Le K2, la montagne de tous les dangers

Cet article va parler d’une montagne très peu connue par rapport à l’Everest mais bien plus dangereuse.

Le K2 est la deuxième plus haute montagne, son sommet culminant à 8 611m. Elle est située en Chine, dans la chaîne de montagnes Baltoro Muztagh. Sa première ascension (dont je parlerai un peu plus loin) a eu lieu en 1954.

Le K2 a été exploré pour la première fois par une équipe européenne en septembre 1856, dirigée par le topographe Thomas George Montgomerie, qui nomma le K2. Sa position est fixée par Henry Haversham Godwin-Austen en 1861.

Première ascension

La première tentative sérieuse d’ascension du K2 fut organisée et entreprise en 1902 sur l’arête nord-est par Oscar Eckenstein, accompagné notamment d’Aleister Crowley et de Jules Jacot-Guillarmod qui participe à l’expédition comme médecin ; l’altitude de 6 600 mètres est atteinte. Cependant, après cinq tentatives sérieuses et coûteuses, aucun membre de l’équipe ne parvient à atteindre le sommet. Cet échec est probablement dû à la fois à une mauvaise préparation physique, à des conflits de personnalité et aux conditions météorologiques sur un total de 68 jours passés sur le K2 (alors record de temps passé à une telle altitude) seulement huit offrirent une météo correcte.

D’autres tentatives suivirent en 1909, 1937, 1938, 1939 et 1953. L’expédition de 1909, menée par le prince italien Louis-Amédée de Savoie, duc des Abruzzes, avec notamment Vittorio Sella, a atteint le col baptisé « selle de Savoie » à l’altitude de 6 666 mètres. Les membres de l’expédition firent alors demi-tour sur ce qui est maintenant connu sous le nom d’éperon des Abruzzes (ou arête des Abruzzes). Elle fait désormais partie de la voie normale de l’ascension. La même année une seconde expédition dirigée cette fois par le duc de Spolète, neveu du duc des Abruzzes, échoue à cause du mauvais temps. L’expédition se concentre alors sur les travaux scientifiques. Il en ressortira de nombreuses photographies de grande qualité et une précision des repérages qui constitueront une importante source d’enseignement, notamment sur l’évolution de certains glaciers et plus particulièrement le glacier du Baltoro.

En 1939, Pasang Lama Lawa monte avec Fritz Wiessner jusqu’à 8 370 m, sans appareil respiratoire.

Finalement c’est une autre expédition italienne qui réussit à gravir le sommet du K2 le 31 juillet 1954, après quatre tentatives et 70 jours d’assaut. L’expédition fut menée par Ardito Desio. Les deux premiers hommes à atteindre le sommet furent Lino Lacedelli et Achille Compagnoni. Un membre pakistanais faisait partie de l’équipe, le colonel Muhammad Ata-ullah. Celui-ci avait fait partie d’une expédition américaine en 1953 qui échoua à la suite de la mort d’un des membres clé de l’équipe, Art Gilkey, lors de l’assaut final. Après la victoire de 1954, les conditions du succès firent l’objet d’une polémique violente entre les deux vainqueurs et le jeune Walter Bonatti : Lacedelli et Compagnoni accusaient Bonatti d’avoir hypothéqué leur succès en utilisant l’oxygène qui leur était destiné tandis que Bonatti, qui dénonçait ce mensonge, leur reprochait de l’avoir contraint, avec le Hunza Amir Madhi, à un très dangereux bivouac improvisé à plus de 8 000 mètres d’altitude ; cette polémique ne s’est éteinte que cinquante ans plus tard quand le Club alpin italien donna raison à Bonatti.

Ascensions notables

Le 9 août 1977, 23 ans après l’expédition italienne, Ichiro Yoshizawa emmena la deuxième expédition à atteindre le sommet. Parmi les membres de l’expédition, Ashraf Amman fut le premier grimpeur d’origine pakistanaise à fouler le point culminant de son pays. L’expédition japonaise monta par la voie de l’éperon des Abruzzes, tracée par les Italiens. Ils eurent recours à plus de 1 500 porteurs pour atteindre leur objectif. En 1986, le Français Benoît Chamoux réalise une ascension en moins de 24 heures en compagnie de cinq autres alpinistes. En 1991, Pierre Beghin et Christophe Profit effectuent la première de l’arête Nord-Ouest. En 2004, Edurne Pasaban réussit à redescendre du sommet avec succès, puis en 2006 l’Italienne Nives Meroi et la Japonaise Yuka Komatsu sont, respectivement, la septième et la huitième femmes à atteindre le sommet du K2. Le 23 août 2011, Gerlinde Kaltenbrunner réussit une ascension sans oxygène et sans porteur.

