Comment travailler la philosophie ?

Le philosophe Sénèque dans ses Lettres à son disciple Lucilius lui explique comment étudier la philosophie:

L’importance de la lecture: 

« La lecture, à mon sens, est nécessaire, d’abord en ce qu’elle prévient l’exclusif contentement de moi-même ; ensuite, m’initiant aux recherches des autres, elle me fait juger leurs découvertes et méditer sur ce qui reste à découvrir. Elle est l’aliment de l’esprit, qu’elle délasse de l’étude, sans cesser d’être une étude aussi. »

L’importance de l’écriture: 

« Il ne faut ni se borner à écrire, ni se borner à lire : car l’un amène la tristesse et l’épuisement (je parle de la composition) ; l’autre énerve et dissipe. Il faut passer de l’un à l’autre, et qu’ils se servent mutuellement de correctif : ce qu’aura glané la lecture, que la composition y mette quelque ensemble. Imitons, comme on dit, les abeilles, qui voltigent çà et là, picorant les fleurs propres à faire le miel, qui ensuite disposent et répartissent tout le butin par rayons »

Synthétiser et organiser ses lectures par l’écriture: 

nous devons, à l’exemple des abeilles, classer tout ce que nous avons rapporté de nos différentes lectures ; tout se conserve mieux par le classement.

Intérioriser ses lectures pour en faire un savoir personnel:

Puis employons la sagacité et les ressources de notre esprit à fondre en une saveur unique ces extraits divers, de telle sorte que, s’aperçût-on d’où ils furent pris, on s’aperçoive aussi qu’ils ne sont pas tels qu’on les a pris : ainsi voit-on opérer la nature dans le corps de l’homme sans que l’homme s’en mêle aucunement. Tant que nos aliments conservent leur substance première et nagent inaltérés dans l’estomac, c’est un poids pour nous ; mais ont-ils achevé de subir leur métamorphose, alors enfin ce sont des forces, c’est un sang nouveau. Suivons le même procédé pour les aliments de l’esprit. À mesure que nous les prenons, ne leur laissons pas leur forme primitive, leur nature d’emprunt. Digérons-les : sans quoi ils s’arrêtent à la mémoire et ne vont pas à l’intelligence. Adoptons-les franchement et qu’ils deviennent nôtres, et transformons en unité ces mille parties, tout comme un total se compose de nombres plus petits et inégaux entre eux, compris un à un dans une seule addition. De même il faut que notre esprit, absorbant tout ce qu’il puise ailleurs, ne laisse voir que le produit obtenu.

Produire une pensée personnelle à partir de ses lectures:

Si même on retrouve en toi les traits reproduits de quelque modèle profondément gravé dans ton âme par l’admiration, ressemble-lui, j’y consens, mais comme le fils au père, non comme le portrait à l’original : un portrait est une chose morte. « Comment ! on ne reconnaîtra pas de qui sont imités le style, l’argumentation, les pensées ? » La chose, je crois, sera même parfois impossible, si c’est un esprit supérieur qui, prenant de qui il veut les idées premières, fait son œuvre à lui, y met son type, son cachet, et fait tout tendre à l’unité. Ne vois-tu pas de quel grand nombre de voix un chœur est composé ? Toutes cependant ne forment qu’un son, voix aiguës, voix graves, voix moyennes ; aux chants des femmes se marient ceux des hommes et l’accompagnement des flûtes ; aucun effet n’est distinct, l’ensemble seul te frappe. 

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