Rencontre avec Dracula Jeanne-Lou Girardot

À la recherche d’un emploi, je repérai un jour une annonce dans le journal local. Cette dernière demandait une employée de maison à plein-temps chez le comte Dracula en Transylvanie. Je décidai donc de répondre positivement à cette annonce. J’obtins une réponse quelques jours plus tard et partis pour la Transylvanie. Je pris le train et dans celui-ci, je me liai d’amitié avec une tzigane. Elle connaissait le comte Dracula de réputation et me raconta que l’ombre du comte pouvait se transformer en plusieurs sortes d’animaux. Je ris à ce qu’elle me disait.

Après plusieurs heures de train, nous arrivâmes enfin en Transylvanie. Dans la lettre que m’avait fait parvenir le comte, il me disait qu’une voiture viendrait me chercher pour m’amener au château. Au moment de nous quitter, mon ami tzigane me donna un crucifix. Lorsque la voiture s’arrêta, j’étais devant la demeure du comte. Je m’avançai et la herse en fer forgé se leva. Je rentrai dans la cour et contemplai le château. Il était érigé au sommet d’un pic rocheux. Il surnageait au milieu d’un épais brouillard. L’endroit était très obscur. Le château n’avait presque pas de fenêtre et il était très vaste.

La porte imposante s’ouvrit et le comte me salua. Je découvris un homme aux cheveux blancs avec des sourcils broussailleux qui se rejoignaient au-dessus de son nez aquilin. Ses mains étaient grandes et il avait de longs ongles. Ses canines apparentes étaient très pointues et une mauvaise odeur se dégageait de lui. Le comte Dracula m’emmena pour me montrer mon logement. Nous passâmes dans un long couloir central. L’enchaînement de portes, couloirs, escaliers et salles sans fenêtres me donnait l’impression que le comte était le seul à pouvoir ouvrir et fermer ces portes, tel un geôlier accompagnant un prisonnier. Nous étions enfin dans ma chambre. J’enlevai mon manteau et le crucifix tomba par terre. Le conte devint furieux, comme s’il ne supportait pas de voir le crucifix. Il sortit de ma chambre et la porte se claqua toute seule derrière lui.

Le lendemain je commençai les tâches confiées par le comte. Les jours se suivirent et de plus en plus de choses étranges se passèrent. Comme le comte ne dort que le jour, il ne sort presque jamais. Un soir, alors que j’allais me coucher, je vis le comte grimper au mur. Je n’en croyais pas mes yeux. Ce n’était pas naturel. Le comte me regarda droit dans les yeux, ce fut un moment inexplicable et d’une grande solitude.

Quelques jours après, mon devoir était de nettoyer la cave du château. La cave était comme un labyrinthe, il n’y avait pas de lumière et l’endroit était très humide. Au fond de la salle se trouvait une petite porte, elle était entrouverte. Je décidai de m’y rendre et découvris une centaine de caisses de terre éparpillées un peu partout. Toutes mes hypothèses se révélaient vraies : j’étais bien face à un vampire. Je pris une décision radicale : quitter au plus vite ce château.

Un matin, à l’heure ou le comte ne se manifestait pas dans le château, j’en profitais pour essayer de m’enfuir. J’étais devant l’entrée principale mais la porte était fermée. Je me retournai et vis le compte juste derrière moi. Il entra dans une colère monstre et il provoqua une tempête de vent qui frappa aux carreaux. Il me tira par le bras dans les escaliers puis m’enferma dans ma chambre. Les jours passèrent, j’étais prisonnière du château de Dracula. Je tournai en rond dans ma chambre, bloquée entre ces quatre murs. J’eus l’idée de confectionner un pieu en bois à l’aide d’un pied de mon lit. La peur m’envahissait mais j’avais assez de courage pour lui enfoncer le pieu dans le cœur.

Après quelques jours sans manger, le comte m’apporta enfin de la nourriture. Je me cachai derrière la porte. Le comte frappa, j’ouvris la porte. Il se retourna et je lui mis le crucifix juste devant les yeux. Il commença à trébucher et j’en profitai pour lui enfoncer le pieu en plein milieu du cœur. Je me précipitai dans les escaliers pour ouvrir la porte. Une fois dans la cour, la herse était fermée, mais j’étais toute petite et très fine. Je me faufilai entre les barreaux. Je courus à en perdre haleine pour rejoindre le village de mon ami tzigane. Quelques jours après, je pris le train pour rejoindre mon pays et oublier cette histoire à tout jamais.

Jeanne Lou Girardot.

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