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Chroniques du confinement Deuxième partie – le confinement – DEDANS

Posted by on 13 mai 2020

1- le désinfectant

A part que maintenant il va juste me coûter deux fois plus cher, je vais pas être dépaysée. Lavage des mains en rentrant. Gel hydrocalcoolique plusieurs fois par jour. Savon désinfectant. Et tous les antiseptiques du monde. Tout ça c’est déjà dans la maison depuis des années. Par contre dans l’immeuble gros changement. La femme de ménage nettoie consciencieusement les boîtes aux lettres, les poignées de porte, les boutons de l’ascenseur… Et le local poubelle ressemble enfin à un endroit fréquentable. Les poubelles ont été désinfectées. Le sol récuré. Quel changement !

Évidemment. Tout cela va durer une quinzaine de jour, un mois maximum. Après, le naturel va reprendre le dessus. En même temps, que peut faire une femme de ménage qui passe deux fois par semaine équipée d’une serpillière de base et de quelques lingettes pour un bâtiment de plus de 30 logements ? Au début, elle avait des masques. Après, elle mettait son écharpe devant la bouche quand elle croisait quelqu’un. Aujourd’hui, elle n’a plus rien.

Je lis quelque part qu’il faut laisser les courses reposer plusieurs heures avant de les ranger. Bon, elles traînent donc dans l’entrée. Je nettoie le frais et les surgelés avec un simple torchon que je mets au sale ensuite et je me lave les mains. Un rituel de plus.

2- La baston ?

On a de la chance. On fait partie des privilégiés. Chacun dispose facilement de son espace. Chacun son terminal informatique pour s’occuper (travail, séries, youtube etc). En plus on est plutôt des casaniers. Donc le confinement n’est pas trop douloureux. Il y a moins de contraintes de temps, le stress de l’extérieur a disparu. Du coup, un certain nombre de tensions liées à nos rythmes de vie tellement différents se sont estompées. Pour nous le confinement est plutôt apaisant. Au moins pour l’instant. Donc pas de baston à la maison. Je n’ose même pas imaginer d’autres familles. Ceux qui ne se supportaient déjà plus, obligés d’être ensemble 24/24. Ceux qui sont trop nombreux pour leur logement. Ceux qui s’aperçoivent qu’ils ne se supportent plus. Et ceux dont les désaccords ne peuvent plus être cachés : notamment sur l’éducation des enfants… Et les enfants dans tout ça. Pris à partie forcément, témoins et acteurs de toute cette violence sans exutoire, sans soupape. Qu’est-ce qu’on va trouver quand on va ouvrir les portes des appartements ? Franchement j’ai peur.

En attendant, le temps s’allonge. L’absence de contraintes et la monotonie plonge lentement le cerveau dans une espèce de torpeur doucement trompeuse. Lénifiante et certainement délétère si elle dure trop. Les maux de l’enfermement sur toute une population… La peur et le soma. Ca vous dit quelques chose ?

3 – Je suis une menace

Chaque fois que je sors et chaque fois que je rentre l’idée m’effleure. Même si je la chasse. Elle s’immisce l’air de rien. Je suis une menace. Je suis LA menace. Puisqu’il n’y a que moi qui sors, je suis la seule qui puisse potentiellement ramener la maladie et la mort dans la maison. Alors toujours les mêmes questions. Me suis-je bien protégée (avec les moyens disponibles, bien sûr), n’ai-je pas été trop imprudente ? Il n’y a qu’une fois où j’ai vraiment eu peur cependant. A Fresnes. Encore. Quand cette dame, ne pouvait s’empêcher de coller les gens dans la queue de la pharmacie. Pas de masque, pas d’écharpe. Elle toussait dans ses mains, suait à grosse goutte. A la caisse, on apprend que son fils a une infection pulmonaire. Sérieux ? Et toi, tu crois que tu as quoi là ? Un « simple rhume » ? Autant dire que que j’ai frotté fort mes mains et que j’ai enlevé et emballé mon masque en tissu dès que je suis sortie de là.

Aurélia Hurtique

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