L’Oiseau Bleu de Maeterlinck

Deux enfants, Tyltyl et Mytyl dorment cette nuit de Noël.

Ils se réveillent pour aller regarder par la fenêtre les enfants riches qui fêtent Noël en famille en face de chez eux.

Ils dansent, rient et jouent mais un bruit les fait sursauter : une fée entre dans la pièce !

La fée Bérylune donne un chapeau magique à Tyltyl. Il accepte en contrepartie de trouver l’Oiseau Bleu pour sauver la fille malade de la fée.

Lorsque Tyltyl tourne le diamant du chapeau, tous les éléments et les animaux prennent une forme humaine : de gauche à droite le Feu, le Chien, le Sucre, la Chatte, le Pain, la Lumière et l’Eau.

Chez la Fée Bérylune, la Chatte fomente un complot pour empêcher les enfants de trouver l’Oiseau Bleu. En effet, celui-ci leur permettrait de comprendre le fonctionnement du monde.

Le Chien prend la défense des enfants.

Le Pain est d’accord avec tout le monde, le Sucre essaie de calmer en douceur les esprits échauffés pendant que l’Eau et le Feu ne cessent de se chamailler.

La fée intervient et remet de l’ordre sur scène. Elle donne sa baguette à la Lumière qui va être la nouvelle chef des enfants dans leurs aventures.

Puis elle les envoie visiter chez les morts leurs grands-parents qui les attendent.

Les enfants retrouvent leur grand-mère.

Les enfants dînent avec leurs grands-parents et récupèrent l’oiseau bleu du grand-père qui devient noir lorsqu’ils partent.

Les enfants et les éléments arrivent au Palais de la Nuit, gardienne des secrets de la Vie.

La Nuit et la Chatte complotent contre les enfants.

Tyltyl demande les clés des portes de la Nuit. Elle finit par accepter. Le Pain qui a peur supplie de ne pas ouvrir les portes.

Tyltyl le fait quand même et libère les spectres, les maladies et pour finir, les Oiseaux Bleus.

Tout le monde aide Tyltyl à prendre les oiseaux. Cependant, lorsque Tyltyl arrive près de la Lumière, les oiseaux de la Nuit sont morts.

La Chatte se décide à passer à l’attaque.

Elle entraîne les enfants chez les arbres et incite ces derniers à les tuer.

Les enfants se défendent.

La lumière sauve les enfants des arbres malintentionnés.

La lumière réunit les enfants, les éléments et les animaux pour leur indiquer que l’Oiseau Bleu se cache dans une tombe.

A l’écran : la Lumière, Mytyl, Tyltyl, le Chien, l’Eau, le Feu, le Sucre et la Chatte.

Les enfants sont laissés seuls dans le cimetière. Tyltyl rassure Mytyl et ils découvrent qu’il n’y a

pas de morts.

La lumière amène les enfants au pays des Gros Bonheurs qui accueillent chaleureusement Mytyl et Tyltyl. Cependant la Lumière demande aux enfants de résister aux diverses tentations des Gros Bonheurs : boire sans soif, manger sans faim, rire et se moquer de tout…

Tyltyl tourne le diamant et les Gros Bonheurs s’enfuient. Apparaissent les Grandes Joies.

Parmi les Grandes Joies, il y a la Joie-de-l’amour-maternel et Tyltyl ne veut plus quitter l’image de sa mère.

Les enfants ont quitté les Grandes Joies et se retrouvent devant la maison de leurs parents. Tous les éléments leur disent adieu et notamment le Pain qui fait un long discours très ému.

Et l’Eau, qui elle pleure à chaudes larmes en ondulant.

La Maman de Tyltyl et Mytyl réveille les deux enfants. Il ne s’est passé qu’une nuit. Les enfants semblent délirants et Maman Tyl appelle Papa Tyl qui la rassure. Tyltyl découvre que son oiseau, à la maison, a toujours été bleu.

La voisine, Mme Berlingot, rentre en disant que sa fille est bien malade. Elle annonce que l’Oiseau Bleu de Tyltyl la guérirait. Il le lui donne. Elle part puis revient avec sa fille guérie.

Sa fille et Tyltyl relâchent l’Oiseau Bleu par accident et Tyltyl le demande au public.

La pièce est finie, les enfants sont ravis.

