Un produit mondialisé , l’I Phone

Etude de cas IPhone TS 2017

Né dans les années 80, le téléphone mobile connaît une diffusion exceptionnellement rapide , puisque aujourd’hui plus de 6 milliards d’appareils sont utilisés dans le monde , dont plus d’1 milliard d’Iphone .

Né en 2007 , l’IPhone, révolution technologique, premier téléphone mobile tactile. D’abord réservé aux populations riches des pays industrialisés, ce produit concerne de plus en plus les populations du sud et Apple mise désormais sur les catégories sociales élevées des pays émergents. I Phone est un produit diffusé à l’échelle mondiale, mais c’est aussi un produit conçu et fabriqué à l’échelle mondiale, c’est cette stratégie qui permet d’en faire un produit représentatif des dynamiques de la mondialisation.

  Une mise en relation des territoires et des acteurs

L’IPhone est élaboré par les ingénieurs – principalement des américains et des asiatiques – d’Apple dans les locaux du siège social de la firme à Cupertino, en Californie, au cœur de la Silicon Valley

En ce vendredi 23 juin 2017 – comme chaque jour depuis le début du chantier, en novembre 2013 –, la petite cité californienne vit au rythme des travaux. Apple, le géant des ordinateurs et des téléphones portables, a entrepris d’y bâtir son nouveau siège social, baptisé Apple Park, à quelques kilomètres de l’actuel, Infinite Loop, lui aussi localisé à Cupertino. D’ici à la fin de l’année, en principe, le bâtiment principal et ses satellites accueilleront près de 12 000 travailleurs. Le centre de gravité sera formé d’un vaste anneau de 260 000 m2 – soit treize fois le Stade de France –, répartis sur quatre étages, et troués de verdure. Deux annexes rectangulaires de 28 000 m2, un Visitor Center, un espace fitness et bien-être et un auditorium de 1 000 places, baptisé Steve Jobs, compléteront l’ensemble.  Le Monde 28/08/2017 Aureliano Tonet

90% des pièces de l’IPhone sont produites en dehors des États-Unis : les semi-conducteurs
de la dernière génération destinés à fabriquer les puces électroniques de l’appareil  viennent d’Allemagne et de Taïwan, les chipsets (l’ensemble des puces composant un
circuit intégré) d’Europe, l’acier vient de Russie et les métaux rares qui les composent
sont extraits en Afrique et en Asie – les « terres rares », principalement présentes en
Chine. Les écrans tactiles sont fabriqués en Corée du Sud  et en Chine, les mémoires en
Corée, aux États-Unis et au Japon. Seul le processeur est entièrement fabriqué uniquement sur le territoire des États-Unis. L’assemblage final est réalisé en Chine.

La chaîne ne s’arrête pas là : il faut non seulement ajouter les pays dont sont issues les matières premières nécessaires à la fabrication des composants industriels ( Amérique du Sud et Afrique ), mais aussi les paradis fiscaux où Apple a installé des filiales pour éviter de devoir rapatrier ses profits vers les États-Unis où ils seraient taxés à hauteur de 35 %. Ainsi, l’ouverture de plusieurs filiales en Irlande et aux Pays-Bas a permis à Apple d’éviter l’impôt sur des dizaines de milliards d’euros, au grand dam du fisc américain et des pays de  l’UE .


L’entreprise Apple fait appel à pas moins de 21 fournisseurs différents. Mais la plupart
des usines sont implantées en Chine. Ainsi, le sous-traitant taïwanais d’Apple, Foxconn, possède plusieurs dizaines d’usines en Chine, dont certaines sont entièrement dédiées à la production d’Apple. « L’iPhone City« , l’ensemble des usines de Foxconn, emploie 200 000 personnes qui travaillent à l’assemblage des produits. 

En Chine, des étudiants forcés de fabriquer l’iPhone X

A Zhengzhou, chez Foxconn, le principal sous-traitant d’Apple en Chine, des stagiaires de 16 ans travaillent jusqu’à 60 heures par semaine.

