L’influence de l’antiquité sur l’art médiéval français

L’influence de l’antiquité sur l’art médiéval français

 

Jean Adhémar, Les influences antiques dans l’art du M.A français. (1939, réed. 1968, 2005),

Toutes les photos sont ici :

Diapo 1

https://docs.google.com/presentation/d/19j6bHRyw34oz1qQZTQzUYe-E3eZyUHNrUpMcnJQkuIM/edit?usp=sharing

Diapo 2

https://drive.google.com/open?id=1xCmP4KW6BetqVJJfTyfL4Atp3tPx4aZx1W2MjXnMR80

Introduction.

Constat : les influences antiques se perpétuent jusqu’au milieu du XIIe (début du gothique). Certains édifices romans sont pris pour des antiques comme la chapelle octogonale de Montmorillon était prise pour un temple païen :

http://homepage.mac.com/joel.jalladeau/roman/8/8.html

http://www.flickr.com/photos/tourainesereine/2872281656/

Voir encore ici (base Mérimée) et ici photos et l’article wikipedia.

Prosper Mérimée( dans ses notes et Voyages dans le midi de la France (1855) reconnaît que le prétendu temple de Diane était en réalité une chapelle (ou un baptistère) du XIe (avec des colonnes à fûts et à chapiteaux antiques). Dans la revue archéologique (1848) un article intéressant sur cet édifice mystérieux. L’art gallo-romain se perpétue tout au long du Moyen Age en période de paix, et surtout entre le XIe et le XIIe siècle. L’art français jusqu’au XIIe balance entre influences orientales syriennes et byzantines ainsi que gallo-romaines. C’est à partir de la 2e moitié du XIIe que les nouveaux principes de la scolastique et du style gothique se substituent à l’héritage antique.

La question que pose l’art médiéval est celle de son originalité par rapport à l’héritage antique : y a-t-il une autonomie de pensée des artistes et des commanditaires ou est-ce que l’idéal de l’imitation des anciens  (Romains en particulier) l’emporte-t-il ?

Selon Henri Focillon, la présence de vestiges antiques ne pouvait qu’influencer les artistes romans. Cependant, l’iconographie a été récupérée, adaptée à l’art chrétien du MA. En tout cas, le goût des ruines, des antiques traverse tout le Moyen Age, plusieurs documents l’attestent au-delà des œuvres d’art. Les « renaissances » reposent sur deux piliers : l’amour des textes antiques ( humanisme , lettres classiques) et l’admiration de la beauté des monuments.

Mais pour que la Renaissance soit accomplie il faut ces deux composantes en même temps, cela fut le cas au Quattrocento en Italie. En revanche, dans les monastères irlandais (Lindisfarne) l’intérêt pour l’art antique était limité (les enlumineurs s’inspiraient surtout des modèles byzantins) alors que les moines copistes menaient une lecture attentive de textes classiques. Inversement, les artistes de Reims au XIIIe adoptaient les formes antiques (cf. Saint Pierre portail gauche du transept nord, vers 1220-1225 la tête rappelle celle d’Antonin le Pieux du musée national de Rome, Saint Paul : l’homme à la tête d’Ulysse dont parle Panofsky) mais les lettrés étaient plus attirés par Saint Thomas que par Ovide. Ces deux tentatives n’ont donc pas abouti à une Renaissance accomplie. Quant à l’iconographie, les thèmes antiques sont repris dès l’Antiquité tardive : le bon pasteur, les déesses mères…



 

I. LES ÉTUDES CLASSIQUES ET L’HUMANISME AU MOYEN AGE.

Les traditions littéraires persistent jusqu’au XIIe siècle. Les lieux de création artistique coïncident avec la présence de centres d’étude des textes anciens. Mais à la fin du XIIe, les universités dominent la création littéraire, elles sont dominées par la scolastique plus attirée par la philosophie que par les humanités, d’où un recul de l’influence antique.


 

I. A. Les études classiques à l’époque préromane.

I. A. 1. Les temps mérovingiens.

La culture antique est attaquée par les barbares et par l’Église dans ces temps troubles. Cependant un certain souci de conservation existe chez les rois et certains penseurs ecclésiastiques comme Grégoire de Tours (VIe) se réfèrent à Pline, Virgile, Saluste…Mais la lutte contre les hérésies et le paganisme font que la plupart des lettrés se lèvent contre culture antique.

I. A 2. Le renouveau du VIIIe siècle sous les Carolingiens.

Charlemagne se réclame d’Auguste, il mène une action culturelle essentielle, comme le fera plus tard François Ier : protection des lettres, il regroupe dans sa cour des latinistes et des hellénistes (il l’est lui même). Sur le plan politique, sa légitimité passe par l’identification à Rome pour contrer Byzance. Certains ont craint qu’on délaisse les Écritures au profit des lettres classiques dans les monastères. Cependant, à partir du IXe siècle l’intérêt pour les classiques se réduit, des voix dénoncent l’admiration des antiques qu’on étudie « avec plus de ferveur et de précision que les Écritures ».


I. B. Les études classiques au XIe et XIIe siècle.

I. B. 1. Reprise des études classiques par des théologiens et humanistes.

Goût pour le raffinement, l’élégance du discours, mais dénonciation des doctrines antiques par les théologiens qui fustigent la lecture de certains textes pouvant détourner les moines de la chasteté cf. Carpe diem (cueille aujourd’hui), d’Horace. Hildebert rappelle que les fidèles ne sont pas des disciples de Vénus ou de Minerve mais des enfants du Christ. Ces réactions témoignent indirectement de l’importance prise par les  textes classiques qui étaient la base de l’enseignement de la grammaire (anthologies poétiques : Homère, Virgile, Ovide surtout au XIIe mais pour les Élégies, pas pour les Métamorphoses, textes d’historiens comme Salluste… ).

I.B.2 L’enseignement de la Grammaire.

Elle n’est pas seulement une science de bien parler et de bien écrire mais aussi l’art de commenter les Poètes et les Historiens. Pour certains clercs, Virgile était tout aussi nécessaire à la formation du clergé que la Bible. Quels auteurs sont enseignés ?  Salluste, Horace, Virgile (poète préféré), Stace, Perse, Terence.

Ovide est rarement cité dans les catalogues des bibliothèques du XIe mais revient en force au XIIe avec les Métamorphoses mais on se méfie de l’Art d’aimer qui est déconseillé aux enfants (Hildebert de Lavardin). Le panthéon des héros de l’Antiquité est appelé pour donner corps à des descriptions, à des portraits dont on se sert pour qualifier les grands hommes du présent. Stace et son Achilléide et les Fables d’Esope d’Avianus ont un grand succès. Les historiens : Salluste, Suétone, César deviennent les modèles des chroniqueurs qui utilisent aussi des compilations tirées de l’Iliade.

I.B.3 La résistance des théologiens : Saint Bernard.

Le fondateur des Cisterciens condamne les études classiques. L’austérité des études doit être le moyen de retrouver la pureté des origines du christianisme. Hugues de Saint Victor affirme devant ses étudiants que les païens se sont certes élevés par la culture mais sans atteindre Dieu. « Dans toutes ces choses il y a certes beaucoup de sagesse : mais leur abondance est stérile, parce qu’elles ne sont point l’esprit et la vie ».

I.B.4 La littérature antique à l’usage des laïcs à l’époque romane.

