Le fantôme, Lilia 4è2

8 février

Il était 16h, l’heure à laquelle passait mon facteur. Je m’étais endormi sur mon sofa, épuisé par une matinée de durs labeurs. Le bruit de la camionnette me réveilla. Je me levai, ouvris la porte d’entrée. Il n’y avait déjà plus personne, ma boîte aux lettres était vide. Je trouvai cela bizarre. Soudain, je sentis sous mes birkenstocks une petite lettre. Elle paraissait abîmée. Je la pris et rentrai chez moi.

9 février

Depuis hier, je n’ai pas ouvert la lettre, sans savoir pourquoi. Peut-être un geste de méfiance. Elle m’avait l’air assez bizarre, aucune adresse, aucun mot sur l’enveloppe. Pour finir, je l’ouvris :

Cher Stéphane,

Je t’invite à venir me voir 213 rue de la Colombe 7904 Rosiers. Je t’attends avec impatience. Albert.

Je ne connaissais pas d’Albert mais celui-ci savait mon prénom. Je réfléchis donc pendant une dizaine de minutes pour décider si j’entreprendrais ce voyage ou pas.

11 février

Mes affaires sont prêtes, je peux partir à la rencontre du prénommé Albert.

Je partis très tôt le matin, vers 6h30 afin de n’être pas dérangé par la circulation. J’arrivai après deux-trois heures de marche, ce n’était pas si loin que cela de chez moi. La maison était très sombre. Avant de toquer à la porte, je jetai un petit coup d’oeil à la fenêtre du rez-de-chaussée. Je ne vis pas grand-chose à part une tasse de thé avec une petite cuillère. La cuillère me semblait bouger seule. Je repris mes esprits et toquai doucement à la porte d’entrée. J’entendis des pas sonner sur le parquet froid.

La porte s’ouvrit brusquement et je vis mon nouveau facteur, celui qui me livre le courrier depuis peu. Il me fit signe d’entrer. Je franchis le seuil, il y avait beaucoup d’agitation, de bruit, comme si une famille nombreuse vivait ici. Mon nouveau facteur me dit :

« J’étais sûr que tu allais venir. » Il leva sa tasse de thé. Je lui demandai pourquoi il m’avait envoyé une lettre et ne m’avait pas demandé de passer oralement.

« Je préfère une vraie invitation à un vain dialogue. Aurais-tu eu la curiosité de venir jusqu’à moi si tu avais su que c’était un simple facteur qui t’invitait ? »

Il voulut me présenter sa fille à l’étage, c’était sans doute elle qui faisait tout ce bruit. Nous montâmes les escaliers et Albert ouvrit la porte de droite. Je rentrai juste derrière lui dans cette chambre. Je vis une poupée, juste une poupée qui bougeait toute seule. Je crus halluciner, mais Albert, lui, ne voyait pas une poupée, il voyait sa fille. Peut-être était-ce l’esprit de sa fille qui hantait la poupée ?

Je commençai à paniquer, la terreur m’étreignit. Albert se retourna et m’expliqua qu’il avait perdu son job. Il m’invita à prendre le thé au rez-de-chaussée, je descendis les escaliers en tentant d’oublier la poupée maudite. En buvant le thé, ma vue se troubla, je regardai Albert et vis qu’il devenait transparent. Je jetai mon thé sur Albert, la cuillère fut projetée et traversa le facteur. Je ne comprenais plus rien, je me levai brusquement du canapé et allai enfiler mes chaussures. Je sentis, quand je me baissai, des petites mains autour de mon cou. Elles m’étranglaient tellement fort que je perdis connaissance.

J’ouvris les yeux dans mon salon, j’entendais quelqu’un toquer à ma porte. Je me levai et allai ouvrir, je vis un deuxième nouveau facteur qui me tendit plein de lettres. Je lui demandai s’il savait ce qui était arrivé au facteur qui le précédait.

« Monsieur, vous ne savez pas ? Il est mort. Il a étranglé sa fille et s’est suicidé ensuite aux médicaments il y a quelques jours.

– Comment est-ce possible, j’étais avec lui hier ? m’écriai-je très surpris.

– Nous sommes le 8 février, Monsieur, et il s’est donné la mort le 4. Jamais vous ne l’avez vu, lui, hier », répondit mon nouveau nouveau facteur.

Sur la table à manger où je posai mes lettres, je trouvai la lettre d’invitation d’Albert, la tasse dans laquelle j’avais bue et la cuillère que j’avais jetée au visage du fantôme. Je réalisai soudain que j’avais parlé avec un mort, sur la scène même de son crime.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *