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IL ÉTAIT UNE FOIS TESS

La jeune fille au pays du langage

Il était une fois une petite fille ( qui n’avait d’ailleurs jamais été si petite que cela par la taille ) qui aimait beaucoup écrire et croiser les mots pour dire ce qu’elle ressentait. Une princesse, enfin … c’était le titre qu’elle aurait voulu avoir toute petite aux yeux de tout le monde mais c’était une appellation qui ne lui était donnée que par ses parents et grands-parents, sans doute parce qu’elle était la plus jeune de la famille. Elle tenait son prénom d’un tragique roman que peu de personnes de son époque connaissaient, mis à part quelques personnes appartenant à la génération de ses parents ( le roi et la reine à ses yeux ) qui leur témoignaient leur goût ou dégoût pour ce livre de Thomas Hardy édité il y a de cela fort fort longtemps, au XX siècle et qui avait été à l’origine de fortes polémiques ! Souvent cette petite fille songeait au prénom qu’elle aurait aimé porter si le choix lui avait été donné. Elle se serait appelée Rosalie, du même prénom que son arrière grand-mère. « C’était une femme si gentille, drôle et travailleuse », lui répétait sans cesse sa mère. Mais hélas, Rosalie avait un terrible défaut et était vue comme une menteuse ou plutôt comme une femme avec une tendance à la fabulation ! Tout comme Jeanne d’Arc, cette pauvre femme n’avait pas été écoutée ni comprise mais heureusement elle n’avait pas subi le même sort! A l’époque il était difficile d’avoir une imagination trop débordante. Tout ce qu’on pouvait raconter ou inventer pour égayer un quotidien de labeur n’était pas dans la norme et était condamné. Cela avait malheureusement été le cas pour Rosalie qui avait souffert du manque d’inventivité et de rêves de son entourage. Son arrière petite fille pensait en réalité tout le contraire et aurait tant aimé connaître cette femme à la créativité et à l’imagination si débordante. Elle s’était d’ailleurs jurée que si un jour elle rencontrait le prince de sa vie avec qui elle aurait beaucoup d’enfants, tout comme certaines princesses qu’elle admirait, l’un d’entre eux porterait ce joli prénom… Rosalie.

Très jeune, cette princesse montra un intérêt pour une période de l’Histoire qui lui tenait à cœur : la seconde guerre mondiale. Une terrible époque du siècle dernier qui avait vu le jour à cause d’un horrible sorcier démoniaque à l’origine du massacre de millions de personnes ! Le grand-père de la jeune fille qui était adolescent à cette époque lui avait raconté à quel point ce fût dur d’accepter un quotidien auprès de l’envahisseur allemand… Il lui avait conté de nombreuses histoires terrifiantes qui avaient laissé très souvent la petite fille sans voix, béate d’admiration devant les aventures de son aïeul. Tout cela allait l’inspirer par la suite.

Un beau jour de printemps, alors qu’elle se trouvait dans une somptueuse bâtisse  qui ressemblait de loin à un château mais de près à une « école », un grand  monsieur, surnommé le géant, lui donna comme consigne d’écrire une histoire  sur  le thème qu’elle voulait. Elle avait l’habitude dans sa chambre de princesse  de raconter à son journal magique toutes ses folles et douloureuses aventures. A  cette époque, ses carnets étaient remplis de fautes d’orthographe, mais la  princesse, elle, préférait parler « d’erreurs orthographiques » ou «  d’apprentissage orthographique ». Pour elle ce n’était pas grave d’écrire des  lignes et des lignes avec des fautes, le tout étant de rédiger une histoire qu’elle pouvait relire tous les soirs avec la conviction qu’à son jeune âge «  tous les mots s’écrivent comme ils se prononcent ». C’est cette insouciance que l’on a enfant qui fait toute la beauté de l’apprentissage d’une langue et qui permet pourquoi pas de progresser… Plus tard lorsqu’elle retrouverait son vieux carnet magique rempli de poussière sous son lit, il lui arriverait de sourire comme si sous ses yeux se trouvait l’une des septième merveilles du monde et surtout de se dire que l’école et les apprentissages lui avaient permis en effet de progresser dans bien des domaines ! Revenons à cette histoire à écrire…. L’appropriation de cet exercice d’écriture donné par le « géant » ne lui avait donc pas paru difficile et dans son récit, elle avait voulu rendre hommage à tous ces Hommes et Femmes, héros de cette guerre à l’origine de la transmission du devoir de mémoire ( tout comme son vieux père-grand ). Ce carnet, elle l’avait écrit en s’inspirant aussi de plusieurs livres qu’elle avait lus et adorés et qui lui avaient donné l’envie de comprendre cette sombre partie de l’Histoire. Elle avait notamment lu avec passion les biographies de deux admirables princesses de ces temps obscurs… Celles de Simone et Anne.

