Petit abrégé d’argumentation philosophique

Ce petit abrégé de philosophie n’entend pas tant replacer des philosophies dans l’histoire de leurs traditions et des lectures de commentateurs que de s’attacher à restituer le plus simplement possible les logiques argumentatives des positions philosophiques.

 

On peut se demander du point de vue d’une approche des logiques argumentatives quand commence la démarche philosophique. On peut prendre comme point de départ l’interrogation sur les conditions de légitimité du savoir.

 

1. Le sensualisme relativiste

 

1.- Une première thèse possible serait alors d’affirmer que toutes nos connaissances proviennent de nos sens, de nos sensations. Cette thèse est celle des empiristes, ou plus exactement des sensualistes. La réalité extérieure se réduit à nos sensations et notre intériorité est elle-même constituée à partir de nos sensations. Cette position entraîne les conséquences suivantes.

 

1.1. Il est possible tout d’abord de constater que si toutes nos connaissances proviennent de nos sensations, celles-ci changent et même se contredisent relativement:

1.1.1. aux circonstances

1.1.2. à nos différents sens – ces derniers peuvent se contredire les uns les autres

1.1.3. aux personnes qui éprouvent ces sensations.

 

1..2. Si donc nos connaissances proviennent des sens et que nos connaissances sensibles sont relatives, il faudrait alors en tirer la thèse que la réalité en elle-même est changeante et contradictoire.

1.2.1. Une telle thèse aurait pour conséquence de supposer qu’il n’existe pas derrière nos sensations de substance fixe telle que la réalité ou un moi qui serait la cause de l’unité de nos actions, de nos pensées et de nos sensations.

1.2.2. Si cette thèse est exacte, alors il faudrait supposer que si la vérité est ce qui correspond à la réalité, alors la vérité serait elle-même contradictoire et changeante, c’est-à-dire relative.

1.2.3. Ce caractère relatif de toutes nos connaissances concernerait alors à la fois celles qui portent sur les faits et celles qui portent sur les normes.

1.2.4. Une telle thèse se heurte à l’objection suivante: si la vérité est relative, alors celui qui énonce cette thèse se contredit en acceptant également la thèse inverse.

 

1.3. En outre, si nos connaissances proviennent toutes de nos sensations, alors il n’est pas possible d’établir de connaissances scientifiques.

1.3.1. D’un part, parce qu’il n’est pas possible d’établir une connaissance universelle. Non pas une connaissance générale (en fait), mais universelle (en droit), c’est à dire une connaissance qui soit nécessairement universelle même si je n’ai pas pu examiner tous les cas qui existent, c’est-à-dire une connaissance qui soit universelle a priori.

1.3.1.1. Il s’agit ici du problème de l’induction. A partir de la connaissance répétée de cas particuliers, je ne peux pas parvenir à une connaissance universelle. Il est toujours possible qu’un nouveau cas particulier contredise tout les cas précédents que j’ai examinés.

1.3.2- D’autre part, à partir de l’observation sensible, je ne peux pas tirer le principe de causalité.

1.3.2.1. Il n’est en effet possible de tirer de l’observation sensible qu’une relation habituelle entre deux phénomènes et non un lien nécessaire.

1.3.2.2. Ainsi, il est peut être possible qu’une nouvelle observation contredise les précédentes.

 

2. Le rationalisme matérialiste

 

2. Si donc il n’est pas possible d’établir une connaissance cohérente à partir de la sensation, alors peut-être est-ce possible de la produire par le raisonnement. Cette position philosophique qui consiste à établir la vérité non à partir de la sensation, mais du raisonnement, porte le nom de rationalisme. Le rationalisme se donne pour objectif d’établir une vérité par le raisonnement en déterminant une réalité fixe et immuable, c’est-à-dire une vérité qui ne soit pas relative à une apparence changeante. Mais un tel projet, pour être possible, suppose plusieurs conditions.

 

Pour pouvoir établir des connaissances par le raisonnement:

 

2.1. Il faudrait pouvoir fonder la connaissance sur des premiers principes vrais qui permettent ensuite de déduire logiquement l’ensemble de la réalité selon le modèle mathématique hypothético-déductif.

2.1.1. Or nous avons vu précédemment à travers l’étude de la position sensualiste qu’il n’est pas possible d’induire des principes vrais et universels à partir de l’observation sensible.

2.1.1.1. Il faut donc que ces principes existent de manière a prioridans l’esprit humain. Cette thèse est celle de l’innéisme.

