Exclusif : interview de M. Frédéric VALLETOUX qui REPOND A VOS QUESTIONS 

Monsieur Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau depuis octobre 2005, conseiller régional d’Ile-de-France chargé du tourisme depuis mars 2010, m’a fait l’honneur de me recevoir en vue d’échanger sur son rôle d’élu locale et régional, mais également sur le riche patrimoine que nous côtoyons tous les jours à Fontainebleau.

JULIE LABOUZE (JL) : Quelles études avez-vous faites ?

FRÉDÉRIC VALLETOUX (FV) : J’ai fait un bac B, puis fait des études d’histoire. J’ai eu la chance d’avoir des opportunités m’ayant permis de travailler rapidement. Pour cette raison je n’ai pas poussé mes études au-delà de la licence. Je suis donc rentré dans une rédaction, puis 2 ans après, au quotidien « Les Echos » comme spécialiste des économies régionales, des politiques et des finances publiques et de la vie politique.

JL : Quelles sont les raisons de votre engagement politique à Fontainebleau ?

FV : Il y a deux raisons :

  •  La première, Fontainebleau est la ville dans laquelle j’ai grandi, où j’ai fait mon collège puis mon lycée, j’y ai connu pleins de copains. J’ai donc gardé de très beaux souvenirs de ces belles années ainsi qu’un attachement fort à la ville.
  • La deuxième raison est que, grâce à mon métier de journaliste, métier passionnant je suivais tout ce qui concernait les politiques budgétaires… et peu à peu aimant la chose publique j’ai eu envie de devenir acteur et de ne plus être simplement observateur ou commentateur. L’envie de m’investir dans un mandat local coïncidait avec mon envie d’aller au front, de mettre les mains dans le cambouis et de faire concrètement de la politique.

JL : Considérez-vous le travail d’élu comme un métier ?

FV : Un métier… oui et non, cela ne devrait pas l’être parce que c’est une fonction qui vient s’ajouter à un métier que vous avez. Mais simplement, on constate que dans la réalité les choses sont un peu différentes : ce sont des fonctions très prenantes, très exigeantes.  Cela ne s’arrête jamais ; les week-ends ressemblent aux semaines !  Et donc c’est vrai que ces fonctions étant très chronophages, elles sont devenues pour moi, non pas un métier, mais une occupation à plein temps.  Il faut également comprendre que gérer une collectivité locale, une ville, une région, requiert des compétences, une réelle technicité. Sous cet angle, il me semble donc que l’on peut parler d’un métier.

 

JL : Vous êtes-vous mis des limites sur le nombre de mandats que vous allez effectuer ?

FV : Je pense que trois mandats sont suffisants, soient 18 ans de politique. Cela peut paraître long mais quand on regarde le temps qu’il faut pour réaliser des projets ce n’est finalement pas si long que ça. Par exemple, il aura fallu 9 ans, entre les études, les autorisations et les recherche de financement, pour construire et inaugurer en septembre 2016 le stade de la Faisanderie (Philippe Mahut).

On peut donc dire que trois mandats c’est bien car il faut un mandat pour préparer les projets, un mandat pour les réaliser et un mandat pour en profiter. Et une fois que vous avez terminé le cycle, vous pouvez laisser la place.

 

JL : Êtes-vous pour le non-cumul des mandats ?

FV : NON, moi je suis pour le cumul. En effet, le risque est d’avoir des élus nationaux (parlementaires, sénateurs, députés) déconnectés de la réalité. Pour avoir les bons réflexes, une vue concrète des choses, on doit garder les pieds sur terre et le contact avec le terrain et on ne doit pas être dans une espèce « d’entre soi », enfermé dans une bulle loin des réalités quotidiennes. Je crains une classe politique à deux vitesses : ceux qui font le job sur le terrain (maires, élus municipaux…) et ceux faisant de belles phrases au Sénat ou à l’Assemblée… après bien-sûr il faut poser des limites, on ne peut pas être maire d’une commune de 30 mille habitants et sénateur.

