Villani célèbre Fourier

Cédric Villani célèbre Joseph Fourier

(c) Wikipedia

C’est après une journée bien remplie, commencée au Palais-Bourbon, se prolongeant par une visite du centre historique d’Auxerre, avant une rencontre au Muséum avec les lycéens du Lycée Fourier, que le mercredi 14 mars, à la salle du « 89 », boulevard de la Marne, devant un public nombreux et attentif, dans le cadre des Ateliers d’Auxerre, Cédric Villani, a évoqué l’œuvre de Joseph Fourier.

L’apport de Fourier à l’établissement de l’âge de la Terre a permis à Cédric Villani de préciser l’originalité de Fourier dans le traitement des dérivées partielles. Les méthodes de Fourier, développées pour étudier la transmission de la chaleur, ont fondé l’analyse harmonique qui s’applique à la compréhension de nombreux domaines régissant les fluides et plasmas, la météorologie, la mécanique quantique… L’équation de la chaleur de Joseph Fourier est connue dans le monde entier. Elle a été utilisée ensuite bien loin de son cadre d’origine, ainsi, au début du XXe siècle Louis Bachelier a pu l’appliquer aux fluctuations des cours boursiers.

Les méthodes de Fourier s’appliquent aussi à l’écholocalisation, que ce soit dans l’étude du mode de guidage des chauve-souris, le sonar, le radar ou l’observation du corps humain par scanner ou IRM. Elles sont à l’origine de l’acquisition comprimée (compressed sensing / compressed sampling ou sparse sampling), une technique initiée notamment par Emmanuel Candès, permettant de trouver la solution la plus parcimonieuse d’un système linéaire sous-déterminé. Elle englobe non seulement les moyens pour trouver cette solution mais aussi les systèmes linéaires qui sont admissibles.

Beaucoup de ces recherches sont en cours de développement et s’appuient directement sur l’analyse harmonique qu’elles affinent (ondelettesDaubechies-, curvelets, ridgelets -Candès-).

 

L’interview accordée à l’Yonne Républicaine (voir édition du 15 mars 201Smilie: 8)

Le mathématicien et député LREM Cédric Villani était l’invité des Ateliers d’Auxerre, hier soir : « Fourier, à mon panthéon personnel », Romain Blanc, pour l’Yonne Républicaine

Cédric Villani à rempli la salle du «89 », hier à Auxerre, où il donnait une conférence sur le scientifique Joseph Fourier. Le mathématicien et député macroniste a accepté de répondre à nos questions. Sa conférence sur le scientifique auxerrois Joseph Fourier affichait complet. Le lauréat de la médaille Fields a conquis Auxerre, hier soir. Cédric Villani, mathématicien et député LREM, a accepté l’invitation formulée par Guillaume Larrivé (LR) dans le cadre des Ateliers d’Auxerre.

Entretien.

Auxerre, c’est la ville natale de Joseph Fourier. Que représente-t-il pour vous ?

Il est dans mon panthéon personnel. Fourier, pour moi, ça a d’abord été une théorie : les séries de Fourier. Son analyse a joué un rôle fondamental dans mes recherches. Aussi bien dans mes travaux sur la théorie des gaz que ceux sur la théorie des plasmas, qui m’ont valu la médaille Fields.

Imaginez qu’un petit génie comme Fourier soit des nôtres aujourd’hui. On est en 2018, le jeune Fourier quitte Auxerre… Et il va travailler dans la Silicon Valley, chez Facebook, non ?

Fourier avait une très forte conscience de la Nation, de l’intérêt public. Je suis sûr qu’avec les mêmes valeurs que Fourier, notre petit jeune très doué serait resté en France, avec l’idée de bâtir quelque chose pour son pays. Difficile de faire la comparaison dans un monde plus globalisé…

Mais celte fuite des cerveaux, elle existe…

Il ne faut pas se voiler la face. Il y a aujourd’hui une vraie fuite des cerveaux. II y a peu, c’était vers les grandes universités américaines. Maintenant, c’est plutôt vers les centres de recherche des grands laboratoires américains. Il est encore plus difficile de résister à cette concurrence, car vous Pouvez faire votre carrière au service de ces grands américains… sans même aller en Amérique. Vous pouvez rester dans votre ville européenne favorite : Paris, Londres ou Zurich…

L’un des enjeux de votre rapport sur l’intelligence artificielle, que vous allez remettre au Premier ministre, est de mieux s’armer face à cette concurrence ?

L’une de nos missions est de proposer des outils qui revaloriseront la carrière des chercheurs. Et qui feront que nos jeunes les plus doués seront fiers, auront les coudées franches pour travailler dans la recherche universitaire. Que l’on s’entende bien : il ne s’agit pas de faire la guerre aux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, ndlr). Il ne s’agit pas non plus d’interdire à nos chercheurs de partir : ce serait contre-productif !

Où en est votre rapport ?

L’essentiel est bouclé. Il aborde des questions telles que la politique industrielle, la politique des données, la confiance et l’éthique, la politique de formation, d’éducation, la politique de recherche ou encore l’impact environnemental.

C’est aussi une question d’argent,.. combien la France et l’Europe doivent investir sur l’intelligence artificielle ?

À n’en pas douter, ce sera une question d’argent. La France et l’Europe doivent investir pour ne pas décrocher. On est sur des budgets d’ampleur très différente. Par exemple, un budget de recherche est beaucoup plus petit qu’un budget de formation : avec 100 ou 200 millions d’euros par

an, en recherche, vous pouvez faire quelque chose de très bien. Pour la formation, c’est trop peu…

Un dernier mot sur Stephen Hawking, disparu hier. C’était le meilleur vulgarisateur ?

C’est sans doute le vulgarisateur qui eut le plus d’impact, d’écho au cours des dernières décennies. C’était un grand scientifique aussi. Remarquable par le symbole qu’il représentait : même paralysé, vous pouvez utiliser votre esprit pour changer le monde…

About cm1

R. Timon, né en 1944 a été instituteur, maître formateur, auteur de manuels pédagogiques avant d’écrire pour le Webpédagogique des articles traitant de mathématiques et destinés aux élèves de CM1, CM2 et sixième.

Category(s): actualité, hommages

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