IA, quand les machines raisonnent. Article de Brief, Panorama

« Intelligence artificielle, quand les machines raisonnent »

Article complet de Brief.me (panorama) du 14 novembre 2020

« Inventé dans les années 1950, le principe de l’intelligence artificielle (IA) consiste à faire exécuter par des machines des tâches complexes demandant un raisonnement. L’IA se retrouve dans les moteurs de recherche, dans les systèmes de reconnaissance des visages, de la parole et du langage naturel, dans les assistants vocaux, ainsi que dans de nombreux dispositifs utilisés par l’industrie, pour la gestion des flux de marchandises, par exemple.

Pourquoi ça compte ?

Percevoir, raisonner, agir et apprendre

Qu’il s’agisse d’un assistant vocal qui répond à des questions ou d’un programme qui détecte une anomalie dans une chaîne de production, l’intelligence artificielle s’appuie sur la capacité des ordinateurs à traiter dans un temps donné un volume d’informations bien plus important que les humains. L’IA repose sur quatre fonctions clés – percevoir, raisonner, agir et apprendre –, explique à B?r?i?e?f?.?m?e Malik Ghallab, directeur de recherche émérite au CNRS. Elle est capable d’appréhender une image, un son ou un texte, de savoir interpréter une situation et de choisir et planifier des actions. Elle doit apprendre des modèles lui permettant d’effectuer ces tâches. Cet apprentissage se fait par exemple en s’exerçant sur un grand nombre de données. Pour qu’un programme d’intelligence artificielle parvienne à identifier avec fiabilité un chat dans une image, il faut qu’il absorbe des millions d’images de chats pour être ensuite en mesure d’en reconnaître sur des images qu’il n’a jamais vues.

Les principaux domaines de l’IA

L’intelligence artificielle trouve des applications dans de nombreux domaines. Selon une étude publiée l’an dernier par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, rattachée à l’ONU, les brevets relatifs à l’IA concernent principalement les télécommunications, les transports, la médecine et les sciences de la vie ainsi que les ordinateurs personnels. Près de la moitié des brevets déposés sont en lien avec la vision par ordinateur, qui concerne la capacité d’un ordinateur à identifier des éléments dans une image. Elle est par exemple à la base du développement des véhicules autonomes, qui doivent comprendre l’environnement dans lequel ils se trouvent, et des programmes médicaux capables de détecter des tumeurs cancéreuses à partir d’images de scanner.

LES DATES À RETENIR

1956. La naissance de l’« intelligence artificielle »

Le terme « intelligence artificielle » est apparu lors d’une conférence organisée à l’été 1956 au Dartmouth College, dans le nord-est des États-Unis. Pendant la décennie 1950, sont mis au point plusieurs programmes capables de démontrer des théorèmes mathématiques ou de résoudre des problèmes. Des avancées se produisent ensuite dans les domaines de la traduction automatique et de la robotique avant une première période de ralentissement mondial dans les années 1980, les fonds alloués à la recherche se raréfiant faute d’avancées technologiques suffisantes. Dans les années 1990, l’IA connaît un nouvel essor avec le développement de « systèmes experts », capables d’élaborer des analyses en se fondant sur des règles prédéfinies. C’est le cas des programmes d’aide au diagnostic médical, qui peuvent identifier une maladie à partir des symptômes et en appliquant une série de raisonnements logiques.

1997. La victoire de la machine sur l’homme

En mai 1997, Deep Blue, un ordinateur mis au point par l’entreprise américaine IBM parvient à battre le champion du monde d’échecs Garry Kasparov. Cette victoire d’une machine, capable de calculer 200 millions de coups par seconde, marque une première frontière symbolique pour l’intelligence artificielle, dans un domaine – les échecs – considéré comme une discipline où s’illustre l’intelligence humaine. À partir des années 2000, la forte augmentation de la puissance de calcul des ordinateurs et la hausse exponentielle des données disponibles en ligne vont permettre le développement de dispositifs d’intelligence artificielle bien plus élaborés, basés sur l’apprentissage. Ainsi, AlphaGo, le programme qui a battu le champion du jeu de go Lee Sedol en 2016, n’est pas simplement une machine capable de calculer rapidement des milliards de combinaisons de jeu, mais un système capable d’apprendre en jouant des parties contre lui-même.

2015. La mise en garde

En janvier 2015, plusieurs milliers de chercheurs et personnalités, comme Yann LeCun, directeur du laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook, et Elon Musk, dirigeant du constructeur automobile Tesla, signent une lettre ouverte appelant à un développement de l’IA qui « maximise les bénéfices sociaux ». Un document joint à la lettre invite à réfléchir aux conséquences sur l’emploi que peut avoir le développement de machines capables d’accomplir de plus en plus de tâches jusqu’ici réservées aux humains. Le texte pointe également les problèmes pour le respect de la vie privée que pose le recours important de l’intelligence artificielle aux données personnelles ou encore les décisions éthiques que doit prendre un véhicule autonome, qui pourrait avoir à effectuer une manœuvre dangereuse pour éviter un groupe de piétons.

Qui sont les principaux protagonistes ?

IBM a été créée en 1911 aux États-Unis sous le nom de CTR et commercialisait d’abord du matériel servant à la comptabilité et au suivi des horaires des salariés. La multinationale détient le plus grand nombre de brevets déposés dans le domaine de l’intelligence artificielle, selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, qui dépend de l’ONU. IBM a mis au point l’ordinateur Deep Blue qui a battu en 1997 le champion d’échecs russe Garry Kasparov. L’entreprise a ensuite développé un programme baptisé Watson, spécialisé dans le traitement naturel du langage, qu’elle vend en particulier à des compagnies d’assurance.

Alphabet, (multinationale américaine) est une entité créée en 2015 pour regrouper l’ensemble des activités de Google, une entreprise fondée en 1998 autour du moteur de recherche du même nom. Alphabet s’investit dans l’intelligence artificielle en particulier via sa filiale DeepMind, qui a mis au point AlphaGo, le programme qui a réussi en 2016 à battre un des plus grands champions du jeu de go. Alphabet utilise l’intelligence artificielle dans plusieurs autres de ses activités, comme pour le développement de son activité de voitures autonomes, confiée à sa filiale Waymo.

Conseil des affaires de l’État, Gouvernement chinois

Autorité administrative principale de la République populaire de Chine, le Conseil des affaires de l’État a adopté en juillet 2017 un plan de développement de l’intelligence artificielle qui vise à faire de la Chine le principal centre d’innovation dans ce domaine d’ici 2030. Les autorités chinoises ont mis en place des incitations fiscales et lancé le développement de parcs industriels pour favoriser le développement de start-up spécialisées. Les gouvernements de plusieurs localités chinoises comme Pékin, Shanghai et Shenzhen ont également annoncé des plans d’investissement dans l’IA. De nombreux dispositifs de reconnaissance faciale utilisant l’IA ont été déployés en Chine. »