L’Amérique , puissance du Nord , affirmation du Sud

Le continent américain est caractérisé par la présence de la seule superpuissance mondiale, les États Unis, et d’un important pays émergent, le Brésil. L’étude du continent américain est donc centrée sur la notion de puissance et de concurrence entre puissances, aux échelles continentale et mondiale.

  • Objectifs :
    • Comprendre les relations au sein du continent : intégration & tensions
    • Comprendre la logique des dynamiques spatiales à l’échelle continentale et nationale.
    • Comprendre le rayonnement mondial des EU et du Brésil .
  • AU BAC
    • Sujets de composition possible
      • Le continent américain entre tensions et intégrations régionales
      • États-Unis -Brésil : rôle mondial
      • États-Unis – Brésil : les dynamiques territoriales
    • CROQUIS
      • les dynamiques territoriales aux États-Unis
      • Les dynamiques territoriales du Brésil

 Le continent américain entre tension et intégration régionale

Quelles dynamiques d’intégration et de tensions  sont à l’œuvre sur le continent américain ?

 Un continent divers

Le continent est divisé en deux grandes aires civilisationnelles : l’ensemble anglo-saxon protestant au nord (États-Unis, Canada) et l’ensemble catholique-latin au sud.

Cependant, le processus actuel de mondialisation tend à nuancer cette opposition. D’une part, l’ensemble du continent est soumis à l’influence du modèle culturel nord-américain (diffusé par les médias, les FTN…) et à la fascination qu’exerce encore aujourd’hui « l’american way of life ».

D’autre part, l’influence latino-américaine progresse rapidement aux États-Unis (et parfois dans le monde) en relation avec l’arrivée de migrants latinos (en particulier en Floride et dans les Etats du sud-ouest, c’est à dire dans la région transfrontalière de la « Mexamérique ») ainsi qu’avec l’affirmation identitaire et culturelle de certaines puissances émergentes du sud (qui développent leur soft power, comme au Brésil avec l’organisation de la coupe du monde de football ou encore la promotion touristique du carnaval de Rio de Janeiro, de l’Amazonie…).

A une échelle d’analyse plus fine, la diversité culturelle est très marquée. Ainsi, on trouve par exemple aux États-Unis de nombreuses minorités (latinos, juifs, asiatiques…) issues des vagues migratoires successives qui ont marqué la construction du pays.

    Au Mexique, en Amérique centrale, dans les pays andins ou encore au Brésil, les populations amérindiennes (Aymara et Quechua dans les Andes) représentent encore une forte proportion de la population. Les langues et cultures amérindiennes ont d’ailleurs été reconnues par certains États (au Brésil ou en Bolivie dont l’ex-président Evo Morales est d’origine Aymara) et les Inuits du Canada bénéficient même de l’autonomie sur leur territoire. Encore une fois, ces « minorités » profitent de l’exposition médiatique rendue possible par la mondialisation (médias, ONG…) pour faire valoir leurs revendications et leurs intérêts.

Le continent américain présente de forts contrastes révélés par l’anamorphose exprimant les contrastes en termes de richesse (PIB) et de développement (IDH).

Le PIB des États-Unis écrase le continent car il dépasse celui de tous les autres pays américains réunis. Deux États se distinguent au Sud : le Brésil et le Mexique qui font figure de pays émergents même si le PIB des États-Unis est plus de 5 fois supérieur au premier, 13 fois au second.

source FMI

En termes de développement, la fracture Nord-Sud du continent est encore réelle, l’IDH étant très élevé au Nord (> à 0,9). La situation de l’Amérique latine montre bien l’hétérogénéité des situations : élevée pour les pays du cône Sud, à moins de 0,5 pour le seul PMA du continent, Haïti. L’Amérique centrale, la Bolivie, le Paraguay restent en retrait.

En une année, malgré d’importantes dépenses effectuées dans le cadre de la caravane de changement, Haïti a reculé de 5 places (163ème à 168ème place), avec un indice de développement humain le plus faible de la Caraïbe et du continent américain en général. Déjà classé en 2017 par Amnesty International, comme l’un des pays les plus corrompus de la Caraïbe et de l »Amérique, malgré tout cela, aucun effort notable consenti par chaque entité concernée, n’est jusqu’à présent constaté pour changer cette mauvaise perception, aujourd’hui encore Haïti se retrouve dans la visière de l’organisme onusien le P.N.U.D. analysant l’Indice de Développement Humain (IDH) en 2018

Une volonté d’intégration

Les États-Unis, première puissance mondiale, exercent une influence majeure à l’échelle continentale depuis le XIXe siècle (doctrine Monroe, 1823).

