Juin 27 2015

Etude comparative entre le RTM et ses homologues espagnols (V)

CONCLUSION

Le règlement taurin français n’émane pas d’une loi et il provient directement, dans son fondement, du règlement espagnol. Cependant, il possède un degré d’indépendance plus important que prévu, bien que les progrès qui se sont produits dans l’ancienne Gaule sont plutôt dus au travail de quelques bénévoles et à l’associationnisme taurin en général. Mais le mauvais versant, qui existe en toute chose, est l’amateurisme qu’il suppose (et la myriade de critères au moment d’analyser les problèmes).
Le Règlement Taurin Municipal, dans de nombreux cas, n’est pas complètement respecté, soit à cause de certaines conventions où les lobbies ont remporté le bras de fer, soit en raison de la tolérance régnante et le manque de sanctions clairement établies. Il est positif, et cela vaut partout, qu’une compétence législative soit assumée (par substitution dans le cas qui nous intéresse) mais il est aussi important que soit appliquée la loi pour qu’elle ne ressemble pas, disons-le sans ambages, à une lettre morte qui ne fait que discréditer l’état de droit et, pour le thème présent, enlever de l’intérêt à la Corrida, aux prises avec l’éventail de possibilités qu’offre la moderne société du loisir.
Cette culture traditionnelle qu’est notre tauromachie n’est pas exempte d’évolutions mais toutes ne sont pas valables. Son intégrité doit être préservée et pour cela le peuple du toro, l’Afición, doit forcer une révolution, en s’impliquant et en obligeant qu’on l’implique plus dans les processus en cours et en ne laissant pas tout entre les mains des professionnels. J’ai écrit un jour que les toreros poursuivaient la noblesse originelle, celle qu’on gagne dans les champs de bataille en réalisant des hauts faits : des gestes au féminin et non des « gestes » au masculin (formatés par leurs sélectionneurs), mais parfois ils semblent se contenter d’être une noblesse de cour. Contre l’impunité de certains abus il n’y a qu’un chemin. Les Français le savent bien.
L’U.V.T.F. sous la pression de l’O.N.C.T. vient d’adopter des mesures pour défendre, promouvoir et transmettre la culture taurine et pour cela elle a élaboré un système de financement propre et novateur divisé en trois tiers : 1% des cachets des toreros, 1% sur l’achat du bétail, 1% des recettes. La réaction sera-t-elle suffisante ? Probablement pas bien qu’elle suppose une avancée certaine. Lorsqu’on ne se limite pas à de vains mots mais qu’on essaye quelque chose, il faut le mettre en exergue et le soutenir. Mais sans rentrer dans une dialectique paranoïaque de l’ennemi intérieur, il est certain qu’il ne faut pas seulement se défendre des attaques extérieures (celles-là on ne peut plus claires) mais aussi se prémunir contre les maux endémiques qui nous flouent par inertie.


Juin 20 2015

Etude compartive entre le RTM et ses homologues espagnols (IV)

IV. QUELQUES NOTES COMPARATIVES avec les REGLEMENTS REGIONAUX ESPAGNOLS

1. NAVARRE (le plus ancien)
a. Différences pouvant être considérées positivement du point de vue de l’aficionado
Le RTM pourrait bien s’inspirer du règlement navarrais pour instaurer des normes concernant les arènes et en particulier pour ce qui est des dimensions de la piste et les 35 mètres minimum de celui-ci. Ce ne serait sans doute pas une mauvaise chose qu’il en fasse de même pour le Registre des Entreprises Organisatrices (l’Andalousie et le Pays Basque reprennent aussi cette mesure) et sur le sujet du pan du caparaçon à 65 centimètres minimum du sol.
En outre, en considérant que la Corrida est inscrite à l’Inventaire Culturel des Biens Immatériels du Patrimoine Français depuis 2011 après l’inclusion d’autres types de spectacles taurins comme les courses camarguaises (2008) et, de façon surprenante, dans l’attente qu’il en soit de même avec les courses landaises, il semblerait bon qu’apparaisse un règlement unique qui pourrait inclure certaines pratiques des spectacles taurins populaires (je pense à certains lâchers de vachettes ou au toro encordé d’Eyragues qui malheureusement s’est fait connaître récemment pour son interdiction, en espérant qu’elle ne soit que provisoire) étant donné que le règlement navarrais est le premier à intégrer les corridas basquo-landaises.