Les nobles laïcs devaient s’instruire comme les clercs. L’abbé de Sainte Espérance dit « Quand il peut se dérober au tumulte des affaires et des combats, le Prince doit s’étudier dans un livre… ». Mais les princes n’étaient pas toujours attirés par l’étude, les clercs anglais ont eu beaucoup de mal à convaincre Henri II d’instruire son fils Henri. Il lui disent : « un roi sans lettres est comme un navire sans équipage, un oiseau sans ailes ». Mais Jean de Salisbury reconnaissait « qu’il ne fallait parler d’études classiques poussées à des étudiants qui déclaraient chercher leur pain plutôt que leur instruction ». Pour eux et pour les laïcs se sont multipliés les adaptations, les traductions de textes latins transformés en romans d’aventures où les héros de l’antiquité devenaient des chevaliers ou des princes du Moyen Age (Alexandre). Le roman de Troie ou celui d’Enéas mettent en scène des donjons, des tabernacles et des maîtres-autels dans les temples etc.

C’est dans ce contexte intellectuel et social que l’Art roman se développe. La pensée du XIIe siècle tente de concilier la littérature païenne avec les croyances chrétiennes, elle retient les beautés de l’antiquité païenne et les enrichit de beautés nouvelles.

I. C. Réforme des études au XIIIe, recul de l’humanisme et réapparition au XVe.

Avec l’avènement de la scolastique les études sont réformées vers plus de rigorisme en privilégiant la théologie au détriment de l’étude des textes classiques désormais dédaignés. Durant deux siècles les clercs ne liront plus Ovide ou Horace. Quant aux laïques, les textes qu’ils aiment ne sont que des transpositions anachroniques de l’Antiquité dont les éléments antiques ont pratiquement disparu. Dieux et héros antiques sont transformés en héros de romans courtois et de chansons de geste. Cependant, vers 1380, un courant « pétrarquiste » apparaît aussi en France autour de Nicolas de Clamanges (1355-1457) et de Jean de Montreuil (secrétaire du roi). Ayant voyagé en Italie, ils échangent une correspondance nourrie de références à l’Antiquité sans pour autant réussir à toucher un public plus vaste. Les troubles de la papauté d’Avignon et de la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs empêchent cette nouvelle renaissance. Les princes sont nourris d’antiques (Tite-Live, Homère…) mais à la manière des chansons de geste.

Il faut attendre la 2e moitié du XVe siècle pour voir revenir dans les bibliothèques de quelques lettrés les ouvrages de l’Antiquité (tragédies de Sénèque, comédies de Térence, histoire de Tite-Live, Vies de Plutarque, poèmes de Virgile et d’Ovide) aux côtés des auteurs italiens contemporains (notamment Pétrarque).


II. LA CONNAISSANCE DE L’ART ANTIQUE

II.A. Les monuments conservés d’après les textes du Moyen Age.


Quels sont les vestiges de cette civilisation ? Les textes nous apprennent ce qui a été conservé, la réception de ces œuvres par les contemporains, le type de monuments et d’œuvres d’art présents en France et dans quelle mesure ont-ils servi de modèle aux artistes français, le rôle finalement secondaire des ruines romaines.

Deux périodes majeures se détachent : le VIIIe siècle et les XIe et XIIe siècles. Au XIIIe, les ruines antiques sont qualifiées de « murs sarrasins ». Le rigorisme religieux et l’attraction pour la chanson de geste éloignent de l’Antiquité. Il faudra attendre les Italiens du XVe pour retrouver la valeur donnée aux œuvres de l’Antiquité.

II.A.1. Entre destruction et préservation.

Après les invasions les ravages sont grands : oratoires, temples, villae sont dévastés, pillés. Mais les villes ont mieux résisté que les campagnes. La nécessité de conserver les édifices, les sculptures restés sur place s’affirme progressivement.

Le clergé et les artistes des premiers temps (époque paléochrétienne : Ve – VIIe) ont cherché à conserver les objets d’art notamment par la construction d’églises à l’emplacement des temples païens. Beaucoup de destructions, de dégradations sont plus tardives  (XVIIe – XVIIIe) surtout avant la révolution française et l’aménagement du Musée des Monuments français par son conservateur Alexandre Lenoir  (1790-1791) qui marque une nouvelle attitude vis à vis des vestiges du passé.

La toponymie comporte des traces de l’antiquité la présence d’un temple (fanum) a donné Fains ou Fain (Normandie), l’aqueduc a donné Ahuy (Bourgogne), les thermes (Bagnoles : Normandie, Bagnères : Pyrénées).

 

II.A. 2. Les ruines romaines en France.

– En Narbonnaise, Arles était la capitale des Gaules au IVe siècle car à cause des incursions barbares le Préfet du prétoire avait quitté Trèves. De ce fait   elle était riche de monuments et disposait d’un quartier en terrasses disparu au XIXe. Un ensemble archéologique avec théâtre, arc triomphal (l’arc du Rhône élevé sous Constantin) dont il ne reste que les fondations, Nîmes, très riche en monuments également, a vu ses arènes devenir une forteresse. Bordeaux possédait le palais Tutelle détruit en 1689 pour la construction du  château Trompette. A Vienne d’innombrables monuments ornaient la ville : le temple d’Auguste et de Livie est devenu Notre-Dame de la vie. L’Auvergne était aussi florissante à l’époque romaine (temple de Clermont, thermes).


A Lyon, les pierres de taille du forum (place de Fourvière) ont servi pour le soubassement de la cathédrale. L’historien de la ville de Reims Flodoard décrit avec précision les murailles romaines ornées de reliefs : Romulus et Remus, les 12 mois romains commençant en janvier alors que l’année chrétienne commençait à l’Annonciation ou à Pâques. Le 3e relief montrait « le présage des cygnes et des oies » en réalité l’histoire de Léda séduite par Zeus qui se métamorphose en cygne pour éviter les foudres d’Héra jalouse.
A Trèves le palais impérial était admiré par Hincmar en visite au IXe siècle. Le pavement avait été réutilisé dans la grande salle du consistoire de l’ancienne cathédrale. Pavement en marbres polychromes (« œuvre admirable ») recouverts d’un or roux qui ressemble à de la hyacinthe claire ». La Porta nigra, la « porte noire » élevée par Constantin sauvée de la destruction car un ermite s’y installa. Après sa mort au IXe siècle elle est transformée en église. Une « porta nigra » existait aussi à Besançon.

II.A. 3. Les monuments romains subsistant au Moyen Age : une typologie.

– Temples.

391 : édit de Théodose défend les sacrifices devant les temples dont le fisc a déjà confisqué les trésors. Honorius, fils de Théodose, 1er empereur d’Occident enjoint en 408 aux évêques de transformer les temples en églises. Parfois on les détruit face à la résistance de la population. Des cérémonies de translation ont lieu, on apport des reliques, des autels chrétiens sont élevés. Les temples sont agrandis et réaménagés pour accueillir les fidèles.

– Les amphithéâtres.

Ils ont subsisté encore longtemps, transformés en forteresses comme à Nîmes ou à Arles. A cause de la configuration du terrain on les appelés des fosses et on y a découvert des débris de poteries.

– Aqueducs.

Souvent disparus, parfois réutilisés, il n’en restait que des Arcs d’où les appellations Arches de Jouy.

– Les murs.

Admirés pour leur solidité (ciment + sable) et les grandes pierres avec des décors en relief.

– Les voies romaines.

Elles étaient pavées, appelées routes royales, chaussées, chemin ferré, on en a récupéré les bornes ( : « milliaires »)  pour faire des calvaires.


