Il y a 150 ans

… l’un des plus grands toreros du XIXe siècle prenait l’alternative.

Rafael MOLINA SÁNCHEZ “LAGARTIJO

LagartijoIl est né dans la ville de Góngora, concrètement dans le quartier de La Merced de l’ancienne capitale du Califat, le 27 novembre 1841 et il est mort dans la même ville le 1er août 1900.

Fils du banderillero Manuel Molina « Niño de Dios », Rafael est né torero. Il n’a que 9 ans lorsqu’il torée pour la première fois en public, le 8 septembre 1851. En 1861, il banderille à Cordoue et fait partie du quadrille du malheureux Pepete. Il rentre l’année suivante dans ceux de Manuel et Antonio Carmona. Le premier l’a protégé depuis ses débuts. Isabel II le voit banderiller à Séville avant qu’il ne rencontre le succès à Madrid en 1864 alors qu’il se présentait comme remplaçant. Il y fut blessé le 3 juillet dans la traditionnelle Corrida de Beneficencia dans laquelle il tua le huitième toro. Il prit l’alternative à Úbeda (province de Jaén) des mains de Gordito, le 29 septembre 1865 et c’est Cayetano Sanz qui la lui confirma le 15 octobre. Ses estocades sont déjà très célèbres. Rafael Molina commence à rivaliser avec El Tato et Cúchares à partir de 1866 puis avec Frascuelo, son éternel rival, à partir de 1868, en particulier à Grenade. Il torée à Madrid en 1871 et l’année suivante est remplie de triomphes pour les deux toreros, qui rivalisent de courage, surtout au deuxième tiers. Le 18 juillet 1874 se déroule la dernière corrida dans les arènes de la Porte d’Alcala avec Lagartijo et Frascuelo à l’affiche, face à des toros d’Aleas. A partir de cette année-là, Lagartijo devient le torero favori de l’afición madrilène mais c’est aussi l’année où il commence à donner son célèbre pas en arrière au moment de l’estocade. Les deux toreros toréent ensemble à Madrid entre 1800 et 1805 dans une euphorie générale. Le 30 octobre, a lieu une corrida de Miura dans laquelle Lagartijo et Mazzantini toréent admirablement. Mais à partir de 1885 la décadence du Cordouan devient de plus en plus évidente, comme pour la corrida de Palha du 28 avril 1889 à Madrid. Cette année-là, Rafael Molina inaugure les arènes de la rue Pergolèse dans la capitale française. Frascuelo prend sa retraite en 1890 et c’est là que commence une rivalité avec Guerrita qui s’inclinera en faveur de ce dernier, sans que notre « Lézard », avec ses 50 printemps, soit dépassé. La décadence de Rafael Molina culminera en 1893, dernière année de sa carrière, où il torée 5 corridas en solitaire, à Saragosse, Bilbao, Barcelone, Valence et Madrid. Celles de Bilbao et Madrid furent particulièrement désastreuses. Pour la corrida célébrée dans la capitale, le 1er juin, jour du Corpus, il dut même être protégé par la maréchaussée.

Lagartijo est le torero qui a imposé la notion d’élégance, devenant dès lors consubstantielle, la tauromachie commençant à partir de là à être considérée comme un Bel Art. Il réunit en fait un compromis idéal entre élégance, courage et technique. A la fin de sa carrière il exécute la suerte suprême à la façon des banderilleros pour laisser sa célèbre media lagartijera (perpendiculaire). Il a cependant été un torero très complet, autant à la cape et à la muleta qu’avec les banderilles et l’épée. L’appellation de larga cordobesa rappelle les origines de Lagartijo car il l’a réalisé d’une manière inimitable, en tournant avec temple sur les talons. Lagartijo peut être considéré comme le Botticelli des toreros, l’un des premiers maîtres de la Renaissance taurine qui culminera au début du XXe siècle.


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