 

2.2. Si les vérités innées qui servent de principes premiers à l’esprit humain ne peuvent être tirées de la sensation, elles trouvent leurs origine dans la rationalité qui organise la réalité: principe de non-contradiction, principe d’identité, principe du tiers exclu… La position rationaliste suppose qu’il existe dans la réalité une rationalité et que la rationalité de l’esprit humain soit identique à la rationalité du monde dont elle est elle-même une partie.

2.2.1- La position rationaliste suppose en outre qu’il existe à toute chose une raison suffisante. Ce principe suppose que toute chose ait une cause pour pouvoir exister.

2.2.1.1. Si toute chose doit avoir une cause pour pouvoir exister, alors il y a une régression à l’infini. Mais la notion d’infini parait contradictoirecar toute chose doit avoir un commencement. Ou bien il y a une première cause et l’existence de cette première cause doit être démontrable pour pouvoir satisfaire les exigences de la raison.

2.2.1.2. Mais cette première cause doit être cause d’elle-même, c’est-à-dire cause immanente. Il s’ensuit alors que la nature est sa propre cause. Il n’y a pas de cause transcendante en dehors de la nature. Cette position est celle du naturalisme.

 

2.3. Mais si le rationalisme consiste à considérer que toute chose doit avoir une cause efficiente,

2.3.1. A l’inverse, le rationalisme de la science moderne consiste à éliminer les causes finales de la nature. Il s’agit d’expliquer les phénomènes par leur cause efficiente et non finale: un chose existe “parce que” et non “pour que”.

2.3.1.1. En effet, expliquer un phénomène par ses causes finales consiste à tenter d’expliquer la cause par l’effet, c’est-à-dire que ce serait le but qui serait la cause des moyens. L’explication finaliste inverse la cause et l’effet.

2.3.2. Le rationalisme mécaniste consiste alors à considérer que la réalité n’est pas organisée en fonction d’une intention semblable à l’intention humaine. Elle n’a pas été créée par un Dieu doté d’une intentionnalité.

2.3.3. Si le rationalisme consiste à considérer que tout peut être réduit à un mécanisme causal, alors le vivant doit être lui aussi réductible à un mécanisme causal.

2.3.4. Si le rationalisme consiste à considérer que tout doit être expliqué selon le mécanisme causal, alors l’esprit humain peut-être lui-même réduit à un mécanisme causal. Cela conduit alors à considérer que l’intentionnalité de la conscience, sa capacité à viser des fins morales comme des valeurs, est une illusion. L’esprit, en tant que réalité transcendant la nature et fonctionnant selon d’autres règles, n’existe pas.

2.3.5. Cela consiste également à considérer que le libre-arbitre ou liberté de la volonté qui consiste à pouvoir agir indépendamment des déterminismes causals est une illusion.

2.3.6. Si tout est organisé selon une causalité selon laquelle des réalités matérielles agissent sur d’autres réalités matérielles, alors il faut en conclure qu’il n’existe pas de réalités immatérielles.

2.3.7. Les cultures humaines, les sociétés humaines, peuvent être dans leur fonctionnement réduites aux mêmes mécanismes de fonctionnement que les faits naturels.

2.3.8. Il pourrait être alors possible de prévoir le devenir des sociétés humaines à partir d’une étude de l’ensemble des déterminations causales.

 

2.4. De la conception rationaliste matérialiste qui consiste à partir d’une connaissance de la nature matérielle conçue comme un mécanisme organisé selon une causalité stricte et le principe de non-contradiction, il s’ensuit que toute connaissance dérive d’une physique, c’est-à-dire d’une connaissance des faits naturels.

2.4.1. Or il n’est pas possible, à partir de ce qui est, de tirer ce qui doit être. L’étude des faits nous dit ce qui est, mais l’introduction d’un devoir être suppose l’introduction d’une nouvelle dimension, le devoir, qui n’est pas contenu dans les faits. Le rationalisme matérialiste ne peut donc produire une morale au sens où la morale énoncerait ce qui doit être.

2.4.1.1.La science aurait comme portée de nous dire ce qui est, mais elle ne pourrait pas nous dire ce qui doit-être. La morale serait en définitive une illusion.

2.4.2. Le rationalisme matérialiste se donne donc pour objectif d’établir une éthique au sens où l’éthique consisterait à déterminer les comportements des êtres à partir d’une connaissance de leur nature matérielle.

2.4.3. Si on établit alors que les êtres vivants tendent à agir selon ce qui leur est utile et si ce qui leur est utile correspond à ce qui leur provoque le moins de souffrance et le plus de plaisir, alors l’éthique consiste dans un calcul rationnel des peines et des plaisirs et dans la détermination d’un optimum de plaisir.

