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IL ÉTAIT UNE FOIS ELOE

Il était une fois au pays des langues…

Il n’y a pas si longtemps de cela, deux parents étaient à la recherche du prénom de leur deuxième fille et enfant. Un jour, alors qu’ils se promenaient, ils entendirent ce qu’ils interprétèrent comme le prénom « Eloé ». Ils apprécièrent immédiatement sa sonorité et décidèrent de le garder. C’est ainsi qu’une nuit de décembre, très tôt dans la journée, la petite Eloé vit le jour. Elle grandit avec une grande sœur et un petit frère, respectivement de deux ans son ainée et son benjamin, mais également entourée d’une grande famille unie.

Vers l’âge de deux ans, elle apprit à parler. Sa mère s’inquiétait de son niveau de parole, car sa grande sœur faisait déjà des phrases complètes à cet âge. Puis très vite, par son métier de professeure des écoles, elle comprit que l’exception était la grande sœur et non Eloé. Ce ne fut pas la seule à s’inquiéter à ce sujet. Peu de temps après son entrée en maternelle la maîtresse d’Eloé avait appelé ses parents pour leur faire part du manque d’élocution de la petite fille. En effet, elle ne participait pas aux chansons, ne parlait pas avec ses camarades… Ce qu’il se passait réellement ici était que notre héroïne avait besoin de se sentir en confiance pour accepter de s’exprimer. Dès lors qu’elle se fut adaptée à ce nouvel environnement, Eloé montra à tout le monde qu’elle savait parler et même très bien s’exprimer, ses parents lui ayant toujours appris les bons mots et corrigé ses erreurs.

Eloé continua d’apprendre et d’expérimenter la parole et fut grandement aidée dans cet apprentissage par la lecture. Ses parents étaient de grands lecteurs et avait toujours voulu transmettre ce goût à leurs enfants. Ils leur lisaient donc des histoires depuis leur plus jeune âge et Eloé, ainsi que sa sœur et son frère, s’étaient emparé de ce média à partir du moment où ils avaient appris à lire. De plus, la parole avait une place importante au sein de sa famille. Elle avait d’innombrables occasions de s’exprimer, que ce soit par les jeux de société, les histoires qu’elle inventait avec son frère et sa sœur ou encore par les discussions qu’elle avait avec tous les membres de sa famille.

Elle comprit rapidement que les mots avaient des pouvoirs et qu’il fallait les utiliser avec précaution. En effet, les mots utilisés à bon escient pouvaient apporter du bonheur, de la joie, du réconfort, mais un mot mal utilisé pouvait s’avérer très blessant ou humiliant. De cette période d’apprentissage, une phrase resterait longtemps dans les mémoires et lui vaudrait plus tard le surnom de « Nini Dodo ». En effet, alors qu’elle s’épanouissait depuis peu dans le monde du langage, cette petite fille exprimait son réveil par la phrase « Papa, nini dodo. » comprenez ici : « Papa, j’ai fini de faire dodo. ».

Un jour, alors qu’Eloé vivait une journée normale d’écolière, elle dû faire face à une attaque inattendue d’affreux monstres joufflus. Elle se trouva démunie, non préparée à cette attaque, et ce n’est que grâce à l’épuisement des monstres qu’elle s’en sortie. Très vite, elle se rendit compte que cette attaque n’était pas isolée et elle en subit de plus en plus. Elle se sentait submergée et impuissante face à ces violents combats et pensait qu’elle était condamnée à les subir toute sa vie. Mais petit à petit, elle se rendit compte que ces créatures abjectes étaient vulnérables face au poids des mots. En effet, elles se trouvaient impuissantes et contraintes de battre en retraite face à la puissance des mots et des phrases. C’est ainsi qu’Eloé se découvrit un goût prononcé pour l’écriture. Elle avait pris l’habitude d’écrire différents textes dans le contexte scolaire, mais à cette période, elle se rendit compte du pouvoir de ces écrits dans un contexte plus personnel. L’écriture devint donc son arme la plus précieuse. Elle lui permettait de combattre les monstres et de limiter leurs apparitions, car il eût été vain d’espérer les éradiquer totalement.

En parallèle de cette découverte de l’écriture personnelle, Eloé se rendit compte de la limite de son expressivité alors qu’elle ne parlait que le français. Elle avait évidemment appris l’existence d’autres langues au cours de sa scolarité, notamment de l’anglais lors de son entrée au cours préparatoire. Cependant, elle n’avait jusqu’alors pas mesuré l’intérêt et le plaisir que pouvait procurer la possibilité de parler plusieurs langues. Grâce au goût du voyage de ses parents, elle put découvrir de nouveaux horizons et leurs langages associés.

Le multilinguisme entra également dans sa vie par l’intermédiaire de deux de ses tantes. L’une était arrivée chez ses grands-parents durant son enfance et ne parlait pas un mot de français. Elle avait fui son pays et avait trouvé refuge dans cette famille. L’autre avait rencontré un des oncles d’Eloé durant ses études. Notre jeune protagoniste l’entendait régulièrement parler une autre langue lors de ses échanges téléphoniques avec sa famille. Ce bain de langues étrangères lui offrit une certaine facilité à jongler avec les mots et les langues. En découvrant ces nombreuses langues, elle apprit l’existence de mots permettant de désigner des phénomènes sans nom en français. Ce fut le cas du mot suédois « mangata » qui désigne le reflet de la lune sur l’océan, ou encore du mot islandais « Gluggaveður » qui désigne un temps appréciable à regarder de sa fenêtre mais désagréable lorsqu’on le subit à l’extérieur. Cette possibilité de mettre des mots sur des choses qu’elle ne pouvait alors que décrire lui parut formidable et elle se prit de passion pour leur découverte.

C’est de cette passion que naquit un jour sa nouvelle quête. Elle avait relevé de nombreux défis au cours des premières années de son existence. On lui avait appris la parole, la lecture et l’écriture. Elle avait trouvé comment combattre les monstres et limiter leurs attaques. Elle s’était également épanouie parmi les nombreuses langues existantes. Elle possédait toutes ces connaissances et ne rêvait que de les partager. Elle se tourna donc vers le métier magnifique et indispensable de professeure des écoles. Alors qu’elle cherchait par quels moyens accéder à ce métier, apparu sur son chemin la possibilité de le faire dans une langue dont elle ne connaissait aucun mot. Elle saisit cette occasion de réunir deux choses qu’elle appréciait et débuta sa nouvelle quête.

Après un an passé dans ce voyage vers l’avenir, elle avait la certitude de se trouver à la bonne place et que cette aventure la mènerait loin. Mais cela, ce n’était que le début d’une nouvelle histoire…

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