b. Similitudes nuisibles à partir du même point de vue
La diminution des attributions présidentielles est comparable dans les deux cas, ainsi que la surveillance des bêtes de la part de l’empresa et le non-remboursement du montant des billets en cas de force majeure.
Mais le thème le plus délicat est la possibilité de l’arrangement des cornes qui a sans doute d’autant moins de raison d’être pratiqué aujourd’hui avec les fourreaux (les fundas) qui sont souvent justifiés dans le sens d’une protection des cornes mais qui imposent des manipulations supplémentaires en bien trop grand nombre.

2. ARAGON
a. Différences pouvant être considérées positivement du point de vue de l’aficionado
Ce qui vient d’être commenté concernant la hauteur minimale du pan du caparaçon est également valable pour cette Communauté Autonome.
Le fait d’afficher aux arènes la demande d’analyses des cornes dans un délai de 12 heures bénéficierait à l’Afición si tant est que le règlement français soit en ce sens réellement respecté.
Le RTM est muet au sujet des scellés des caissons alors que le règlement aragonais est on ne peut plus clair sur cette question : l’absence de ceux-ci est un motif de renvoi.
Le président a le devoir d’être impérativement présent, ce qui paraît logique, lors des examens préliminaires et finaux. Ces derniers sont donc obligatoires comme dans la majorité des règlements même si cela n’est pas les cas en France.

b. Similitudes nuisibles
Ici aussi l’arrangement des cornes est autorisé (bien qu’en Aragon cela se fasse sur décision du président) et l’organisateur est également le responsable de la surveillance du bétail.

3. ANDALOUSIE
a. Différences pouvant être considérées positivement du point de vue de l’aficionado
La diminution du poids des chevaux des picadors, comme la taille des piques, est une réalité avérée dans certaines arènes françaises, face à laquelle il n’existe que deux voies possibles : trouver la manière de sanctionner ce qui est contraire au règlement ou l’accepter. Le deuxième aspect est le plus polémique dans la mesure où la partie la plus « ultra-toriste » des amateurs français considère que ce qui est réellement important est, d’un côté, la manière de piquer plus que la dimension de la pique, et surtout, de l’autre, le fait d’élever un toro avec une puissance suffisante pour supporter un premiers tiers ad hoc.
Un autre point intéressant du règlement andalou consiste à demander une formation pour les présidents ou la possibilité de renvoi du bétail au second tiers.
Stipuler que le président n’ait aucun lien avec l’organisation ou les différents acteurs (comme en Castille-et-Léon) serait pareillement positif, vu que nous avons déjà expliqué que cela ne va pas toujours de soi.
Il serait aussi intéressant de considérer qu’il faille couper 3 oreilles dans un mano a mano ou 4 dans une corrida en solitaire pour sortir en triomphe ou de demander l’unanimité des matadors pour juger qu’un animal a été précédemment toréé.

b. Similitudes nuisibles
Comme dans les précédents, le règlement andalou reprend la néfaste affaire de l’arreglado également prévu en France.
Dans son article 84 le règlement français autorise l’indulto sans distinction de catégories d’arènes (comme en Andalousie) ni de catégories de spectacles. Ce n’est pas que la grâce en soi me paraisse mauvaise (même si elle va à l’encontre du sens profond de la Corrida) mais il faudrait la limiter à des cas exceptionnels et en considérant toujours la présentation et encore plus la puissance et la bravoure de l’animal, ce qui malheureusement n’est le plus souvent pas pris en considération, en confondant ce qui est un bon toro pour le torero avec ce qui est un grand toro pour l’aficionado, cet animal éternel dans nos souvenirs qui souvent et malheureusement mérite une vuelta alors que l’indulto est plutôt réservé à l’autre type et alors la mise en valeur du torero est ce qui reste (en précisant que je suis de ceux qui ont assisté à la grâce d’Arrojado en 2011).
Il faudrait aussi réfléchir au décompte du temps pour le premier avis à partir de la première tentative de mise à mort.

