plusieurs reprises avec Mirza, Oh hé hein bon, ….les cornichons….

Ses chansons sont volontairement décalées jouant avec les mots ou racontant des histoires saugrenues…. Ses paroles révèlent une tradition de la chanson de café-concert ou de music-hall aux apparences un peu idiotes. Ici, dans Mao et Moa, les calembours se succèdent et font de cette chanson un gag ( source histgeobox)

    La diplomatie chinoise , ou l’art de se positionner comme le champion des opprimés tout en courtisant les États-Unis

  • Le régime des Khmers rouges a régné au Cambodge de 1975 à 1979 avec l’aide de la Chine communiste. Sous la direction de Pol Pot, les Khmers rouges, armés par la Chine, ont renversé le gouvernement cambodgien en 1975 et, après avoir pris la capitale Phnom Penh, ont immédiatement ordonné son évacuation. Quelque 2 millions de personnes ont été envoyées dans les zones rurales, dont 20 000 sont mortes en cours de route. Les personnes âgées et les malades qui ne pouvaient pas quitter la ville ont été tout simplement exécutés.

Vider les villes cambodgiennes faisait partie de l’objectif des Khmers rouges : rééduquer la population et instaurer leur version d’État idéal – une utopie d’une communauté agraire communiste rebaptisée Kampuchéa démocratique. Le régime de Pol Pot a exterminé jusqu’à un quart de sa population cambodgienne (environ 2 millions de personnes).

Alors que pendant la guerre du Vietnam le régime communiste du Vietnam du Nord soutenait militairement les forces de Pol Pot, peu de temps après 1975, les relations entre les Khmers rouges et les communistes vietnamiens se sont détériorées. Ce qui a commencé comme des escarmouches à la frontière entre les deux pays s’est transformé en une invasion par le Vietnam qui a chassé les Khmers rouges du pouvoir en 1979.

Le Parti communiste chinois a soutenu Pol Pot pour contrer le Vietnam, qui s’était rangé du côté de l’Union soviétique. À cette époque, le soutien de la Chine aux Khmers rouges a reçu le feu vert de la part de Washington, qui cherchait à améliorer ses relations avec Pékin. Menée par le secrétaire d’État américain Henry Kissinger, la politique des États-Unis visait à saper les relations entre les puissances communistes et, dans ce cas particulier, à opposer la Chine à l’Union soviétique et à ses alliés communistes au Vietnam.

Dans les années 1980, les forces de guérilla qui restaient fidèles à Pol Pot continuaient de recevoir une aide militaire de Pékin. Elles profitaient également de la position de Washington qui s’opposait, lors des débats aux Nations Unies, à l’occupation du Cambodge par le Vietnam.

  • Diplomatie du Ping Pong 1971

C’était il y a trente-sept ans. L’épisode, connu sous le nom de « diplomatie du ping-pong », reste encore aujourd’hui le plus bel exemple de l’utilisation du sport comme un outil de relations internationales. L’événement est aussi considéré comme le point de départ symbolique de la détente entre la Chine de Mao Zedong et l’Amérique de Richard Nixon, célébrée en 1972 avec le voyage du président américain à Pékin.(…)Tout commence en mars 1971. Pas en Chine ni aux Etats-Unis, mais à Nagoya, au Japon, où sont organisés les 31es championnats du monde de tennis de table(…)

Depuis le début de la révolution culturelle, Pékin n’avait plus envoyé de sportifs à l’extérieur de ses frontières. Et, comme personne ne pouvait alors entrer en Chine, seules sortaient du pays quelques rumeurs d’atrocités perpétrées par le régime.

Dans les gymnases, le charme opère. Aucun doute, le talent des pongistes de l’empire du Milieu ne s’est pas évanoui derrière les frontières fermées du régime de Mao. Hors les gymnases, c’est autre chose. Au congrès de la Fédération internationale, Tim Boggan comprend vite que la politique fait aussi partie du voyage : « Le délégué chinois, rouge de colère, a hurlé lorsque nous avons abordé la question de Taïwan. S’ils avaient fait le déplacement, c’était aussi pour empêcher que ce pays soit reconnu sur la scène internationale… Ils utilisaient le tennis de table comme une arme. »

https://www.lemonde.fr/jeux-olympiques-toute-l-actualite/article/2008/08/14/souvenirs-d-un-diplomate-du-ping-pong_1083506_1074179.html

  • 1972 Nixon en Chine communiste

En pleine guerre froide, le 15 juillet 1971, le président américain Richard Nixon prend le monde par surprise en annonçant, lors d’une courte allocution télévisée, qu’il accepte une invitation du premier ministre Zhou Enlai à se rendre en Chine populaire avant mai de l’année suivante.

« Il ne peut y avoir de paix stable et durable sans la participation de la République populaire de Chine et de ses 750 millions d’habitants », fait valoir le locataire de la Maison blanche. « J’entreprendrai ce voyage », dit-il, « parce que je crois que c’est un voyage pour la paix ».