II. B. Les œuvres conservées d’après les textes.

II. B. 1 Les fouilles.

A côté des monuments visibles, on a exhumé des œuvres antiques. Certains abbés érudits se livraient à des fouilles systématiques. Parfois, c’est au hasard d’un chantier d’église qu’on découvre des sarcophages sculptés comme à Saint Savinien à Sens. On les attribue souvent aux premiers chrétiens. Par hasard ou voulues, les fouilles impressionnaient toujours par la qualité du travail des artistes lors de la découverte de poteries, de bronzes, de statuettes humaines ou animales ou de pièces d’or « que d’habiles artistes de nos jours auraient peine à égaler l’élégance de leur travail avec l’or et l’argent ».

II. B. 2 Les sculptures gallo-romaines.

Les Romains ont laissé sur le sol français une foule d’objets d’art : reliefs, cippes, stèles funéraires, (voir base Joconde), sarcophages, autels, chapiteaux, vases, urnes funéraires, certes d’une qualité inférieure à celle de la région de Rome mais qui ont largement été récupérés et réutilisés, en particulier les cippes pour des bénitiers, des fonds baptismaux, des autels. Ce sont surtout les sarcophages qui ont le plus impressionné les hommes du Moyen Age comme celui de Jovin, consul chrétien, enterré à Reims (relief du sarcophage au Musée Saint Rémi) : voir aussi photos de très beaux détails ici. Le sarcophage de Charlemagne représentait l’enlèvement de Proserpine.

Des faces de sarcophages sont également utilisées pour des linteaux de portails : Saint Médard de Soissons, le linteau d’une porte de la petite église Saint – Pierre – des – liens à Colonzelle (Drôme) représentant des tonneaux ou encastrés dans les murs d’églises comme à Autun.

En revanche, les statues antiques sont rares en France. Leur utilité était moindre dans le contexte chrétien. L’édit d’Honorius de 408 (déjà cité) demandait de déposer les statues de tous les temples païens. Saint Jérôme évoquait ainsi les vestiges de Rome : « Ces dieux qu’adoraient autrefois les nations restent seuls dans leurs niches avec des hiboux et les oiseaux de nuit. Le Capitole couvert d’or languit dans la poussière, tous les temples de Rome sont vêtus de toiles d’araignées ». Les évêques et les fidèles ont été beaucoup plus violents que les empereurs vis à vis des idoles d’autant plus que les martyrs avaient été sommés d’adorer les statues, belles et charmeuses. Suite aux mutilations, certains fonctionnaires de l’Empire en Italie ont enfoui des statues et les ont sauvées de la disparition. Ghiberti raconte que sous la maison des Brunelleschi à Florence on avait trouvé une statue mutilée qui « quand triompha la foi chrétienne, elle fut cachée par quelque gentil esprit  qui jugea qu’une œuvre si parfaite et faite avec un art si merveilleux …ne devait pas être abîmée ». On peut citer la Vénus du Capitole, Hercule Mastaï, Vénus de Milò, Minerve de Poitiers.

L’intérêt pour les fragments et statues antiques pouvait prendre d’autres formes : vénération parce qu’on les prenait pour quelque évêque ou saint.

II. B. 3 Les objets d’art antiques.

Récupérés par les barbares ou conservés par les familles gallo-romaines les objets d’art vont alimenter les trésors des églises et des monastères. Souvent ces objets étaient christianisés, intégrés dans l’histoire sainte. Un vase égyptien a passé pour avoir servi aux noces de Cana ! Le trésor de l’abbaye Saint Denis est caractéristique (vases antiques transformés en reliquaires) : la coupe des Ptolémées, la Patène de serpentine.

Les héros de l’antiquité sont appelés pour glorifier les chevaliers. L’épitaphe de Suger évoque César, Ulysse, Caton. Les diptyques antiques où les figures se détachent faiblement du fond ont servi de modèles pour des ivoires romans et des manuscrits enluminés.


II. C. L’art antique hors de France.

II. C. 1 Les voyages en Italie.

Plusieurs grands abbés (Cluny, Saint Denis) ont fait le voyage en Italie, des artistes et des lettrés italiens ont fait le voyage inverse comme Guillaume de Volpiano qui a travaillé à Saint Bénigne. Pourquoi ce voyage en Italie ? Conrad de Querfurt, chancelier d’Henri III et Henri IV, (empereurs germaniques)  évêque d’Hildesheim raconte son séjour dans une lettre son voyage en Italie :

il parle des monuments antiques : thermes, temples, de Taormina en Sicile et de son labyrinthe. Il décrit les fresques, les stucs et ce qu’ils représentent. Il va ensuite à Naples où l’on attribuait à Virgile des poèmes mais aussi des œuvres d’art, des statues miraculeuses comme une tête de cheval en bronze aujourd’hui au Musée de Naples. Un autre voyageur, évêque de Freising décrit en détail un arc de triomphe vu dans le nord de l’Italie « porté sur quatre colonnes (…) dont on ne découvre les joints qu’avec peine… ». Mais la ville qui disposait du plus grand nombre de vestiges était Rome. Hildebert de Lavardin a voyagé, ainsi qu’en Sicile, vers 1100 il raconte «  Tantum restat adhuc, tantum ruit, ut neque pars stans. Aequari possit, diruta nec refici » plusieurs monuments étaient encore debout : le Panthéon, l’arc de Septime Sévère, l’arc de Constantin, le théâtre de Marcellus, le mausolée d’Auguste, et celui de Caecilia Metella. Ces monuments étaient tombés entre les mains de puissantes familles (Colonna, Frangipani …). La colonne de Marc Aurèle servait de belvédère aux voyageurs que recevaient les moines de San Silvestro in Capite. LA colonne Trajane était protégée par un décret du Sénat (1162) « qu’elle demeure intacte tant que le monde durera ». Les principaux édifices de la ville étaient d’ailleurs protégés depuis Théodoric, les statuts de la ville contenaient un chapitre intitulé « De antiquis aedificis ». Ces lois inspireront les mesures de conservation décidées par Paul II en 1462 pour conserver à Rome «  sa splendeur et empêcher la destruction de témoins admirables de la grandeur passée. »

Bien sûr l’identification des œuvres était souvent fantaisiste, la statue équestre de Marc Aurèle foulant une petite figure symbolisant un peuple vaincu était prise pour celle de Constantin foulant la figure de l’hérésie. Le Latran, foyer majeur de la gloire romaine, est « recyclé » et par là même conservé les œuvres du passé. Le commerce des antiquités existe dès le XIIe, les voyageurs rapportent des mosaïques, des colonnes, des marbres. Un Esculape repéré par Winckelmann au XVIIIe portait la marque des Vassalletti grands marbriers romains. L’abbé Suger a songé à faire venir (par la Méditerranée et l’Océan puis en remontant la Seine) des colonnes « admirables » qu’il avait vues dans les thermes de Dioclétien. Des artistes avaient aussi été appelés à se déplacer à Rome ou à Pise pour apprendre l’art de tailler des colonnes, des reliefs. Henri de Blois, évêque de Winchester (1129-1171) a été enterré sous un bloc de marbre romain portant l’inscription « Hic portât ilpades quas portavit ab urbe ».

Malgré ces échanges, une seule statue a pu joué un rôle en France au XIIe et XIIIe, celle de Constantin. L’influence de Rome sur l’art français du XIIIe au XVe siècle reste limitée.

II. D. l’intérêt pour l’antique du VIIIe au XIIe siècle.

Pendant 5 siècles lettrés et hommes de pouvoir expriment de l’intérêt voire de l’admiration pour l’art antique. Les modèles antiques étaient essentiellement issus de l’art gallo-romain plutôt que de Rome où les artistes avaient moins la possibilité de se déplacer contrairement au XVIe où elle devient le passage obligé.

