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Baudelaire Spleen « Quand le ciel bas et lourd » explication linéaire

Idées de problématiques

Comment Baudelaire évoque-t-il son spleen ?

Comment Baudelaire fait-il de son spleen une source de création poétique ?

Comment Baudelaire transforme-t-il la boue du spleen en or ?

Poème composé de 5 quatrains en alexandrins aux rimes croisées (abab).

Les 4 premières strophes contiennent une seule longue phrase, composée d’une succession de subordonnées circonstancielles de temps (« quand » v1 « et que » v3 « quand » v5 et 9) et d’une proposition principale construite autour de deux verbes conjugués coordonnés « sautent et lancent ». Cela rend la lecture du poème extrêmement longue et lente.

Interprétation Citation Analyse
Le poème commence par une description météorologique d’un ciel bas qui va avoir une incidence sur les hommes. L’adj « lourd » accompagné du verbe « pèse » et de la comparaison du ciel à un couvercle suggèrent que le ciel exerce un poids physique sur les hommes, notamment ceux dont l’esprit est déjà souffrant.

Les longs ennuis renvoient à ce que Baudelaire appelle le spleen.

 

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
CCT

Adj + V + Comparaison

Expansions du nom « esprit » évoquant la souffrance « gémissant, en proie, longs ennuis »

 

L’expression « embrassant tout le cercle » suggère une bulle dans laquelle le poète est enfermé.

L’oxymore et le comparatif rendent la vision particulièrement sombre et sinistre.

L’emploi de l’adj « triste » désignant un sentiment montre que la noirceur du ciel a un effet sur l’âme du poète. En effet l’emploi du « nous » au vers 4 suggère que le poète s’englobe parmi ceux qui subissent ce ciel pesant.

Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Oxymore

comparatif

Après une évocation du ciel, vient ici une évocation de la terre qui subit une transformation, qui n’est autre que la vision du poète. Le « cachot humide » insiste sur l’impression d’enfermement imposé dans des conditions désagréables. Quand la terre est changée en un cachot humide, Autre CCT

V passif

L’espérance est personnifiée par l’emploi de la majuscule. Elle devient un symbole de l’espoir enfermé. La comparaison à un animal de nuit suggère déjà que l’espérance Où l’Espérance, comme une chauve-souris, Allégorie

Comparaison

 

On entend l’espérance chauve-souris se cogner aux murs grâce aux consonnes « t et d » répétées. Ces deux vers augmentent encore l’impression d’enfermement : par les expressions « battant les murs » et « se cognant la tête ». l’adj « timide » suggère le manque de force de l’espérance qui n’a aucune chance d’échapper au spleen. S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Allitérations en « b, t, d, k »

Métaphore filée

Après le ciel et la terre, c’est la pluie qui s’associe aux éléments pour enfermer le poète dans des idées noires. On retrouve le thème filé de l’enfermement avec les termes « prison », et « barreaux »

Les nombreuses sonorités en « on, an, ou, o » rajoutent encore à l’aspect plaintif et lancinant du poème.

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Nouveau CCT

Oppositions entre « immenses, vaste » et « prison, barreaux »

Cette fois la vision devient hallucination puisque le « peuple d’araignées » évoqué n’existe que dans la tête des hommes « au fond de nos cerveaux ». Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Voc péjoratif « infâmes »

Déterminant possessif de 1ère personne du pl

Le CCT « tout à coup » annonce un événement soudain, qui s’oppose à tous les autres CCT précédents, qui eux faisaient référence à une situation dont le début était indéterminé (on ne sait combien de temps le ciel est bas, la terre un cachot, la pluie les barreaux d’une prison…) Le poète a subi les éléments qui n’ont fait qu’augmenter son spleen.

L’esprit se sent si mal qu’il est envahi d’une vision bruyante et cauchemardesque : les cloches sont personnifiées. Le complément de manière « avec furie » et l’épithète « affreux » soulignent l’aspect horrible de l’évocation.

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Proposition principale

« tout à coup » CCT

personnification

Les cloches sont comparées à des fantômes gémissants. Les sonorités des vers suggèrent ces gémissements. Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
Comparaison

Allitération en « p, t »

Assonance en « an et in »

La mort jusqu’ici était seulement suggérée dans les strophes précédentes par le champ lexical de l’obscurité et l’allusion aux « esprits errants » de la strophe 4.

Ici elle est évoquée à travers la référence aux « longs corbillards ». On voit aussi que le spleen présenté jusqu’ici comme un mal qui touchait les esprits, s’attaque au poète narrateur lui-même « dans mon âme ».

– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme
Sonorités en « an »

Déterminant possessif 1ère pers du sg

CC de manière

La lecture hachée du vers 19, en raison de sa composition (virgules, nbx mots de une ou deux syllabes) souligne la défaite du poète et la victoire du spleen. l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Contre-rejet de « l’Espoir »

Mise en valeur de l’Angoisse à la césure

Allégories

Adjectifs qui annoncent la victoire du spleen

Le poète s’avoue vaincu en inclinant la tête. C’est l’Angoisse qui agit en plantant le drapeau noir. Le poème se termine sur cette image qui symbolise la prise de possession de l’esprit par le spleen Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Déterminant possessif 1ère pers du sg

Verbe d’action dont l’Angoisse est sujet

image

 

Conclusion

On peut conclure qu’en effet Baudelaire par moments se laisse submerger par le spleen qu’il ne contrôle plus. C’est cette lutte et cette défaite qu’il évoque ici. Pourtant Baudelaire a transformé ses souffrances en création poétique. C’est le spleen qui lui permet d’écrire ce poème incroyablement évocateur.


Un commentaire

  1. Cette explication linéaire est formidable j’ai trop bien compris et maintenant je peux faire mon explication linéaire du spleen sans problème et c’est grâce à vous, merci beaucoup

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