Modèle antique Bibliographie et rencontre avec le jury

Modèle antique Bibliographie et rencontre avec le jury

Voici le CR de la rencontre avec M. Jobert, professeur d’Histoire de l’Art à la Sorbonne.

Il affirme d’emblée qu’il n’y a pas de vulgate. Il faut centrer davantage sur la sculpture et l’architecture plus que dans la peinture. Ne pas négliger l’histoire de l’architecture qui n’est pas l’apanage des spécialistes de l’architecture. Rechercher les oeuvres majeures de l’Antiquité : Parthénon, Panthéon, connaître la question des ordres. En sculpture : Laocoon, les coll. Farnèse, Borghèse. les antiques du Louvre. La peinture utilise des voies détournées soit en passant par le sujet soit par le style. Son modèle est également la sculpture hormis les fresques de Pompéi et d’Herculanum qui certes ont eu un certain retentissement mais n’ont pas fondamentalement bouleversé la donne.

Ouvrages de référence : Haskel, Pour l’amour de l’antique, et le catalogue de l’exposition « D’après l’antique« . Grâce à ces deux ouvrages on peut montrer qu’il a existé pendant plusieurs siècles une culture de l’antique à travers quelques oeuvres et que les artistes se sont toujours approprié l’antiquité selon le goût de chaque époque mais très souvent aussi avec une grande liberté d’invention.

Une exposition aura lieu au Louvre sur le néoclassicisme du XVIIIe siècle, du 3/12/10 au 14/2/11, L’Antiquité retrouvée, l’Art européen entre antique et inventions, 1720-1790. Voir aussi le catalogue des collections d’antiques conservées au Louvre.

 

Quelle périodisation ?

La question est vaste et totale : du Moyen-Age à la fin du XXe siècle, comme par exemple la coupole du nouveau Reichstag de l’architecte Norman Foster inspiré du Panthéon de Rome.

L’Antiquité ne doit pas être ignorée même si le programme commence au Moyen Age : des notions d’architecture et de sculpture antique (chapiteau corinthien). Montrer que la référence à l’antiquité est continue jusqu’au XXe siècle (Maillol, Bourdelle).

Rechercher les moments forts :

La Renaissance, (XVe – 1520)

Palladio et le maniérisme à la fin du XVIe

Le classicisme en France (la Nouvelle Rome) 1630 – 1680

 

Le néo-classicisme 1760-1820

Au XIXe siècle la référence à l’antiquité domine la formation des architectes, mais parfois on est loin d’une imitation stérile et purement académique, comme par exemple dans l’Opéra de Charles Garnier, une architecture colorée s’inspirant des reconstitutions archéologiques des temples sur les dessins d’architectes des années 1840-1850. On ne peut pas parler d’un style car l’artiste crée en dehors du style qui intervient par la suite dans une conceptualisation. Le terme de classique nous interroge. En réalité il ne concerne qu’une époque restreinte : Ve et IVe siècle av. JC, mais l’antique déborde en amont vers l’époque archaïque (domaine surtout des archéologues cf. Dame d’Auxerre) et en aval vers l’époque hellénistique.

Le renouveau du classique passe parfois par les arts décoratifs comme la fameuse athénienne à la fin du XVIIIe.

Après 1914, on assiste au « retour à l’ordre » (c’est à dire au rejet des excès des avant-gardes) comme en architecture avec les frères Perret qui allient béton et répertoire antique ( péristyle, fronton, rotonde du Palais d’Iéna ou Conseil économique et social), en réalité c’est d’une véritable polysémie qu’il s’agit plus que d’un retour à l’académisme.


Avec Mies Van der Rohe, (voir Pavillon de l’Exposition universelle de Barcelone : voir ici 1) 2) c’est un « modernisme classique » qui apparaît alors que Giorgio De Chirico opère un retour au Quattrocento plus qu’à l’antiquité et l’architecture fasciste du quartier de l’EUR (Exposizione Universale Roma) revisite les bas reliefs , les voûtes en berceau et les arcades de l’art romain. Le Musée des maquettes de la Rome antique comprend des bas reliefs inspirées de la colonne trajane.

