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« Tu l’as deviné, c’est bien moi, Rimbaud,

mais un autre Rimbaud. »

Les œuvres d’art ont vu, et verront défiler des générations. Analysées, critiquées, qu’auraient-elles à nous dire si désormais elles prenaient la parole ? Au programme du jour, nous allons écouter L’œuvre d’Ernest-Pignon Ernest, «  Portrait de Rimbaud » peint en 1977. Un tableau qui sort de l’ordinaire. Nous sommes invités à entrer dans l’imaginaire d’Ernest-Pignon Ernest. On se souvient tous d’au moins une œuvre, qui nous a fait réfléchir, vibrer  mais avons nous regardé de plus près, cet artiste qui compose. Ernest-Pignon-Ernest va vous faire traverser le temps avec un portrait à la fois réaliste et futuriste de Rimbaud. Quelle image avez-vous en tête quand je vous parle de Rimbaud ? Surement un portrait de lui adolescent n’est-ce pas ? Pourtant, ce jour, vous allez écouter Rimbaud loin de cette jeunesse. Je vous laisse en présence du tableau …

Ce que l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest a dit à Justine (émission réalisée avec l’aide de Gwendoline, Emma L. et Emma B)

« Visage ridé, la peau relâchée,  me voilà 40 ans plus tard… Vas-tu me reconnaître? Je suis de ceux qui ont marqué la poésie française, entre précocité artistique et création du style moderne. Tu te souviens peut-être de mon poème «  Ma bohème », l’un de mes tout premiers ! Rêvant de liberté, j’y retrace dans celui-ci,  mon désir de fuir et c’est d’ailleurs ce que j’ai fait !  Entre l’Europe et l’Afrique, j’ai  eu une vie bien remplie mais pas qu’avec la poésie. Ce n’est plus un secret, j’ai  laissé derrière moi mon côté poétique par la suite.

Tu l’as deviné, c’est bien moi, Rimbaud mais un autre Rimbaud. Celui qui est devant toi a voyagé dans  le temps. Les années sont passées, tu peux le remarquer avec la combinaison du blanc et du noir dans mes cheveux. Mon regard posé sur toi, affaibli par la vieillesse, c’est ainsi qu’Ernest Pignon Ernest a souhaité me représenter.  Mon dessinateur a accentué les contrastes entre le noir de son oeuvre et le blanc du papier. A l’aide de la pierre noire, de nombreux portraits de moi ont été créés.  Il y a quelques années j’étais affiché au centre de Paris, évidemment pas avec ce portrait. Légèrement plus jeune, j’étais habillé de façon contemporaine, mêlé à la population aisée. Ernest au centre de cette idée a voulu  me rendre hommage en plein milieu de la ville. Il désirait que son Rimbaud rencontré à 15 ans puisse être admiré par les passants. Par ailleurs, Ernest s’est imposé à lui -même la contrainte de rendre cet hommage éphémère. Alors il a créé des productions  en sérigraphie sur des papiers fins et fragiles afin de les laisser vivre selon les aléas qu’ils rencontrent. Les dessins sont condamnés à disparaître avec le temps ou à être recouverts. C’est d’ailleurs surprenant de pouvoir m’observer aujourd’hui car la sérigraphie n’est pas faite pour tenir. Ce portrait que tu as devant toi, tu aurais pu ne jamais le voir mais aussi ne jamais savoir à quoi j’aurais pu ressembler ! Ce n’est plus la liberté de la jeunesse que je représente mais les conséquences d’une vie mouvementée.

 Approche toi, n’aie pas peur, ce n’est pas contagieux, la vieillesse. Regarde bien au coin de mes yeux. Une apparence surannée se dessine avec l’ombre de la pierre noire. On connait tous le Rimbaud rebelle mais pas le Rimbaud mortel. Des portraits comme celui-ci où je suis âgé sont moins mis en avant. Peut-être qu’Ernest aurait voulu plus d’œuvres de ma part ou simplement me rencontrer. C’est peut être pour cela que je suis devant toi. Cependant ce Rimbaud que tu vois est encore là. Il est  temporaire et imaginaire ! « 

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