Dans les écrits du MA, ces vestiges sont appelés « gentilis » ( : païens mais sans mépris), ou encore « anticus », « romanus ». On admirait la solidité des murs romains, les arcs de triomphe étaient appelés « portes » ou « arcs admirables ».

Pourquoi un intérêt pour les antiques au MA ?

– Architecture : la solidité des murs, le savoir-faire des bâtisseurs romains, l’admiration pour les décorations des palais et des églises (Grégoire de Tours au VIIe sur les mosaïques, les pavements, les marbres).

– Sculptures : dans les champs, aux carrefours des routes, sur les murs des églises et des cathédrales, parfois sur des autels on plaçait des reliefs et des statues gallo-romains entourés d’une sorte de vénération pour des exemples d’un art disparu ou des modèles pour les artistes. Certains abbés ont envoyé des moines loin afin de rechercher des vestiges à Arles, Nîmes pour la construction des églises. Il y a un véritable travail de conservation et non pas de vandalisme. Ce sont les pièces restées en dehors des édifices qui ont subi le plus de dommages.

Foulcoie, archidiacre de Beauvais et la tête de Mars trouvée par un paysan près de murs antiques appelés « Fanum martis » près de Meaux. « une tête effrayante…aux lèvres ouvertes dans une grimace féroce et qui est belle dans sa férocité » tête de « Mars des impies ».

Hildebert de Lavardin s’est montré encore plus  admiratif à Rome devant les statues antiques parce qu’elles étaient les œuvres de grands artistes. On déplorait que des artistes contemporains n’arrivaient pas à les égaler.

-> des cabinets d’antiques existaient également avec des collections de statues, de pierres gravées utilisées comme sceaux : Zeus sur un trône pour des seigneurs, tel prélat ambitieux utilisait un empereur tenant un globe et recevant un personnage agenouillé. Des trésors d’abbayes, d’églises en comprenaient aussi. Si au VIIe siècle seul Grégoire de Tours semble s’intéresser aux antiques qu’il décrit avec admiration (sarcophages de premiers martyrs portant des reliefs narratifs), après lui il faut attendre Eginhard sous Charlemagne (775-840) disserter sur le Canon de Vitruve ou Théodulf (750-821) décrire un vase antique. Ensuite c’est au XIe et XIIe siècles que l’anticomanie réapparaît avec de grands abbés archéologues : Suger (1081-1151), Jean de Salisbury, (1100-1151 , Guibert de Nogent (1053-1121) qui décrit des tombeaux antiques. Ils sont nourris de culture antique.

II. E. L’art antique négligé du XIIIe au XVe.

Cependant, aux XIIIe et XIVe siècles l’intérêt pour l’art antique régresse. Les monuments romains cessent d’être célébrés, les sculpteurs antiques sont ignorés par les artistes et les collectionneurs.

Ignorance et vandalisme au XIIIe.

Les humanistes s’intéressent davantage à la théologie qu’à la littérature antique et à la grammaire. Les laïcs tombent dans une confusion totale entre chanson de geste et antiquité. Là où le « Guide de Saint Jacques » évoquait le célèbre site des Aliscamps d’Arles en disant « aussi loin que porte la vue on voit des sarcophages » la chronique de Turpin évoque le même site comme endroit où reposent Roland et ses compagnons de Roncevaux tombés devant les Sarrasins. Les ruines et vestiges sont vus comme datant de Charlemagne, le sens même de ces ruines s’efface car elles sont appelées sarrasines c’est à dire païennes, barbares. Plusieurs amphithéâtres (celui de Trêves par des moines en 1211), murailles, les arènes de Nîmes en 1226 et d’autres vestiges sont détruits.

Les sculptures antiques sont également ignorées car les sculpteurs gothiques ont atteint un niveau de raffinement supérieur.

La prise de Constantinople par les croisés aurait pu remettre au goût du jour l’antique mais la populace ignore la valeur des objets pillés. Un camée représentant Germanicus et Agrippine est pris pour Joseph et Marie ( !) jusqu’au XVIe siècle. Un buste de Constantin est récupéré et complété par deux bras il est placé au sommet d’un bâton cantoral de la Sainte Chapelle.

Les relations France Italie au XIIIe et XIVe siècle existent y compris sur le plan artistique, des artistes italiens sont à Paris au début du XIVe, des milanais accompagnent Valentina Visconti qui épouse Louis d’Orléans e 1398, inversement Philippe le Hardi envoie des artistes français en Lombardie, des peintres français sont à Sienne. Mais l’effet de ces contacts a été l’influence croissante de l’art du nord subie par les Italiens plutôt que l’inverse. En revanche dans la sculpture, l’antique persiste : 1401 : concours pour la porte du baptistère, mode des médailles romaines dont une collection fut offerte par Pétrarque à l’empereur Charles V. Elle provoque une véritable vogue en Europe du nord, le duc Jean de Berry en possédait aussi ainsi qu’une collection de camées antiques. Voir aussi le grand camée de France.

On peut parler d’une mini – renaissance française car Jean de Berry est entouré d’humanistes mais qui sera sans lendemain. En revanche Philippe le Bon est plus attiré par l’art byzantin. Malgré tout il existe en France quelques collectionneurs d’antiques érudits, voyageurs, dès le XVe siècle même si la vogue ne date que des campagnes d’Italie. La Renaissance du XVIe n’est pas endogène mais sera due à une influence extérieure.


 

 

 

III. LES SOURCES ET LES THÈMES DES INFLUENCES ANTIQUESrois périodes.

III. A. Les temps mérovingiens.

L’histoire du vase de Soissons montre que Clovis a préféré un vase antique à la vie d’un soldat. Ses successeurs ont constitué des collections de vases, d’argenterie aux inscriptions grecques ou latines : Didier évêque d’Auxerre (VIIe) est le plus grand des collectionneurs d’antiques : pièces d’argenterie, coupes…) .

Certains édifices sont récupérés pour le culte chrétien ou pour héberger des couvents comme le temple de Diane à Nîmes.

…A Langon (Bretagne Ille-et-Vilaine), un frigidarium de thermes une villa gallo-romaine fut récupéré pour le culte chrétien au VIe (Chapelle Sainte Agathe). On a conservé sur le cul-de-four de l’abside un fragment de fresque montrant la une Vénus anadyomène en même temps qu’au bain ainsi qu’un Éros chevauchant un dauphin. Au XIe, la fresque a été recouverte d’un enduit.

Des sculptures ont également été récupérées suscitant l’admiration à l’image du poète Fortunat pour les auteurs de l’antiquité et de Grégoire de Tours pour les sculptures. Mais ces derniers sont marginaux, ils n’arrivent pas à exprimer cette admiration de façon aussi structurée que les humanistes de la Renaissance.


III. B. La renaissance carolingienne.

Ce renouveau est fondé sur l’admiration conjuguée des lettrés, du pouvoir et des artistes vis à vis de l’art classique. Même si les enluminures sont byzantinisantes, elles portent aussi la trace de décors antiques : colonnes, arcs, rinceaux, chapiteaux, animaux. Cette peinture a influencé à son tour l’art roman.

III.B1. L’architecture.

L’influence antique est visible surtout dans la décoration : la chapelle palatine.
L’appareil des murs, (taille et disposition des pierres), la forme des colonnes et des chapiteaux dont plusieurs sont récupérés et intégrés. Selon Viollet-le-Duc les colonnes en marbre sont considérées comme des objets de luxe.

