Le Sahara, ressources et conflits

Le Sahara est le plus grand désert chaud du monde. Occupant presque tout le nord de l’Afrique, il mesure environ 4 800 kilomètres d’est en ouest et entre 1 300 et 1 900 kilomètres du nord au sud, soit une superficie totale de près de 8 600 000 kilomètres carrés. Il se prolonge au-delà de la mer Rouge et est appelé alors désert saharo-arabique, étiré sur 7 500 kilomètres et couvrant 12 millions de kilomètres carrés. Le Sahara proprement dit,  est délimité à l’ouest par l’océan Atlantique, au nord par la chaîne de l’Atlas et la mer Méditerranée, à l’est par la mer Rouge et dans le sud par une zone d’anciennes dunes sableuses immobiles alignées sur la latitude 160 N.

Le Sahara s’étend sur une dizaine de pays (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Soudan, Tchad, Niger, Mali, Mauritanie) mais compte une faible population. De vastes zones sont complètement vides. Toutefois, le Sahara est un espace où la majorité des habitants vivent dans des villes. Son exceptionnelle croissance démographique et urbaine, liée notamment à l’exploitation de ses importantes ressources naturelles a transformé les modes de vie de ses diverses populations.

Dans ce désert ( le plus grand du monde )  , divisé en 10 Etats , vivent  12 millions d’habitants , regroupés pour l’essentiel dans 21 villes  comptant plus de 100 000 habitants, soit 1 habitant au km² !

Comment expliquer l’importance géopolitique et géo-economique de cet espace ?

  Des ressources convoitées

  • Eau souterraine , nappes aquifère fossiles alimentent une agriculture moderne et irriguée grâce aux stations de pompage et canaux construit par des états comme la Lybie ou l’Egypte .
  • Ressource énergétique variées : fer, uranium, phosphate, hydrocarbures destinés à l’exportation et exploités par des FTN étrangère

    • Areva au Niger

Un bras de fer pour la renégociation du contrat entre Areva et le Niger , pas encore équilibré mais c’est un peu mieux

 

  • Le Niger est le 4è producteur d’uranium au monde  Une ressource énergétique qui est loin de bénéficier à la population locale, puisqu’au Niger, seule une personne sur dix a accès à l’électricité.Oxfam ( ONG ) dénoncent un régime fiscal plus qu’accommodant pour la multinationale qui exploite depuis plus de 40 ans l’uranium nigérien. Les deux filiales d’AREVA au Niger, la Somaïr et la Cominak, bénéficient en effet de nombreux avantages fiscaux : exemptions sur les droits de douane, exonérations de TVA ou encore une exonération sur les taxes sur les carburants, qu’elles utilisent pourtant en grande quantité. Une « provision pour reconstitution de gisement » leur permet également de mettre de côté 20% de leurs bénéfices, qui échappent ainsi à l’impôt sur les sociétés

Le Niger n’a pas tiré profit de la renégociation de son contrat minier avec Areva, le géant français de l’uranium. Bien au contraire. C’est la conclusion de ONE, Oxfam et Sherpa dans un rapport publié ce jeudi 13 avril.

Les trois ONG ont scruté les déclarations que les entreprises françaises sont désormais obligées de publier sur ce qu’elles versent aux Etats dans lesquels elles exploitent des gisements. Il s’agit d’une transposition française de la directive européenne sur la transparence des industries extractives saluée par les ONG.Ces chiffres révèlent qu’au Niger, les revenus de l’uranium ont chuté de 15 millions d’euros entre 2014 et 2015 et que le Niger ne reçoit que 7% des versements d’Areva, alors que l’Etat du Sahel fournit 27% de l’approvisionnement du groupe français en uranium.

« On a choisi d’étudier plus particulièrement Areva au Niger parce qu’Oxfam, une ONG locale nigérienne, avait fait une campagne en 2013 pour une renégociation des contrats miniers, explique sur RFI Laetitia Liebert, directrice de Sherpa, co-auteur du rapport. L’objectif était de voir dans quelle mesure cette renégociation avait bénéficié ou pas aux populations et il s’avère que non. Contre toute attente, on constate que l’Etat a reçu moins d’argent, malgré la renégociation des contrats, qu’avant cette négociation. »

RFI Publié le 13-04-2017

 

Niger : « A Arlit, les gens boivent de l’eau contaminée par la radioactivité »

Les gisements d’uranium exploités par Orano (ex-Areva) empoisonnent la population, explique Amina Weira, auteure d’un documentaire sur le sujet. Propos recueillis par Publié le 26 février 2018 Le Monde

Dans le documentaire, vous montrez cette poussière radioactive, l’eau empoisonnée, les maisons construites avec la terre des mines, la nourriture contaminée, le bétail qui meurt…

Je voulais faire ressortir la vie quotidienne, montrer toutes les activités de la ville. On voit la fabrication des marmites : les gens récupèrent la ferraille de la mine, la fondent et la transforment en ustensiles de cuisine qu’ils vendent à la population ou exportent au Nigeria. Ils ne mesurent pas le danger de cette activité. Lorsqu’ils fondent le fer, la radioactivité se libère. C’est là qu’Areva doit intervenir, en empêchant la population de récupérer cette ferraille contaminée

On voit aussi des femmes dont le bétail meurt inexplicablement.