2.4.3.1. Pour tenter d’établir une définition matérialiste de l’utilité, il serait possible de partir du fait de ce qui est commun à l’être humain et aux autres êtres vivants, c’est le fait qu’il est un être sensible. Par conséquent, l’être humain partagerait avec l’ensemble des êtres vivants dotés de sensibilité le fait de fuir la douleur et de rechercher le plaisir.

2.4.4. L’action libre consiste alors dans une connaissance et une action conformes à ces règles naturelles.

 

2.5. Les limites auxquelles se heurte l’approche rationaliste sont les suivantes:

2.5.1. Ou bien les premiers principes qui permettent de déduire l’ensemble de la connaissance sont démontrables, mais alors il faudrait pouvoir démontrer la démonstration et ainsi à l’infini. Ou bien ce sont de simples hypothèses, auquel cas il n’est pas possible à partir d’hypothèses de tirer des connaissances vraies.

2.5.2. Si la nature est cause immanente d’elle-même, cette thèse viole le principe rationaliste selon lequel toute chose doit avoir une cause.

2.5.3. La raison ne peut connaître la totalité et déduire la connaissance en la fondant sur ce savoir car pour avoir une connaissance objective de la totalité, il faudrait être extérieur à cette totalité. Donc la connaissance que peut en avoir la raison humaine est relative à sa place dans cette totalité. Elle ne peut donc pas être absolue.

2.5.4 La raison ne peut pas démontrer l’existence de ce qui est. L’existence ne peut s’éprouver qu’à travers une expérience sensible. Il n’y a en effet pas de différences conceptuelles entre le concept de la chose et la chose existante. La seule différence porte sur l’expérience que l’on fait de son existence.

2.5.5. Par conséquence, la raison pourrait nous permettre de rendre compte du comment des phénomènes, mais non de leur cause première (le pourquoi du monde), ni de sa cause finale (le “pour quoi”) c’est-à-dire du sens de l’existence.

2.5.5.1. De manière générale, la rationalité permet de rendre compte de ce qui peut être analysé sous forme d’un mécanisme, mais elle ne pourrait rendre compte de ce qui relève du sens (la finalité et la signification).

2.5.6. Pour vérifier la valeur de la connaissance rationnelle, il faudrait évaluer la correspondance entre notre connaissance et la réalité, mais pour cela il faudrait un instrument d’évaluation qui ne soit pas d’ordre rationnel. En outre, il faudrait un instrument d’évaluation permettant d’évaluer cette évaluation et ainsi à l’infini.

 

3. L’intuitionnisme idéaliste

 

3. Il est possible d’essayer de dépasser les limites de la raison en essayant de fonder le savoir sur l’intuition intellectuelle de l’esprit. Cette intuition peut avoir pour visée des idées telles que la vérité, Dieu ou le sujet conscient.

 

3.1. Il serait possible de fonder la connaissance rationnelle matérialiste de la science moderne à partir d’une intuition intellectuelle des premiers principes.

3.1.1. Cette intuition intellectuelle aurait pour critère la certitude subjective. Néanmoins, comment être certain que cette certitude nous donne accès à la vérité et ne soit pas une illusion de la conscience.

3.1.2. Cette certitude qui garantit l’évidence de premiers principes véridiques peut être elle-même garantie sur la véracité de Dieu. C’est parce que Dieu est un être parfait, qu’il ne peut pas mentir, que donc les premiers principes sont vrais.

 

3.2. Il serait possible de fonder la chaîne de causalité qui rend possible la connaissance nécessaire du réel sur l’existence d’une cause première qui n’est pas elle-même matérielle.

3.2.1. En effet, si elle était matérielle, elle serait elle aussi placée dans l’enchaînement de cette chaîne de causalité.

3.2.2.. Cette première cause qui n’aurait besoin d’aucune autre cause pour exister, ce serait Dieu.

 

3.3. Même s’il n’est pas possible de démontrer rationnellement qu’il existe une finalité à l’oeuvre dans la nature, il est possible de la supposer en droit pour des raisons morales.

3.3.1. En effet, la science moderne s’est caractérisée par l’élimination de la finalité dans la nature au profit d’une explication en termes de causes efficientes.

3.3.2 Mais l’action morale suppose la capacité de poursuivre des fins, des valeurs ou des idéaux, qui transcendent ce qui est, qui ne s’y réduisent pas, qui norment la réalité.

 

3.4. Il n’est pas possible d’éliminer de manière satisfaisante dans l’étude du vivant la finalité en se passant totalement d’une analyse fonctionnaliste.