A chaque fois il faut contextualiser, il ne s’agit pas de retours à l’antique qui se répètent dans le temps. On revisite l’antiquité à travers des « filtres » qui changent avec les époques, on la réinvente.

Palladio par exemple va retraduire Vitruve dans un souci de connaissance savante et non pas dans un esprit de redécouverte comme au Quattrocento. Au XVIIIe, le palladianisme anglais est un nouveau filtre qui passe par l’assimilation de l’Angleterre du XVIIIe à la nouvelle Rome. Haskel montre bien comment ce modèle a connu découverte au XVe et redécouvertes par la suite.

Certains modèles ont connu des résurgences, comme par exemple la Vénus de Milò découverte au XIXe et qui supplante toutes les précédentes. C’est au début du XIXe siècle dans un contexte de compétition franco-britannique que les marbres du Parthénon (dont la fameuse frise) sont achetés au sultan par Lord Elgin à un prix élevé pour que les Français ne puissent pas les acquérir.



Sculptures du Parthenon


Au gré des découvertes et des redécouvertes le regard sur l’antique change. Parfois il y a des résurgences après des périodes d’oubli relatif comme avec les découvertes de peintures à Vergina en Macédoine, (: Pluton sur son char, vers 340 av.JC), ou avec les guerriers en bronze de Riace, les derniers bronzes antiques trouvés dans les années 1970 en Calabre.


Guerriers en bronze de Riace, Ve siècle av. JC,  Reggio Calabria, Museo_nazionale.

Bibliographie indicative.

Livres du CDI :

Philippe Hoffmann  Paul-Louis Rinuy,  Antiquités imaginaires – La référence antique dans l’art occidental de l’Antiquité à nos jours, éditions de la Rue d’Ulm, 1996. L’ouvrage fait le tour de la question du programme, offre une bibliographie, propose des études de cas prises essentiellement  dans la période qui va du XVIe au XXe siècle.

Extraits de cet ouvrage que j’ai numérisés :

Hélène Lassalle, (conservateur, ancienne directrice du Muse Picasso, École du Louvre) Picasso et le le mythe antique.

Christian Michel (Paris X) La Querelle des Anciens et des Modernes.

Gottfried Boehm, Ulrich Mosch, Katharina Schmidt, Canto d’amore modernité et classicisme dans la musique et les Beaux Arts 1914-1935. Bâle, Kunstsamuseum-Flammarion, 1996. Essentiel pour aborder le « retour à l’ordre » de l’entre deux guerres après les « excès » des avant-gardes de la Belle Époque.

J. Adhémar, Influences antiques dans l’art du Moyen Age français, ed. Comité des travaux historiques et scientifiques – CTHS. Ouvrage de référence des années 1930 réédité en1996.

Philippe Cros, L’avenir à reculons l’influence de l’antiquité sur l’art. Paris, Editions de l’amateur, 2000. Petit ouvrage sans envergure mais qui se lit facilement.

Francis Haskell et Nicholas Penny, Pour l’amour de l’antique, la statuaire gréco-romaine et le goût européen, 1500-1900, New Haven, 1981 (traduction française, Paris, 1988). Essentiel !

 

« 2000 ans de création…d’après l’antique », éd. RMN, 2000, Catalogue d’une  l’exposition au musée du Louvre. Ouvrage collectif sous la direction scientifique de Jean-Pierre Cuzin, Jean-René Gaborit et Alain Pasquier. Le catalogue présente une dizaine de chefs-d’oeuvre antiques et les échos qu’ils ont suscités dans la création artistique. C’est l’ouvrage fondamental du programme.

http://www-scd-umb.u-strasbg.fr/cgi-bin/abweb/X5201/ID15331/G0

 

Johann Joachim Winckelmann,

Réflexions sur l’imitation des oeuvres grecques en peinture et en sculpture

Histoire de l’art dans l’Antiquité, La Pochothèque, 2005. Ouvrages fondamentaux, la première tentative d’écrire une véritable « histoire de l’art ». De très belles analyses d’œuvres de l’Antiquité grecque. C’est un tournant dans l’approche de l’Antiquité, le style grec supplante l’art romain.

