Toujours très prise par les multiples démarches de l’installation en France, je n’ai pas trop eu le temps d’alimenter le blogue. Mais là, il faut absolument que je vous parle d’un jeu appelé Contact: Michèle m’a écrit pour me le signaler, le lendemain Agnès m’en a parlé aussi, et ce matin Sol m’envoie le lien… Bref, merci à celles qui veillent si gentiment, je me dois de faire bon usage de leur soutien.
Je suis donc allée visionner les différents clips disponibles sur le jeu (http://embassyofeducation.eu/fr/contact_game/). Le matériel semble attrayant du point de vue pédagogique et graphique, et il a été développé grâce au soutien des Fonds Européens de Développement Regional, en principe un gage de sérieux.
La fiche de description du projet telle qu’elle a été soumise auprès de la FIPF est par ailleurs disponible sur
http://fipf.org/sites/fipf.org/files/presentation_du_projet_a_fipf.pdf

J’ai pourtant quelques réserves, qu’il faudra prendre elles aussi avec des pincettes, vu que je les formule sans avoir eu l’occasion de voir les joueurs en action.
D’une part, je pense que le prix du matériel freinera quelque peu les utilisateurs potentiels: 47 euros la boîte, c’est l’équivalent au salaire d’une dizaine d’heure de cours pour un prof mexicain mal payé (je parle d’un pays que je connais, mais je sais que ce n’est pas le seul pays où les profs n’ont pas un salaire décent…). Et, lorsque que je vois sur la vidéo plusieurs groupes de quatre joueurs autour d’un plateau, je me demande s’il faudrait acheter cinq boîtes pour un groupe de 20 (soit 235 euros!)
Les objectifs pédagogiques affichés sur le document (voir http://embassyofeducation.eu/wp-content/uploads/2012/11/Pedago.pdf) me semblent à retravailler, pour mieux préciser le lien du jeu avec les objectifs linguistiques, langagiers et actionnels.
J’hésite aussi par rapport au contenu culturel: n’ayant pas eu l’occasion de prendre connaissance de toutes les cartes, je ne sais pas si l’aspect inter et pluriculturel est pris en compte ou si les concepteurs ont cédé à la tentation « civilisatrice ».
Les cartes Défis mélangent des expressions idiomatiques (tomber dans les pommes, poser un lapin), du vocabulaire courant (une amende, le SAMU, l’Eurostar) et… plusieurs coquilles orthographiques ou grammaticales (« dès que je l’aie vu », « J’ai du mal à parler tellement ça le brûle », « il faut appeler au SAMU »), ce qui me semblait déjà gênant dans le texte de présentation en ligne mais me semble très embêtant pour le matériel de jeu.
Pour mieux me pronocer quant à la qualité pédagogique de l’ensemble, j’entrevois deux solutions: attendre que le guide pédagogique soit disponible en français (il est actuellement en estonien, mais la version française est en cours de réalisation, si j’ai bien compris) ou apprendre l’estonien. J’aimerais beaucoup connaître l’estonien, mais je crois que je vais quand même pencher pour la première solution!
Bilan (provisoire)? Bravo à cette équipe dynamique d’avoir mené à bon terme un projet ambitieux et séduisant; j’aimerais avoir des échos de l’utilisation de ce jeu en classe par des enseignants en exercice pour savoir dans quelle mesure il s’adapte à la classe.