Les dormeurs du val

Parodiez, pastichez, il en restera toujours quelque chose

ÉLÈVE
Qui partit un matin, prit un cours, un TP, un amphi, puis au soir dans sa maison trima, rima, copia, apprit, apprit, apprit ? Au matin, crayon dans sa main, compas dans son sac, partit au cours faisant un tour. Subissant un instit, un pion, disant « non » au prof mais disant « oui » du fond du boyau, durant un jour, trois jours, durant trois mois, trois ans, six ans… ? Un cours appris, un TP, un crayon mordu, un bouquin, un tour, trois tours, six tours… Pour un corpus qu’on croit sûr, pour un bachot futur, ou – qui sait – pour un doctorat…

SOT
Il pleure, le vilain et, larme ravalée, apprend par quelque pair qu’il y a peu à prendre dans la belle ânerie qu’il affirme-z-en vain. « Naze ! Débile, peigne-cul, gland, bulbe en flan ! Va, pleure à pierre fendre, pleuvine quelque fine larme ! Râle : pareille au pied, l’âme en ce crâne bruine. »

PROF
Vu d’en haut, c’est un élément d’une multitude sans égale. A la télé, c’est un élément d’une masse qui bat la semelle, qui stigmatise les manques du budget. Dans l’imaginé de l’élève, c’est un individu d’âge avancé, bien qu’il débute dès vingt-cinq ans. Absentéisme, vacances : il n’est – semble-t-il – jamais usé à la tâche, mais il est de ces aînés et aînées d’instits qui n’avancent qu’au Valium. Il en est d’imbus d’eux-mêmes, limités à la salle de classe et au tableau. Mais il y en a de géniaux en maths, en sciences nat’, langues vivantes (ah ! le catalan, l’anglais, l’allemand, le malgache, le suisse, l’alsacien, le swahili !), et même en gymnastique, dessin, musique. Tu l’aimes, tu le hais : il est là chaque matin, il te mène au bac, et salut !

OS
Particulièrement apprécié de la gent canine, il participe, en grande quantité, de l’architecture interne que l’être humain partage avec une partie du règne animal. Éclectique, chacun a une apparence particulière, chacun peut être utile : un barbare à la chevelure jaune recueillerait du vin avec celui-ci parfaitement creux, un autre, plat, aura pu être gravé par un ancêtre néandertalien. Quand il lui arrive d’apparaître à l’extérieur, ça craque, ça fait mal et là, il y a urgence. D’aucun en fait de vieux quand un autre n’a d’emballage que de la peau et peu de chair. Le médecin (quelle engeance !) y entend « déglutir le médicament » quand il le précède de « per ». Un événement délicat peut en cacher un.

POU
De la famille des insectes et mal aimé des familles. Référence vivante de l’antithèse : sa descendance est dite lente, et malgré cela si vive à s’étendre de tête en tête. Jadis, le barbier et le vinaigre s’alliaient et le chassaient. Maintenant, ensemble les enfants : « Merci Marie-Meilland ! » Mais il est laid ! Redit, il était cycliste avec Anktil.

CHAS
Tout petit, tout fin, voie obligée du fil de toute teinte, de toute nature, lieu de dénouement d’une légende biblique pour qui détient trop de pèze.

BONJOUR
Clamé, amical, factice, affecté, agacé… mais exigé. Il est empli de capacités et acclame même les dégâts. Évitez-le ? pas chiche, c’est mal admis ! Émis à la tête des @-mails, il est, de fait, le lipide civil.

CON
Vaste affaire que d’essayer d’expliquer la bêtise et la stupidité. Au travail, il se remarque plus qu’ailleurs, l’être du style abruti. Fatal, s’effleurer de l’aube à la veillée permet plus qu’ailleurs de repérer le limité. Le préau, paraît-il, est le lieu de leur fleur. Le radiateur les garde au tiède, paisibles. Le tableau (qui est vert) peut les regarder faire les fats, les fiers, les heureux d’eux-mêmes. Le fumeur de pipe de Sète les avait repérés, et disait que le temps faisait pas l’affaire, que si tu y es, tu y es ! A perpète, depuis le début, jusqu’au terme : si tu y es, y’a pas de limite. Pas rassuré par l’exégèse, apeuré, même, après l’explique. Mais il faudra s’y faire : il y a des tarés, des débiles, des bêtes, des stupides, des triples buses, des dadais, et leurs pareils, là et ailleurs, derrière, à dextre, à l’est, au sud, dessus, bref je suis assiégé par eux, tu es assiégé(e) par eux, il (elle) est assiégé(e) par eux, … ad libitum
L’agréable est de se repérer, autres parmi la masse. Ami, tu sais que je suis quelque être de pas pareil. Si tu veux parler, méditer, t’exprimer : je serai là.
Allez, j’arrête là ma diatribe. Le terme juste se fait rare.
Ultime idée : travailler seul : le rêve si tu veux les fuir.