CASTILLE-et-LÉON
a. Différences pouvant être considérées positivement du point de vue de l’aficionado
Les spectacles de type bolsín ou certamen comme les corridas mixtes devraient, à mon avis, faire leur entrée dans le Règlement Taurin Municipal de manière à pouvoir les réglementer.
Les représentants d’aficionados peuvent être présents dans cette région lors des différents examens, ce qui un progrès indéniable qui mériterait d’être imité.

b. Similitudes nuisibles
Ici aussi l’arrangement des cornes est permis.

PAYS BASQUE
a. Différences pouvant être considérées positivement du point de vue de l’aficionado
La possibilité de remboursement (de manière partielle il est à supposer) dans le cas d’une interruption jusqu’au second toro est un aspect intéressant de la défense des spectateurs.
Les règlements basques et français sont les seuls à exprimer l’attribution présidentielle concernant le début des pasodobles.
Ce règlement indique également que l’endroit où la pique est placée doit être pris en considération pour l’attribution du double trophée, ce que ne fait pas le RTM avec la même précision.
Sur la question des analyses des cornes, les élus français seraient inspirés de prendre exemple sur la Communauté Autonome basque qui a adopté la mesure de 1/6 pour la pointe de la corne par rapport à la longueur totale de celle-ci, faisant de ce règlement le plus exigeant, donc celui qui garantit le mieux l’intégrité du spectacle. La même chose peut être dite des analyses aléatoires évoquées dans cette même réglementation.
Nous sommes également envieux de la possibilité d’imposer une amende pour infraction légère pouvant aller jusqu’à 1200 euros et qui pourrait faire réfléchir certains « lidiadors » en cas d’avertissement (même s’il faudrait aussi penser à l’interdiction de la part des organisateurs de payer ces amendes comme il semble que cela soit habituel dans certains contrats).

b. Similitudes nuisibles
Les différences d’exigences envers les professionnels empêche, de mon point de vue, l’application du règlement comme nous l’avons exprimé supra pour les novilleros. Dans le règlement basque celles-ci concernent les picadors : 30 novilladas desquelles 10 doivent avoir été en 1ère ou 2e catégorie pour pouvoir exercer en corridas de toros.
Ici aussi, comme dans tous les règlements régionaux, l’arreglado est permis.


Juin 13 2015

Etude comparative entre le RTM et ses homologues espagnols (III.2.)

III. DIFFERENCES avec le REGLEMENT ESPAGNOL

PRESIDENCE
Le président est désigné par le maire (et souvent de manière indirecte par les organisateurs) et il doit prendre en compte l’opinion des assesseurs (qui sont indistincts : il n’est pas obligatoire qu’il y ait un vétérinaire). Il n’y a aucune mention d’un possible substitut.
Les prérogatives partagées entre le président et le délégué de la C.T.E.M. (le président de cette commission sans doute) ne sont pas bien définies pour ce qui est du contrôle des papiers des acteurs : Sécurité Sociale française ou espagnole (d’après ce qui est exprimé dans l’article 91) et cartes d’identité ou professionnelle (art. 57).
Il doit au moins être présent pour le tirage au sort des lots et bien-sûr pour « l’isolement » des bêtes qui a lieu à la suite, mais aussi, supposément, pour l’examen préliminaire (qui n’est pas nommé avec clarté mais plutôt implicitement) même si son avis n’est pas déterminant puisque les décisions sont collégiales (le triumvirat formé par le président et ses assesseurs d’une part, les délégués de la C.T.E.M. de l’autre et aussi par le délégué de l’U.V.T.F., le cas échéant, c’est-à-dire par une assemblée comprenant jusqu’à 7 personnes). Dans la pratique la décision de la C.T.E.M. est prépondérante.
Le président doit inspecter l’arène (les lignes en particulier) avec le délégué de la C.T.E.M. quand, en Espagne, c’est seulement l’équivalent de celui-ci qui réalise cette tâche.
Dans l’article 70 il est aussi censé vérifier que le couloir circulaire de l’arène est occupé par des personnes accréditées.
Il est expressément responsable de la musique, qui ne devra pas jouer avant la fin de l’évacuation de la dépouille (art. 39).
Un alguacilillo doit être attentif et à la disposition du président (art. 40).
Il a surtout la possibilité d’interrompre la suerte des piques s’il juge le châtiment disproportionné (art. 73.6.).

