GENESE ET AFFIRMATION DES REGIMES TOTALITAIRES

Le totalitarisme c’est quoi?

« La terrifiante originalité du totalitarisme, ne tient pas à ce qu’une nouvelle « idée » soit venue au monde, elle tient à des actes en rupture avec toute notre tradition qui ont littéralement pulvérisé nos catégories politiques comme nos critères de jugement moral. » in Hannah Arendt, The Origins of Totalitarianism, 1951.

« Le totalitarisme n’est pas un phénomène qui se crée lui-même, il possède une cause originelle qui gît dans le dysfonctionnement démocratique issu des effets de la guerre de 1914 et dans l’émergence du parti révolutionnaire monopolistique. » in Raymond Aron, cours professé à la Sorbonne de 1957 à 58, Démocratie et totalitarisme, publiés en 1965.

« Avec le règne totalitaire, nous sommes en présence d’un genre de régime totalement différent. Il brave, c’est vrai, toutes les lois positives jusqu’à celles qu’il a lui-même promulguées (ainsi la constitution de Weimar, par exemple, que le régime nazi n’a jamais abrogée). Mais il n’opère jamais sans avoir la loi pour guide et il n’est pas non plus arbitraire : car il prétend obéir rigoureusement et sans équivoque à ces lois de la Nature et de l’Histoire dont toutes les lois positives ont toujours été censées sortir. Telle est la prétention monstrueuse, et pourtant, apparemment sans réplique, du régime totalitaire que, loin d’être « sans lois », il remonte aux sources de l’autorité, d’où les lois positives ont reçu leur plus haute légitimité ; loin d’être arbitraire, il est plus qu’aucun autre avant lui, soumis à ces forces surhumaines ; loin d’exercer le pouvoir au profit d’un seul homme, il est tout à fait prêt à sacrifier les intérêts vitaux immédiats de quiconque à l’accomplissement de ce qu’il prétend être la loi de l’Histoire ou celle de la Nature. » Extrait de Hannah Arendt, Le Système totalitaire, Seuil, Paris, 1972, pp. 204-205

« Il me semble que les cinq éléments principaux sont les suivants :

1. Le phénomène totalitaire intervient dans un régime qui accorde à un parti le monopole de l’activité politique.

2. Le parti monopolistique est animé ou armé d’une idéologie à laquelle il confère une autorité absolue et qui, par suite, devient la vérité officielle de l’État.

3. Pour répandre cette vérité officielle, l’État se réserve à son tour un double monopole, le monopole des moyens de force et celui des moyens de persuasion. L’ensemble des moyens de communication, radio, télévision, presse, est dirigé, commandé par l’État et ceux qui le représentent.

4. La plupart des activités économiques et professionnelles sont soumises à l’État et deviennent, d’une certaine façon, partie de l’État lui-même. Comme l’État est inséparable de son idéologie, la plupart des activités économiques et professionnelles sont colorées par la vérité officielle.

5. Tout étant désormais activité d’État et toute activité étant soumise à l’idéologie, une faute commise dans une activité économique ou professionnelle est simultanément une faute idéologique. D’où, au point d’arrivée, une politisation, une transfiguration idéologique de toutes les fautes possibles des individus et, en conclusion, une terreur à la fois policière et idéologique. (…) Le phénomène est parfait lorsque tous ces éléments sont réunis et pleinement accomplis. » R. ARON, Démocratie et Totalitarisme, Folio Essais, Gallimard, 1965.

La 1ère Guerre mondiale laisse d’importantes cicatrices et un sentiment de trahisons dans certains pays. Si la France et le Royaume-Uni parviennent à  se relever tout en préservant la démocratie libérale, l’instabilité a constitué un terrain favorable à la montée en puissance des extrêmes en Italie, en Allemagne et en URSS. L’appellation de totalitarisme, née en Italie dans les années 20, désigne ses 3 régimes qui se rejoignent sur de nombreux points sans être pour autant totalement similaires. Les 3 se retrouvent autour d’une condamnation de la démocratie libérale, d’une volonté de contrôler étroitement la société et de développer le culte du chef. Toutefois, les moyens et les degrés d’application divergent.