3.4.1. L’explication par la fonction en biologie est de type finaliste: elle consiste à analyser la genèse et le fonctionnement d’un organe par rapport à son but supposé. C’est l’adage de Lamarck selon lequel “la fonction crée l’organe”.

 

3.3. Il est possible de fonder le savoir sur le sujet conscient, qui est la seule certitude qui résiste au doute. Je ne peux pas douter de ma propre existence. Si je doute de la vérité de ma conscience, c’est la conscience elle-même qui doute de sa propre existence, il s’agit d’une contradiction performative.

3.3.1. Si nous ne pouvons pas prouver l’existence sensible et que donc la connaissance suppose l’intuition sensible et si l’expérience sensible ne contient aucun principe d’organisation rationnelle, alors c’est que ces principes se trouvent dans l’esprit humain et non dans la matière.

3.3.2. C’est l’esprit humain qui organiserait de manière universelle et a priori l’expérience causale.

3.3.3. C’est l’unité du sujet qui organiserait de manière a priori les sensations et qui éviterait la confusion qui pourrait résulter des informations contradictoires des différents sens.

 

3.4. Si l’esprit humain est capable de viser des fins, il ne s’agit pas d’une illusion, mais du fait que son fonctionnement ne peut être réduit à un mécanisme naturel.

3.4.1. L’intentionnalité de la conscience est ce qui rend possible la liberté humaine, dans la mesure où l’esprit humain peut se déterminer non en fonction de causes efficientes, mais de causes finales, c’est-à-dire de projets ou de buts par exemple.

3.4.2. Les sociétés humaines, les cultures humaines, présupposent l’existence d’une transcendance de l’esprit par rapport au mécanisme naturel: les sociétés humaines font en effet intervenir des valeurs qui ne sont pas réductibles aux faits.

3.4.3. L’analyse de l’histoire et des sociétés humaines suppose l’interprétation du sens des actions et des discours humains. Il s’agit alors de comprendre et non d’expliquer.

 

3.4. Si la morale ne peut pas être tirée d’une connaissance de la nature, elle peut-être tirée de l’esprit humain.

3.4.1. L’éthique ne peut pas produire une connaissance universelle, et donc vraie, de la manière dont l’on doit agir dans la mesure où le plaisir et la souffrance sont relatifs pour chaque individus.

3.4.2. Une morale universelle ne peut être tirée ni d’une connaissance des faits naturels ni de la sensibilité. Donc elle ne peut être tirée que de la raison humaine ou de l’intuition intellectuelle.

3.4.3. Le droit et la politique en tant qu’ils établissent des normes d’action se trouvent subordonnés à la morale.

 

3.5. Les limites de l’intuitionnisme idéaliste:

3.5.1. Rien ne permet d’établir que nous soyons capables d’une intuition intellectuelle: en effet la démonstration de l’intuition intellectuelle serait contradictoire. En effet, ce qui est intellectuel est discursif et ce qui est intuitif est sensible. L’intuition intellectuelle ne peut donc reposer que sur une certitude subjective, une foi.

3.5.2. La thèse d’une connaissance intellectuelle intuitive de Dieu se heurte au risque que la certitude intellectuelle ou foi ne soit qu’un sentiment relatif et non l’intuition d’une vérité absolue.

3.5.3. La thèse selon laquelle il n’est pas possible de douter de son existence en tant que sujet conscient peut faire l’objet des critiques suivantes:

3.5.3.1. Il est possible de dire que quelque chose pense, mais il n’est pas possible de dire qu’il s’agit d’un sujet, c’est-à-dire d’une réalité stable et fixe.

3.5.3.2. La notion de sujet n’est peut être qu’une fiction créée par la grammaire, par le fait que nos langues sont généralement organisées en sujet-verbe.

3.5.3.3. Dans une telle objection, la structure grammaticale du langage n’est pas une expression de la structure du monde, elle est le produit d’habitudes sociales qui peuvent être considérées comme des erreurs utiles.

3.5.4. La morale comme règle absolue tirée d’une raison constituante (et non constituée) se heurte à l’existence de conflits de devoir qui soumettent la raison à des dilemmes moraux.

 

4. Scepticisme

 

Le fait que la vérité ne puisse être établie de manière absolue, ni par les sens, ni par le raisonnement, ni par la certitude intellectuelle d’un sujet conscient, semble nous conduire à douter que l’on puisse établir la vérité, voire même à renoncer à la notion même de vérité.