INTEGRITE et SANCTIONS
Une pratique très commune dans les petites arènes et qui n’est pas inscrite dans le RTM est la substitution des cercles concentriques par un arc en forme de serrure où sont rajoutés trois marques qui indiquent trois distances de mise en place : proche, intermédiaire et lointaine. Dans certains cas, il est possible de voir des animaux provoqués depuis la porte du toril ce qui met parfois les gens debout dans une suerte qui recouvre alors toute sa beauté, ce qui peut aussi arriver, avec un toro manso mais « encasté », quand le piquero sort au centre (les terrains « extérieurs »), comme ce qui s’est produit lors de la dernière feria de Vic-Fezensac de la part de Gabin Rehabi qui montait Destinado de Bonijol pour affronter un toro Dolores Aguirre, et bien qu’une partie du public n’ait pas compris dans un premier temps qu’il est non seulement parfaitement licite (ce qui est effectivement admis autant dans le règlement espagnol que dans le français) de dépasser les lignes dans des cas comme celui-ci mais qu’il s’agit, qui plus est, d’une véritable démonstration de courage.
Le règlement français reprend l’ancienne manière de piquer, d’une manière quelque peu romantique (comme dans celui du Pays Basque d’ailleurs), puisqu’il explique que le picador doit piquer « dans le haut du morrillo » (malgré la faute d’orthographe, avec un R simple, de l’article 73.4, comme exemple d’une rédaction en général peu soignée du RTM). La manière de provoquer l’animal est décrite plus précisément vu que le picador doit l’appeler « perpendiculaire au cercle extérieur », ce qui dans certaines arènes est effectivement la norme.
Le responsable de la surveillance des animaux est l’entreprise organisatrice (art. 47) et on ne mentionne nullement les forces de l’ordre pour cette mission.
Comme une réminiscence du règlement de 1992 « l’arreglado » des cornes de deux toros par corrida est autorisé et celles-ci ne rentreront pas dans le tirage au sort pour l’analyse (Communiqué de l’Association Française des Vétérinaires Taurins du 8 mars 2005). L’obligation d’annoncer cette opération n’existe pas puisqu’elle ne figure pas expressément dans le règlement (art. 58), ce qui dénote un manque de sérieux dans des conventions pour le moins très libres.
De plus, malgré son nom, la Commission de Contrôle ne réalise pas un véritable examen post mortem (art. 58 : deux vétérinaires, celui de la C.T.E.M. et celui de l’A.F.V.T. mandaté par l’U.V.T.F., accompagnés d’un représentant de cette dernière) et le président technique en est de toute manière exclu, ses prérogatives étant de ce fait bien diminuées. Il convient de noter que le vétérinaire apparaît pour la première fois comme personnage indispensable mais seulement dans les arènes de première catégorie où cette commission est obligatoire.
Une analyse systématique se pratique sur deux paires de cornes dans ces mêmes arènes (qui sont nommées mais non-définies) bien que dans la pratique, comme cela a déjà été dit, le choix des pointes se fait par tirage au sort après l’apartado (le lobby des éleveurs n’est pas étranger à cela, lequel ne reconnaît d’ailleurs pas la méthode d’analyse utilisée dans le laboratoire de Toulouse même si elle est considéré par d’autres comme étant plus précise que celle qui est employée à Madrid) et non « désignées » comme le précise le règlement (art. 58.c), entre les 4 paires restantes après le possible et très pratiqué « arreglado » (sans qu’il soit apparemment possible d’en inclure d’autres) ce qui est tout simplement une double anomalie. De plus, pour qu’il y ait sanction, les deux cornes doivent avoir été convaincues de manipulation. Et pourquoi pas une seule ?
Pour l’analyse annuelle, le président de l’U.V.T.F. et le président de l’A.F.V.T. inviteront les éleveurs et des représentants de plusieurs associations (d’aficionados, on suppose). Le président d’une C.T.E.M. peut également demander à son maire, après avoir rempli un procès-verbal (pas de manière systématique), l’envoi de cornes à ces analyses annuelles, mais ce que ne dit pas le règlement c’est que dans ce cas les frais sont à leur charge.
Lors de la dernière Assemblée Générale de l’U.V.T.F., en novembre 2014, il a été décidé que les analyses seront également réalisées dans les catégories de corridas qui en étaient jusqu’alors exclues comme les corridas-concours, les corridas mixtes (il faut souligner que contrairement au règlement aragonais ce type de corrida n’est pas défini dans l’alinéa correspondant) et celles appelées de défi où les animaux combattus sont de deux ou trois élevages différents.
Les sanctions légères sont dérisoires (60€ tout au plus pour une infraction de première catégorie) qu’il faut comparer aux 450€ prévus dans le règlement navarrais et qui peuvent, par exemple, être imposés pour un changement de tercio sans autorisation) mais seulement théoriques : rien n’est écrit à ce propos (le règlement espagnol est copié sans aucun type d’adaptation ni aucune préoccupation pour l’appliquer) et, dans la pratique, aucune sanction n’est prononcée (les avancées qui se sont produites en France semblent uniquement obtenues grâce à des incitations). Seule une AG de l’U.V.T.F. peut prononcer une suspension, dans des cas exceptionnels, comme pour les élevages de Palha et de Juan Pedro Domecq, condamnées pour afeitado en 2005. Mais malgré les imperfections de ce système le nombre de cornes analysées est infiniment supérieur à celui qui est pratiqué en Espagne tant en valeur absolue que relative (28 paires en Espagne en tout dans les 3 années antérieures à 2014 contre 50 paires en France pour la seule saison 2013 ). L’article 92 précise aussi la possibilité pour le président de l’U.V.T.F. de demander une sanction de la part de l’U.C.T.L. mais les faits devraient être exceptionnels pour que cette association d’éleveurs prenne des mesures quand il est bien connu qu’elle agit bien souvent de façon très corporatiste.
Il existe un Corps de Présidents et Assesseurs de Corridas mais il n’est pas inscrit dans le RTM comme dans certains règlements espagnols (Castille-et-Léon en particulier). Il s’agit d’une création de la F.S.T.F. (Fédération des Sociétés Taurines Françaises) et de 42 présidents à partir de fin 2012. Le Document d’Assistance à la Présidence qu’ils ont rédigé stipule qu’un tour de piste posthume, et a fortiori une grâce, ne devrait pas être accordé avec moins de trois piques, et il précise que l’une des attributions du président est de rappeler avant le paseo l’importance d’un premier tiers réalisé en suivant les règles et allant crescendo, ce qui implique de renoncer à la mono-pique (rappelons qu’il en faut obligatoirement deux pour n’importe quelle arène) et, au contraire, d’infliger un châtiment limité dans la première rencontre. La manière de pratiquer la suerte de piques en France est principalement due, le règlement mis à part, aux prix décernés en monnaie sonnante et trébuchante (plus intéressants pour les professionnels que les prix symboliques car ils ne travaillent pas que pour l’amour de l’art comme l’ancienne noblesse), dans des spectacles isolés et non pour un abonnement complet, et à ce dialogue préalable indispensable pour contrecarrer l’image que les piqueros eux-mêmes ont de leur profession comme un reflet des goûts de certains publics modernes qui n’ont rien connu d’autre (même dans certaines arènes importantes) que la suerte sans âme qui est devenu la norme, sifflée pour avoir perdu sons sens.