Problématique : Comment peut-on expliquer la percée des régimes totalitaires ? En quoi les 3 régimes se rapprochent-ils et divergent-ils ? Quels rapports entretiennent-ils avec les démocraties libérales ?

Un terrain favorable à la montée des totalitarismes

ITALIE ALLEMAGNE Russie / URSS
 

 

Des régimes issus de la Grande Guerre

L’Italie, bien que vainqueur, s’estime pour sa part flouée. Elle n’a pas récupéré l’ensemble des territoires qu’elle revendiquait et certains estiment sa victoire mutilée.

 

L’Allemagne vaincue subit la paix des vainqueurs. Le Diktat de Versailles qui lui est imposé est mal vécu et alimente un nationalisme des plus violents En Russie, en 1917, une révolution a conduit au renversement du régime tsariste. La lassitude face à la guerre explique en partie la multiplication des manifestations. Mise en place d’un gouvernement provisoire.
 

 

Profitant de gouvernements fragilisés

 

 

La démocratie italienne, récente, se révèle impuissante ce que traduit parfaitement une succession de gouvernement

marche sur Rome 1922 démonstration de force

La jeune République de Weimar née en 1918 est en grande partie jugée responsable de la capitulation : le coup de poignard dans le dos. Critiquée aussi bien par la gauche que par la droite

Gouvernement provisoire fragilisé par sa volonté de poursuivre la guerre. Retour d’exil de  Lénine. Situation débouche sur Révolution d’octobre 17. Prise de pouvoir par les Bolcheviks

 

 

Et de situations socio-économiques difficiles

 

 

La paix désorganise l’économie vouée jusque-là à la guerre : hausse du chômage, baisse des revenus. Multiplication des tensions : grèves et occupations d’usines en 1919-1920 Conséquences économiques lourdes liées au règlement de la paix + la crise de 1929 a des répercussions catastrophiques dans le pays (3M de chômeurs puis 6 millions en 1932), inflation…) En Russie, la majorité de la pop° est rurale, terres dans les mains de l’aristocratie et de l’Église. Situation en 17 : économie désorganisée, hausse des prix, pénurie. Les manifestations se multiplient

Années 20 : maintien d’une situation de famine

 

 

 

Lutter contre la menace communiste

 

 

 

 

Influence de la révolution bolcheviks se traduit par la création du Parti communiste italien en 1921 qui inquiète la bourgeoisie qui se tournent vers les fascistes (faisceaux italiens de combat en 1919 ; PNF en 1921)

 

Développement de la peur du communisme après guerre. Crainte renforcé par l’apparition de mouvements d’inspiration marxiste appelant à la révolution (les spartakistes de Luxemburg et Liebknecht)

Points communs

  • Un projet idéologique pour transformer l’homme tout en niant l’individu , donc une politique d’embrigadement dès le plus jeune âge et de surveillance de la population sans omettre une bonne dose de propagande

         

  • le culte du chef est un élément clés , il est le guide

    

  • Contrôle de la population , les libertés fondamentales sont supprimées ( liberté d’expression , de presse ..)

  • Le parti =l’Etat=le peuple
  • Une répression , mettant en place la Terreur à l’aide de police politique

Des spécificités

  • idéologique : si il existe des points communs entre le fascisme et le nazisme , l’idéologie communiste est radicalement différente .
    • la lutte des classes , la collectivisation et l’idéal égalitaire sont les bases de l’idéologie communiste
    • La nation doit être le ciment de la société dont la cohésion est garantie par un État total selon Mussolini
    • Pour les nazi la cohésion est raciale , une race de guerrier , un ennemi de race : le juif
    • Sepp Hilz , 1940
  • Des ennemis qui soudent la société .L’ennemi de classe en URSS , le koulak , le bourgeois et pour les nazis le juifs mais pas seulement toutes personnes pouvant porter atteinte à la pureté de la race : homosexuel, prostitué ..

 

 

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