–        Vue de l’intérieur de cette chapelle

 

–        avec la grande particularité de cette structure octogonale. Et la source de cette construction, il faut aller la chercher à saint Vital de Ravenne. La chapelle a été élevée dans les dernières années du 8es. et consacrée par le pape Léon III en 805. À saint Vital de Ravenne on retrouve le modèle de cette structure centrale octogonale à étages. Mais il y a quand même une différence assez étonnantes dans le détail de l’élévation  » nous avons à Aix-la-Chapelle (et c’est la première fois dans l’architecture occidentale) ce motif très curieux d’un étage d’arcades qui porte deux colonnes qui elles-mêmes sont en quelque sorte enfermées par un seul et grand arc unique (et non qu’elles soutiennent des arcades). Si l’on se place dans la perspective de l’architecture romaine du 1e, 2e, 3e, 4e s. c’est là un véritable barbarisme, surtout si l’on entend par architecture romaine celle qui a été codifiée par Vitruve au 1e s dans son Traité de l’architecture (que nous connaissons essentiellement par des copies datant de l’époque de Charlemagne):

 

–        –  les colonnes peuvent soit porter une architrave rectiligne, soit peuvent être reliées par des arcades. Cet usage de plus en plus libre des règles de la composition architecturale romaine va finalement conduire à l’émergence de nouvelles traditions architecturales et va être la base de l’innovation architecturale à l’époque romane et à l’époque gothique. Mais, pour l’instant, en dépit de ce barbarisme nous nous trouvons dans une tradition qui essaie autant que possible de faire renaître l’architecture paléochrétienne. Et il s’agissait de montrer que Charlemagne était l’équivalent de Justinien (527 – 565) à l’ouest  » il fait édifier une construction tout à fait similaire à celle de Ravenne. Cette chapelle était un lieu de culte chrétien classique mais aussi l’espace dans lequel se rassemble la cour de Charlemagne lors de célébrations religieuses. Et dans ce contexte particulier, il faut mettre en évidence le fait que c’est une construction à deux étages avec une tribune (espace dans une église qui surmonte les bas-côtés et qui donne le vaisseau central – ici, qui surmonte le collatéral annulaire de la chapelle et qui donne sur la partie centrale de l’édifice). Lorsqu’on entre dans la chapelle on se trouve dans le collatéral annulaire, à l’étage inférieur.

–        Par un système d’escalier en colimaçon on a accès à l’étage supérieur qui était réservé à l’empereur et à ses proches. L’empereur s’asseyait sur le trône (qui se présente sur un socle avec des marches  » l’empereur était offert au regard. Ce trône, pourvu d’un podium, est constitué de plaques de marbre romaines de récupération), qui se situe dans l’axe ouest-est de la chapelle  » faisait face à l’autel qui se trouvait de l’autre côté de l’octogone. On allait participer aux offices de la chapelle palatine non seulement pour assister à l’office mais également pour être vu, dans la mesure où les participants à l’office composaient par leur simple présence une image idéale de la société avec l’empereur situé entre le commun des sujets (en bas) et le ciel. L’empereur pouvait voir l’autel situé au rez-de-chaussée et également un autel situé à l’étage et il pouvait également contempler la mosaïque (voir photo).

 

–        Représentation empruntée au texte de l’Apocalypse: il s’agissait d’une image de Dieu sous les traits du Christ, recevant l’hommage des 24 vieillards de l’Apocalypse. Cette figure du Christ faisait exactement face à l’empereur lorsque celui-ci était assis sur le trône. (Au 19es. cette chapelle va jouer un rôle politique central dans la constitution de l’identité nationale allemande et le 2e Reich va faire restaurer la chapelle et l’on va sur la base de représentations anciennes du décor recréer complètement ce décor. Aujourd’hui on trouve une copie à grande échelle des relevés du 17e s). Le Christ est également représenté sur un trône  » suggère certaines parentés entre pouvoir céleste et pouvoir terrestre.

 

Plan qui permet de retrouver l’octogone. On y trouve les restes de la cour, en revanche il y a eu de nombreux changements à partir du 14e et notamment la création de ce chœur profondun des édifices les plus célèbres pendant tout le Moyen Age, en particulier après la mort de Charlemagne  » multiplication de copie du plan de la chapelle palatine (notamment saint Jean de Liège – fin du 10e s -). Certaines de ces copies subsistent encore, notamment la rotonde de Ottmarsheim en Alsace = église abbatiale bénédictine de la 1ère moitié du 11es., le seul changement notable= chapiteaux en D typique du 11e et 12es., demi-chapelle palatine que l’on trouve dans la partie occidentale d’une église à Essen (depuis 1958 = cathédrale de la ville). De la même manière que Charlemagne s’était approprié la typologie architecturale de Ravenne, l’empire romain de la nation germanique (créé à la fin du 10e s) va « s’approprier » la chapelle palatine (qui remplace l’ancien chevet de la construction originale) ; cette chapelle qui a d’ailleurs donné en français le nom de la ville Aix-La-Chapelle (en allemand: Aachen, en italien: Aquisgrana, en espagnol: Aquisgràn et en latin: Ad Aquas Grani  » aux eaux de Granus, dieu des sources gaulois). Cette chapelle a été

Certains éléments sont imités : colonnes cannelées, galbées, torses, décorées de pampres et de rinceaux rappelant les époques baroque de l’art romain. Les fresques à motifs architecturaux étaient critiquées par Vitruve qui se moquait des colonnes frêles soutenant des édifices et des tiges flexibles portant des figures.

Les chapiteaux de Fulda (Essen) voient le retour de l’ordre ionique comme à Lorsch ou dans les enluminures de l’évangéliaire d’Amiens.

Le fameux porche de l’abbaye de Lorsch est un des monuments majeurs qui nous soient parvenus.

Pour illustrer cette transformation du modèle antique, l’exemple conservé le plus ancien est le porche – la Torhalle – de Lorsch, construit à la fin du VIIIe siècle. Situé sur l’axe central de la grande cour occidentale de l’abbaye, ce petit édifice comporte deux niveaux [voir illustrations en en-tête]. Le rez-de-chaussée est aménagé en portique à triple baie. L’étage est occupé par une salle rectangulaire, décorée d’exquises peintures murales à motifs architecturaux (salle de réunions?). L’accès à l’étage est assuré par deux tourelles d’escalier accolées aux faces latérales de l’édifice. Les façades ouest et est sont façonnées d’après les modèles romains.

La composition tripartite – trois grandes arcades flanquées de colonnes composites engagées – s’inspire des arcs de triomphe. A l’étage, trois arcades aveugles, coiffées d’arcs de mitre, correspondent à chaque arc du rez-de-chaussée. Dix pilastres ioniques cannelés, fins et plats, assurent cette articulation. En conformité avec le principe vitruvien, les formes décroissent et se multiplient au fur et à mesure que s’élèvent les étages. Mais un regard attentif découvre facilement des erreurs notables dans cette imitation de l’architecture antique. Les colonnes du rez-de-chaussée sont séparées des pilastres de l’étage par une plate-bande décorée de feuilles d’acanthe et d’astragale, c’est-à-dire une sorte de frise, là où on attendrait un entablement complet. Les chapiteaux ioniques des pilastres constituent un mélange lourd et hétéroclite de divers motifs décoratifs gréco-romains; cette façon d’assembler les formes ornementales trouve un parallèle dans les dessins du Vitruve de Sélestat, manuscrit cité plus haut. Les arcs de mitre et les carreaux multicolores, qui revêtent les façades, relèvent, enfin, des épiphénomènes de l’architecture romaine et non pas de ses courants principaux. »

Extrait de « L’art du Haut Moyen-Age » de Piotr Skubiszewski, Pochothèque, édition de la Librairie Générale Française, 1998

 

« (…) A l’intérieur de la “Königshalle“ cinq couches de peintures ont été découvertes lors des travaux de restauration.

