Les conditions de la gestion du temps à l’épreuve de philosophie du baccalauréat

Johann_Heinrich_Füssli

Between Scylla and Charybdi

 

 

 

 

 

Indication préliminaire : l’épreuve du baccalauréat de Philosophie est une épreuve de 4 heures.

4 heures, c’est à la fois long et court ; c’est long pour celui qui croit « sécher» devant le sujet. Au contraire, c’est court, pour celui qui croit avoir « beaucoup de choses à dire », et qui se précipite pour répondre à la question ou identifier l’ « opinion » de l’auteur du texte cad qui croit pouvoir traiter le sujet « à l’inspiration ». Souvent, le candidat passe successivement par ces deux expériences subjectives opposées du temps qui, soit passe trop vite (au début quand on se précipite à « répondre » à la question ou à « résumer » le texte), soit ne passe pas assez vite (quand on est « ennuyé », qu’on a « plus rien à dire »).

Pour dépasser cette expérience affective du temps, il faut apprendre 1/ à résister à la précipitation et 2/ à surmonter l’angoisse du vide (« la page blanche » de l’écrivain). A ces conditions, on pourra apprendre 3/ à gérer son temps.

I Résister à la précipitation : soigner l’analyse

Trop souvent, le candidat se précipite à lire le sujet ou le texte pour l’enfermer dans une représentation définitive dont il ne sortira plus. Il croit définir les termes du sujet mais il ne fait que plaquer des idées toutes faites sur ces termes. Il néglige le fait que les rapports entre les termes peuvent toujours être examinés sous plusieurs aspects. Se précipiter, c’est se faire le prisonnier des préjugés qu’on peut avoir immédiatement sur le sujet, au lieu de se donner patiemment les moyens de déconstruire ces préjugés par une véritable analyse.
On peut ainsi pour éviter la précipitation, méditer la citation de Hegel : « L’impatience prétend à l’impossible, c’est-à-dire à l’obtention du but sans les moyens ».Ce qui est impossible, c’est de comprendre tout de suite de quoi il s’agit ; il faut prendre le temps d’élucider, par l’analyse (les moyens de la définition des termes du sujet) le but de l’analyse (la fin de l’élucidation des enjeux).

II Surmonter l’angoisse de la page blanche : avoir le courage de la détermination des enjeux

Celui qui cherche à échapper à la précipitation risque de rencontrer l’autre écueil de l’exercice de la dissertation qui est une sorte de blocage du à une incapacité ressentie à initier la moindre réflexion. Si dans la précipitation, on est prêt à écrire tout de suite n’importe quoi, dans l’angoisse (comparable à celle du syndrome de « la page blanche » propre à l’écrivain), le candidat ne désire écrire que la parfaite et définitive vérité. Il se fait alors le prisonnier d’un complexe de « perfectionnisme », au lieu d’adopter une mentalité pragmatique de « bricoleur ».
Le « bricoleur » par exemple n’hésitera pas à formuler au brouillon des éléments de réflexion qui resteront peut-être ensuite inexploitées (fausses pistes) dans le travail définitif. Ce n’est pas grave. Une recherche est souvent d’abord un « tâtonnement », et ne prend pas tout de suite la forme d’une méthode parfaitement établie dans ses règles, et le bricoleur le sait bien.
Un véritable chercheur est ainsi une sorte de « bricoleur » (contrairement au « technicien » de la méthode) qui invente de nouvelles règles, et se donne par elles les moyens de réduire l’angoisse (en elle-même indéterminée dans son objet) à une peur (déterminée dans son objet et donc identifiable), et même à une simple inquiétude qui va pouvoir être résorbée par la recherche. Pour cela, une méthode est indispensable mais il faut indéniablement un certain courage au chercheur, celui d’accepter à un moment donné un certain état de détermination des enjeux de la question, afin de se donner le temps de construire le chemin de sa résolution.

III Gérer son temps ?

Gérer son temps, c’est finalement faire de ce temps un instrument maîtrisé de la tâche à accomplir : le but de l’épreuve (dissertation ou explication de texte) est d’élaborer la réponse à un problème philosophique qu’on aura dans un premier temps pris soin d’élaborer (pour la dissertation) ou de dégager (pour l’explication de texte). C’est donc à ce travail de « problématisation » qu’il faut d’abord consacrer son temps, et à ce qu’il demande préalablement (soigner l’analyse des termes du sujet, déterminer les enjeux).
Se souvenir que le temps de l’épreuve est donc d’abord un temps de recherche, et non immédiatement de résultats. Il faut se méfier des réponses toutes faites qui nous apparaissent comme des solutions rapides et faciles. Ces réponses semblent nous faire gagner du temps, mais en fait elles nous en font perdre, puisqu’elles nous empêchent d’identifier le problème. Il faut se méfier tout autant du désir impossible de perfection qui empêche toute réalisation pragmatique de la recherche en faisant oublier que la maîtrise courageuse passe toujours d’abord par l’épreuve de ce qu’on ne maîtrise pas.

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