fêter Fourier

Continuons à fêter Fourier

en 2024

     Quand l’avant-propos d’un ouvrage s’ouvre, à sa première phrase, par « Dans deux ans, nous fêterons (ou pas !) la découverte de l’effet de serre en 1824 par Joseph Fourier. », nous ne pouvons pas ne pas relever.

  Les lecteurs qui nous suivent savent combien, à la Société Joseph-Fourier, nous sommes attachés à rappeler l’œuvre du savant. Cette préoccupation n’est pas une lubie. Elle prend sa source dans le double constat de l’importance, de la modernité, de l’originalité, de la qualité logique de la pensée de Fourier d’une part ; de la méconnaissance de sa personne dans le public d’autre part.

     Nous avons rendu-compte sur ce site des deux dernières commémorations concernant Joseph Fourier : le 250e anniversaire de sa naissance (2018), le 200e anniversaire de la publication de son ouvrage majeur « la Théorie de la chaleur » (2022). D’éminents chercheurs, mathématiciens, scientifiques, savants divers se sont démenés pour exposer la filiation entre leurs études et les intuitions, travaux, publications originelles de Joseph Fourier… Force est de constater qu’ils ont souvent prêchés devant un public convaincu d’avance sans traverser la frontière d’indifférence qui les sépare de l’auditeur moyen.

Le bilan des célébrations passées

     Pour ce qui est du socle dur de la pensée de Joseph Fourier, les exemples de 2018 et 2022 indiquent que ce n’est pas par l’analyse des contenus scientifiques que Fourier gagnera en notoriété : ses travaux ne commencent à être abordés dans le cursus scolaire qu’à bac+2 ; ils apparaissent dans divers domaines, qui peuvent sembler déconnectés les uns des autres (tels la téléphonie, l’acoustique, la spectroscopie, l’imagerie…) pour ceux qui ne possèdent pas les bases de la théorie du signal ou tout du moins de la physique mathématique, et qui donnent lieu aujourd’hui, à des études de pointe au cœur des préoccupations des derniers prix Nobel et qui restent toujours exigeants. L’analyse harmonique n’est pas à la veille d’être publiée en feuilleton dans les tabloïds.

Alors, 2024, « fêter  » ?

     C’est « fêter » qui risque de poser problème : la phrase du début de cet article apparaît sous la plume de Jean-Marc Jancovici, qui a développé le concept de « bilan carbone » à destination des entreprises. Elle introduit « The shift project (climat, crises : le plan de transformation de l’économie française) »1. Rien qui prédispose à la fête.

Visionnaire, à sa manière, sans se départir de la mesure et d’avancer rien qu’il ne puisse démontrer, Fourier n’est pas un romantique soumis aux caprices de son imagination. Du décès de Joseph Fourier (1830) à aujourd’hui, en suivant les pierres noires posées par Claude Pouillet (183Smilie: 8), Eunice Foote (1856), John Tyndall (1859), Svante Arrhenius (1912), la presse de 1912, Syukuro Manabe et Klaus Hasselmann (2021) on aboutit à l’analyse actuelle donné par Jancovici.

Faut-il se glorifier que ce soit Fourier qui nous ait mis sur cette piste ? Oui, car comme ont pu nous l’enseigner nombre de philosophes ou scientifiques héritiers des lumières de la raison, ce n’est pas l’espoir mais la lucidité qui sauve !

1     11,90 €, 264 pages, Odile Jacob, février 2022

About cm1

R. Timon, né en 1944 a été instituteur, maître formateur, auteur de manuels pédagogiques avant d’écrire pour le Webpédagogique des articles traitant de mathématiques et destinés aux élèves de CM1, CM2 et sixième.

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