La première couche est un ensemble de lettres, qui ont été peintes furtivement après la construction et le crépissage du mur. La signification de ces lettres reste encore inconnue. Il pourrait s’agir d’un fragment d’une prière destinée à être recouverte par la dernière couche de plâtre. Il est possible de la dater entre 830 et 880 environ. La deuxième couche date aussi de l’époque carolingienne. Il s’agit d’une décoration architecturale composée de colonnes avec leurs chapiteaux ioniques. Elle rappelle les peintures antiques mais aussi les décorations de la façade extérieur de la « Königshalle » :

 

Les moines de l’abbaye Saint Germain d’Auxerre ont fait le voyage jusqu’en Provence à la recherche d’antiques, la crypte de Saint Germain en porte les traces.

Les chapiteaux corinthiens sont plus fréquents. Le chapiteau d’un pilastre d’un sarcophage romain est repris sur les enluminures de l’évangéliaire d’Ada, la Bible de Charles le Chauve. Un autre chapiteau de l’évangéliaire de Saint Médard de Soissons porte deux atlantes aux angles, motif qui préfigure l’art roman. D’autres figures antiques sont visibles, un Neptune chevauchant un dauphin et tenant une rame, les figures mythologiques du flabellum (éventail liturgique) du Bargello tirées des Eglogues de Virgile : un berger assis sous un arbre et jouant de la flûte devant son troupeau.

III. B2 Les sculptures et les statues en ivoire, les atlantes.

Le flabellum de Tournus. En ivoire, Musée du Bargello à Florence.

La ronde bosse est la seule référence à l’Antiquité. Charlemagne a fait venir d’Italie des bronzes dont l’ours d’Aix (la « pigna », le grand Théodoric à cheval de Ravenne. La fameuse statuette équestre  de Charlemagne conservée au Louvre qu’anime le modèle antique de César portant le globe et l’épée et le seul exemple qui subsiste alors que la sculpture monumentale en or ou en bronze existait également, elle est mentionnée dans les textes. Cependant, il n’y a pas de sculpture monumentale en pierre on préférait le stuc, l’ivoire ou l’or. Les artistes carolingiens utilisent des techniques anciennes et des thèmes profanes mêlés à des représentations sacrées comme par exemple la lune et le soleil personnifiés associés à la Crucifixion dans l’enluminure du sacramentaire de Charles le Chauve (vers 869-870).

III. B3. La peinture.

La peinture monumentale était très répandue mais elle a totalement disparu. Malgré quelques descriptions, ce sont donc les manuscrits, très bien conservés, qui montrent le mieux la peinture de cette époque.

Sur les manuscrits carolingiens, voir l’excellente exposition virtuelle sur le site de la BNF : « Trésors carolingiens

Sur l’influence de l’antiquité sur les manuscrits carolingiens, lire une petite mise au point sur le site de la BNF :

http://expositions.bnf.fr/carolingiens/arret/04_3.htm

 

Les figures antiques sont courantes. On voit par exemple la personnification de la Terre en « une belle femme allaitant un enfant, remplissant une corne d’abondance, couronnée de tours, elle porte un serpent qui s’enroule dans de sinueux replis » (description par Théodulf, conseiller de Charlemagne) On lui ajoute parfois les douze vents aux joues gonflées. Le principal centre de production de manuscrits aux influences antiques est Reims. Le scriptorium atteint son apogée au temps de l’archevêque Ebbon (816-834) qui attire les artistes en leur donnant charges et bénéfices. La nouvelle cathédrale a été ornée de mosaïques et de stucs, des copistes écrivent des manuscrits entre autre pour la bibliothèque de l’empereur dont Ebbon a été le bibliothécaire. ».

Évangéliaire d’Ebon (IXe) chapiteaux corinthiens : dans les canons de concordance d’Eusèbe de Césarée qui  vécu au IVe siècle (correspondances entre les quatre évangiles largement reprise dans le monde byzantin puis en Occident)

http://www.encyclopedie-universelle.com/ebbon-evangiles.html

http://mediatheque.epernay.fr/index.php?rub=patrimoine&page=evangeliaire

 

Le fameux psautier d’Utrecht a probablement été commandé par Ebbon. Il montre des influences alexandrines remontant au IVe et Ve siècle, voire jusqu’à Auguste.

http://libraries.slu.edu/archives/digcoll/mssexhibit07/manuscripts/utrecht.html

http://www.library.arizona.edu/exhibits/illuman/9-10_02.html

http://faculty.cua.edu/pennington/Paleography/CarolingianScripts/UtrechtPsalter.htm

http://www.mmdc.nl/static/site/highlights/762/The_Utrecht_Psalter.html

Aller sur Bildindex et taper Utrecht Psalter -> une trentaine d’images en n&b.

Les caractéristiques de l’école rémoise :

vitalité des figures, allure parfois caricaturale, gestuelle expressive (mains, dos bombé), aspect profane comme ces personnages qui assis autour d’une table offrent des sacrifices au milieu de décors antiques de temples, de palais et d’aqueducs :

http://libraries.slu.edu/archives/digcoll/mssexhibit07/images/utrecht04.jpg

L’esprit rémois se propage vers Saint Denis ans la 2e moitié du IXe siècle (manuscrits des comédies de Térence) :

http://expositions.bnf.fr/carolingiens/reper/02_4.htm

et des poésies de Prudence :

http://expositions.bnf.fr/carolingiens/livres_web/71/index.htm

 

 

Bible de Charles le Chauve (BNF) Comparer l’image de la présentation de la bible au manuscrit du VIe : l’évangéliaire de Rossano

Voir aussi expo virtuelle du sacramentaire de Charles le Chauve :

http://expositions.bnf.fr/livres/carolingien/index.htm

On voit le même schéma circulaire en haut l’empereur avec ses conseillers en bas le clergé, les moines.

Ces manuscrits ont répandu le goût de l’antique aux Xe et XIe siècles. Les apôtres en toge  d’inspiration romaine se multiplient jusqu’au XIIe siècle.
Cependant deux éléments ont freiné la diffusion de l’art classique :

– le goût barbare pour les entrelacs et les motifs géométriques (c’est à dire l’absence de figuration dans la tradition artistique)

– la réaction des théologiens contre cette invasion de motifs païens. Il faudra attendre le XIIe siècle pour voir renaître le goût de l’antique.


 

III. C. L’art roman.

 

III. C1 La renaissance de la sculpture et l’art antique.

Les manuscrits n’ont pas été la source principale ni d’ailleurs l’orfèvrerie qui travaille un métal tendre contrairement à la pierre des vestiges antiques. La figure ou le décor à l’antique sont un simple élément décoratif.

Comme dans toute « renaissance » ce sont les reliefs antiques qui constituent l’essentiel des sources de modèles. Les vestiges étaient présents dans de nombreuses églises sous forme de sarcophages de stèles comme dans l’Italie de Nicola Pisano. Les motifs antiques sont repris sur  des chapiteaux, sarcophages, statues et reliefs, bronzes et terres cuites, manuscrits illustrant des thèmes tirés d’Ovide, Virgile, Stace.

