Autres textes étudiés en STG en 2012

 

Autres textes étudiés en STG 2012:

 

 

 

Vérité, sens et raison:

 

 

 

1) Agrippa: c’est un philosophe sceptique, c’est-à-dire qui doute. Il énonce cinq arguments qui montrent que l’on peut douter aussi bien de notre capacité d’atteindre la vérité aussi bien en partant de nos sensations (sens) que de notre raisonnement (raison): a) la connaissance par les sens est toujours relative à celui qui perçoit b) il faut un début à un raisonnement et le début du raisonnement doit être admis sans être démontré par un autre raisonnement.

 

 

« Agrippa en ajoute cinq autres à ceux-ci; il les tire de la différence des doctrines, de la nécessité de remonter à l’infini d’un raisonnement à un autre, des rapports, du caractère des principes et de la réciprocité des preuves. Celui qui a pour objet la différence des doctrines montre que toutes les questions que se proposent les philosophes ou qu’on agite généralement sont pleines d’incertitudes et de contradictions. Celui qui se tire de l’infinité établit qu’il est impossible d’arriver jamais, dans ses recherches, à une vérité incontestable, puisqu’une vérité est établie au moyen d’une autre, et ainsi à l’infini. L’argument emprunté aux rapports repose sur ce que jamais un objet n’est perçu isolément et en lui-même, mais bien dans ses rapports avec d’autres; il est donc impossible de le connaître. Celui qui porte sur les principes est dirigé contre ceux qui prétendent qu’il faut accepter les principes des choses en eux-mêmes, et les croire sans examen ; opinion absurde, car on peut tout aussi bien poser des principes contraires à ceux-là. Enfin celui qui est relatif aux preuves réciproques s’applique toutes les fois que la preuve de la vérité cherchée suppose préalablement la croyance à cette vérité : par exemple si, après avoir prouvé la porosité des corps par l’émanation, on prouve ensuite l’émanation par la porosité. » (Diogène Laërce, Vie des philosophes célèbres, Livre IX, Chap IX).

 

 

 

 

 

Expérience scientifique et vérité:

 

 

 

2) Karl Popper: Une expérience ne peut pas vérifier une théorie scientifique, mais seulement la réfuter. Tant qu’une théorie n’est pas réfutée, elle est un savoir. Elle est considérée comme vraisemblable, c’est-à-dire comme la plus proche de la vérité que nous ayons.

 

 

 A l’aide d’autres énoncés préalablement acceptés, l’on déduit de la théorie certains énoncés singuliers que nous pouvons appeler « prédictions » et en particulier des prévisions que nous pouvons facilement contrôler ou réaliser. Nous essayons ensuite de prendre une décision en faveur (ou à l’encontre) de ces énoncés déduits en les comparant aux résultats des applications pratiques et des expérimentations. Si cette décision est positive, c’est-à-dire si les conclusions singulières se révèlent acceptables, ou vérifiées, la théorie a provisoirement réussi son test : nous n’avons pas trouvé de raisons de l’écarter. Mais si la décision est négative ou, en d’autres termes, si, les conclusions ont été falsifiées, cette falsification falsifie également la théorie dont elle était logiquement déduite. Il faudrait noter ici qu’une décision ne peut soutenir la théorie que pour un temps car des décisions négatives peuvent toujours l’éliminer ultérieurement. Tant qu’une théorie résiste à des tests systématiques et rigoureux et qu’une autre ne la remplace pas avantageusement dans le cours de la progression scientifique, nous pouvons dire que cette théorie a « fait ses preuves » ou qu’elle est « corroborée ». » ( La logique de la découverte scientifique )

 

 

La croyance, raison et culture:

 

 

3) Texte de Freud: Les êtres humains qui ont été éduqués à une connaissance rationnelle peuvent se passer de la croyance religieuse sans dommage pour la culture. En revanche, pour le maintien des civilisations humaines, il est nécessaire que ceux qui ne sont pas instruits continus à croire en Dieu.

 

 

Il y a peu à craindre pour la civilisation de la part des hommes cultivés et des travailleurs intellectuels. Les mobiles d’ordre religieux commandant un comportement culturel seraient chez eux remplacés sans bruit par d’autres mobiles d’ordre temporel ; de plus ils sont, pour la plupart, eux-mêmes porteurs de la culture. Mais il en va autrement de la grande foule des illettrés, des opprimés, qui ont de bonnes raisons d’être des ennemis de la civilisation. Tant qu’ils n’apprennent pas que l’on ne croit plus en Dieu, tout va bien. Mais ils l’apprennent, infailliblement, même si cet écrit n’est pas publié. Et ils sont prêts à admettre les résultats de la réflexion scientifique, sans qu’en échange se soit produite en eux l’évolution que le penser scientifique a en l’esprit humain. Le danger n’existe-t-il pas alors que ces foules, dans leur hostilité contre la culture, n’attaquent le point faible qu’ils ont découvert en leur despote ? Il n’était pas permis de tuer son prochain pour la seule raison que le bon Dieu avait défendu et devait venger durement le meurtre en cette vie ou dans l’autre; on apprend maintenant qu’il n’y a pas de bon Dieu, qu’on n’a pas à redouter sa vengeance; alors on tue son prochain sans aucun scrupule et l’on n’en peut être empêché que par la force temporelle. Ainsi ou bien il faut contenir par la force ces foules redoutables et soigneusement les priver de toute occasion d’éveil intellectuel, ou bien il faut réviser de fond en comble les rapports de la civilisation à la religion. (L’avenir d’une illusion)

 

 

Technique et liberté:

 

 

4) Texte de Simone Weil: Les progrès techniques sont plus ambivalents qu’il n’y paraît. Certes certains hommes maîtrisent ces progrès. Mais d’autres, les ouvriers par exemple, sont réduits à être au service des machines au lieu de les dominer.

