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LA BOÎTE A SOUVENIRS DE CHARLIE GORDON

N’ayant plus de nouvelles depuis plusieurs jours, Alice, l’amie de Charlie, se rend à son appartement, inquiète. En y entrant, elle le découvre vide. Charlie n’a rien laissé derrière lui à l’exception d’une boîte cachée sous son lit. Elle y découvre divers objets qu’elle reconnaît comme étant ceux de Charlie…

Elle en sort d’abord une souris en peluche. Un sourire s’étire doucement sur ses lèvres au souvenir d’Algernon, cette petite souris, fidèle amie de Charlie. Cobaye du Professeur Nemur, Algernon a elle-même subit l’opération avant Charlie et a vu son intelligence se décupler incroyablement. Elle se souvient de cette peluche qu’il avait donnée à Algernon pour lui tenir compagnie. Celle-ci n’y avait à peine prêté attention. Alice a toujours trouvé étonnante la relation entre Charlie et Algernon. C’est comme s’ils se comprenaient l’un l’autre. Ils étaient tous les deux uniques, seuls dans leur monde. Charlie avait trouvé en cette souris exceptionnelle une amie, un être similaire à lui. Elle avait comme lui subit cette opération. Elle aussi avait été le cobaye du Professeur Nemur, sa création. Il lui a sauvé la vie en la libérant de ce laboratoire et elle a sauvé la sienne par sa présence auprès de Charlie, autant de temps qu’elle a pu.

Elle reconnaît également les partitions de Charlie. En fermant les yeux, Alice peut encore l’entendre jouer merveilleusement quelques minutes seulement après avoir découvert cette musique. Elle adorait l’écouter jouer. Elle se souvient du Charlie d’avant qui ne voyait pas d’intérêt à la musique, qui trouvait cela ennuyeux d’en écouter. Son impensable évolution avait été si surprenante. Comme si c’étaient deux personnes complètement différentes. Mais cette partition lui rappelle malheureusement également le moment où elle a commencé à se rendre compte de sa régression. Quand Charlie se trompait dans les notes, qu’il mettait plus de temps à lire une partition ou qu’il s’énervait parce qu’il n’était pas en rythme. Elle se souvient encore de sa colère quand il en a déchiré certaines en les jetant au sol. Jamais elle ne l’avait vu ainsi. Il se rendait compte qu’il commençait à régresser.

Elle fut intriguée par deux rouleaux de vieux papiers. Elle les déplia, un par un. C’était des lettres. Charlie écrivait-il des lettres à quelqu’un ? Pas vraiment… Elle en lut le contenu et découvrit, avec horreur, à quel point Charlie avait pu être tourmenté. Elle comprit enfin ce qui avait pu le changer de la sorte, comment l’expérience l’avait changé… Elle découvrit que dans Charlie, il n’y en avait pas un, non, mais deux Charlie : l’ancien Charlie, celui d’avant l’expérience, et le nouveau Charlie, celui d’après l’expérience. Alice fut bouleversée de voir que Charlie regrettait d’avoir fait l’expérience et qu’il aurait préféré rester “bête” toute sa vie. Une, deux, puis trois…Des larmes commencèrent à dévaler sur ses joues. Elle s’en voulait, elle aurait dû être présente pour lui lorsqu’il en avait eu besoin. Elle regrettait et voulait le sauver si ce n’était pas déjà trop tard…

En retirant certains objets de la boîte, Alice entendit quelque chose de lourd tomber au fond de celle-ci. Quelque chose en acier… Elle écarquilla les yeux. Elle reconnut le fer à cheval porte-bonheur de Charlie. Celui qui l’avait accompagné juste avant son opération. C’était son porte-bonheur, elle le savait. Ce fer à cheval l’avait accompagné tout au long de vie, avant comme après l’expérience. Elle fut même étonnée qu’il ne l’ait pas emmené avec lui. Elle eut envie de le prendre, peut-être que ce fer à cheval lui porterait bonheur…

