browser icon
You are using an insecure version of your web browser. Please update your browser!
Using an outdated browser makes your computer unsafe. For a safer, faster, more enjoyable user experience, please update your browser today or try a newer browser.

Chroniques du confinement: partie 1 Le confinement – dehors / la baston

Posted by on 10 avril 2020

Mercredi 18 mars : La baston

J’hésite à porter des gants. Finalement non. Il est 13h30. Pharmacie. Fermée entre 13 et 14h30 pour cause de désinfection. De grandes affiches indiquent : PAS de vente de masques. Rupture sur le gel hydroalcoolique. Les surgelés. Fermés entre 13 et 14h30 pour cause de désinfection… J’approche de la porte de la supérette. Ça ne s’ouvre pas. Le vigile me fait signe d’attendre. Un client sort. On m’explique qu’il faut moins de 10 personnes dans le magasin donc on filtre. OK. Il n’y a pas beaucoup de queue aux caisses, forcément. J’entre, je commence mes courses.

– « Madame ! », m’interpelle un vigile

– « Oui ? »

– « C’est un seul pack de papier toilette par personne ! »

– « Ah bon, je savais pas »

– « C’est pour partager »

Je vais déposer mon deuxième pack. Pas envie d’insister en lui expliquant que je fais les courses pour quelqu’un d’autre. Je donnerais l’unique pack auquel j’ai droit…

Je vais pas commencer à discuter. C’est à la fois une bonne idée et en même temps ridicule puisqu’il existe des packs de 6, 9, 12 voire plus… Alors deux packs de 6 valent-ils un pack de 12 ?

J’approche de la caisse, je me mets derrière une petite ligne de ruban adhésif collée au sol matérialisant les distances de sécurité. Une dame arrive et se glisse entre moi et la cliente précédente. Apparemment elle était déjà là et juste partie chercher quelque chose en plus. La caissière devient nerveuse. « Respectez les distances de sécurité s’il vous plaît ».

Je recule. Avec les panneaux de plexiglas devant les caisses, c’est assez difficile de récupérer les produits par en dessous. La cliente devant moi est fébrile, elle a l’air pressée (et un peu avinée?). Elle pose ses courses avant même que la cliente précédente ait payé. Un autre caissier la rappelle à l’ordre. « Madame, attendez s’il vous plaît, pour maintenir les bonnes distances ».

Mais, elle ne bouge pas et se rapproche de l’autre côté de la caisse.

La tension monte. L’air commence à vibrer.

« Eh mais arrête de me coller toi, t’as pas entendu ce qu’on t’as dit, respecte les distances. En plus t’as même pas de masque ! ».

« Je t’emmerde toi, t’as vu le temps que tu mets à récupérer tes courses, allez grouille toi, pouffiasse »

C’est parti.

« C’est à cause des gens comme toi que le virus se propage, vous respectez rien, ni personne ».

Ça bombe le torse, ça pousse, ça insulte. Les vigiles s’en mêlent. Ils sont plusieurs. Sont pas très doués d’ailleurs. Même si les deux clientes sont de taille respectable, elles en sont pas encore à distribuer les coups de poings.

Bousculade dans l’entrée, on les sépare tant bien que mal. La deuxième cliente récupère ses courses.

« Et vous lâchez-moi maintenant, c’est elle qui a foutu la merde et c’est moi que vous maintenez comme ça ! ». Elle n’arrive pas à redescendre.

Mais les vigiles ne la lâchent pas.

La deuxième se barre sous les insultes en lançant un dernier « sale noire ».

Évidemment là, ça dérape sur les insultes racistes. Y en a pour tout le monde. Vu la diversité des clients et du personnel dans le magasin ça finit par faire rire.

Quand je sors, elle est encore là. A discuter avec un vigile qui tente de la faire redescendre en douceur.

Apparemment, le confinement et le virus ça stresse. Je me demande jusqu’où ira la peur.

Aurélie Hurtique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *