Füssli, le sublime et le théâtre shakespearien.

Füssli, le sublime et le théâtre shakespearien.

Voir article Füssli et l’esthétique du sublime :

https://docs.google.com/document/d/1sUIJ-pUNZmsyKsrDh6q4TOKRgZFqYUi0z_CBNCQbyHU/edit?usp=sharing

Exposition Füssli à Bâle (visite avec la classe de khâgne :

https://docs.google.com/document/d/1fBYPMroHmBFs4b51dI8KujGwTxD_ggEJ/edit?usp=sharing&ouid=108252197341295390394&rtpof=true&sd=true

Quelques notes de lecture de l’ouvrage de Nathalie Padilla l’esthétique du sublime dans les peintures shakespeariennes d’Henry Füssli (1741-1825).

XVIIIe -> essor du théâtre, de l’édition illustrée et de la peinture anglaise. Redécouverte de Shakespeare, fusion des arts (contrairement aux préconisations de Lessing qui prônait la séparation des arts (notamment visuels car arts de l’espace) et de la poésie (art du temps). Le premier à représenter une scène de Shakespeare est Hogarth dès 1728 :

William Hogarth, Falstaff Examining his Recruits 1730, huile sur toile, 495 x 585 mm. Coll. privée.

L’art shakespearien est une nouvelle forme de peinture d’histoire qui naît vers 1730 mais qui sera portée au sommet par Henry Füssli dans pas moins de soixante-dix oeuvres, peintures, gravures, dessins.

La « Shakespeare Gallery » de l’éditeur John Boydell est le projet le plus ambitieux (mais inachevé) d’édition des oeuvres complètes de Shakespeare illustrées par des gravures. Il restera inachevé (voir article en anglais). la liste des illustrations est ici. Boydell passe également commande de quelques toiles à des artistes comme Füssli. Ce dernier avait été initié à la littérature shakespearienne par un des membres de Sturm & Drang Johann Jakob Bodmer. Admirateur des grands auteurs britanniques, ce dernier était le traducteur du Paradis perdu de Milton en allemand. 

Füssli réalise des dessins préparatoires pour des fresques inspirées de Shakespeare auquel il projette de consacrer carrément un édifice disposant d’une sorte de Chapelle Sixtine dédiée au dramaturge élisabéthain. Ils seront repris comme tableaux dans la Boydell Gallery en 1789 pour laquelle il peint au total neuf toiles dont La Tempête, Macbeth, King Lear... Il appartient à la catégorie des artistes qui ont mis leur imagination au service de l’imagerie shakespearienne contrairement à ceux qui se contentaient de reproduire les mises en scène théâtrales et notamment celles de Garrick comme p. ex. Francis Hayman (dessin préparatoire au tableau ici) ou Zoffany (l’acteur irlandais : Charles Macklin as Shylock vers 1768). Füssli, comme James Barry ou George Romney, a créé des images originales au point d’être qualifié de « Shakespeare’s painter » par Lavater qu’il a fréquenté. Il est le seul des artistes ayant illustré Shakespeare à avoir fait le voyage à Rome où il a particulièrement admiré Miche-Ange. Il a également écrit des poèmes et vécu entouré d’intellectuels et spécialistes d’esthétique d’où l’influence qu’ont exercé sur lui Winckelmann et Mengs.

Nonobstant ces influences néo-classiques, Füssli s’est beaucoup intéressé au sublime comme en témoigne sa bibliothèque (pseudo-Longin, Edmund Burke). Il a probablement écrit également quelques réflexions sur le sujet qu’il a repris dans quelques uns de ses cours à l’Académie Royale. Il était reconnu pour sa maîtrise du clair obscur (un des types du sublime) qui permettait de focaliser l’attention du spectateur sur les personnages très expressifs et non pas sur l’espace scénique réduit au minimum. Le Cauchemar en est un des exemples les plus connus. Loin de trahir le texte, Füssli semble de le faire passer par le filtre de son imagination pour mieux le servir.  Tout au long du XVIIIe et du XIXe siècles, l’auteur de la Tempête était associé à la notion du sublime. FÜssli auraut dit « Shakespeare est à Sophocle ce que les éclairs répétés d’une nuit de tempête sont à la lumière du jour. »

Le corpus global des oeuvres inspirées de Shakespeare se divise en peintures, quelques gravures d’après des toiles perdues et quelques dizaines de dessins.  (Gert Schiff a établi un catalogue complet des oeuvres du peintre suisse.  Tous les tableaux datent d’après son retour de Rome à Londres au début des années 1780 sauf un qu’il a peint à Rome. Le livre tente d’établir le lien entre le texte – source, la mise en scène théâtrale et la mise en scène de Füssli.

Une mise en scène théâtrale : costumes et décors ainsi que dans les oeuvres de Füssli.

Ex. Le nu et le sublime.

Les sources révèlent l’intérêt des spectateurs pour des décors réalistes et des costumes crédibles, « à l’ancienne ». En revanche Füssli ne s’en préoccupe guère, contrairement à David qui se souciait du réalisme archéologique, conforme ou supposé, des représentations. Nudité ou costume ne sont pas toujours conformes au texte mais renseignent sur la nature du personnage. Les trois sorcières ci-dessous (Petworth Sussex)

Macbeth, Banquo and three witches, d’après Füssli grave? en 1798 par James Caldwell Shakespeare’s Gallery Boydell. Kunsthaus Zurich.

Le vêtement des sorcières surgissant du ciel et des nuages couvre tout le corps laissant visibles les mains et le visage. L’absence d’identification correspond au texte puisque Banquo s’interroge « You should be women ». Les visages apparaissent en effet comme les seules parties visibles de leur corps. Ce n’est pas du tout le cas chez Joshua Reynolds qui les représente dans son tableau de la Tate Gallery de manière plus « naturelle » comme des êtres terrestres.

Même impression dans l’esquisse de Zurich (1783) qui les représente seules en gros plan :

Henry Füssli, Les Trois sorcières, 1783, huile sur toile, 65 x 91 cm, Kunsthaus Zurich.

La raison pour laquelle Füssli préfère rendre les figures intemporelles par le nu ou par des tenues indéfinissables semble en rapport avec une vison plus élevée de la peinture, touchant à l’universel au-delà des contingences historiques. Cette idée de « l’éternité poétique » des personnages (comme de l’infini des espaces) est directement liée au sentiment du sublime.

Le nu en effet est une forme de retour à la pureté en rapport avec le surnaturel comme chez Obéron, Titania ou Bottom mais fait écho également à Michel-Ange et à l’antique qu’il a côtoyés à Rome. Mais si chez Winckelmann le nu incarne un idéal de beauté sereine, chez Füssli il possède une double dimension esthétique : le beau idéal mais aussi cette intemporalité conforme aux leçons de Lessing selon lequel la peinture doit renoncer au temps (laissé à la poésie).

D’autres fois, le nu est à l’origine du sublime par la liberté donnée au corps suspendu dans l’espace : Puck, personnages féminins de la reine Katharine :

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1a/F%C3%BCssli_Robin_Goodfellow-Puck_1787-1790.jpg

Henry Fuseli (1741-1825), Robin Goodfellow-Puck, 1787-1790, Huile sur toile, 106 x 82 cm, Schaffhausen, Museum zu Allerheiligen

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H. Fuseli, Le rêve de la reine Katharine, 1781, huile sur toile, 180 x 240 cm. Tate Gallery Londres.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_R%C3%AAve_de_la_reine_Catherine

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