PRINCIPALES ABSENCES
Rien n’est indiqué sur le diamètre de l’arène et il est certain que celle de Vic-Fezensac, bien qu’étant de première catégorie française, ne pourrait pas célébrer de corridas en Espagne en respectant le règlement.
Il n’y a pas non plus quelque mention que ce soit sur le signalement de la date de la ferrade ou celle de l’embarquement.
Le RTM omet de parler du Livre Généalogique français qui cependant existe bel et bien pour les élevages de l’Association des Eleveurs Français de Taureaux de Combat (A.E.F.T.C.). Il demande simplement le certificat de naissance (art. 43) « attestant de leur inscription au livre généalogique du pays d’origine » (art. 48).
Le procès-verbal final, qui est le principal document en matière de garanties sur l’intégrité du spectacle, n’y figure pas non plus, en partie parce que l’obligation de pratiquer l’examen post mortem n’apparaît pas non plus, mais cela reste malgré tout surprenant et même quelque peu choquant.
Même si elle n’existe pas sous cette appellation, la France dispose d’une entité comparable à la Commission Consultative des Affaires Taurines avec l’Observatoire National des Cultures Taurines (O.N.C.T.), présidé par l’écrivain et ancien matador André Viard et qui réunit toutes les parties impliquées dans les diverses tauromachies. Cette entité a permis l’inscription de la Corrida au Patrimoine Culturel Français, ce qui suppose la reconnaissance du fait culturel taurin même s’il s’agit d’une procédure plus administrative que juridique.