Merci à tous les acteurs, aux souffleurs, à ceux qui ont aidé pour les décors, la régie technique, les magnifiques déguisements, merci à tous les élèves du public pour leur bonne humeur et aux élèves sur scène pour leurs efforts continus ! Merci à tous les adultes qui ont permis la réalisation de ce super spectacle et qui ont pris des photos souvenirs. Bonnes vacances !

Cérémonie de commémoration de la libération de Metz durant la seconde guerre mondiale

Dimanche 20 novembre 2022 : Stella, Eva, Luna, Derya, Victorine, Stella, Agathe, Sasha, Lætitia, Meryem, Naomi et Thomas, élèves de 3e2 et 3e3 ont été porte-drapeaux et orateurs en prononçant un discours rappelant comment les soldats Alliés ont durement combattu pour libérer Metz du joug des nazis le 22 novembre 1944.

Les élèves recevront de la part des autorités militaires un certificat de citoyenneté pour leur engagement.

Thomas et Eva se préparent à prononcer le discours qui démarre la cérémonie au mémorial US de Metz Bellecroix.
Derya et Meryem ont accompagné le maire de Metz pour le dépôt de gerbe devant le mémorial
2e partie de la cérémonie, place d’Armes : élus et autorités militaires
Victorine et Lætitia sont chargées des discours place d’Armes soutenues par l’équipe du collège Barbot.

L’odyssée sonore

1- Le cyclope

2- La fuite face aux Lestrygons

3- Victimes de la magie de Circé

4- Les dangers de la mer

5- Ulysse et Télémaque

6- L’épreuve de l’arc

Le livre, Stella 4è2

J’étais passionné de littérature, c’est pourquoi je me rendais régulièrement à la bibliothèque. La bibliothécaire avait l’habitude de me voir et me laissait parfois rester après la fermeture. Elle partait alors et je plongeais dans mes lectures jusqu’au matin.

Ce soir-là, la bibliothécaire partit en me saluant. Je lui répondis discrètement et me glissai aussitôt dans mon livre. Le temps passait et le soleil déclinait. Ma seule source de lumière était la petite lampe de bureau posée au centre de la table. Terminant ma lecture, je décidai de me lever afin de trouver une nouvelle histoire intéressante. Je fouillai entre les étagères. J’empruntais toujours les mêmes chemins que je connaissais bien. Mon regard fut attiré par un livre étrange. Il me semblait vieux, poussiéreux et il n’y avait aucune inscription sur la page de couverture. Ce qui m’étonna le plus c’est que je n’avais jamais vu ce livre. Moi qui pensais connaître cet endroit, ces chemins et ces livres par coeur.

Alors je saisis le livre à deux mains et revins m’asseoir. Je le posai délicatement sur la table et je le contemplai de très longues minutes. Soudain, les pages du livre se mirent à défiler toutes seules. Je fus surpris par ce phénomène car il n’y avait aucun courant d’air, toutes les fenêtres étaient fermées. J’étais encore sous le choc quand je remarquai que toutes les pages étaient blanches. Sur la dernière page, cependant, un message était marqué à l’encre rouge : « Tu n’aurais jamais dû me laisser ». Mon sang se glaça.

Tout à coup, j’entendis un bruit. Je fis volte-face. Une silhouette apparut dans l’embrasure de la porte. C’était la bibliothécaire qui était revenue.

 

Toute suite intéressante et surtout FANTASTIQUE est à proposer à Mme Dufresne qui se fera un plaisir de publier une fin adéquate.

Le manoir, Théo 4è3

Le manoir semblait abandonné depuis vingt ans. Tout était sale, cassé, les portes, les fenêtres. Il appartenait à ma famille depuis des générations. Les circonstances de mon retour n’étaient pas joyeuses : la mort de mon père depuis quelques semaines me rendait l’unique héritier de ce lieu. Mes souvenirs d’enfance étaient extraordinaires : nous vivions tous ensemble, large famille propriétaire remplie de joie et de bonheur. Les enfants y étaient heureux : nous jouions des parties de cache-cache interminables dans cet immense endroit rempli de pièces parfois mystérieuses. Tout était parfait jusqu’à ce jour tragique : la mort de ma petite soeur, tombée dans les escaliers.

