Le Mythe de Dibutades

Le mythe

Pour de nombreuses personnes, le mythe de Dibutades est l’histoire d’une jeune Corinthienne qui, attristée par le départ de son amant (pour un long voyage ou, selon les versions plus tardives et dramatiques du mythe, pour la guerre), en aurait tracé le profil contre un mur, suivant le contour de son ombre projetée. C’est dans ce geste, qui cherche à retenir l’être aimé, à en garder une trace, que serait ainsi née la première forme de représentation. Mais lorsque l’on relit le texte de Pline dans l’Histoire naturelle publiée vers 77, le nom de Dibutades n’est cité à aucun instant. En effet, Pline raconte l’histoire du potier Butadès de Sicyone (et non pas Vincent) qui mit en relief avec de l’argile le portrait de l’amant de sa fille réalisé par cette dernière.

Pline (23 – 79) – Histoire naturelle, Livre XXXV, § 151 et 152 :

Fingere ex argilla similitudines Butades Sicyonius figulus primus invenit Corinthi filiae opera, quae capta amore iuvenis, abeunte illo peregre,umbram ex facie eius ad lucernam in pariete lineis circumscripsit,quibus pater eius inpressa argilla typum fecit et cum ceteris fictilibus induratum igni proposuit.

La traduction : « inventa, à Corinthe, l’art de faire des portraits avec cette même terre dont il se servait, grâce toutefois à sa fille : celle-ci, amoureuse d’un jeune homme qui partait pour un lointain voyage, renferma dans des lignes l’ombre de son visage projeté sur une muraille par la lumière d’une lampe ; le père appliqua de l’argile sur ce trait, et en fit un modèle qu’il mit au feu avec ses autres poteries. »

( Aux futurs Terminales qui auront peut-être ce texte à traduire ,on vous voit ;) )

Joseph Benoit, Invention of art of drawing (1793)

Donc point de Dibutades, dont la nomination Dibutades pourrait être due à la déformation de l’expression « figlia di Butades » (fille de Butadès), mais « fille de Butadès » à qui l’on devrait l’invention du bas-relief réalisé à partir du profil que sa fille avait tracé au mur. Ainsi, ce mythe serait à l’origine de l’art plastique (sculpture) comme l’énonce Pline : « Contexuisse his et plasticen conveniat ». Malgré les efforts déployés par les auteurs anciens pour minimiser le rôle de la fille du potier, l’ingéniosité de cette jeune Corinthienne anonyme s’est avérée riche, car sans ce portait, son père ne serait pas à l’origine de l’invention du bas-relief. Donc la « fille de Butadès » joue également un rôle important dans l’histoire de l’art. En effet, en traçant l’ombre de son amant, qui ne devait être qu’une trace, qu’un souvenir, elle, ainsi que son père, ont réussi à transformer cette trace, qui est impossible à obtenir, à garder, en quelque chose de bien réel.

Marine

Ouverture contemporaine : l’ombre dans l’art, Kumi Yamashita 

Kumi Yamashita est née en 1968 au japon, elle a étudié au Cornish College of the ARTS, Glasgow School of Art en Écosse et vit maintenant à New York. Elle a reçu plusieurs prix comme le prix spécial du mérite, WAH center de New York City en 2014 ou encore le deuxième prix de reconnaissance spécial du Kirin Art Award au Japon.

Comme dans le mythe de Dibutades, on trouve d’une part le jeu de lumière et d’une autre la sculpture. Mais Kumi Yamashita utilise la sculpture pour faire l’ombre, là où Dibutades et son père font l’inverse et partent de l’ombre pour faire une sculpture.

Dans son travail, les ombres représentent souvent des portraits réalistes. Elle utilise tout type de matériaux pour créer les ombres : des pièces de plastiques, objets du quotidien, mais aussi du bois qu’elle sculpte etc. Elle explique que tout son travail réside dans « l’alliance du matériel (les objets) et l’immatériel (la lumière) », elle travaille les ombres et les lumières et n’utilise toujours qu’une seule source de lumière.

Claudia

Artiste en rapport avec le mythe de Dibutade : Judi Tavill

Judi Tavill est une sculptrice qui a fait de sa passion son métier. Elle est née en 1968 à Baltimore. En 1990, elle obtient son Baccalauréat en design de mode de l’université de Washington Saint-Louis. Mais elle a quitté sa carrière dans la mode pour se consacrer à ses intérêts artistiques en 2002 et, après avoir exploré plusieurs matériaux, elle a trouvé l’argile en 2003. Judi s’est lancée dans la céramique en commençant par suivre des cours et en participant à une grande variété d’écoles d’artisanat intensives au cours des années suivantes. Enfin, elle est retournée à l’université pour travailler la sculpture avec la céramique, le dessin et d’autres techniques en tant que candidate à un certificat d’études supérieures post-baccalauréat en tant qu’étudiante virtuelle à l’Université de Massachusetts-Dartmouth, terminant son travail d’études supérieures au printemps 2021.

Dans le mythe de Dibutade, le père de la jeune fille recrée avec ses mains et l’argile le portrait de l’amant de celle-ci. Cette réalisation était si bien faite qu’on avait l’impression qu’il était là.

Le réalisme de cette œuvre se retrouve dans les travaux de Judi notamment dans la sculpture des coraux. Elle reproduit leurs formes et leurs textures afin de paraître vivant. Ils sont faits de céramique qui est de l’argile cuite. C’est donc le même matériau utilisé dans les deux sculptures.

Vincent

Petite interprétation du mythe by Violette

Bon voici un mini-texte explicatif pour comprendre mon interprétation. Le mythe raconte de façon poétique l’invention des arts plastiques, il met notamment en jeu le dessin (les contours de l’ombre) et la sculpture. J’ai voulu représenter ces deux pratiques : l’ombre de l’amant peinte à gauche par la fille de Dibutades et elle-même en sculpture. Oui c’est pour ça qu’elle est toute grise (non, non ce n’est pas de la flemme, enfin un petit peu).

Violette

 

 

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