La rue Fourier à Auxerre

La rue Fourier, à Auxerre

    Ex-rue de la Parcheminerie, ex-rue Notre-Dame, ex-rue de la Fraternité, la rue Fourier honore l’illustre auxerrois depuis 1840.

    Actuellement, Jean Joseph Fourier est honoré à Auxerre,  par une rue, un lycée, un arrêt de bus. Au début du XXe siècle, jusqu’en 1945, une place (actuellement place du Maréchal Leclerc) où sa statue était érigée porta aussi son nom.

     La rue Fourier conduit de la cathédrale à la place des Cordeliers. Chaque profession avait au moyen-âge sa rue, son quartier distinct. Les parcheminiers demeuraient dans cette rue qui conduisait du couvent des Cordeliers à la cathédrale Saint-Etienne. On trouve alternativement, au XVIe siècle, le nom de rue de la Parcheminerie et de rue Notre-Dame. Ce dernier nom rappelait la chapelle de Notre-Dame-des-Vertus, qui s’élevait sur la place Saint-Etienne, à droite de la cathédrale. La rue Fourier a reçu le nom de rue de la Fraternité en l’an VI, mais ce titre n’a eu qu’une durée éphémère. La rue prit le nom de rue Fourier en 1840.

     Germain Michel, peintre-verrier renommé, auteur de la rose du portail nord du transept de la cathédrale, habitait une maison de cette rue en 1525.

    Une plaque indique la maison natale* de Jean-Joseph Fourier et une autre plaque la demeure de l’abbé Jean-Baptiste Lebeuf. Ces deux savants hommes ont habité deux maisons contiguës séparées seulement par une ruelle (Archives du Chapitre d’Auxerre). Les Auxerrois ont érigé dans le jardin botanique en l’honneur de Joseph Fourier, le 5 mai 1849, une statue en bronze**, œuvre du sculpteur Edme Nicolas Faillot ; ensuite la statue fut déplacée place Fourier (maintenant place du Maréchal-Leclerc) avant d’être fondue en 1941 lors de l’occupation allemande.

     On prétend que le grand économiste Turgot passa quelques années de sa jeunesse à Auxerre, et qu’il habitait la rue Fourier chez Me Deschamps, procureur, dont la maison, en face celle du père de Fourier, fut occupée, jusqu’aux années 2000, par un quincaillier. On raconte qu’un jour qu’il était allé aux vêpres chez les Révérends Pères Cordeliers avec d’autres jeunes gens, il fit du bruit et troubla l’office. Un cordelier se leva de sa place et le mit à la porte de l’église. Turgot, furieux, jura de se venger. Il alla attendre le moine dans la cour avec un gourdin et le bâtonna ; mais le lendemain, comme il revint pour narguer le battu, ce fut son tour de l’être. Alors il persista de plus belle avec ses amis à venir battre les moines chez eux, tellement qu’il fallut fermer la porte du couvent. (Anecdote racontée par Mme Deschamps).

    Jean-Baptiste Lebeuf vit le jour sur la paroisse Saint-Regnobert le 6 mars 1687. Il était fils de Me Pierre Lebeuf, commis à la recette des consignations. La maison du père de Lebeuf est la quatrième. M. Bernard-Deschamps, grand amateur de peinture et d’histoire naturelle, l’habitait, au XIXe siècle, avec sa fille, Mademoiselle Prisette Bernard qui possédait un talent remarquable de miniaturiste.

    L’abbé Lebeuf, devenu chanoine de la cathédrale, acheta une autre maison dans cette rue. C’est la seconde à droite en descendant sur la place, après la rue Maison-Fort. Elle a appartenu, au moment de la Révolution, à M. Pellevilain, chanoine (Archives du Chapitre, maisons canoniales). Mais Lebeuf habita toujours dans la maison paternelle et y conserva son appartement. C’est là qu’il écrivit son livre de la Prise d’Auxerre, qui devait mériter, pour une feuille au moins, les honneurs du bûcher. On raconte que Lebeuf, résidant à Paris, arrivait souvent dans sa maison sans que les personnes qui habitaient le rez-de-chaussée s’en aperçussent. Il passait ainsi la journée à travailler dans sa chambre et descendait le soir pour dîner chez ses hôtes, qu’il surprenait.

(d’après Maximilien Quantin, Histoire anecdotique des rues d’Auxerre)

 

*La rue Fécauderie; par corruption Frécauderie, conduit de l’hôtel de ville à la rue Joubert. C’est l’une des plus anciennes rues de la ville, et les Romains, en fondant la Cité, lui ont donné sa direction, mais sans adoucir la pente rapide que lui a imposée la nature. On croit que le savant Fourier est né dans cette rue, dans la maison qui forme l’angle saillant du côté gauche, en montant dans la partie la plus voisine de la place de l’hôtel de ville. Ses vieilles maisons de bois aux pignons aigus, aux piliers sculptés en engoulevents, en font l’un des quartiers les plus curieux de la ville. Les actes les plus anciens, qui font indirectement mention de la rue Fécauderie, sont du XIIe siècle. La rue Fécauderie conduisait à la porte Féchelle ou Fécaud (d’où elle a pris son nom), ouverte en face de la maison du sieur Bienvenu, boucher, n° 9. Au XVIe siècle on trouve déjà la rue Fécauderie, et ses habitants étaient, comme aujourd’hui, des marchands. Le marché du mercredi et du vendredi s’y tenait (Chapitre d’Auxerre, rentes). Le Chapitre d’Auxerre y possédait plusieurs maisons, qu’il amodiait en 1486.

 **En juin 1840 la ville d’Auxerre décida d’élever une statue à la mémoire d’un de ses plus illustres enfants : Jean-Joseph Fourier. Une souscription fut ouverte et le Conseil municipal vota une première somme de trois mille francs.

 

Pour de plus amples renseignements sur les rues d’Auxerre, on consultera le site qui leur est dédié.

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R. Timon, né en 1944 a été instituteur, maître formateur, auteur de manuels pédagogiques avant d’écrire pour le Webpédagogique des articles traitant de mathématiques et destinés aux élèves de CM1, CM2 et sixième.

Category(s): hommages

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