Toute la famille se sépara et personne ne remit jamais les pieds dans le manoir jusqu’à aujourd’hui. A la mort de mon père, j’appris qu’un testament m’avait été laissé, me donnant la propriété de cet endroit. Je n’était pas très enchanté par cette nouvelle et devoir y retourner me glaçait le sang. Je décidai finalement d’y aller afin de tourner définitivement la page de cette tragédie. J’actionnai la poignée de la porte qui s’ouvrit sans trop de résistance. Elle était couverte de toiles d’araignées.

Je pénétrai à l’intérieur, il faisait très sombre avec une lourde odeur de moisi et de poussière. Je me sentis tout à coup anxieux et apeuré, comme si c’était la première fois que j’y mettais les pieds. Je me rendis à l’aide de ma lampe de poche dans le salon, enfin ce qu’il en restait. Des cafards couraient sur le sol, les fenêtres garnies de rideaux crasseux et déchirés étaient cassées, ainsi que les volets. Il faisait très froid et j’eus la chair de poule. Tout à coup, j’entendis des bruits de pas sur les planches à l’étage, comme s’il y avait quelqu’un dans le manoir.

Je restai immobile pendant de longues secondes, incapable de bouger. Je repris mes esprits et pensai qu’il s’agissait d’hallucinations. Je me décidai à prendre mon courage à deux mains et montai à l’étage. Les escaliers craquaient sous mes pieds, augmentant à chaque pas ma boule au ventre. Le magnifique tableau de ma famille était encore accroché dans le couloir de l’étage, intact, et la vision de ma soeur me donna les larmes aux yeux.

Tout à coup, je faillis retomber en arrière dans les escaliers : la peinture de ma petite soeur clignait des yeux, me donnant l’impression d’avoir un fantôme en face de moi. C’était impossible, sans doute le fruit de mon imagination ! Je ne pouvais plus bouger, la peur avait pris le dessus. La seule chose dont j’avais envie était de m’enfuir en courant. Pourtant une force m’obligeait à rester, peut-être qu’après tout l’esprit de ma soeur était resté depuis toutes ces années dans ce manoir.

Je décidai alors de me rendre dans ma chambre, elle était restée comme avant : un petit lit au milieu de la pièce, avec encore des vêtements posés dessus. L’armoire était remplie de jouets. Lorsque je m’approchai pour contempler ces vestiges de mon passé, je sentis un courant d’air me caresser le visage. Pourtant aucune fenêtre n’était ouverte et la porte était fermée. J’éprouvai un sentiment bizarre, comme si mes jambes refusaient de bouger.

Je n’osais pas me retourner. J’avais peur de voir quelqu’un, un fantôme. Une main se posa sur mon épaule, je fis volte-face et là, je vis ma soeur, comme lorsqu’elle avait huit ans, me sourire et me regarder de haut en bas. C’était un rêve ou un cauchemar. Je restai bouche-bée devant elle. J’étais terrifié. Elle me dit

« Je suis restée dans ce manoir depuis que vous êtes tous partis. »

Comment était-ce possible ! J’étais en train de rêver ! Elle continua :

« Je suis restée toutes ces années car tu n’as jamais réussi à te pardonner ma mort. Il faut maintenant m’aider à m’en aller. »

Je ne savais pas quoi lui répondre. La mort de ma soeur avait été une tragédie que personne n’avait réussi à oublier. J’étais le premier à revenir sur les lieux. Lorsque je levai les yeux de ma rêverie, elle n’était plus là. Je comprends aujourd’hui que la seule chose qu’elle souhaitait, c’est que je vive, malgré le geste qui l’avait poussée et que je ne me pardonnais pas. Je sortis du manoir avec une seule idée : le mettre en vente. Je n’y retournerai plus jamais.

Le portrait, Pauline 4è2

Cela fait un an maintenant que ma bien-aimée a préféré me jeter à la porte, dans le but disait-elle de me préserver car je l’aimais comme un fou. J’étais resté devant sa porte un long moment et l’avais entendue couper la musique, les lumières s’étaient éteintes chez elle alors que toutes ses fenêtres restaient ouvertes. Je m’étais inquiété et avais décidé de rentrer par la fenêtre de la cuisine. En entrant dans son salon, je la vis, elle flottait au-dessus de moi. Je ne compris pas la situation tout de suite mais elle était bien morte, elle s’était pendue. Plein de questions tournaient dans ma tête : Comment ? Pourquoi ? Elle venait de me mettre à la porte en me donnant pour seule raison que je l’aimais trop. Pourquoi avait-elle mis fin à ses jours ?