Quand on boit l’eau d’Arlit, on sent qu’elle n’est pas tout à fait potable, qu’elle est différente du reste du pays. Les femmes parlent des employés d’Areva qui ne boivent que de l’eau minérale, alors qu’elles n’ont pas les moyens. Une des mines se trouve en dessous de la nappe phréatique. Certains se font donc livrer l’eau des régions voisines. Un château d’eau vient d’être construit, mais il n’est pas suffisant pour alimenter toute la ville.

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/02/26/niger-a-arlit-les-gens-boivent-de-l-eau-contaminee-par-la-radioactivite_5262875_3212.html

       Des flux légaux et illégaux

Migration. Le Sahara, nouvelle étape mortifère sur la route des migrants

Afrique/Niger/Guinée/Le Djely – Conakry/Publié le 28/06/2017 – 11:06 Courrier international

Abandonnés par leurs passeurs en plein Sahara, 24 migrants ouest-africains ont été secourus par l’armée nigérienne dimanche 25 juin, tandis qu’une cinquantaine de personnes auraient été retrouvées mortes. Selon le site guinéen Ledjely.com, ce désert se transforme peu à peu en cimetière pour les migrants.

L’émigration clandestine, cet autre fléau qui s’élève des entrailles de l’Afrique, continue d’endeuiller le continent, qu’elle prive au passage de bras valides et de cerveaux. Ce fut d’abord la mer Méditerranée qu’elle transforma en vaste sorcière avaleuse d’âmes de jeunes Africains, fuyant généralement la pauvreté, la misère et surtout l’absence de perspectives. Mais de plus en plus, c’est le désert qui s’en charge. Caractérisée par une insoutenable chaleur et un vide sécuritaire, cette vaste bande sablonneuse particulièrement affectionnée par les criminels de tout acabit offre l’occasion à des passeurs cyniques de rançonner de pauvres migrants dont ils exploitent la naïveté avant de les laisser en rade, à la merci de la soif, de la faim et de toutes les autres formes de dangers.(…)Toutefois, il y a des problèmes qui sont d’apparition relativement récente. Il s’agit notamment du phénomène de l’esclavage, évoqué de nos jours par de nombreux témoignages concernant la Libye. Il s’agit surtout de cette attitude peu responsable des passeurs, qui, après avoir convoyé des migrants qu’ils ont soigneusement pris soin de dépouiller auparavant, les abandonnent en plein désert. 

L’Union européenne a multiplié les instruments politiques et financiers de coopération avec l’Afrique pour lutter contre les migrations « irrégulières » vers l’Europe. Elle délocalise les contrôles, sous-traite la « gestion » des migrations. C’est ce qu’on appelle l’externalisation des politiques migratoires européennes.Depuis 2015 et la mal nommée « crise des migrants », l’UE a en effet multiplié les instruments politiques et financiers de coopération avec les pays non membres, afin de lutter contre les migrations « irrégulières » vers l’Europe. Face à l’arrivée sur les côtes européennes de plus d’un million de personnes fuyant pour la plupart la guerre et la persécution et aux milliers de personnes décédées ou portées disparues en Méditerranée, l’UE a en effet préféré la fermeture de ses frontières aux mesures de protection et de sauvetage. Les objectifs poursuivis : contenir loin des frontières européennes les personnes migrantes, grâce au renforcement des contrôles et à la collaboration des pays d’origine et de transit, et renvoyer ceux en situation irrégulière sur le territoire européen.L’UE sous-traite à la Lybie le « contrôle de l’émigration « .

L’EU a dépensé des centaines de millions d’euros dans le financement du «contrôle de l’émigration» en Libye –et dans d’autres pays du Maghreb, Sahel et de la Corne de l’Afrique. Ceci a été fait à travers une large gamme d’outils, incluant l’AENEAS (programme d’assistance technique et financière pour l’émigration de l’UE), le Programme Thématique sur l’Asile et la Migration (TPMA), le programme de Solidarité et de Gestion des Flux Migratoires (SOLID), le Fonds des Affaires Intérieures et l’Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat.(…) l’industrie du trafic a prospéré en Afrique du Nord parallèlement au développement massif du contrôle européen des frontières depuis les années 2000. Alors que l’UE a progressivement fermé les voies de migration légales par le travail, l’éducation et l’humanitaire, et lancé des opérations militaires de contrôle aux frontières telles que Triton, Sophia et Poséidon, les migrants se sont tournés vers les routes irrégulières des trafiquants.(…)L’externalisation du contrôle des frontières à l’Afrique du Nord a précipité la création d’un marché à l’exportation, subventionné et extrêmement rentable, pour les industries d’armes, de sécurité et de technologie informatique d’Europe.(…)Depuis les années 2000, un nombre croissant d’acteurs ont vu dans le contrôle des frontières un marché lucratif et ont fait pression pour son expansion. Des sociétés comme l’anglaise BAE Systems, l’italienne Leonardo (anciennement Finmeccanica), les françaises Thales et Airbus, les américaines Boeing et HP ont activement rivalisé pour obtenir les contrats de sécurité des frontières.