 

4.1. Le fait de douter de toute vérité conduit celui qui doute à devoir douter même de son propre doute. Il se trouve alors entraîné dans une régression à l’infini du doute. Le sceptique succombe sous son propre argument de la régression à l’infini.

 

4.2. Le doute sceptique de l’existence d’une réalité extérieure conduit néanmoins le sceptique à accepter l’existence de croyances pragmatiques, c’est-à-dire de croyances utiles pour l’action, sous peine de périr.

 

4.3. Le scepticisme, ne pouvant fonder le savoir, est conduit à accepter les normes dominantes dans la société dans laquelle il vit. Il se plie au conformisme dominant.

 

5. Le pragmatisme

 

S’il n’est pas possible de fonder et de déduire l’intégralité du savoir à partir d’un principe premier, que celui-ci soit Dieu, la totalité ou le sujet conscient, peut-être est-il possible de partir d’hypothèses vraisemblables afin d’établir un savoir plus justifié.

 

5.1. La démarche pragmatiste ne consiste pas à dépasser la connaissance apparente vraisemblable (sensations, opinions…) pour fonder une connaissance sur des premiers principes vrais et la déduire logiquement de ces premiers principes.

 

5.2. Il s’agit au contraire d’établir une connaissance davantage probable et vraisemblable sur l’expérience quotidienne ou l’expérimentation.

5.2.1. Cette connaissance n’est pas absolue, mais relative à nos intérêts.

5.2.2. Elle est donc relative à nous-mêmes et ne peut donc prétendre constituer une vérité absolue.

5.2.3. Ainsi, il est possible qu’une affirmation nous soit utile sans pour autant être vraie.

 

5.3. En matière morale, il s’agit alors d’établir des conseils de prudence qui peuvent être expérimentés relativement à une situation, mais qui ne constituent pas des règles absolues.

5.3.1. De fait, ces règles peuvent changer en fonction des personnes et des situations.

5.3.2. De même, il ne s’agit pas d’établir une liberté en soi, mais des degrés apparents de choix selon les circonstances.

 

5.4. La relativité et la contradiction des opinions en matière politique peuvent-être dépassées par le fait d’établir par l’argumentation des opinions qui fassent consensus.

5.4.1 Mais il est possible de se demander si cela ne conduit pas à confondre l’opinion du plus grand nombre, voire de tous, avec la vérité.

 

5.5. L’établissement de la vérité suppose un processus dont la fin constitue la vérité.

5.5.1. Cependant, cela signifie que les connaissances établies durant le processus ne sauraient être des vérités, car la vérité ne saurait être partielle, c’est-à-dire relative.

5.5.1. Un processus qui part d’hypothèses vraisemblables ne saurait parvenir à l’établissement d’une connaissance vraie.

 

Conclusion:

En suivant les logiques argumentatives de ces différentes positions, il est possible de considérer que la philosophie consiste dans l’opposition et l’alliance entre ces différents courants sans qu’aucun n’ait pu jusqu’à présent l’emporter de manière définitive sur l’autre:

1) La première position consiste à partir des sensations pour établir la connaissance. Mais au-delà, cette position peut consister à partir des connaissances apparentes que constituent les sensations et les opinions auxquelles les sensations donnent lieu pour établir par l’expérimentation et l’argumentation des connaissances “plus vraies”. Mais des connaissances “plus vraies” ne sont pas des connaissances vraies, mais seulement des connaissances qui résistent à l’expérience quotidienne et qui sont mieux argumentées. Cette position pragmatiste est celle du savoir quotidien.

2) La seconde position est celle qui consiste à fonder par la démonstration rationnelle les premiers principes et à partir de la totalité matérielle définie comme un mécanisme. Cette position est celle de la science moderne. Néanmoins cette position se trouve confrontée aux limites auxquelles se heurtent le rationalisme et le matérialisme mécaniste.

3) La troisième position consiste à considérer que la science moderne ne peut pas être fondée sans le recours à l’intuition intellectuelle et que d’autre part, le modèle rationaliste mécaniste ne peut rendre compte de l’intégralité des phénomènes de la réalité tels que le vivant, le fonctionnement de l’esprit humain, la culture, les normes morales et juridiques… Cette position philosophique est celle qui est la plus proche de la religion. Mais elle suppose la possibilité d’établir par l’intuition intellectuelle, sans recours ni au raisonnement, ni à l’intuition sensible, des propositions vraies.

 

Tableau de synthèse: 

 

  Relativisme sensualiste Rationalisme 
Esprit Idéalisme subjectif Idéalisme rationaliste
Matière Matérialisme sensualiste Matérialisme rationaliste

 

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