Les Liaisons dangereuses

Nous avons récemment étudié pendant notre cours de français un fragment d’un roman qui nous a beaucoup surpris: Les Liaisons dangereuses. Ce chef-d’œuvre de la littérature française est un roman épistolaire écrit par Pierre Choderlos de Laclos, publié en 1782 et qui narre le duel pervers et libertin de deux membres de la noblesse française du siècle des Lumières.

Il est connu que le roman de Laclos est un ouvrage éternellement ambigu, dans son contenu comme dans sa forme. L`auteur, devenu le rédacteur fictif, veut faire croire à la vérité de ces lettres et à l’existence des épistoliers, mais il ne faut pas oublier, il s’agit bien d’un roman, entièrement composé, inventé par son auteur. C’est pourquoi une convention tacite s’établit entre l’auteur et le lecteur, ce dernier ayant une grande liberté d’interprétation. La complexité des voix masque en fait une complexité plus profonde, celle des différents chemins féminins entrecroisés dans le temps comme dans l’espace.

Moi et Alexandra avons choisi de vous parler aujourd’hui de deux personnages féminins qui nous ont charmées, chacun à sa manière…

Alexandra

Mme de Merteuil n’est pas une simple libertine, elle est, avant tout, un esprit. Toutes ses actions sont motivées par un seul but : se venger, des hommes, de la société: « Quand j’ai à me plaindre de quelqu’un, je ne persifle pas, je fais mieux, je me venge. » Ce moteur est le ressort tragique du roman, à la manière des tragédies raciniennes; il agit comme un ressort psychologique à l’intrigue, détermine toutes les actions du personnage, concentre toute son énergie, et agit comme un élément dramatique, implacable et funeste. L’erreur de la Marquise  consiste à croire qu’elle a atteint la liberté grâce un exploit si peu féminin, la suppression de tout sentiment du plaisir amoureux. Elle porte dans sa haine de l’amour, le germe de son malheur, et son destin nous montre que le réel danger n’est pas dans la perte de la réputation, si facile à faire ou à défaire, mais dans le mal d’amour, qui mène à la mort.


Silviana


Le statut de Madame de Tourvel est unique dans le roman. Elle représente, par les assauts amoureux répétés de Valmont, la figure traditionnelle de la citadelle assiégée des romans épistolaires, la légitimation de la résistance étant fondée sur le sentiment d’une estime personnelle. A cet égard, Mme de Tourvel ressemble à la marquise de Merteuil : toutes les deux refusent d’être rabaissées par les hommes car elles jugent que leur caractère les place au-dessus d’eux. Dans la lettre 56 la jeune femme définit son projet d’existence « Je suis heureuse, je dois l’être ».


Les liaisons dangereuses  sont, en fait,  le lien social lui-même et ses effets destructeurs sur l’individu, dans une société dominée par deux conformismes opposés et complémentaires : la pruderie et le libertinage. Tous deux sont présentés comme réducteurs et destructeurs pour l’individu, l’un par sa négation du corps, l’autre par sa négation du cœur et de l’âme.

Liaisons

Notre reconnaissance est réservée à Mme Ioana Bog??an, directrice du Théatre Prichindel d’Alba Iulia qui a eu la bienveillance de nous prêter pour quelques heures les deux robes merveilleuses. En les portant, nous nous sommes senties vraiment à l’époque de Laclos. Même dans un bâtiment du XXe siècle…

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