 

L’instant décisif, quant à l’asservissement du travailleur, n’est plus celui où, sur le marché du travail, l’ouvrier vend son temps au patron, mais celui où, à peine le seuil de l’usine franchi, il est happé par l’entreprise. On connaît, à ce sujet, les terribles formules de Marx : « Dans l’artisanat et la manufacture, le travailleur se sert de l’outil ; dans la fabrique, il est au service de la machine. » […] Si l’on néglige la manufacture, qui peut être regardée comme une simple transition, on peut dire que l’oppression des ouvriers salariés, d’abord fondée essentiellement sur les rapports de propriété et d’échange, au temps des ateliers, est devenue par le machinisme un simple aspect des rapports contenus dans la technique même de la production. À l’opposition créée par l’argent entre acheteurs et vendeurs de la force de travail s’est ajoutée une autre opposition, créée par le moyen même de la production, entre ceux qui disposent de la machine et ceux dont la machine dispose. L’expérience russe a montré que, contrairement à ce que Marx a trop hâtivement admis, la première de ces oppositions peut être supprimée sans que disparaisse la seconde. Dans, les pays capitalistes, ces deux oppositions coexistent, et cette coexistence crée une confusion considérable. Les mêmes hommes se vendent au capital et servent la machine ; au contraire, ce ne sont pas toujours les mêmes hommes qui disposent des capitaux et qui dirigent l’entreprise. (« Allons nous vers la révolution prolétarienne ? »)

 

 

La culture et les échanges:

 

 

5) Texte de Mauss: Le fondement de la culture ne se trouve pas dans les échanges économiques qui reposent sur des contrats marchands et l’intérêt égoïste. En effet, les cultures humaines reposent sur des échanges de biens symboliques qui ont une valeur morale.

 

 

« Dans les économies et dans les droits qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de biens, de richesses et de produits au cours d’un marché passé entre les individus. D’abord, ce ne sont pas des individus, ce sont des collectivités, qui s’obligent mutuellement, échangent et contractent ; les personnes présentes au contrat sont des personnes morales : clans, tribus, familles, qui s’affrontent soit en groupes se faisant face sur le terrain même, soit par l’intermédiaire de leurs chefs, soit de ces deux façons à la fois. De plus, ce qu’ils échangent, ce n’est pas exclusivement des biens et des richesses, des meubles et des immeubles, des choses utiles économiquement. Ce sont avant tout des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires dont le marché n’est qu’un des moments et où la circulation des richesses n’est qu’un des termes d’un contrat beaucoup plus général et beaucoup plus permanent. Enfin, ces prestations et contre-prestations s’engagent sous une forme plutôt volontaire, par des présents, des cadeaux, bien qu’elles soient au fond rigoureusement obligatoires, à peine de guerre privée ou publique. Nous avons proposé d’appeler toute ceci le système des prestations totales. Le type le plus pur de ces institutions nous paraît être représenté par l’alliance des deux fratries dans les tribus australiennes ou nord-américaines en général, où les rites, les mariages, la succession aux biens, les liens de droit et d’intérêt, rangs militaires et sacerdotaux, tout est complémentaire et suppose la collaboration des deux moitiés de la tribu. Par exemple, les jeux sont tout particulièrement régis par elles. Les Tlinkit et les Haïda, deux tribus de Nord-Ouest américain expriment fortement la nature de ces pratiques en disant que « les deux fratries se montrent respect ». (Essai sur le don).

 

 

Bonheur de l’humanité et technique:

 

 

6) Texte de Freud: Les êtres humains ont espéré le bonheur des progrès de la raison scientifique et des techniques. Celles-ci ont certes conduit à des progrès matériels (confort, santé physique…). Mais, ces techniques n’ont pas réalisé l’intégralité de l’idéal de bonheur: paix, égalité sociale…

 

 

Au cours des dernières générations, l’humanité a fait accomplir des progrès extraordinaires aux sciences physiques et naturelles et à leurs applications techniques : elle a assuré sa domination sur la nature d’une manière jusqu’ici inconcevable. Les caractères de ces progrès sont si connus que l’énumération en est superflue. Or, les hommes sont fiers de ces conquêtes, et à bon droit. Ils croient toutefois constater que cette récente maîtrise de l’espace et du temps, cet asservissement des forces de la nature, cette réalisation d’aspirations millénaires, n’ont aucunement élevé la somme de jouissance qu’ils attendent de la vie. Ils n’ont pas le sentiment d’être pour cela devenus plus heureux. On devrait se contenter de conclure que la domination de la nature n’est pas la seule condition du bonheur, pas plus qu’elle n’est le but unique de l’oeuvre civilisatrice, et non que les progrès de la technique sont dénués de valeur pour notre bonheur.

 


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