Edictée en 1823, la « doctrine Monroe » a caractérisé la politique étrangère américaine durant le 19ème  et le 20ème siècle Cette doctrine que l’on peut résumer à la formule énoncée par James Monroe lors de ce discours : « Aux Européens le vieux continent, aux Américains le Nouveau Monde », repose sur des principes simples. L’ensemble du continent ne peut plus être soumis à la colonisation ou à l’ingérence européenne qui sera considéré comme une menace pour la sécurité et la paix ; et de même, les Etats Unis s’abstiendront d’intervenir dans les affaires des pays européens

Elle se traduit de façons multiples :

  • Organisation d’un espace de libre-échange (Alena, plus des accords bilatéraux en Amérique centrale et sur le versant andin, devant l’échec de l’ALCA= projet de zone de libre échange des Amériques ) .

  • Traité de L’ALENA  change de nom pour devenir l’Accord économique États-Unis, Mexique, Canada, ou AEUMC suite à la volonté du président actuel de renégocier les traités de libre -échange

  • Liens commerciaux  dans les Caraïbes et les pays d’Amérique centrale, véritable «arrière-cour » des États-Unis.. La nouvelle présidence a décidé de modifier , ou plutôt d’accentuer les relations avec l’Amérique latine , objectif oublier des débuts de relation tendue :

La tournée de Rex Tillerson dans cinq pays d’Amérique Latine au début du mois est la première du Secrétaire d’Etat américain dans le sous-continent.(..)

Avec cette tournée, les Etats-Unis veulent combler une lacune et se positionner pour l’avenir. Non seulement les relations se sont distendues avec l’arrivée de Donald Trump, mais la région avait aussi été particulièrement visée par les propos du président : des « shithole countries » – dont Haïti et le Salvador, à la polémique sur le mur avec le Mexique, la liste des griefs est longue. Rex Tillerson est d’abord venu donner des signes de coopération : le Mexique, première étape de la tournée a été le symbole d’un réchauffement des relations politico commerciales.

Les objectifs énoncés par le Secrétaire d’Etat lors d’un discours à l’Université d’Austin le 1er février sont ambitieux : devenir « le premier partenaire économique » (en particulier le principal fournisseur d’énergie) de la région, et distendre la relation nouée entre ces pays avec la Russie et la Chine.

France Culture 16/02/2018

  • Des flux migratoires et des flux financiers utilisant les paradis fiscaux traduisent l’attraction et la domination états-unienne, Miami apparaissant comme la métropole clé des relations avec l’Amérique latine. Si l’espace est ouvert avec le voisin canadien, la frontière mexicaine et les rivages du golfe du Mexique sont une zone sensible à cause des migrations clandestines (et aussi du trafic de drogues).

La résistance à la domination américaine est constituée en premier lieu par l’organisation régionale économique du Mercosur, structurée autour du Brésil et à laquelle d’autres pays sont associés, dont le Venezuela depuis peu. Plus radicale est l’opposition idéologique symbolisée depuis longtemps par Cuba, plus récemment par le Venezuela et la Bolivie, principaux membres de l’Alba (Alliance bolivarienne des peuples d’Amérique)

Le Marché commun de l’Amérique du Sud  a été fondé le 26 mars 1991 par le traité d’Asunción entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. L’organe suprême du MERCOSUR est le PARLASUR, le parlement représente les intérêts des citoyens des États parties. Il a été créé en 2005 afin de débattre sur différentes questions, par exemple l’intégration de nouveaux membres. Le parlement est constitué de plusieurs commissions chargées d’étudier des questions juridiques, sur les droits de l’homme, la santé ou encore l’agriculture, etc.

Ce regroupement vise la libre circulation des biens et des services, l’établissement d’un tarif extérieur commun, la coordination des politiques économiques et l’harmonisation des législations nationales. Il a pour objectif d’éliminer les barrières tarifaires ou non entre les échanges commerciaux internes.

Il est composé de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay, de l’Uruguay et du Venezuela (suspendu depuis 2016). On trouve également des pays associés tels que le Chili, la Colombie, le Pérou ou l’Équateur. La Bolivie a signé son acte d’adhésion le 7 décembre 2012 mais il manque encore les ratifications du Brésil et du Paraguay. En 2015, un protocole amendé prenant en compte le retour du Paraguay dans l’institution est ajouté au traité d’adhésion. Pour l’instant le pays conserve son statut de membre associé. Le Mercosur représente 82,3 % du PIB total de l’Amérique du Sud et d’autre part, se constitue comme la zone économique et la plateforme industrielle la plus dynamique et compétitive de tout l’hémisphère sud. Il est considéré comme le 4e bloc économique du monde en termes de volume d’échange

 

 

 Les limites à l’intégration du continent

L’intégration est un processus de renforcement des relations entre différents territoires d’un même ensemble géographique. A l’inverse, les tensions sont le signe d’une difficulté de l’intégration et marquent plutôt une fragmentation. Elles correspondent à des conflits latents et non-armés.