Alice sortit de la boîte des disques. Elle fut d’abord étonnée, elle savait que Charlie jouait du piano mais elle ne souvenait pas que Charlie écoutait de la musique, puis elle se souvint. Elle se souvint qu’une fois, alors qu’elle était venue rendre visite à Charlie, elle avait croisé un voisin et lui avait demandé où se trouvait l’appartement de Charlie Gordon. Le voisin, Mr Vernor, de l’appartement du dessous, lui avait expliqué qu’il s’était plaint des nuisances sonores de Charlie, qu’il mettait la musique trop forte. En arrivant chez Charlie, elle avait découvert l’appartement sens dessus dessous. Elle y avait trouvé des livres et des partitions déchirées, un électrophone démoli et des CD cassés en mille morceaux…

Sous tous ces objets, la jeune femme reconnut une image familière et un sourire s’étira sur ses lèvres. Ce magazine elle le connaissait, elle en avait un exemplaire dans sa table de chevet. C’était le magazine SCIENCES 2.0, celui qui avait interviewé Charlie avant et après son opération. En l’ouvrant elle découvrit les premières pages arrachées. C’était l’article sur le professeur Nemur et sa découverte : l’opération qui rend les gens intelligents. Elle se souvint que Charlie avait détesté cet article. Le professeur parlait de lui comme d’un animal de laboratoire, comme un être qu’il aurait créé, comme s’il n’existait pas avant l’intervention de Nemur. Cependant, il était très satisfait de l’article que le magazine avait fait sur lui. Il le lisait et le relisait sans arrêt. Il appréciait qu’ils n’aient pas changé ses réponses et il était content du message qu’il avait réussi à faire passer par cette interview. Néanmoins, il trouvait plutôt ridicule le test de personnalité “Quel Charlie êtes-vous ?” mais Alice trouvait cela amusant.

Sous le magazine, Alice trouva deux dessins. Ils représentaient les dessins préférés de Charlie qui faisaient partie du test de Rorschach. Elle se souvint le jour où Charlie avait passé pour la première fois le test, il l’appelait le « test de ro choc », cela amusait Alice. Il était tellement heureux à cet instant, il avait eu l’impression de réussir une épreuve très difficile pour tout le monde. Puis elle se rappela la troisième fois qu’il le passa. A son retour, il était très en colère. Lui qui, auparavant connaissait toutes les réponses à ce test, il les avait toutes oubliées. Il se sentait bête, et avait honte de lui.

Dans la boîte se trouvait aussi un magnétophone. En effet, Charlie devait enregistrer tous ses souvenirs dessus afin de voir que son intelligence se décuplait. Alice commença à écouter un enregistrement. C’était celui du 4 mars, le jour où Charlie avait passé pour la première fois le test de Rorschach. Elle ne se souvenait plus du Charlie d’avant. Au son de sa voix, quelques larmes coulèrent en rappel des souvenirs.

Elle reconnut également le carnet que Charlie emmenait partout avec lui. Elle le voyait gribouiller dedans sans cesse mais il ne voulait jamais lui montrer ses dessins. Sa curiosité fut trop forte, Alice ouvrit le carnet. Plus elle tournait les pages, plus son cœur se serrait. Ces dessins reflétaient parfaitement l’évolution de Charlie. Les premiers étaient plutôt brouillons, enfantins, puis ils se précisaient. Le cœur d’Alice s’arrêta quand elle découvrit son portrait. Charlie l’avait dessiné, quand il était au plus haut de ses capacités. Elle fut profondément émue de voir toute l’affection de Charlie transparaître par ce dessin. Il s’était appliqué, cela se voyait. Alice aurait voulu garder ce dessin auprès d’elle, mais elle n’osa pas déchirer la feuille. Elle continua tout de même à tourner les pages et compris enfin où Charlie était. Ces dessins régressaient de nouveau. On voyait la colère de Charlie par des pages arrachées, des dessins effacés ou barrés. Mais c’est le dessin de l’asile Warren dessiné par Charlie qui la mit sur la voie. Elle comprit que Charlie y était retourné. Alice ne put empêcher ses larmes de couler. L’ancien Charlie avait définitivement refait surface et il n’y avait plus de place pour elle dans sa vie désormais. 

Louise, Mathilde et Fantine

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