J’étais énervé, triste, inquiet, choqué. J’ai décidé de quitter la ville pour oublier ces événements trop violents. Je pris le chemin de la mer. Je louai une petite maison facilement, tout me semblait correspondre à mes besoins. Je me suis installé au milieu des décorations : des cadres, des portraits, un portrait en particulier attira mon attention. Il ressemblait étrangement à ma bien-aimée. Je décidai de le passer du salon à ma chambre. Je m’étais promis de l’oublier mais son doux visage peint me redonnait l’illusion de l’amour. Elle était la femme idéale, même si je n’étais pas l’homme qu’elle attendait.

Je dormais nuit après nuit avec ce portrait en face de mon lit. Une nuit, j’eus l’impression qu’il prenait vie. Ce phénomène se reproduisit plusieurs fois. Cependant les morts ne reviennent pas à la vie, c’était de la folie, mais j’aimais en quelque sorte cette folie car elle était encore liée à son souvenir que j’adorais. Un soir, j’entendis un sanglot qui me glaça le sang. Elle m’apparut, oui, ma bien-aimée, c’était elle en chair et en os. Elle était sortie du portrait. Comment ? Je ne saurais l’expliquer. Elle se tenait devant moi, le regard fuyant, évitant tout contact avec le mien.

Elle annonça qu’elle était morte pour me fuir car j’étais beaucoup trop amoureux d’elle et ne la laissais pas respirer. Elle ne croyait pas à mon départ et voulait partir loin de moi. A ce moment précis, une grande tristesse mélangée à une immense colère montèrent en moi. Je commençais à devenir fou, elle, elle me rendait fou ! J’étais là, allongé sur mon grand lit de bois. A ma droite, une porte-fenêtre laissait rentrer l’hiver et une longue pluie vint jusqu’à moi laver mes larmes.

 

Le fantôme, Lilia 4è2

8 février

Il était 16h, l’heure à laquelle passait mon facteur. Je m’étais endormi sur mon sofa, épuisé par une matinée de durs labeurs. Le bruit de la camionnette me réveilla. Je me levai, ouvris la porte d’entrée. Il n’y avait déjà plus personne, ma boîte aux lettres était vide. Je trouvai cela bizarre. Soudain, je sentis sous mes birkenstocks une petite lettre. Elle paraissait abîmée. Je la pris et rentrai chez moi.

9 février

Depuis hier, je n’ai pas ouvert la lettre, sans savoir pourquoi. Peut-être un geste de méfiance. Elle m’avait l’air assez bizarre, aucune adresse, aucun mot sur l’enveloppe. Pour finir, je l’ouvris :

Cher Stéphane,

Je t’invite à venir me voir 213 rue de la Colombe 7904 Rosiers. Je t’attends avec impatience. Albert.

Je ne connaissais pas d’Albert mais celui-ci savait mon prénom. Je réfléchis donc pendant une dizaine de minutes pour décider si j’entreprendrais ce voyage ou pas.

11 février

Mes affaires sont prêtes, je peux partir à la rencontre du prénommé Albert.

Je partis très tôt le matin, vers 6h30 afin de n’être pas dérangé par la circulation. J’arrivai après deux-trois heures de marche, ce n’était pas si loin que cela de chez moi. La maison était très sombre. Avant de toquer à la porte, je jetai un petit coup d’oeil à la fenêtre du rez-de-chaussée. Je ne vis pas grand-chose à part une tasse de thé avec une petite cuillère. La cuillère me semblait bouger seule. Je repris mes esprits et toquai doucement à la porte d’entrée. J’entendis des pas sonner sur le parquet froid.

La porte s’ouvrit brusquement et je vis mon nouveau facteur, celui qui me livre le courrier depuis peu. Il me fit signe d’entrer. Je franchis le seuil, il y avait beaucoup d’agitation, de bruit, comme si une famille nombreuse vivait ici. Mon nouveau facteur me dit :

« J’étais sûr que tu allais venir. » Il leva sa tasse de thé. Je lui demandai pourquoi il m’avait envoyé une lettre et ne m’avait pas demandé de passer oralement.

