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Revue de presse : Au Proche-Orient, les fossoyeurs de la paix

Abbas, le Hamas… Au Proche-Orient, les fossoyeurs de la paix

 par Corentin Pennarguear publié le 17/05/2021 dans l’hebdo de l’Express

Par calcul politique et soif de pouvoir, les dirigeants israélien et palestinien ont laissé s’installer l’escalade au Proche-Orient. Leur cynisme ouvre la voie au Hamas et à la violence.

À Gaza, un bâtiment abritant des médias internationaux a été détruit par l'armée israélienne.

À Gaza, un bâtiment abritant des médias internationaux a été détruit par l’armée israélienne
afp.com/Mahmud Hams

« Les scènes ont un air de terrible déjà-vu : des milliers de roquettes du Hamas qui pleuvent sur Israël, des enfants palestiniens victimes des bombes israéliennes sur Gaza, une communauté internationale impuissante et des manifestations électriques partout dans le monde. Une nouvelle fois, en ce mois de mai 2021, le Proche-Orient s’enflamme, et les responsables politiques restent les mêmes. Douze ans à la tête d’Israël pour Benyamin Netanyahou, seize ans à présider l’Autorité palestinienne pour Mahmoud Abbas.

Il y a quelques semaines, on ne donnait pourtant pas cher de l’avenir politique des deux leaders, usés par les années de pouvoir et confrontés à des élections délicates. Mais une fois de plus, les deux hommes ont évité la chute grâce à leur cynisme, au prix d’un climat délétère dont ils sont les premiers responsables.

En Israël, une coalition anti-Netanyahou fracturée par la guerre

« Bibi » Netanyahou, 71 ans, Premier ministre d’Israël depuis 2009, est passé le plus proche du précipice. A quelques heures près. Ce lundi 10 mai, ses rivaux politiques Naftali Bennett et Yaïr Lapid réussissent enfin à mettre six partis israéliens d’accord pour former un gouvernement dont le mot d’ordre se résume à « Tout sauf Netanyahou ». Les deux hommes s’apprêtent à annoncer leur succès au président Reuven Rivlin, afin de rendre leur gouvernement effectif, quand les sirènes retentissent à Jérusalem : le Hamas vient de lancer ses premières roquettes contre la Ville sainte, en réponse à des violences disproportionnées de la police israélienne contre des manifestants musulmans sur l’esplanade des Mosquées. Immédiatement, Israël riposte en bombardant la bande de Gaza, territoire sous contrôle du mouvement islamiste, classé comme terroriste par une majorité d’Etats occidentaux.

L’offensive israélienne à Gaza fracture la coalition anti-Netanyahou. Celle-ci compte dans ses rangs le parti islamique modéré Ra’am, qui refuse d’entrer dans un gouvernement dont l’armée bombarde des populations arabes. Et sans cette formation, impossible d’obtenir une majorité au Parlement israélien. Le plan de Bennett et Lapid échoue, Netanyahou peut rester au pouvoir pour au moins quelques jours, qu’il s’emploie rapidement à mettre à profit »…