CLOU
Défi : fixer ta paire d’ais, sans visser.
Aisé : prends ta masse, saisis ferme, et frappe à grand entrain : fer assez grand, à tête, traversant. Si bien menée, affaire rapide!

TRAIN
Je veux des LGV. Plus de fuel, plus de fumée, plus de secousses. Plus de secousses ? Bof… Les LGV, peu ou plus : des bus, voyez-vous.

VIS
Quand on comprend que le clou a échoué, que trop de morceaux n’adhèrent, ne collent entre eux, on aura bénef’ à prendre l’objet en cône que l’on fera tourner au moyen du manche adéquat et de l’embout adapté (à fente, ou en forme de « encore », ou même de l’excellent M. Allen). Ça fera mouche, on y prendra goût !

AUTO
Initié ici en X le dix février, le chemin fini en Y le seize février. Six midis, 100 km : bref ! Les 2 CV : rêve de zéphyr, de vie légère.

TÊTE
Suivons-la du caillou poilu (poil long ou pas, brun, blond, gris, roux, mais sans pou si possib’, si nous pouvons) jusqu’au cou : un cil, par là il cligna ; un iris : par là il regarda ; un suçoir doux, un avaloir mou : par là il bâfra puis bâilla ; un croc dur, puis un croc dur puis un croc dur … par là il a mordu ; par ici il inspira : un pif. Puis la raison : pas fou, sans ça, il n’a pas pu.

CHAT
Je suis un félidé de qui l’œil oblong brille
Le félidé si doux pourvu d’une fourrure
Le greffier bien fourré de feu le Georges B.
Le bouffeur de souris, le lorgneur d’oisillons,
Le dormeur qui se joue du bon seigneur d’Eyquem.
Si je suis gris le soir, on me donne neuf vies,
On me donne neuf queues : je m’en fous, j’indiffère !
Je ronronne, félin du foyer, lion rikiki,
Minou de Perse ou Sibérie, ou du Devon, …
Puis si Médor sur moi se rue, je le mords,
Je lui griffe le pif.
Je suis le miôleur fou de vos bonnes soirées.

CHIEN
Bull-dog ou fox, Labrador ou Lassa Apso, Malamut ou bâtard, tu mords !
Tu vas à l’assaut, loyal toutou, loup jaloux.
Loulou gras ou goulu, à l’aloyau, au lard, tu dors trop !
Va à l’affût du matou fuyard, au galop !
Loulou, tu dors ?
Ouaf ! Au pou !
Mordu ?
Bravo !

BAVARD
Copieux, comme une pipelette, longuet,
Il suit les mots, plus impétueux qu’eux ;
Si tu commences « Je… » il finit ton mot ;
Si tu es muet, il t’explique tout ;
Son seul souci ? C’est qu’il chuchote, commente, communique, confie, conseille, conte, émette, explique, glose, signifie.

Il honnit le silence, il loue le tumulte,
Une glossite, une mutité l’inquiète, le silence le tue.

C’est le glossophile : il existe s’il gueule, il est fini, s’il s’est tu.

LOGO
C’est une marque, un repère.
Paraphe de feu aux façades des banques, « Z » parti du sabre du Renard, marque sur un Train rapide, « CB » des cartes de crédit, en-tête aux missives des directeurs, venu d’un sabir ancien, ça cause aux yeux autant qu’au cerveau, c’est décrypté même par un crétin, évidemment …
Ça use des rébus, des dessins. C’est une idée, c’est vite vu et ça indique une identité.
Quatre caractères …
Je serai net : c’est athénien … et ça cause.

MAIN
Dextre broyeuse du colosse, ou douloureuse du collègue que je serre,
Délurée et chercheuse, elle furète, obsédée pour peloter, leste sur le derche ou sur les fesses !
Dextre levée pour voter, pour fesser, pour les soufflets sur le bec,
Dextre douce pour dorloter bébé,
Dextre brute et cruelle, c’est celle du boxeur ou de l’hercule,
Dextre de fer, prothèse sous le velours, c’est celle du despote, elle peut lever les écrouelles,
Dextre dodue, fluette et fuselée, que j’effleure pour l’épouser, elle est trop belle sur ce cœur !
Dextre lourde et velue de l’égorgeur, du boucher, ou du tueur
Dextre dressée pour toquer, pour heurter, celle du loup peut-être ?
Dextre des pécheurs pour les coulpes,
Dextre désœuvrée sur les poches du cow-boy, elle est leste pour le colt,
Dextre bleue et gercée sous le gel, c’est celle de Cosette,
Dextres sèches ou osseuses, ou sveltes, je vous les serre et je vous les bécote.

