« Aujourd’hui nous sommes deux,
nous essayons chacun de trouver réconfort chez l’autre,
mais malheureusement tout ce qui reste en nous,
ce par quoi nous sommes habités, n’est que vide. »
Le mardi 22 novembre, nous nous sommes rendus à Landerneau afin d’y découvrir l’exposition Ernest Pignon-Ernest. Il y avait différentes œuvres qui traitaient différents sujets. Lorsque je suis passée devant l’œuvre « Expulsés », j’ai entendu le message de détresse, l’appel à l’aide, le besoin de se confier de ceux qui vivent l’enfer tous les jours …
Pourquoi devons-nous rester face à nos habitats détruits, insalubres? Pourquoi regardons-nous ce spectacle, ces démolitions que personne ne comprend à part ceux qui les vivent? Pourquoi la vie nous amène-t-elle ainsi à devenir des sans-abris ? Pourquoi devons-nous quitter ce foyer dans lequel nous avons traversé, vécu tant d’époques, tant de souvenirs ? Pourquoi les politiques mises en place par la politique foncière qui DOIT nous permettre de rénover notre habitat, nous conduisent-elles à l’expulsion ? Pourquoi devons-nous quitter cette vie, ces bâtiments qui sont devant nous, certes délabrés par l’usure du temps, pour nous retrouver à la rue dans un habitat plus que précaire, sans toit, sans mur pour vivre les agressions quotidiennes comme le froid, la pollution, le bruit, les personnes inciviles ? Voyez-vous la misère dans laquelle nous vivons, une misère sans fin, une misère à laquelle nous n’arriverons jamais à échapper ? Voyez-vous comment les passants nous regardent, avec dégoût pour certains et pitié pour d’autres ? Voyez-vous les bêtes de cirque que nous sommes devenus ? Voyez-vous que les seuls souvenirs, objets qui nous restent sont seulement quelques photos que nous avons réussi à récupérer, à nous accrocher au moment de notre expulsion ? Voyez-vous la misère dans laquelle nous vivons chaque jour ? Aujourd’hui à quoi bon vivre dans une démocratie si cette dernière ne vient pas en aide à ses citoyens, expulsés de leur habitat ?
Tant de questions auxquelles nous n’avons pas de réponses, et qui nous font vivre chaque jour un enfer, devant les yeux de tous. Leurs yeux nous rappellent combien nous sommes malheureux, seuls face à cette situation. Ceux qui nous regardent avec pitié, n’osent même pas venir nous parler, nous sommes réellement seuls. Personne ne nous proposera jamais d’hospice, car nous venons de ces quartiers qui souffrent de cette nouvelle politique, et se faire expulser de son habitat est vu comme quelque chose de négatif par notre société. Nous n’osons même pas nous révolter car qui aidera des gens comme nous, à la rue ? Aujourd’hui nous sommes deux, nous essayons chacun de trouver réconfort chez l’autre, mais malheureusement tout ce qui reste en nous, ce par quoi nous sommes habités n’est que vide. Nous n’avons plus la force de nous battre contre cette vie démunie de sens…