« Je préfère une vraie invitation à un vain dialogue. Aurais-tu eu la curiosité de venir jusqu’à moi si tu avais su que c’était un simple facteur qui t’invitait ? »

Il voulut me présenter sa fille à l’étage, c’était sans doute elle qui faisait tout ce bruit. Nous montâmes les escaliers et Albert ouvrit la porte de droite. Je rentrai juste derrière lui dans cette chambre. Je vis une poupée, juste une poupée qui bougeait toute seule. Je crus halluciner, mais Albert, lui, ne voyait pas une poupée, il voyait sa fille. Peut-être était-ce l’esprit de sa fille qui hantait la poupée ?

Je commençai à paniquer, la terreur m’étreignit. Albert se retourna et m’expliqua qu’il avait perdu son job. Il m’invita à prendre le thé au rez-de-chaussée, je descendis les escaliers en tentant d’oublier la poupée maudite. En buvant le thé, ma vue se troubla, je regardai Albert et vis qu’il devenait transparent. Je jetai mon thé sur Albert, la cuillère fut projetée et traversa le facteur. Je ne comprenais plus rien, je me levai brusquement du canapé et allai enfiler mes chaussures. Je sentis, quand je me baissai, des petites mains autour de mon cou. Elles m’étranglaient tellement fort que je perdis connaissance.

J’ouvris les yeux dans mon salon, j’entendais quelqu’un toquer à ma porte. Je me levai et allai ouvrir, je vis un deuxième nouveau facteur qui me tendit plein de lettres. Je lui demandai s’il savait ce qui était arrivé au facteur qui le précédait.

« Monsieur, vous ne savez pas ? Il est mort. Il a étranglé sa fille et s’est suicidé ensuite aux médicaments il y a quelques jours.

– Comment est-ce possible, j’étais avec lui hier ? m’écriai-je très surpris.

– Nous sommes le 8 février, Monsieur, et il s’est donné la mort le 4. Jamais vous ne l’avez vu, lui, hier », répondit mon nouveau nouveau facteur.

Sur la table à manger où je posai mes lettres, je trouvai la lettre d’invitation d’Albert, la tasse dans laquelle j’avais bue et la cuillère que j’avais jetée au visage du fantôme. Je réalisai soudain que j’avais parlé avec un mort, sur la scène même de son crime.

Le manoir, Thomas 4è3

Le manoir semblait abandonné depuis vingt ans. La barrière, ouverte et pourrie, tenait debout on ne sait comment. L’herbe remplissait les allées, on ne distinguait plus les plates-bandes du gazon. Je n’avais pas vu ce lieu depuis plus de de trente ans. Les circonstances de mon retour n’étaient pas très joyeuses. Mon plus lointain souvenir vient de cet endroit. Je jouais pendant des heures avec mes frères et soeurs, mes cousins et cousines et les enfants du village.

Toute la famille était réunie sous ce toit. Nous étions heureux jusqu’au jour où ma soeur Marie tomba de la fenêtre de sa chambre. Ce drame bouleversa la famille toute entière. Cet événement causa le départ de mes parents et de ma fratrie. Mon grand-père resta là, il vivait dans ce manoir depuis sa naissance. Il ne le quitta jamais jusqu’à sa mort, survenue la semaine passée. C’est à moi qu’il avait confié la lourde responsabilité de devenir le propriétaire du château et des domaines qui l’entourent. Il me l’avait promis avant mon départ.

Je me rendais compte seulement en arrivant que c’était un cadeau empoisonné. En effet, les dettes passaient à ma charge et la remise en état des bâtiments allait certainement causer ma ruine. Malgré ces contraintes économiques, mais aussi sentimentales, à cause de l’accident de ma jeune soeur, j’étais attaché à ce lieu. Je voyais aussi le potentiel d’un si grand château aux portes de Paris.

Après ces quelques instants de réflexion, je commençai ma visite. La première pièce était une immense entrée bordée par différents salons et dans laquelle se trouvaient deux beaux escaliers en marbre blanc qui permettaient d’accéder au premier étage. Je me rendis au premier étage dans la grande bibliothèque et tombai sur une vieille poupée qui appartenait à Marie. Ce jouet était avec elle quand elle était tombée. Mais qu’importe. Je n’étais pas là pour raviver ma douleur.