 

Cet exercice de rédaction lui avait pris du temps mais du résultat, elle en était fière ! Elle avait présenté ce carnet d’écriture à l’oral par une belle matinée ensoleillée du mois de juin, dans une grande salle austère, à deux dames un peu austères aussi, assises en face d’elle. Elle se souvenait comme si c’était hier de sa prestation qui avait contribué au décrochage d’un des plus grands trésors à ses yeux, son premier diplôme ! À cet oral comme pour tous les autres qui suivraient, elle n’avait pas hésité à doublement parler avec sa langue préférée : la gestuelle. Cette gestuelle lui venait très probablement de ce maître, ce géant qui lui avait donné les clés d’un coffre secret contenant tous les codes et la magie pour parvenir à être à l’aise à l’oral. En effet, ce maître des mots n’hésitait pas à conter des histoires avec de grands mouvements comme si pour chacun d’entre eux, il avait l’intention de décrocher les nuages et d’atteindre le monde des merveilles. C’était un maître qui laissait beaucoup de place aux prestations orales ou encore au théâtre, peut être trop de place au goût de certains camarades de la jeune fille mais cette dernière n’était décidément pas du même avis. Pour elle, c’était une chance de pouvoir s’exercer à l’oral et c’était une certitude que grâce aux conseils que lui avait donné ce géant elle avait réussi à ouvrir un petit trésor rempli de magie qui avait probablement aidé à la réussite de sa prestation orale.

Et puis cette jeune fille avait grandi et les prestations orales étaient devenues de plus en plus rares, noyées dans la masse des apprentissages classiques et souvent trop routiniers… à son plus grand regret. Mais ce n’était pas si grave, d’autres styles et formes de langage s’ouvraient à elle afin de pouvoir parcourir et pourquoi pas conquérir tous les royaumes du monde. En plus de l’espagnol, une langue que cette jeune demoiselle appréciait grandement, ayant été charmée par le pays et sa culture, elle avait décidé de se concentrer sur ses origines : le breton.

Cette langue qui l’avait tant intriguée et dont elle n’aimait pas la tonalité l’avait finalement comblée. Elle était ravie d’y trouver autant de richesses. Elle tenait cette envie et cette motivation de ses grand-parents qui parlaient le breton depuis qu’ils étaient petits et à qui trop de vilaines personnes avaient essayé de leur faire comprendre que cette langue maternelle était inutile dans le monde qui arrivait. Elle aurait tant aimé pouvoir parler davantage avec eux mais elle savait que de toute façon en apprenant cette langue elle continuerait à se sentir proche d’eux même après leur départ. Elle était donc prête à redoubler d’efforts afin de pouvoir maîtriser parfaitement la langue et de pouvoir plus tard l’enseigner tout comme le géant qui lui avait tant appris sur le français. Pourtant cette jeune fille avait encore un peu d’appréhension et avait très peur de ne pas avoir le niveau pour réaliser son rêve… l’enseigner à de plus jeunes.

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Illustration de Korrigan

Il lui fallait donc encore beaucoup travailler ou bien alors faire la rencontre d’une bonne fée qui l’aiderait à réaliser son rêve. Et ce fut le cas… Un jour de septembre pluvieux, alors qu’elle commençait tout juste son apprentissage, elle rencontra un korrigan qui lui donna de nombreux conseils afin d’améliorer son accent qui était à cette époque très très loin d’être correct. La jeune fille se mis alors à travailler davantage sa prononciation afin de se faire mieux comprendre auprès de toutes les créatures celtiques qui l’entouraient et la guidaient.

Mais avant de devenir parfaitement bilingue, tant d’autres aventures attendaient cette princesse, de belles aventures et parfois des moins belles.

Depuis qu’elle était née, cette jeune fille pensait avoir vécu une vie digne d’un conte  de fée jusqu’à ce jour où toute la magie qui l’entourait avait disparu. C’était  pourtant  un beau jour d’été où comme chaque matin la jeune fille se réveillait dans son beau royaume. Mais elle  sentait que ce matin-là quelque chose d’inhabituel se passait. Ce fût comme une éclipse, comme lorsque la lune et  le soleil réussissent enfin à se réunir et vivre au grand jour leur amour impossible mais attention cette rencontre  forme aussi un duo insoutenable et dangereux pour l’œil nu. Une douleur insoutenable avait envahi le corps de la  jeune fille. Ce ne fût pas la rencontre de la lune et du soleil mais la rencontre entre son corps et le monstre le plus  démoniaque qui puisse exister, la maladie. Cette jeune princesse passa alors, ce qui lui paru une éternité, dans un  lieu regorgeant de sombres couloirs qui paraissaient tous aussi interminables les uns que les autres. Plus rien ne  lui  donnait envie… ni même parler, cela était devenu quelque chose de trop difficile. Elle se sentait condamnée  tout comme son amie, la princesse Aurore, à devoir rester allongée et peut-être à devoir attendre qu’un  prince charmant vienne la délivrer de cet horrible sort que lui avait lancé la vie. Ne pouvant plus parler et   afin de ne jamais oublier ce petit chapitre de sa grande et longue vie qui allait suivre, la jeune fille se mit à écrire tout ce qu’elle ressentait comme dans la période de sa vie d’enfant où elle avait l’habitude de se raconter dans son journal magique. Écrire était devenu une activité plus facile au cours du temps car elle avait eu l’habitude de le faire dans sa toute nouvelle école où elle avait fait la rencontre d’un autre géant qui lui avait permis de s’exercer dans l’art de l’écriture et qui lui avait redonné confiance dans la réalisation de diverses productions. Chacune d’entre elles était valorisée par ce maître de l’écriture qui les publiait sans censure dans ce royaume qui s’intitulait « Ardoisière ».

À la sortie des couloirs interminables de la maladie, la jeune fille fit la rencontre d’une fée qui lui promit que dorénavant les paysages qui l’accompagneraient dans toutes ses aventures seraient tous bien plus beaux qu’auparavant et la vie bien plus fantastique … Et cette fée, elle ne lui avait pas menti.

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