 

JL : Quel est votre rôle au niveau de la région ? A la région défendez-vous préférentiellement votre territoire ou l’intérêt de la région ?

FV : A la région, je m’occupe du tourisme, c’est donc très lié à Fontainebleau… Je travaille pour toute la région. Actuellement on étudie la candidature de Paris aux JO. Par exemple, il y a 15 jours j’ai rencontré le dirigeant d’AIRBnb pour des problèmes de taxes de séjours sur l’ensemble du territoire d’Ile-de-France… ceci dit, il est vrai que quand je parle de tourisme à la région, je parle très souvent de Fontainebleau et du Sud Seine-et-Marne.

 

JL : Pensez-vous qu’il faudrait rendre l’accès à la culture gratuit aux jeunes ? 

FV : Je suis contre la gratuité parce que je trouve que souvent gratuité est synonyme de banalisation. Bien-sûr après, il est tout à fait normal et nécessaire qu’il y ait des tarifs jeunes et des tarifs réduits. Mais la gratuité est pour moi un mauvaise réponse, les gens perdant peu à peu la valeur des choses. Par exemple, une année à l’école de musique de Fontainebleau coûte 1500 euros (valeur erronée) environ à la collectivité, mais les parents payent 500 euros ; ainsi certes, cela reste cher mais il faut relativiser puisque la somme réelle est payée en grande partie par le budget municipal.

 

JL : La présence du château et de la forêt avantage-t-il ou au contraire sont-ils un frein pour le développement communal ?

FV : C’est un avantage énorme ! Certes, cela reste une exigence en terme d’urbanisme, de permis de construire, mais c’est un avantage en terme de notoriété, d’attractivité, de tourisme… Fontainebleau est l’une des villes de France les plus connues au monde. Le nom de Fontainebleau est une marque, comme Cannes, Deauville, Paris…

La forêt nous contraint, car elle est très protégée mais sans celle-ci Fontainebleau ne serait pas Fontainebleau. La forêt donne de la valeur à la marque ! Ainsi, si on coupait des arbres pour installer comme d’autres villes un supermarché d’entrée de ville, on banaliserait Fontainebleau, on lui donnerait moins de valeur et cela serait forcément négatif.

 

JL : Pensez-vous que l’Etat, les régions et les communes mettent assez en avant le patrimoine historique ?

FV : Je pense qu’aujourd’hui, en France, oui on le fait ! On pourrait toujours faire plus. Il y a certainement quelques monuments délaissés mais ils sont peu nombreux. Le patrimoine historique est assez bien respecté dans son ensemble. A tous les niveaux, on trouve des politiques de protection depuis maintenant les années 60… Alors après, le patrimoine coûte très cher à entretenir et la difficulté est donc plus financière qu’autre chose.

 

JL : Internet et les visites virtuelles peuvent-elles selon vous remplacer les visites classiques ?

FV : Remplacer non, mais compléter oui ! La sensation de voir le lieu réel dans toute sa splendeur ne peut-être restituée par ces visites virtuelles. Mais pour les gens habitant à l’étranger cela peut être un moyen de découvrir les lieux malgré la distance ; cela peut permettre de préparer une visite et bien-sûr, cela permet aussi de faire de la publicité… De plus le numérique, la 3D, la réalité virtuelle font désormais partie intégrante de notre société et cela peut également être un moyen  d’intéresser plus facilement les jeunes à la culture et au patrimoine de notre pays.

 

JL : A travers votre rôle d’élu, pensez-vous participer à la protection, à la transmission et à la conservation de notre  patrimoine ?

FV : Sans prétention aucune, je pense que oui, notamment à travers les projets de restauration que j’ai réussis à mener à bien. Comme par exemple, la rénovation de l’Eglise Saint Louis en centre ville, mais également le théâtre municipal ou encore la chapelle de la Bonne Dame à l’entrée de ville.

 

Encore merci à monsieur Frédéric Valletoux d’avoir pris sur son temps pour répondre à mes questions !

Julie