A la sortie du métro la plus proche de l’usine géante de Foxconn, quatre agences de recrutement se disputent les visiteurs de l’« iPhone city », le surnom de ce nouveau quartier de la périphérie de Zhengzhou, construit par et pour l’une des plus grandes usines électroniques du monde. « Pas d’entretien, dépêchez-vous de vous inscrire », braillent des haut-parleurs.(…)

Cet automne, les usines de Zhengzhou tournent à plein pour fournir des exemplaires de l’iPhone X au monde entier. Foxconn, le principal sous-traitant d’Apple en Chine, s’est installé dans la capitale du Henan en 2012 pour bénéficier de la main-d’œuvre abondante et bon marché de cette province du centre de la Chine, l’une des plus peuplées du pays.

Mais en plus des ouvriers, les stagiaires, qui restent quelques mois et coûtent moins cher en charges sociales, sont jugés parfaits pour répondre aux besoins saisonniers. Plus de 3 000 étudiants travaillent actuellement sur les lignes d’assemblage de Foxconn, dans les mêmes conditions que des ouvriers. Les tâches répétitives qu’ils accomplissent n’ont aucun lien avec leurs études. Ils effectuent des heures supplémentaires, en violation de la loi.

« Si on ne le fait pas, l’école ne nous donnera pas notre diplôme »

La situation est connue. Depuis une série de suicides sur le campus de Foxconn à Shenzhen (sud-est de la Chine), en 2010, Apple, son principal client, a renforcé les contrôles sur ses chaînes d’approvisionnement. Mais à 17 heures, à la sortie nord de l’immense usine Foxconn, on croise encore de nombreux visages adolescents. Un petit groupe de jeunes de 16 ans va oublier l’ennui de la journée dans une salle de jeux aux pieds des dortoirs. « C’est déprimant, ce boulot, mais on est obligés, soupire un jeune homme sec (tous les étudiants rencontrés ont requis l’anonymat). Si on ne le fait pas, l’école ne nous donnera pas notre diplôme l’année prochaine. »

LE MONDE ECONOMIE | 24.11.2017 à 05h57 • Mis à jour le 26.11.2017 à 18h49 | Par Simon Leplâtre (Zhengzhou, envoyé spécial)

N’oublions pas les acheteurs qui sont bien évidemment des acteurs essentiels : après les américains, les japonais et les européens, Apple se lance à la conquête des pays émergents en particulier avec l’Apple 4 SE  depuis 2016.

Le prix de départ sera de 399 dollars sans engagement auprès des opérateurs téléphoniques, ce qui constitue une réduction importante comparé aux autres iPhone dont les prix de départ sont beaucoup plus élevés. Le premier prix du 6S débute à 649 dollars.

L’objectif du groupe californien est de s’imposer dans des marchés émergents tels que l’Inde, la Chine, l’Afrique et le Moyen-Orient alors que les pays développés sont saturés.

AFP

 Des flux indispensables à la création et à la vente des Iphone

Le ciel est encombré au départ de la Chine à l’approche du 9 septembre, date de la fameuse keynote d’Apple. De très nombreux avions ont déjà été affrétés pour envoyer les nouveaux iPhone aux quatre coins du monde (..)Les importateurs et les douanes font le même constat : dès qu’un nouveau produit Apple est annoncé, il est difficile de trouver un avion libre. Signe que la firme à la pomme place de grands espoirs dans ses nouveaux iPhone, les majors de la logistique FedEx et UPS ont mis la majorité de leurs avions à disposition d’Apple. Objectif : approvisionner les points de vente aux quatre coins du monde en nouveaux produits. Fabriqués en Asie, ils doivent être transportés par les airs pour être disponible lors du lancement.(..)Pour les professionnels du transport, cette domination d’Apple n’est pas une surprise. Depuis la fin des années 90, et le retour de Steve Jobs à la tête de l’entreprise Apple, les produits sont transportés par avion. Prenant de court ses concurrents qui privilégiaient la mer, le fondateur de la firme choisit d’expédier ses Mac par les airs. Principal avantage : le gain de temps. Ainsi, les appareils Apple sont envoyés en quelques heures du fabricant aux consommateurs.

