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Chroniques du confinement – Partie 1 – Dehors (suite de la suite)

Posted by on 13 mai 2020

Lundi 30 mars. La déconfiture

« x peut prendre les valeurs 1,2 ou 3… égrène la voix de l’homme que j’entends par sa fenêtre ». Il semble légèrement las et agacé en même temps. Je rigole. Ah les joies de l’école à la maison pour ceux qui n’ont rien demandé. Dans le jardin d’à côté c’est atelier bronzage… Et dans l’immeuble en face, les enfants ont trouvé un exutoire : bataille d’eau sur le balcon… En fait on se croirait vraiment pendant les vacances d’été…

A la télé, le gouvernement lâche déjà le mot de « déconfinement ». Aujourd’hui bien sûr, c’est passé dans le langage courant. Mais les première fois, j’entendais toujours « déconfiture ». La leur, avec leur communication et leurs décisions à l’emporte-pièce. La nôtre avec la crise sociale et économique qui se profile. Un peu après j’ai vu que le Canard Enchaîné avait aussi employé le terme. Au mieux, déconfinement ça m’évoque « dé-coffinement »* : allez, c’est bon les vampires, sortez de votre cercueil. N’empêche quelle idée d’en parler déjà alors qu’on sait qu’ils vont rallonger la sauce pour minimum 15 jours ! Le préparer, oui, c’est leur job. En parler, non, c’est trop tôt. D’ailleurs, après 15 jours le relâchement est généralisé. La distanciation est moins distante, certains magasins laissent entrer trop de monde, ça se bouscule aux caisses. La vie reprend. Il fait désespérément beau. Impossible de pas avoir envie de sortir, de se promener, de respirer. D’ailleurs, la police est de retour. Comme ici, habituellement, on a la chance de toutes les avoir, voici la municipale déjà, suivie de près par la nationale… Ils ont des masques. Pour l’instant. J’écris ça a posteriori donc je peux le dire, les bataillons vont revenir tous. Jusqu’à vigipirate avec leur jolie voiture grise et leurs armes de guerre. Après tout, on est en guerre, n’est-ce pas ?

Manque encore Streeteo, mais ça c’est parce que je stationnement est devenu gratuit.

Par contre, pour les masques, vous pouvez repasser. Au bout de quelques jours, les stocks ont dû s’épuiser.

Je la vois lui aboyer dessus. Je suis loin mais j’ai l’impression de voir les postillons. Il est à moins d’un mètre. Assis sur un banc en centre-ville. Doit pas avoir sa « dérogation ». J’ai envie d’y aller et de dire à la fliquette que mieux vaut pas avoir de papelard et être dehors à l’écart de tous, que de s’approcher, de parler et de toucher les affaires de tout le monde sans masque sous prétexte de faire respecter la loi…

La Poste aussi réouvre. Je prévois d’aller y déposer mes colis. Ouh la ! Demi-tour aussi sec. La queue est tellement interminable que je n’arrive pas à compter les personnes. Quarante peut-être sur le trottoir. Je crois que je vais attendre le fameux « déconfinement ».

Pâques. Ma voisine sonne. « Vous n’auriez pas de la levure ? Y’en a plus. Dans aucun magasin. »

Je vais voir. Je lui ramène, piteuse, un sachet mais il est périmé depuis 2 ans…

Quand je fais mes courses, je le constate aussi le rayon levure a été dévalisé. Et là tout à coup, je comprends. Fou rire. J’imagine les gens avec leur stock de sucre, de farine, de lait et d’œufs achetés dans la précipitation il y a 15 jours. Ils ont tous eu la même idée. On va faire des gâteaux pour Pâques. Et ils s’aperçoivent qu’ils n’ont pas de levure… Paraît qu’on a le gouvernement qu’on mérite : imprévoyant et irrationnel en somme.

* du franglais maison avec coffin le cercueil dans la langue de Shakespeare. Mais tout le monde connaît ce mot maintenant avec les « Coffin dance » qui ont fait le tour de la toile

Aurélia Hurtique

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