Voir aussi : http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Winckelmann


Autres expositions passées et à venir :

Catalogue de l’exposition à Lyon « La fascination de l’Antique, 1700-1770 : Rome découverte, Rome inventée« , Somogy 1999.

Sous la direction de Pascale Picard-Cajan, Ingres et l’Antique, Actes-Sud, 2006.

Autre catalogue d’exposition qui nous permet de voir comment les artistes envoyés à Athènes ou à Rome s’appropriaient les oeuvres de l’antiquité, L’École de la Liberté. Être artiste à Paris 1648-1817, Paris, Ecole des Beaux-Arts. ( CDI).

L’Antiquité rêvée – Innovations et résistances au XVIIIe siècle, Louvre novembre 2010 – février 2011.


Autres ouvrages qui peuvent être utiles :

 

Irène Aghion, Claire Barbillon et François Lissarague, Héros et Dieux de l’Antiquité. Guide iconographique, Paris, Flammarion, 1994. Ouvrage accessible sur l’iconographie antique.

Erwin Panofsky La Renaissance et ses avant-courriers dans l’art d’occident, Flammarion, 1990. A (re)lire : fondamental ! (cf. cours HK)

 

Pommier, Edouard Comment l’art devient l’art dans l’Italie de la Renaissance, Bibliothèque illustrée des histoires Gallimard 2004
L’extraordinaire développement des arts qui commence en Toscane autour de 1300 va de pair avec la création, dans les marges du fait artistique proprement dit, de textes, d’images, de monuments et d’institutions qui contribuent à la prise de conscience et à la reconnaissance de la spécificité de l’art. C’est ce phénomène, la transformation de l’art en Art, dont Édouard Pommier écrit l’histoire. Annoncé par les intuitions de Dante, il se manifeste d’abord par la promotion des artistes à un statut élevé, celui des hommes illustres, qui les fait entrer dans l’histoire ; par les premiers discours que les artistes tiennent sur leur propre activité, donnant naissance à la théorie des arts ; par la création de portraits, d’allégories, de maisons où s’invente leur image et qui célèbrent leur carrière, leur culture et leurs aspirations ; par la désignation d’œuvres exemplaires qu’ils vont contempler en une sorte de pèlerinage les consacrant comme chefs-d’œuvre ; par la fondation, enfin, d’institutions comme les musées et les académies qui donnent à la création artistique la dimension d’un héritage légué dès l’Antiquité, un patrimoine. (une partie est consacrée au Laocoon)

Baldassar Castiglione, La lettre à Léon X, ed. de l’Imprimeur. Un des plus beaux textes sur la relation à l’Antiquité aux temps de la Renaissance. Lire des extraits en bas de page: http://lewebpedagogique.com/khagnehida/2010/02/03/la-revolution-manieriste-lancee-par-raphael-au-vatican/

 

 

 

 

Duby, Georges / Daval, Jean-Luc / et al. La sculpture.

-1. De l’Antiquité au Moyen Age, du VIIIe siècle avant J.-C. au XVe siècle

– 2 de la Renaissance à nos jours Taschen, 2006

Nadeije Laneyrie Dagen, L’invention du corps. Tout l’art Flammarion.

 

Umberto Eco, Histoire de la beauté. Flammarion, 2004.

 

 

Clair, Jean, Mélancolie. Génie et folie en Occident, Gallimard / Réunion des musées nationaux, 2005