Accidents mortels

La légende a par le passé attribué au K2 une « malédiction sur les femmes ». La première femme à atteindre le sommet fut la Polonaise Wanda Rutkiewicz, en 1986, avec la Française Liliane Barrard. Les cinq premières ont toutes succombé à un accident mortel dans l’Himalaya, dont trois lors de la descente (Liliane Barrard, Julie Tullis et Alison Hargreaves). Rutkiewicz elle-même est morte sur les pentes du Kangchenjunga en 1992, et Chantal Mauduit est morte en 1998 sur les pentes du Dhaulagiri.

Au moins cinquante-six personnes sont mortes lors d’une tentative ; dont treize appartenant à différentes expéditions en 1986 lors de la tragédie au K240, sous une violente tempête. Six alpinistes meurent le 13 août 1995, à nouveau lors d’une tempête. Le 3 août 2008, onze hommes appartenant à la même expédition sont morts dans la redescente, ce qui porte ce nombre à plus de quatre-vingts.

Ascension

Principales voies sur la face sud.

L’ascension du K2 est considérée comme bien plus difficile que celle de l’Everest, pourtant plus élevé, en particulier à cause des conditions météorologiques et des difficultés techniques. En 2016, seules 378 personnes l’avaient réalisée contre plus de 5 000 personnes ayant atteint le sommet de l’Everest, et 85 personnes ont trouvé la mort sur ses pentes, ce qui fait un décès pour quatre personnes réussissant l’ascension. Les années les plus meurtrières furent 1986 (treize disparus), 1995 (six morts dans une tempête le 13 août) et 2008 (onze victimes d’une chute de sérac le 2 août). Le sommet est presque aussi dangereux à la descente (40 % des morts) qu’à la montée (60 % des morts). Sur les autres sommets de plus de huit mille mètres, la proportion est plutôt de 80 % des morts à la montée et 20 % à la descente. Désormais le sommet a été atteint par presque toutes ses arêtes.

Pour la majeure partie de l’histoire de son ascension, le K2 fut grimpé en pur style alpin ; les grimpeurs n’ont en général pas recours à l’oxygène artificiel, et les expéditions sont souvent restreintes et légèrement équipées. Cependant la saison 2004 a vu une forte augmentation de l’utilisation de l’oxygène : vingt-huit des quarante-sept réussites y ont eu recours. L’utilisation massive de l’oxygène artificiel, de même que l’installation répétée de cordes fixes et le recours à une colonie de porteurs, devient de plus en plus un sujet de controverse dans l’himalayisme, aussi bien au K2 qu’à l’Everest ou pour les autres sommets de plus de 8 000 mètres.

Il y a plusieurs voies pour atteindre le sommet du K2, de caractères différents, mais elles comportent toutes un passage-clé et des difficultés intrinsèques aux sommets de plus de 8 000 m. La première difficulté est la haute altitude et la diminution de la pression partielle en oxygène : il y a une pression en oxygène deux tiers inférieure au sommet du K2 qu’au niveau de la mer. D’autre part les conditions météorologiques à cette altitude sont extrêmes et changent rapidement. De violentes tempêtes s’abattent sur la montagne et ont déjà bloqué des expéditions pendant plusieurs jours, causant la mort de nombreux alpinistes. Les vents sont quasi omniprésents. Enfin le K2 est réputé pour être le sommet de plus de 8 000 m le plus difficile techniquement. Ajouté à la fatigue et à l’altitude, cela rend la descente et les retraites au cours d’une tempête particulièrement dangereuses.

Arête des Abruzzes

L’arête des Abruzzes est l’arête sud-est du K2 (éperon des Abruzzes). Cette voie d’accès est la moins difficile et la plus fréquentée pour atteindre le sommet mais elle reste dangereuse notamment à cause de ses chutes de séracs, qui ont tué 11 personnes le 2 août 2008.

Arête Nord

L’arête nord est l’une des voies les plus dures pour atteindre le sommet. Elle est empruntée en 2011 par l’expédition internationale constituée, entre autres, de Gerlinde Kaltenbrunner.

Autres voies

  • Arête nord-ouest (rejoignant l’arête nord), première ascension en 1991 par Pierre Béghin et Christophe Profit.
  • Arête ouest, 1981.
  • Pilier sud-ouest ou Magic Line, techniquement difficile, 1986.
  • Face sud ou Polish Line, (particulièrement exposée et dangereuse) première et unique ascension en 1986.
  • Dent sud-sud-ouest (rejoignant la voie des Abruzzes ; variante possible plus sûre), 1994.
  • Arête nord-est (voie longue sur corniche, rejoignant la voie des Abruzzes sur la partie sommitale), 1978.
  • Face nord-ouest, 1990.
  • Arête nord – Couloir des Japonais, 2011.

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