Nixon révèle que le prélude à cette bombe diplomatique a été une visite secrète en Chine, le week-end précédent, de son conseiller aux Affaires étrangères Henry Kissinger, que tout le monde avait cru retenu au Pakistan par un ennui de santé.

1979 établissement de relation diplomatique officielle entre les USA et la Chine
  • 1971 République Populaire de Chine  entre à l’ONU  , Taïwan perd son siège au conseil de sécurité de l’ONU
  • Politique de plus en plus présente sur le sol africain, mais elle reste modeste, elle aide les guérillas communistes comme au Mozambique.
  • 1976 Mort de Mao,la RPC est loin d’être une puissance mondiale.

       Depuis 1976, de l’atelier du monde à la seconde puissance économique mondiale

 L’arme économique pour retrouver sa puissance

  • 1976, à la mort de Mao, la Chine est un pays rural, sous-industrialisé. Un 1/3 de ses habitants vivent dans une extrême pauvreté. Les réformateurs accèdent au pouvoir et leur chef DENG XIAOPING arrive au pouvoir en 1978.
  • De nombreux opposants politiques sont réhabilités mais pas de démocratisation !
  • Priorité est donné à la libéralisation économique, à l’industrie légère et à l’agriculture. Le paysan obtient le libre usage de la terre mais pas la propriété, les sociétés D’État deviennent autonomes et les entreprises privées sont autorisées = 4 modernisations : Développement à la fois de l’agriculture, de l’industrie, de la défense nationale et des sciences et technologies.= Socialisme de marché

    • Mise en place des ZES puis ouvre son littoral aux entreprises étrangères = Chine devient un pays atelier.
  • Ce qui lui permet d’intégrer la Banque mondiale et le FMI en 1980
  • Développement de la  coopération scientifique et technique avec les occidentaux

 Pas de démocratie pour les chinois

1989 Tian an Men

  • Les inégalités se creusent en particulier entre la Chine littorale et la Chine de l’intérieur. des milliers de paysans migrent vers les villes dan l’espoir de trouver du travail.
  • Inflation, corruption et manque de liberté alors même que Gorbatchev entame ses réformes de Glasnot en URSS.
  • Les étudiants réclament plus de liberté en particulier d’expression et fustigent la corruption. Ils se réunissent sur la place Tiananmen alors même que Gorbatchev rend une visite officielle et que la presse internationale est présente. Le 4 juin, l’armée disperse les manifestants et tue plus de 2000 personnes et nombreux sont ceux qui sont enfermés dans des camps, certains réussissent à fuir vers Taïwan ou vers les EU.
  • Les occidentaux gèlent leur contact avec la Chine qui est condamnée par l’ONU, Pekin se tourne alors vers l’URSS/Russie et les pays en développement mais les FTN attirées par la MO chinoise font pression auprès de leurs gouvernements  et dès 1992, les occidentaux renouent avec Pekin.

  Une puissance complète ?

ECONOMIQUE

  • Depuis 2010 = 2ème puissance économique, mise désormais sur la recherche et le développement, rachètent des entreprises étrangères.  Elle investit à l’étranger( IDE)
  • 2008 intègre le G8 et en 2010 l’OMC et devient le moteur économique de l’Asie remplaçant le Japon.

  • Puissance politique ?
    • Nationalisme
      • Récupération Hong -Kong ( 1997) et Macao (1999)
      • soumettre Hong Kong

  •  Interlocuteur privilégié avec la Corée du N mais D Trump utilise peu les chinois comme intermédiaires
  • Les chinois participent à des missions de l’ONU
  • Mais la Chine est  peu présente dans les conférences internationales comme par exemple concernant la Syrie
  • Une dictature , ne l’oublions pas !

PUISSANCE CULTURELLE

  • Développement du soft power à l’aide des institut Confucius pour développer la langue chinoise , les JO

PUISSANCE MILITAIRE

L’armée populaire de libération (APL) est, depuis toujours, l’armée du Parti et non celle de la Nation. Sa mission première est d’assurer la stabilité du régime. Xi Jinping, qui a lancé une grande réforme de l’APL en 2015, a fixé le cap en appelant à construire une armée de « classe mondiale » en 2049, année du centenaire du régime. Cela veut dire qu’elle vise la parité stratégique avec les Etats-Unis, notamment grâce à une dissuasion nucléaire crédible. Un nouvel équilibre des forces se dessine. En matière industrielle, on voit que la Chine cherche à produire des technologies de rupture pour conquérir un avantage stratégique décisif, par exemple en investissant des milliards dans  l’intelligence artificielle à usage militaire.

La Chine a le deuxième budget militaire au monde, de l’ordre de 175 milliards de dollars, sans même tenir compte du budget en R & D et de celui consacré à la dissuasion nucléaire. Il est encore loin de celui des Etats-Unis mais progresse chaque année fortement et dépasse largement celui des voisins asiatiques. La Chine est clairement une puissance dominante en Asie orientale et ne compte pas s’arrêter là

Frédéric Schaeffer, les échos , 1 oct 2019

UNE PUISSANCE TECHNOLOGIQUE

Chine depuis 1949 TS NGD2017 2018

 

 

 

 

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