CONTE A REBOURS DE MANON
Réveillez les Femmes !
Il y en a marre !
Marre que l’on soit dominées par des hommes.
Le jour de mes seize ans, une “vielle femme” me jeta une malédiction.
Évidemment, une femme.
Qui cela pourrait être d’autre ?
Un homme ?
Non, impossible, sinon qui viendrait me sauver ?
Un ogre ?
Peut-être, tant que ce n’est pas un homme.
« La vieille femme” prédit que le jour de mon seizième anniversaire, je me piquerai le doigt sur le fuseau d’un rouet et tomberais dans un sommeil profond, dont seul un vrai amour pourrait me réveiller.
La sororité n’existe-t-elle pas dans les contes ? Pourquoi les personnages féminines, dans les contes, ne peuvent-elles pas s’entraider, être amies et sont obligatoirement ennemies ? Les hommes ont-ils peur de nous, peur que l’on se ligue contre eux ? ET BIEN, ILS DEVRAIENT !!! #Onafinidepioncer
Il y en a marre que les Femmes doivent être divisées pour que les hommes soient en mesure de régner. Parce qu’entre une dame qui me fait faire une sieste et un prince qui rentre par effraction chez moi, m’embrasse, sans mon consentement, pour me réveiller, excusez-moi, mais le choix de “la sorcière” est vite fait.
Et mes parents, tout effrayés, qui croient tout essayer, pensent qu’un secret vaut mieux que de dire la vérité. C’est bien connu que le monde fonctionne mieux de la sorte.
Alors, lorsque je me pique le doigt, personne n’a rien pu faire et moi, idiote que je suis, sans le moindre avertissement et dans l’ignorance la plus totale, je sombre dans un long et profond sommeil. Mais qui n’a pas envie de rester dormir pendant des jours me direz-vous ? Entre nous, qu’est-ce que j’ai de mieux à faire que de dormir ?
Travailler ? Non enfin, je suis une Fille…
Combattre ? Bien sûr que non, je suis une Femme…
Sauver des vies ? Quelle question, je suis une Dame…
En revanche, chanter, danser et jouer avec les animaux de la forêt ? Quand on est issue de la royauté, avec des attributs féminins et que l’on s’appelle Aurore, oui, évidemment. Honnêtement, je pense que je paraitrai moins folle en dormant.
Alors les années passent et la médecine n’existe pas. Je reste allongée telle une princesse en détresse et mon histoire fait le tour du royaume. Mon malheur a bon dos de divertir le peuple
Puis, vient le jour, tant attendu, où un jeune prince courageux entend parler de ma malédiction et est attiré par le mystère qui l’entoure. Il pénètre dans mon château ensorcelé, se fraye un chemin à travers les ronces épaisses qui entourent celui-ci, trouve enfin ma chambre et y pénètre illégalement. C’est-à-dire qu’à ce moment précis de mon histoire, le prince rentre chez moi par effraction et cela n’inquiète personne !!!
Doucement, il s’approche de moi tel un cobra et, sans hésitation, bondit sur mes lèvres avec ses crochets acérés afin de me violer.
C’est alors que le prince, fier de lui, me vole un baiser sans mon consentement et sans me connaître. Encore une fois, rien d’inquiétant !!! Conséquence, qui sait ce qu’il se serait passé si je ne m’étais pas réveillée ? Je suis donc allongée, sans aucun moyen de défense et ayant pour unique but de servir d’objet pour assouvir les besoins du prince. C’est à cela que servent les femmes ? C’est cela que l’on apprend aux petits hommes d’aujourd’hui ? Mais n’avez-vous pas honte !! N’avez-vous pas connaissance de l’Adelphité ??? Pour les incultes, il s’agit d’un terme regroupant à la fois la fraternité et la sororité, sans dimension ni mention genrée. Donc, à quoi bon inventer ce mot, puisque l’on ne s’en sert pas. Donc, on crée des mots comme ça, pour les ranger au fond du dico.
Désormais, nous, les Femmes, seront aussi aimables que des ronces avec nos épines aiguisées.
EXPLICATION DU CONTE A REBOURS
PAR MANON
Pour commencer, dans mon texte, je souligne le problème majeur que sont les hommes et leur rôle qui semblent héroïques, mais ils sont en réalité très dangereux dans chacune de ces histoires pour enfant. Ceci, laissant en plus de cela une image très péjorative des femmes de manière générale et cette image de force dans la tête des petits garçons créant de la défaillance dans leur vie d’adulte puisque dès l’enfance, on ne leur a appris que cela. J’ai souhaité montrer que, pour que les hommes aient du « pouvoir » il faut défaire les liens des personnages féminins dans les contes et qu’il y ait donc une perte de confiance entre les femmes et le fait qu’elles doivent être constamment en guerre les unes avec les autres pour laisser le bon rôle aux hommes. On peut prendre l’exemple des méchantes sorcières qui mettent en péril les personnages principaux ou bien l’innocence dans laquelle les mères laissent leurs filles. Afin d’avoir plus d’impact avec ce texte, j’ai fait le choix de placer de l’ironie dans quelques-unes de mes phrases. Pour favoriser cela, j’ai également essayé de faire quelques rimes dans les phrases intéressantes, notamment pour faire ressortir la proie qu’est la belle au bois dormant. J’ai par ailleurs glissé quelques « fautes d’orthographe » volontaires afin de tourner les adjectifs aux féminins. De même pour la typographie puisque certains noms, féminins pour la plupart, possèdent une majuscule. Enfin, j’ai fait le choix d’introduire beaucoup d’interrogations rhétoriques dans le but de permettre aux lecteurs ou aux spectateurs de se questionner sur le conte ou sur la société d’aujourd’hui. Une volonté de dénoncer la vision des femmes dans les contes était donc de mise afin d’éclairer les esprits sur les défaillances de notre société et avertir sur la lecture de ces contes aux enfants.
J’ai choisi de réaliser l’image avec le site « Canva média magique ». Pour moi, il générait des images davantage en accord avec ce que j’imaginais. Sur la première photo, on voit Aurore, la princesse de conte, se battre avec le prince, ce qui fait donc écho à cette révolte contre les homes. Puis, je trouvais également la deuxième photo intéressante puisque l’on peut s’imaginer que l’on y voit La Belle au Bois Dormant se réveiller après s’être fait violer par le prince.