Slate , Martin Lemberg-Pedersen — Traduit par Aurélie Caparros — 27 janvier 2018

https://www.slate.fr/story/156817/union-europeenne-gestion-migrants-libye-frontieres-esclaves

Parallèlement à ces flux humains illégaux , Le Sahara est aussi une porte d’entrée de la drogue en provenance de l’Amérique du Sud vers l’Europe ,mais uniquement de la drogue , nous y trouvons aussi des armes , du trafic d’être humains , pour achalander les lieux de la prostitution africaine , européenne , moyen-orientale …bref , un espace de flux commerciaux intense et pas très légal .Cependant , n’oublions les flux de minerais, hydrocarbures qui eux sont légaux .

Les villes comme Agadez ou Tamanrasset sont des carrefours économiques essentiels au coeur de ces flux .

 

  Un espace géostratégique majeur

Le Sahara s’est trouvé peu à peu intégré dans les logiques de la mondialisation par les flux de différentes natures qui en font une terre de passage ouverte sur le monde .Ces flux illégaux , la difficulté de surveiller un espace si grand  et le trafic ont attiré   les groupes terroristes qui y ont trouvé refuge et ont constitué des réseaux mouvants dans un contexte favorable .

  • Les cellules terroristes liées à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)
  • Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en 2011 avant de fonder le mouvement indépendantiste et islamiste Ansar Eddine (« défenseur de l’islam »).

Le premier enlèvement d’Occidentaux a eu lieu en 2003 dans le sud algérien (six groupes de touristes avec leurs véhicules, soit trente-deux personnes au total). Depuis cette date, on comptabilise de nombreuses attaques contre des voyageurs occidentaux, expatrié mais aussi locaux , ces enlèvements sont une source de revenus pour les groupes terroristes , de même que le trafic de drogue, d’être humains  ou d’armes.

Dans les États saharo-sahéliens (Niger, Mali, Mauritanie), un important facteur de crise réside dans les violences entre nomades et sédentaires qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur depuis les indépendances. Au Niger et au Mali, elles ont opposé les groupes sahariens, touaregs essentiellement, aux sédentaires noirs détenteurs du pouvoir politique depuis les indépendances et en Mauritanie, elles ont opposé les groupes négro-africains du sud aux Maures qui ont toujours dirigé l’État.

Ces groupes terroristes sont des facteurs de déstabilisation politique important :

D’autres conflits sont fort anciens , ainsi le sahara occidental est un enjeu majeur concernant le Maroc .Région non autonome selon l’ONU, le Sahara occidental n’a toujours pas trouvé de statut définitif sur le plan juridique depuis le départ des Espagnols, en 1976. Depuis 1975, un conflit divise le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976. Un conflit gelé depuis 40 ans.

C’est donc la multitude de conflits et leurs conséquences politiques , humaines et économiques qui explique la présence des forces armées françaises et américaines sous mandat de l’ONU .Il s’agit en premier lieu de lutter contre le terrorisme , mais aussi sécuriser les enjeux économiques et une stabilité politique dans la zone

L‘opération Barkhane est une opération militaire de lutte contre les groupes djihadistes au Sahel, menée par la France depuis plus de trois ans

Elle mobilise 4.000 hommes, huit avions de chasse, 300 blindés, 300 véhicules logistiques, 17 hélicoptères, des avions de transport et cinq drones. C’est le plus important déploiement français en opération extérieure. L’opération s’inscrit dans une logique de partenariat avec cinq pays de la région: Le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad

L’objectif final de la France au Sahel est de faire en sorte que les Etats partenaires puissent, à terme, assurer leur propre sécurité, prendre le relais via ce qu’on appelle le G5 Sahel, qui dispose désormais d’une force propre.

Les soldats français mènent à la fois des opérations planifiées -avec les armées partenaires: armées locales mais aussi les 13.000 hommes de la mission de l’ONU, la MINUSMA- et des opérations ponctuelles en fonction d’indications des services de renseignements

Le Sahara est donc bien inséré dans la mondialisation mais l’essentiel de ces activités repose sur une zone grise de la mondialisation , et c’est bien cette zone grise qui en fait un enjeu géopolitique à l’échelle mondiale .Ainsi en 2014 lorsque Boko haram groupe terroriste islamiste capture 300 jeunes filles scolarisées , la campagne de soutien est internationale

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