Dans la pièce suivante se trouvaient des portraits de toute la famille depuis plus de dix générations. Parmi eux, celui de Marie. C’était la deuxième fois depuis le début de la visite que cette histoire revenait me hanter par des souvenirs précis. En fixant ce portrait, j’entendis soudain la voix d’une petite fille : « Tu n’as pas rempli ta mission de grand frère, tu devais me protéger. Essaie d’imaginer mon brillant avenir, ma vie pleine de bonheur, tout cela m’a été enlevé brusquement. »

Je n’en revenais pas, depuis tout ce temps, j’avais oublié cette voix. Soudain je compris que je devenais fou. Certaines personnes de mon entourage m’avaient pourtant mis en garde contre cette aventure. Mon passé émotionnel dans ce bâtiment était si fort que la folie consumait peu à peu mon esprit pourtant si rationnel. Je continuai pendant cette longue nuit à déambuler dans les couloirs, les pièces de réception, les nombreuses chambres.

Cette voix ne voulait pas sortir de ma tête. Elle revenait encore et encore, culpabilisante et machiavélique. Epuisé par cette longue errance, j’ouvris par inadvertance la porte de trop, celle de la chambre de Marie qui était restée fermée depuis sa mort. Cette pièce autrefois pleine de vie et de gaieté était devenue la plus sinistre de la propriété. Je voulais repeindre les murs de couleur vive, redonner la joie à cette pièce, pour honorer la mémoire de Marie.

D’ailleurs le manoir entier serait transformé en refuge pour les enfants orphelins de la région et pour les familles pauvres ayant perdu des enfants jeunes. La chambre de Marie serait transformée en petite chapelle à sa mémoire, la fréquentation future de ce lieu permettrait qu’il y ait toujours une personne qui prie pour le repos de son âme, ainsi elle ne pourrait plus jamais hanter les vivants. Afin de financer les travaux, je devrais vendre toutes les oeuvres d’art de la famille, tous les bijoux, les beaux meubles et peut-être même les portraits.

Dans ma tête, c’était l’unique solution pour vivre en paix sans être hanté par l’esprit de ma soeur. Même si ce projet me ruinait, cela valait le coup pour échapper au murmure sarcastique de cette soeur qui est devenue mon pire cauchemar. Mon Dieu, je suis devenu fou, je me transforme en monstre moi-même, je rêve et projette de ruiner ma famille pour un esprit moqueur ! Cet endroit est maudit. Je ne rêve pas, ce fantôme me force à penser à des choses atroces. Je n’en peux plus, Marie, attends-moi, je vais marcher dans tes pas.

Un tableau, Hirlande 4è3

J’arrivai ce soir-là dans la maison de mon arrière-grand-père qui se trouvait au milieu de la forêt. Je venais d’en hériter après la mort de celui-ci. Sa femme était morte des années avant ma naissance. Je n’avais jamais su la cause de son décès. Le manoir ressemblait à ceux des films d’horreur. J’étais là pour le rénover et le vendre. Le taxi parti, je restai seule au pied de la porte, avec ma valise et mes toiles car je peins.

J’entrai. Il n’y avait pas de meuble. Je posai mes affaires à côté de la porte dans le hall et visitai la maison. Les sols étaient poussiéreux et les portes grinçaient. Dans le salon se trouvait une immense cheminée qui se prolongeait au premier étage. Il faisait froid dans ce manoir. Je redescendis et vis dans la cave une étagère, que j’inspectai avec le flash de mon smartphone. Posé sur l’étagère, il y avait un cadre assez grand et emballé, à côté de bougies et d’allumettes. Dans la cave à vin, je trouvai une bouteille de vin vieux. Je remontai au salon avec toutes mes découvertes.

Je m’installai au salon avec ma valise, les allumettes, les bougies et le cadre. Dans la cheminée, quelqu’un avait laissé un assemblage de bûches, alors je jetai du papier dans le foyer et allumai avec les allumettes. Immédiatement un feu surgit. Je regardai la bouteille, elle n’était pas ouverte. Je la débouchai avec mon couteau et la goûtai. Le vin était amer. Sur l’étiquette, on pouvait lire « A ma tendre épouse décédée ».