TEMPS
D’abord, il ira loin, aujourd’hui, bancal, cahin-caha, il ira à l’infini, à l’aval, banal zigzag du journal.
Un long jour anodin : voici un doux avril.
Un bond crucial : voici juin affadi.
Viaduc final à l’horizon : voici aboli un an au gui, ou cinq, ou dix.
Un corridor à l’abandon, un brouillard affaibli : on y va au radar !
Un caillou, un accroc, voilà la fin : un vilain rancard au rayon du vaudou.
On courra ? On fuira ? Holà !
Un abri ? Non : vlan, au ravin !
Au cri du coq, cocorico, joli carnaval, ni façon ni chichi, un chrono à cochon ou à canard.
Un gong final : couic ! clac ! voilà un clou, on va au coin, fichu.
Il a vaincu.
L’oubli royal.
À quand la rançon ?

BERNARD
– Coucou !
– Qui fut-il ?
– Qui ? Lui ? Ou moi ?
– Oui, toi. Fus-tu joufflu ?
– Oui, tôt il fut joli, poil soupli, mimi, chou.
Puis il fut huit mois loulou cool ou impulsif, six mois mi-gigolo mi-fou-fou, tifs fous, cou ou occiput plutôt poilu, puis sitôt filou, il fut zigoto goulu, voyou, impoli, loustic.
Il fut si sot qu’il choisit moto, whisky, opium, usw.
Puis plouf ! Souci suivit ! Soucis plutôt … Complot, choc, kilos, os mous, couic !
– Fus-tu poussif ? mou ? oisif ?
– Pfff !
– Fus-tu soumis ?
– Oh ! Il lut, puis (culot fou !) il choisit cogito flou, stylo chic, photos, col mou, il fit joujou, tout schuss.
– Quoi fis-tu ? Flic civil ? Jojo ?
– Pfff ! Il fut … p’of !
– Où ? Ici ? Tu y fus ?
– Chut !
– Qui choisis-tu ? Choisis-tu chouchous ?
– Chut !! Il fut p’of plus chou qui fût. Il fut top !
Puis illico il fut positif, cossu, plumitif touffu, poli, puis vioc, foutu.
– Tu fus foutu ? Zut !
– Il fut lui, il fut moi, quoi !
– Ouf, stop !

VACHE
Qui ? Quoi ? Un pis ? oui oui oui oui ! Un joug ? Oui.
Où ? Oxford ? Oui …
Bo/sporoj ? Nh/ !
Un toril ? Non !
Son lot : bidons ? Lolo (un bon gros bol) ? Boutons-d’or ou foin ? Oui
Son sort : bif ou rosbif, rôti, mironton (ou miroton), ris, rond ou rondin, ou noix  ? Moins ou plus.
Un gril ? Oui … plus ou moins !
Un pot nutritif (plus os ou jus) ? Oui, sûr !
Son sous-produit : pipi, popo, ou poil ? Plutôt du box, ou du suif.
Son nom : bison ? Non.
Gnou ? Non.
Toro ? Non !
Bof ? Non !!!
Io ? Oui !
Son surnom ? Muuuuuuuuu !

VIN
L’as-tu bu ?
C’est pas de l’eau, c’est pas de l’alcool, c’est du jus de grappe.
Et ça saoule !
Belles couleurs, de la robe, de l’odeur, ça se hume.
De la gourde ou de la topette, de la carafe ou de la jarre, du Jéroboam ou du Balthazar, du godet ou du pot, de la coupe ou du gobelet, du glass de pyrex ou de la flûte de baccarat, rouge ou pas rouge, Tu le dégustes, tu le lampes, tu le tètes même, tu l’écluses,
Je préfère le bordeaux bouché
Tu préfères le Saumur de la côte
Elle préfère l’alsace corsé
Je préfère le Pessac chambré
Tu préfère le médoc hors d’âge
Elle préfère le Pomerol ou le Lussac doux
Je préfère le Seyssel sec
Tu préfères le Gewurz léger
Elle préfère le St Joseph bleuâtre
Etc.

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