Aucune disposition de l’âme n’a occupé l’Occident aussi longtemps et continûment que la mélancolie. Le sujet reste au cœur des problèmes auxquels l’homme est aujourd’hui confronté et il touche de multiples domaines : la philosophie, la littérature et l’art, la médecine et la psychiatrie, la religion et la théologie… La mélancolie, par tradition cause de souffrance et de folie, est aussi, depuis Aristote, le tempérament des hommes marqués par la grandeur : les héros et les génies. Sa désignation même de  » maladie sacrée « , implique cette dualité. Mystérieuse, la mélancolie l’est toujours, bien qu’elle soit surtout soumise de nos jours, sous le terme de  » dépression « , à une analyse médico-scientifique. L’attitude mélancolique ne peut-elle pas aussi s’entendre comme une mise à distance de la conscience face au  » désenchantement du monde  » (Starobinski) ? Depuis certaines stèles antiques jusqu’à de nombreuses œuvres contemporaines, en passant par de grands artistes comme Dürer, La Tour, Watteau, Goya, Friedrich, Delacroix, Rodin ou Picasso, l’iconographie de la mélancolie, d’une richesse remarquable, offre une nouvelle approche de l’histoire du malaise saturnien et montre comment cette humeur sacrée a façonné le génie européen.

AU SOMMAIRE : La mélancolie antique / Le bain du diable : le moyen-âge / Les enfants de Saturne : la Renaissance / L’anatomie de la mélancolie : l’âge classique / Les lumières et les ombres : le XVIIIe siècle / La mort de Dieu : le romantisme / La naturalisation de la mélancolie / Mélancolie et temps modernes.

 

 

Art et philo.

 

La philo nous apporte quelques compléments :

Fumaroli, Marc / et al. Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne, 1450-1950, PUF, 1999

L’ouvrage, auquel ont collaboré de nombreux spécialistes français et européens sous la direction de Marc Fumaroli, s’est proposé de retracer, pour la première fois avec cette ampleur, l’empreinte vivante, réflexive, évolutive, controversée, que l’art antique du discours, depuis la Renaissance, a laissée sur l’éducation, la théorie littéraire, la religion, la philosophie, la société, les arts de l’Europe, depuis le XVème jusqu’au XXème siècle.

 

Autres livres non disponibles au CDI.

Sabine Forero-Mendoza, Le Temps des ruines : Le Goût des ruines et les Formes de la conscience historique à la Renaissance, éd. Champ Vallon 2002. (commandé).

 

Edouard Pommier, Winckelmann, inventeur de l’histoire de l’art, nrf, Gallimard. (commandé)

Keneth Clark, Le nu vol. 1 et 2,  trad. M. Laroche, Hachette littératures, coll. Pluriel.

Marc Fumaroli, La Querelle des anciens et des modernes, coll. Folio. (commandé)

A. Riegl : Question de style, éd. Hazan 2002

Heinrich Wölfflin : Principes fondamentaux de l’histoire de l’art : Le problème de l’évolution du style dans l’Art Moderne, ed. Gérard Monfort. 1992

 

André Chastel, Marsile Ficin et l’art, Droz. 20 (Commandé)

Articles.

Thomas Kirchner, Le héros épique. Peinture d’histoire et politique artistique dans la France du XVIIe siècle. Collection Passages/Passage n° 20, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 2009

CR de lecture sur le site de la Tribune de l’Art

 

Christian Michel, Querelle des Anciens et des Modernes.

Ressources électroniques.

Site ENS :

La « restitution créatrice » : les architectures idéales des antiquaires romains au XVIe siècle, conférence d’Emmanuel Lurin (ENS).

http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=136#

Site sur une exposition au musée du Louvre : « 2000 ans de création… d’après l’Antique » :

http://mini-site.louvre.fr/antique/index.html

Article : Jean Seznec, La Survivance des dieux antiques. Revue de l’Art.

Roland Étienne (Paris I)  La découverte de l’Italie antique du XVe au XVIIIe siècle.

Sur la Rome de la « restauratio urbis »  au début du XVIe siècle voir aussi :

http://www.aparences.net/rome/rome6a.html#dernieres

 

Au CDI :

Hatala, André Les métamorphoses d’Ovide – Mythes et réalités de l’Antiquité. Cédérom (2002) (Ressource électronique)
Ce cédérom présente « les Métamorphoses » comme un trait d’union entre l’Antiquité et les époques modernes. Trois axes de consultation : introduction au texte et à la mythologie – texte intégral des « Métamorphoses » en français et en latin – dictionnaires de la Grèce, de Rome et de l’Art, illustrés de plus de 700 images.


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