J’ouvris ensuite l’emballage du cadre. C’était le portrait d’une femme. Elle avait un regard triste. Elle me disait quelque chose. Je me focalisai sur son regard, comme envoûtée. Soudain j’entendis un soupir. Je me retournai mais il n’y avait rien. Je décidai alors d’essayer de reproduire ce beau tableau. Au bout de quelques minutes d’esquisse, je voulus copier le regard de cette femme mais je n’arrivai pas à reproduire son expression. Je me rendis compte alors que pendant que je tentais de la peindre, j’avais bu toute la bouteille de vin. Je fixai à nouveau ses yeux mais tout à coup je les vis bouger.

Je sursautai, je les regardai encore et cette fois, ils me fixèrent puis tournèrent lentement vers ma gauche. Terrorisée, je suivis son regard et me rendis compte qu’elle me désignait un carton que je n’avais pas vu. Je rampai vers le carton et l’ouvris. Il y avait des photos et des lettres. Tout au fond du carton, je trouvai une robe. Je la sortis. C’était la même robe que portait la femme de la toile. Les lettres parlaient de son histoire d’amour avec son mari. Sur les photos pourtant, il n’y avait qu’elle, l’emplacement de son mari était toujours vide. Elle partageait une glace, un banc, seule, avec une personne qui aurait dû apparaitre mais dont la place était vide.

Je repris la robe et montai à l’étage pour trouver une pièce avec un miroir. J’ouvris plusieurs portes sans succès. Je sentais que l’alcool commençait à faire effet, je voyais trouble et titubais. Enfin j’ouvris une porte qui me mena à une chambre avec une armoire et un miroir. J’essayai la robe. Je me regardai et vis dans le miroir une tache de sang apparaitre lentement et se répandre sur le ventre de la robe. Etait-ce une hallucination due à l’alcool ? J’enlevai rapidement la robe qui s’avéra intacte, me rhabillai et retournai dans le salon. Là je tombai inconsciente au moment où je rangeais mes pinceaux pour fuir cette demeure maudite.

Je me réveillai en suffoquant dans les fumées produites par la cheminée qui était bouchée. J’aérai en ouvrant une fenêtre. Toutes mes affaires étaient rangées et j’étais la proie d’un violent mal de tête. Soudain je vis que la femme dans le tableau n’était plus seule. Un homme l’accompagnait. Je m’approchai, retournai le cadre et lus : « Georges et Marie Aimée ». Aimée était mon nom de famille. Marie était mon prénom. Mon père me l’avait donné en mémoire de mon arrière-grand-mère.

Je repartis à l’endroit où j’avais laissé le carton plus tôt mais il n’y était plus. A sa place, je vis une lame de parquet déconnectée des autres. Je la soulevai et dessous je trouvai une longue lettre destinée à mon grand-père. Dans cette lettre, mon arrière-grand-mère expliquait à son fils qu’elle avait peur de son mari, qu’il était violent et elle lui demandait de l’excuser de sa fuite, planifiée pour le lendemain de la date sur l’en-tête.

Je compris alors ce qui s’était passé le jour de sa mort et pourquoi personne ne m’avait jamais répondu à ce sujet. Je laissai tomber la lettre et terrifiée, courus prendre mes affaires. Je sortis du manoir. Il y avait beaucoup de vent, les arbres bougeaient violemment. Je courus à travers la forêt jusqu’à tomber sur la départementale. Au bout de quelques minutes de stop, une voiture accepta de m’emmener vers la prochaine ville. Je luttai pour ne pas m’endormir sur le siège arrière mais je finis par succomber au sommeil.

Je fis un rêve terrible : j’étais dans le parc du manoir de mon arrière-grand-père. Je vis un couple suivi d’un petit garçon qui entraient par la grande porte. Les adultes se disputaient et le petit garçon avait un air coupable. Personne ne faisait attention à moi. Je reconnus les visages de mes arrières-grands-parents. Ils claquèrent la porte d’entrée mais je parvins en marchant un peu à trouver une fenêtre à ma hauteur. Ce que je vis me glaça. Mon arrière-grand-mère était allongée à terre, dans une mare de sang. Mon arrière-grand-père tenait, choqué, un couteau plein de sang et mon grand-père avait disparu. Je retombai en arrière, inconsciente. Je me réveillai dans la voiture inconnue.