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MAIL DE SALVATORE AU PETIT GARÇON DE LA FEMME DU V.

De : Commandant Salvatore Piracci 
A : Enfant de la femme du Victoria  
CC : La femme du Victoria  
Objet : Tu as tout changé  

 

Bonsoir jeune homme, 

Je t’envoie ce mail depuis une place que je trouve trop bruyante, où je réussis à me fondre dans la masse et à être dans mes pensées sereinement. Je viens de faire la rencontre d’un jeune homme qui m’a donné un certain collier en perles vertes. Il appartenait à son frère qui, lui, est resté dans son propre pays. J’aurais aimé pouvoir te le donner ce collier. Si j’avais pu…  

Tu dois sûrement te demander qui je suis ha ha. Pour tout te dire, nous ne nous sommes jamais vus, malheureusement je ne t’ai pas retrouvé et sauvé à temps. C’est la rencontre avec ta maman deux ans après ton décès qui m’a replongé dans ton histoire et ton horrible disparition.  

Ta maman est venue me voir pour m’expliquer votre voyage pour vous enfuir de votre pays et la tragédie de ce voyage. En effet je me souvenais parfaitement de ce soir-là, et du sauvetage de ta maman, et je me souvenais également de l’avoir vu seule sans toi… elle m’a tout expliqué de ce voyage et j’en suis désolé.  

Ta maman t’aime énormément et tu es sa raison de se réveiller chaque matin, sache-le. Elle est prête à risquer sa vie et sa liberté pour te venger. Elle veut retrouver celui qui est coupable de ton décès car selon elle ce voyage avait un but politique et donc ta disparition serait une simple machination. Elle m’a demandé une arme… Je suis aussi désolé pour cela mais je lui ai donné mon arme, puis elle est repartie, avec une rage si grande que rien ni personne ne l’aurait arrêté. Tu es décédé cela ne sert à rien selon elle de vivre sans rien faire, tu étais la seule chose qui comptait pour elle et tu n’étais plus là. Malheureusement la vengeance a été trop forte, et elle en est décédée… Je suis terriblement désolé mon petit pour ma décision de lui donner cette arme. Ta maman est morte en te vengeant. Et j’en suis désolé  

 

Suite à la visite de ta maman j’ai repassé une autre nuit en pleine mer folle et agitée pour tenter de sauver encore 5 barques. Malheureusement nous n’avons pas pu sauver les 5, ils nous en manquait 3. Un homme m’a demandé de la cacher et de le sauver. Après un temps de réflexion, j’ai refusé cette demande au moment, où j’ai voulu accepter c’était trop tard. C’est pour moi la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ai décidé de quitter cette vie et de ne plus détruire des vies en les sauvant. Après avoir frappé un homme, l’armée m’a convoqué, cependant j’ai décidé de ne pas y aller. C’était fin,i je ne voulais plus faire partie de cela. J’ai donc dit adieux à mon copain Angelo et j’ai fait mes bagages et je suis parti moi-même comme un émigré seul avec mon sac à dos en pleine nuit. Je décide de partir vers le Sud-Ouest, vers la Lybie.  

 

Depuis ce jour ma vie fut un désastre. Un certain temps après avoir quitté Catane, je me suis retrouvé chez la police de Al-Zuwarah qui m’interrogeait comme un sans-papiers, ce que j’étais puisque j’avais jeté tous mes papiers. Après leur avoir dit que j’étais un marin, ils m’ont obligé à travailler avec une femme, assez laide, en tant que passeur. A vrai dire je n’avais pas vraiment le choix, donc j’ai dû aller à Ghardaïa pour faire ce que je devais faire…  

Malheureusement ce voyage pour aller à Ghardaïa n’était pas de tout repos. Oui, un voyage coûte cher et je n’avais pas assez alors je me suis retrouvé au milieu d’un hameau qui racontait la légende des migrants, comme toi, comme moi, comme ta maman… Après m’être retrouvé dans ce hameau, plus rien ne me tenait en vie. J’ai voulu partir te rejoindre, rejoindre ta maman, là haut dans les étoiles, là où nous pouvons être heureux de vivre, là où nous avons envie de vivre. Une personne ayant pris peur, elle m’a en fait sauvé. Les hommes de ces hameaux m’ont finalement déposé à destination. Là où je suis en t’écrivant. Et que je viens de rencontrer cet homme.  

 

Alors maintenant je te le dis, c’est fini pour moi, ma quête de mon Eldorado, de l’endroit où je serais mieux que là où je suis aujourd’hui. Car en réalité je n’en ai pas vraiment, j’ai tout quitté pour sa recherche sans le trouver. Mais je vais faire quelque chose d’utile pour le restant de ma vie. Oui ! Je veux encourager les émigrants comme ta maman, comme toi, comme l’homme à qui j’ai refusé de sauver sa vie. C’est décidé je vais partir de ville en ville pour défendre votre cause.  

Je suis désolé pour toi et pour ta maman et je veux vous défendre c’est ma façon de vous rendre hommage. 

 

Adieu, petit bonhomme. 

Salvatore Piracci 

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