-> motif des personnages sous arcades repris de sarcophages antiques d’Asie Mineure déjà à Arles au IIIe siècle ap. JC, et sur l’antependium de Bâle, façade de Notre-dame-la-Grande de Poitiers,

Thème venu en occident d’Asie Mineure au VIIe siècle (Christ et apôtres sculptés sur le flanc des tombeaux -> motif qui connaît u succès impressionnant au XIe et XIIe siècle. De même en orfèvrerie (cf ; le fameux antependium de Bâle, chef d’œuvre en la matière). Le motif passe au XIe siècle dans les façades des églises. Reproduit à l’infini dans ce que Focillon appelle « l’antique famille des personnages sous arcades, immobiles, frontaux, continuant le type canonique gréco-romain ». L’apogée est atteint avec la façade de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers :

 

http://www.romanes.com/Poitiers/index.html

http://www.greatbuildings.com/cgi-bin/additional_image_viewer.cgi?1252

voir aussi les très beaux chapiteaux de l’église de Rucqueville (Calvados), XIIe.

Ici un chapiteau de la basilique Sainte Madeleine de Vézelay représentant l’enlèvement de Ganymède ( !) pile sud, 1ere colonne, côté collatéral), 1128-1140.

http://architecture.relig.free.fr/images/vezelay/int_chap_ganymede.jpg

Griffons: considérés comme des gardiens de l’âme des morts, ils protègent les cendres du défunt, exemples à Mozac, en Saintonge, au Puy.

III C2. L’influence des sarcophages romains.

On en trouve surtout à Arles, très prospère au IIIe et IVe siècle ap. JC. Ce sont des reliefs d’allure provinciale servant de modèles ou pour la décoration d’autels, de tombeaux, de cuves baptismales. L’iconographie comprend des scènes de chasse, des divinités, des combats, des allégories, des scènes de la vie du Christ. Le motif des arcades en plein cintre est très utilisé.

– une grammaire décorative : imbrications inspirées du couvercle de sarcophages, des têtes de femmes avec des serpents pour cheveux (gorgones), certains diables du tympan de Vézelay rappellent les têtes de méduse.

Un combat de coqs, (motif qui figurait sur le trône du prêtre de Dionysos à Athènes et repris ensuite par les Romains sur des sarcophages (Agen, Toulouse) est représenté sur un chapiteau roman de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun fondée au XIIè par Étienne de Bagé, sous l’influence de Cluny. Le portail du Jugement dernier et les chapiteaux de la nef, sculptés par l’atelier de Gislebertus aux alentours de 1130, comptent parmi les plus célèbres de la statuaire romane.

http://www.romanes.com/Autun/Saint_Lazare_d_Autun_0046.html

Motif repris à Saint Andoche de Saulieu (Bourgogne également) :

http://www.romanes.com/Saulieu/Saint_Andoche_de_Saulieu_0056.html

A Saint-Benoît-sur-Loire on voit un combat de griffons :

http://www.romanes.com/Saint_Benoit_sur_Loire/Saint_Benoit_sur_Loire_0022.html

 

Des scènes pastorales, des scènes de chasse comme des combats d’animaux s’inspirent de motifs romains reprenant ceux de la grande « thékè » d’Alexandre à Sidon (Musée d’Istanbul) sur des sarcophages.

http://www.insecula.com/oeuvre/O0023828.html

Ici à Saint-Benoît-sur-Loire (Pays de la Loire) :

http://www.romanes.com/Saint_Benoit_sur_Loire/Saint_Benoit_sur_Loire_0091.html

A saint Benoît encore on voit deux sphinx :

http://www.romanes.com/Saint_Benoit_sur_Loire/Saint_Benoit_sur_Loire_0028.html

Des figures dans un médaillon selon le modèle de l’imago clipeata romain par exemple sur un chapiteau de la cathédrale Notre-Dame du Puy en Velay placés aux angles et au centre de la composition évoquent déjà la Renaissance :

http://www.romanes.org/Le_Puy/Notre_Dame//Notre_Dame_du_Puy_en_Velay_0028.html

A saint Sernin de Toulouse, la table d’autel comprend des médaillons comme ce Christ porté par deux anges sur la partie avant :

http://www.wga.hu/frames-e.html?/html/m/master/yunk_fr/yunk_fr1a/01fronta.html

Bernard Gilduin était responsable pour les sculptures de l’autel d’Urbain II, consacrée en 1096. La zone centrale du sanctuaire affiche une mandorle avec le Christ en majesté, porté par deux figures symétriques des anges. Elle est traitée de la même manière que les portraits funéraires gallo-romaines sur les sarcophages ou les portraits des ivoires orientaux.

Cette vision du Christ comme un dieu puissant détaché et a été à prévaloir tout au long de l’art roman. En forme, c’est une transposition dans la sculpture des devants d’autel d’or posés sur des coffres en bois. Le traitement linéaire des plis, elliptique de la draperie, plutôt que de la modélisation hésitante, donne les indications de l’anatomie de la figure.

 

D’autres médaillons ornent la tranche de la table, voir sur Bildindex

– saisir d’abord : Saint Sernin,

– puis cocher à droite « Suche verfeinern » et saisir : altar (image de la table

d’autel entière),

– puis : altars pour voir les médaillons.

http://www.bildindex.de/#|home

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/98/PoitiersEglise_Notre_Dame.JPG

Détail :

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e4/Poitiers_-_Notre-Dame_la_Grande_03.jpg

Voir aussi sur Bildindex (mais les photos datant de 1926 , la façade n’était pas restaurée).

 

III. C 3 Du chapiteau classique au chapiteau roman.

Seul le chapiteau corinthien a été adopté par les sculpteurs français essentiellement sous sa forme romaine tardive, plus haut que large, avec deux volutes d’angle entre lesquelles s’inscrit une rosette surmontant une double collerette de feuilles d’olivier. (cf. Sainte Madeleine à Vézelay).

La présence de figures existait à l’époque hellénistique mais elle était rare. Les sculpteurs romans ont systématisé le chapiteau historié en adaptant la forme animale et humaine au chapiteau. Dans un premier temps ils remplacent la rosette par des têtes et les volutes d’angle par des animaux et des monstres (Saint Benoît sur Loire)

http://www.romanes.com/Saint_Benoit_sur_Loire/Saint_Benoit_sur_Loire_0029.html

Parfois l’artiste conserve des éléments antiques (les volutes aux angles) pour les combiner avec des éléments nouveaux comme par exemple une tête, un Christ en mandorle etc. L’adaptation de l’iconographie chrétienne aux formes héritées de l’Antiquité est d’une grande richesse et d’une grande variété.

Le rythme des trois figures ordonnées, deux aux angles une au milieu est le plus répandu (cf. Vézelay).  A Saint-André-le-Bas (près de Vienne, Rhône-Alpes) Job cautérise ses plaies alors que sa femme et un ami placés aux angles d’un chapiteau de pilastre s’écartent avec horreur. A Saint Trophime d’Arles, sur un chapiteau du cloître l’artiste a placé la crèche à la place de la rosette alors que les têtes de Joseph et de Marie occupent les angles.

http://www.romanes.com/Arles/StTrophime/Cloitre//Cloitre_de_StTrophime_d_Arles_0031.html

En fait, les silhouettes gardent toujours leur place sur la corbeille du chapiteau, l’artiste variant les détails, les gestes, les vêtements sans modifier la structure. Parfois, le rythme et la symétrie tripartite, sorte d’impératif plastique, prime sur la cohérence de l’iconographie comme par exemple dans le cas d’un chapiteau du musée d’Arles montrant Daniel et les lions. Un petit personnage a été placé sur un lion de la face latérale sans raison apparente.

