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Le buste de César à Arles : le second souffle

Arles, cette ville des Bouches-du-Rhône, aimante les artistes. Attiré par la lumière méditerranéenne, Van Gogh, le peintre à l’oreille coupée, y a peint ses sublimes tournesols. L’arlésien Christian Lacroix a fait de sa ville natale une place de la haute couture. Arles aime les artistes, et ce, depuis toujours.

Fondée en 46 avant Jésus-Christ par César, Arelate est aujourd’hui réputée pour ses vestiges antiques. La rive gauche du Rhône correspond au centre de la ville et recèle de trésors architecturaux (l’amphithéâtre, le théâtre, l’arc du Rhône, les thermes de Constantin, …). La ville antique est une colonie romaine qui se développe très rapidement. Les activités portuaires et commerciales enrichissent la ville. Cette prospérité permet aux habitants d’embellir leur cité en commandant à des artistes, des monuments, statues et mosaïques à la mesure de la « petite Rome ». La rive droite du Rhône est aménagée au cours du Ier-IIème siècle après J-C et le pont de bateaux (procédé ingénieux qui permet de relier les deux rives) fait la renommée de la ville. En 2007, une équipe d’archéologues dirigée par Luc Long, décide de prospecter sur cette rive droite du fleuve (près du quartier de Trinquetaille) une zone jusque-là très peu fouillée.

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En 2008, France 3 présentait une émission spéciale « Des racines et des ailes » sur les recherches menées par ces archéologues sous-marins. La chasse au trésor est lancée dans le Rhône.  Construite comme une enquête, l’émission est passionnante et offre aux téléspectateurs les splendides trouvailles des plongeurs-archéologues. La découverte d’une statue de Neptune, reconstituée pièce après pièce par les plongeurs, la remontée d’une statue de Vénus ou encore ce bronze d’un homme aux poings liés montrent les richesses englouties dans le limon du fleuve. Le documentaire tient en haleine avec la pêche inespérée d’une pièce unique en son genre. Le buste de César, fondateur de la ville et imperator romain (vers 100 à 44 av JC).  La ressemblance est frappante mais le travail de l’archéologue est de prouver qu’il s’agit bien de César. Luc Long fait appel aux technologies ahurissantes de précision (scanners), à l’œil expert de spécialistes, part comparer le buste de César avec un autre se trouvant à Turin (Italie) et finalement le verdict tombe. Ce buste serait la plus ancienne représentation de César faite de son vivant (cette hypothèse est contestée par l’historien allemand Paul Zanker). L’instantané d’un imperator est exceptionnel car « même à Rome, on n’a jamais retrouvé un portrait de César de son vivant » dit Luc Long.

Ces trouvailles redonnent un second souffle à des œuvres d’art endormies dans le lit du Rhône et à des archéologues plus habitués à remonter des tessons d’amphores que des objets d’exception. Aux téléspectateurs, une belle leçon d’Histoire et un moment de rêverie.

E.G

Sources :

– L’excellent reportage de France 3, « Le trésor englouti du Rhône »

Crédits et légendes des photos : C. CHARY/DRASSM

Un buste grandeur nature de César âge? : pour Luc Long, ce buste en marbre constitue la plus ancienne représentation aujourd’hui connue du fondateur de la cité romaine d’Arles. Typique de la série des portraits réalistes d’époque républicaine (calvitie, traits dus à l’âge…), il date sans doute de la création de l’Arles romaine en 46 avant Jésus-Christ.

Le buste lors de sa découverte par P. Giustiniani – Photographe : C.CHARY

– Une statue de Neptune en marbre de près de 1,80 m de hauteur ; datée de la première décennie du IIIe siècle après Jésus-Christ.

– Le pont de bateaux

– Paul Zanker conteste que la statue retrouvée soit celle de César