Du point de vue politique, l’opposition Amérique du nord /Amérique latine est encore une fois assez marquée. Tout d’abord, le nord du continent est peu fragmenté (3 États seulement) alors que l’Amérique du sud et plus encore l’Amérique centrale et les Caraïbes sont politiquement très morcelées (l’isthme continental compte à lui seul 7 États).

En terme de régime politique, si les États-Unis (comme leurs cousins canadiens) sont attachés au modèle libéral et démocratique, la situation est plus complexe dans le reste du continent. En effet, malgré le processus de démocratisation en cours depuis la fin de la Guerre Froide, des dictatures (Cuba, Haïti), de l’instabilité politique (guerre civile en Colombie, coups d’État récurrents en Bolivie…) et de la corruption subsistent toujours.

De plus, depuis les années 1990, des partis de gauche développant souvent un discours anti-américain sont parvenus au pouvoir comme au Venezuela (Hugo Chavez puis Nicolás Maduro), en Bolivie (Evo Morales) ou encore au Brésil (Lula da Silva puis Dilma Rousseff), à l’origine de rapprochement diplomatique au sud mais aussi de tensions géopolitiques à l’échelle continentale.

L’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro au Brésil enchante les EU et laisse augurer un rapprochement.

VENEZUELA : L’anti-américanisme, l’un des fils rouges des quatorze années de la présidence d’Hugo Chavez ne s’éteindra pas avec lui. Lors d’une longue intervention télévisée, Nicolas Maduro, le chef de l’Etat a affirmé n’avoir  » aucun doute  » sur le fait que le cancer d’Hugo Chavez, diagnostiqué en 2011 avait été provoqué par  » les ennemis historiques de notre patrie », autrement dit les USA.

Pour tenter de contrer la puissance de Washington, Hugo Chavez a largement soutenu le Cuba de Fidel puis Raul Castro, revigorant l’économie anémiée de l’île grâce à son pétrole et son aide financière. Au total, Cuba reçoit 60 % de son énergie sous la forme de pétrole vénézuélien subventionné. Hugo Chavez forgea aussi une modeste « Alliance bolivarienne pour les Amériques » (Alba) réunissant le Venezuela, Cuba, la Bolivie et l’Equateur, les félicitant à l’occasion, lorsque ces pays suivaient son exemple et expulsaient des diplomates américains.Il nationalisa aussi de nombreuses sociétés étrangères, dont une portait un projet pétrolier de l’américain Exxon Mobil. Se posant en porte-parole des peuples latino-américains opposés à la mondialisation libérale, Hugo Chavez s’opposa, comme les dirigeants brésiliens notamment à la zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) que George W. Bush cherchait à étendre à l’ensemble du continent dans les années 90, le projet est désormais enterré.

Des conflits frontaliers.

Deux conflits diplomatiques opposent les deux voisins. Le premier conflit est de très longue date : la Bolivie réclame au Chili de lui rendre un accès souverain à l’océan Pacifique, accès perdu lors d’une guerre au XIXe siècle. Un dossier qui est depuis 2013 examiné par la Cour de justice de La Haye. La Bolivie et le Chili ont d’ailleurs rompu leurs relations diplomatiques en 1978 en conséquence de ce différend territorial.L’autre conflit concerne l’exploitation des ressources hydriques d’un fleuve transfrontalier, le Silala, dont le cours passe justement dans la région où serait située la supposée base militaire chilienne. Ce conflit a été réactivé ces derniers mois par la Bolivie, qui envisage de le porter également devant la Cour internationale de La Haye

RFI 12/05/2016

 

 

 

En conclusion, les tensions entre le Nord et le Sud du continent semblent se reproduire dans les processus d’intégration. En dépit de la mondialisation, les contrastes, voire les oppositions, culturels, socio-économiques et politiques restent forts entre l’Amérique du Nord et l’Amérique latine. Les deux intégrations les plus avancées sont donc l’ALENA/AEUMC  qui regroupe le Nord et le MERCOSUR qui regroupe les Etats latino-américains. Les tensions sont à la fois l’origine et le résultat de cette intégration difficile.

 

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