 

III. C. 4. Reliefs et statues.

Les sarcophages antiques ont fourni des thèmes iconographiques mais aussi des modèles de compositions décoratives. Mais les formes des figures il a fallu les chercher dans quelques statues en ronde bosse sauvées et dans les reliefs gallo-romains provenant de temples et souvent encastrés dans les murs des églises.

– Romulus et Rémus

Sacrifices païens : Saint Fortunat de Charlieu voir aussi ici

http://fr.structurae.de/structures/data/photos.cfm?ID=s0013099

(Rhône Alpes), Noces de Cana surmontant une scène antique de sacrifice païen (procession de taureaux qu’on emmène devant l’autel).

 

 

 

Vézelay tympan : le sacrifice du taureau :

Sur Bildindex photos du Portail du narthex : à partir de la photo 388.

Au centre du tympan du narthex, le Christ répand sur les apôtres les dons du Saint Esprit avant de les envoyer évangéliser les peuples de la terre où monstres, malades, infirmes, peuples sauvages, sont en attente de la parole du Christ. Sur la partie gauche du linteau est représente parmi d’autres tares physiques une sorte d’infirmité morale, le culte d’autres dieux par une scène de sacrifice d’un taureau.

Le modèle antique transposé au style bourguignon, vent qui soulève les tuniques, figures étirées habillées de façon intermédiaire entre toge et vêtement contemporain,  mais le rythme et la disposition de la scène rappellent les reliefs antiques. Le sacrifiant apporte le bœuf au Victimaire qui tient un hache. Il pose une main sur cette hache et l’autre sur le flanc de l’animal pour indiquer qu’il est là pour l’office.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a0/Basilique_de_V%C3%A9zelay_Narthex_Tympan_central_220608.jpg

http://www.romanes.com/Vezelay/Basilique_Sainte_Madeleine_de_Vezelay_0050.html

Les hommes aux piques sont les Praeones (sortes de hérauts, crieurs appelant au vote et surveillant la foule lors des cérémonies, des jeux et autres manifestations publiques) ou Calatores (serviteurs des pontifes) surveillant la foule pendant les cérémonies .

Derrière eux des personnages apportent des offrandes, se sont les servants du culte, il y a un coffret à encens, un vase rempli de vin, un gâteau spécial (mola salsa) enfin des archers fermant la marche. (voir image)

Sur le sacrifice romain voir sur ce site universitaire suisse :

http://elearning.unifr.ch/antiquitas/fiches.php?id_fiche=23

Le centaure (avec la sirène) a connu une fortune extraordinaire dans la sculpture romane. Callistrate le décrit comme cela « Il était homme jusqu’au ventre, au-dessous il se terminait en cheval, joignant dans un seul corps la nature de l’homme et du cheval ».

Les Romains avaient popularisé son image dans des thermes, des arènes, des temples. L’image la plus courante dans l’iconographie romane était celle où il tire un flèche en relation avec le zodiac (Sagittaire).

Saint Sernin de Toulouse, Nouvion-le-vineux, Aubeton -> centauromachie.

Sur le sarcophage de Saint Médard d’Eyrans, un centaure avec ses enfants accompagne Dionysos et son cortège. Ce thème du centaure et de ses enfants est repris d’une description de Philostrate de même que la centauresse allaitant ses deux petits enfants (Halberstadt, Allemagne).

http://tinyurl.com/sarcostmedard

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sarcophagus_Ariadne_Louvre_Ma1346.jpg

http://tinyurl.com/sarcophagesaintmedard

Parfois le centaure est associé à une sirène en référence à Virgile décrivant les enfers (Scylla et le Centaure) ex. Saint Sernin ou Agen.

 

Les sirènes.

Figure traditionnelle grecque, oiseaux à tête de femme ou torse de femme terminé par un ou deux poissons (Scylla).

A Saint-Julien le pauvre (Paris) des sirènes oiseaux (rares dans l’art roman).

A Saint-Benoit sur Loire _> motif en vogue vers la fin du XIIe siècle.


La sirène poisson à double queue se prête bien à la plastique du chapiteau comme celle de Saint Julien de Brioude.  A Saint Aignan-sur-Cher elles tiennent un poisson qui symbolise l’âme chrétienne vouée à  la perdition.

 

Satyres et Silènes.

Ce sont des dieux champêtres compagnons de Bacchus, figures terrifiantes, image même du péché accompagnant le diable roman. Parmi les plus remarquables -> Vézelay

Certains personnages sont montés sur un bouc comme à sur un chapiteau de Saint Nectaire :

http://www.romanes.com/Saint_Nectaire/Notre_Dame_de_Saint_Nectaire_0104.html

C’est une adaptation romane d’un motif antique « Aphrodite Pandémos » ou Epitragia de Scopas. A Laffaux un personnage nu ailé aux oreilles de loup et aux pieds fourchus tirant une femme par les cheveux (= Avarice).

Atlantes et caryatides.

Figure très courante dans l’art gréco-romain, au VIIIe l’évangéliaire de Saint Médard de Soissons, on voit un chapiteau avec atlante supportant le tailloir. Les caryatides sont plus rares : à Civray (Vienne, Poitou-Charente) une femme soutient un chapiteau (voir image).

Les statues colonnes de Chartres ou de Saint Denis ont pu s’inspirer de ces figures colonnes romanes.

III. C. 5. Bronzes et terres cuites antiques.

C‘est la petite sculpture antique comme le tireur d’épine (Spinario) sujet très prisé à l’époque romaine. Une figurine en terre cuite gauloise d’après une copie du bronze classique du Ve siècle (?) La Bible de Saint Aubin montre un personnage à la fois atlante et Spinario :

http://www.angers.fr/uploads/media/BMAngersManuscrit4PageExpoLouvre.jpg

Sur le tympan de Vézelay (vers 1120) une femme tire une épine de son pied, ce qui symbolise le pécheur se nettoyant du péché :

http://architecture.relig.free.fr/vezelay.htm

http://architecture.relig.free.fr/images/vezelay/narthex_tymp_centre_frise3.jpg

Enfin, au XVe siècle Brunelleschi place le motif sur le relief du concours de 1401 à côté d’Abraham :

http://www.wga.hu/frames-e.html?/html/b/brunelle/abraham.html

 

III. C 6. Le rôle des manuscrits astronomiques.

-> une source majeure d’exemples nombreux qui ont donné l’occasion de figurer les dieux antiques.

– signes du Zodiac (Sagittaire devenu Centaure, Balance devenue déesse de la justice, Aquarius, un des fleuves du Paradis (Genèse, les quatre fleuves – le Pishôn, le Gihôn, l’Euphrate et le Tigre)

 

III C 7. Les mosaïques

La plus belle des mosaïques médiévales était celle de Saint Rémi de Reims (fin XIIe). Détruite à la révolution on y voyait des figures de fleuves versant de l’eau, les quatre saisons -> ce sont des motifs antiques romains. Le motif du labyrinthe est souvent repris au Moyen Age (Thésée et le Minotaure). Des Centaures figurent sur les chapiteaux du portail royal de Chartres (Nésus et Déjanire). Dans la peinture romane les modèles sont plutôt ceux des basiliques constantiniennes plutôt que l’art de la Rome antique.  C’est surtout dans l’enluminure que l’influence de l’antique est visible : pieds nus, toge, corps souligné vêtement collant aux amples plis.



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