Juin 6 2015

Etude comparative entre le RTM et ses homologues espagnols (III.1.)

III. DIFFERENCES avec le REGLEMENT ESPAGNOL

FONCTIONNEMENT et ORGANISATION
La Commission Taurine Extra Municipale (C.T.E.M.), qui comprend une représentation d’usagers (Titre 2), est l’une des particularités les plus singulières du système taurin français. Deux ou trois délégués de celle-ci, au mandat d’un an (art. 7), sont présents aux examens (art. 9 et art. 48-54). Pour les examens préliminaires il pourra y avoir (ce n’est donc pas obligatoire; art. 50) un vétérinaire de ladite commission. Ils occupent aussi dans de nombreux cas le rôle qui correspond dans le règlement espagnol au délégué du gouvernement : contrôle du matériel (banderilles, piques et chevaux) ou des lignes par exemple, ainsi que celui de l’infirmerie. En théorie (art. 9.f) ils peuvent solliciter auprès du maire l’analyse des cornes et même les analyses biologiques.
L’absence du délégué du gouvernement ou équivalent suppose que ses fonctions soient partagées entre la direction des forces de l’ordre et les alguacilillos (en plus de celles auxquelles nous faisions référence pour les délégués de la C.T.E.M.) bien que leurs attributions ne soient pas clairement définies (art. 19). Ils sont nommés par le maire et il leur est demandé de connaître aussi bien le règlement que la langue de Cervantès.
Les exigences envers les novilleros sont différentes : seulement 20 novilladas piquées pour prendre l’alternative (5 de moins par rapport au règlement de 1996) mais 15 sans picadors pour avoir accès à la catégorie supérieure (5 de plus). Que se passe-t-il lorsqu’un matador qui vient de prendre l’alternative en France avec 20 novilladas à peine dans sa besace est engagé en Espagne ou lorsqu’un novillero qui vient de faire sa présentation avec 10 novilladas sans picadors à son actif est engagé en France ?
L’article 73 sur la confirmation d’alternative dans n’importe quelle arène de première catégorie ne se réalise pas dans la pratique, sauf dans la ville de Nîmes qui a décidé unilatéralement de célébrer cette cérémonie (fait qui a provoqué le rajout correspondant qui ressemble à celui de la première version du règlement basque qui ouvrait cette possibilité aux trois chefs-lieux de province de cette région).
Pour les corridas à cheval, le RTM est plus précis, étant donné qu’il est écrit que les cavaliers « pourront poser à chaque toro quatre banderilles longues, la dernière pouvant être posée à deux mains, et trois banderilles courtes ou trois roses » (art. 88.5.). Le règlement espagnol ne mentionne pas les banderilles courtes et ne stipule que trois paires. De plus, le nombre de subalternes est fixé à trois quand le rejoneador combat deux toros («un banderillero de plus qu’il n’y aura d’animaux à combattre »; art.88.4.).
Une différence fondamentale qui explique en partie la revalorisation du tercio de piques est l’imposition, pour n’importe quelle arène, d’un minimum de deux rencontres avec le cheval du picador, seule manière d’apprécier la bravoure de l’animal (art. 73.6).

BETAIL
L’arrivée aux arènes doit avoir lieu avec 30 d’heures d’avance, comparées aux 24 du règlement référent.
Le poids maximum des novillos est inférieur de 40 kg par rapport au règlement espagnol (comme dans tous les règlements régionaux excepté l’Aragon).