Ainsi, la construction d’un téléphone portable multiplie les flux, flux des matières premières en provenance du Gabon ou du Congo, lesquels fournissent l’étain, le coltan, flux des composants venant d’Europe, du Japon, de Corée du Sud … vers la Chine lieu d’assemblage, puis des flux vers les marchés de consommateurs. N’oublions pas les flux invisibles, les transferts financiers , les fiches techniques ….

Cet ensemble de flux liés à la nouvelle division internationale du travail, c’est à dire le processus de spécialisation des pays tant au niveau de la production que de la conception mais aussi des services, crée un réseau multimodal ( utilisation de plusieurs modes de transport) à l’échelle mondiale.

  Un processus de fabrication et de commercialisation qui suscite des débats

Apple joue la stratégie de la rareté, il n’y en aura pas pour tout le monde, précipitez-vous ! La stratégie marketing d’Apple fait de vous un être d’exception ( voir la pub de 1997) appartenant à une communauté, justifiant ainsi le prix.

 

Mais Apple doit faire face à des critiques d’ONG.

Les prix jugés exorbitants, les conditions de travail dans les usines foxconn, la stratégie de recyclage qui s’apparente plus à du greenwashing. Régulièrement des ONG comme China labour watch dénoncent les conditions de travail des ouvriers de Foxconn.

« Les bas salaires, les longues journées de travail, les heures non payées, les mauvaises conditions de sécurité et les conditions de vie misérables persistent », a estimé l’organisation, qui a mené son enquête clandestinement dans une usine à Shanghaï du groupe Pegatron. Après leur journée de travail, les employés, logés dans l’entreprise, sont par ailleurs conduits dans des dortoirs bondés et insalubres, équipés de lits « infestés de punaises », décrit l’organisation.
En janvier 2012, le New York Times avait publié une enquête fouillée sur les pratiques cautionnées par Apple en Chine. Apple a bien un « code de conduite » pour ses sous-traitants, mais le New York Times estimait que la marque ne se montrait pas assez sévère avec eux. Selon un ancien cadre de la firme, la marque à la pomme a l’obsession des réductions de coûts, aux dépens des ouvriers.

le Monde , /23/10/2015

La situation ne s’améliore guère, pour l’Iphone X

Contacté par le Financial Times au sujet de ces pratiques, Apple a publié un communiqué mercredi 22 novembre : « Au cours d’un récent audit, nous avons découvert des cas d’étudiants stagiaires faisant des heures supplémentaires dans l’usine d’un de nos fournisseurs en Chine. Nous nous sommes assurés qu’ils ont travaillé volontairement, étaient indemnisés et obtenaient des avantages, mais ils n’auraient pas dû être autorisés à faire des heures supplémentaires », a reconnu la firme. S’il est vrai que les stagiaires sont désormais indemnisés à des niveaux similaires aux ouvriers, les étudiants sont de fait obligés de participer aux stages pour valider leur formation.(…)Si les réactions de Foxconn et d’Apple peuvent apparaître comme des preuves de bonne volonté, le doute est permis tant le problème se répète d’années en années. En juillet, une université de Shenyang, dans le nord-est, a présenté des excuses après avoir obligé ses étudiants à prendre part à des stages dans une autre usines de Foxconn, à Yantai, sur la côte est. « C’est le cas chez de nombreux sous-traitants dans l’électronique. Les salaires sont maigres, les journées très longues, les conditions assez mauvaises. L’industrie use les employés très vite, et recrute sans arrêt. Pour les postes peu qualifiés, le recours aux stagiaires et aux intérimaires est massif », explique Keegan Elmer, porte-parole de l’ONG China Labour Bulletin, située à Hongkong.

LE MONDE ECONOMIE | 24.11.2017 à 05h57 • Mis à jour le 26.11.2017 à 18h49 | Par Simon Leplâtre (Zhengzhou, envoyé spécial)

L’extraction des matières premières pose aussi de réels problèmes humains et environnementaux .

Le bilan environnemental n’est guère reluisant même si Apple a lancé une campagne de communication en faveur de leur implication écologique.
En somme, Phone est bien un produit mondialisé, reflet d’une division internationale du travail qui génère des flux structurés en réseau, créant une interdépendance et une hiérarchisation des territoires, sans oublier la multiplication des acteurs.
Pour récapituler

3 commentaires

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