GARANTIES et OBLIGATIONS des TOREROS
Il doit y avoir au moins 4 personnes dans l’équipe médicale française (art. 15) contre 5 (4 médecins en incluant l’anesthésiste), plus un nombre indéterminé de personnel auxiliaire, dans le cas espagnol.
Il y a dans l’article 67 une mention assez curieuse qui indique que les toreros « ne pourront exiger de l’organisateur que les toros soient achetés à tel élevage » et la même réserve apparaît envers les possibles exigences concernant l’achat du matériel à des fabricants de leur choix.

MATERIEL
Dans les arènes françaises, différents modèles de piques sont employés, en contradiction avec le règlement, dépendant, pour une bonne part, du niveau d’exigence des C.T.E.M. Dans la pratique, l’écurie qui fournit les chevaux arrive à imposer ses choix et même son propre matériel, en particulier les piques Heyral (sans cordes, depuis 2012) et surtout Bonijol, depuis 2011 (elles sont en métal, en téflon pour plus de précisions, et elles facilitent la pénétration même si les lésions seraient plus franches et moins larges), mais la pique andalouse est aussi parfois utilisée (en plus de la pique de tienta au bout d’un certain nombre de rencontres).

DROITS du SPECTATEUR
Dans l’article 21, le RTM fait référence à la présence obligatoire (« il y a aura », est-il écrit) des placeurs dont la fonction s’étend à solliciter l’aide des forces de l’ordre dans le cas où certains spectateurs auraient un comportement indésirable.
La précision indiquant que les lettres des affiches devront être de la même taille pour chaque matador en suivant l’ordre d’ancienneté est une autre précision singulière.
Au dos des billets, un avis au public est écrit de manière contractuelle (art. 37).
Il n’y a pas de représentation d’associations indépendantes d’aficionados pour les examens et, de ce point de vue, on est en droit de considérer que celui des spectateurs est mis à mal.
Le remboursement du prix du billet n’est pas possible si un matador est remplacé par un autre de la même catégorie ou de catégorie inférieure (art. 30.3), mais, dans les cas où cela se produirait, le spectateur peut faire usage de ce droit jusqu’à l’heure du paseo. Les horaires pour le remboursement doivent être annoncés dans un délai de 48 heures (art. 37), le texte renvoyant aux normes en vigueur. Par ailleurs (art. 30), le concept de préférence nationale apparaît pour le remplacement d’un professionnel ou pour compléter le nombre d’animaux, ce qui est en totale contradiction avec la règlementation européenne, mais il semble que ce soit seulement une recommandation.
La revente n’est pas autorisée (la notion de revente officielle n’existe pas; loi du 27 juin 1919) mais il n’y a pas non plus d’obligation de garder un pourcentage des entrées pour le jour du spectacle.


Mai 30 2015

Etude comparative entre le RTM et ses homologues espagnols (II)

II. SIMILITUDES avec le REGLEMENT de 1996
Le règlement Taurin Municipal part indéniablement du règlement espagnol en vigueur comme il est écrit dès l’article 2 . Voyons-cela en détail.

FONCTIONNEMENT et ORGANISATION
Les mêmes catégories de spectacles sont reprises et pour les becerradas l’âge des animaux est précisé : entre 18 et 24 mois (art.25).
Le nombre de chevaux dans les corridas de rejones est le même et les règles pour occire les toros sont identiques, sauf que le règlement français permet de ne planter qu’un seul rejón pour mettre pied à terre (art. 86.5.).
Le poids des chevaux des picadors est identique (500-650 kg) et le choix de ceux-ci suit la règle de l’ordre d’ancienneté des cavaliers. Par ailleurs, au moins en théorie, la pique est la même.
Il n’y a pas non plus en France de remboursement possible après que le premier animal soit sorti et l’annulation du spectacle sera pareillement effective une heure après l’heure prévue.

GARANTIES envers les TOREROS
Comme en Espagne il doit y avoir au moins une ambulance bien que les normes sanitaires fassent l’objet, dans la réglementation espagnole, d’un texte à part. Il faut noter que jusqu’à une date récente deux ambulances étaient nécessaires en France et, du fait de ce changement, on considère désormais, qu’en cas de transfert, le spectacle devrait être interrompu jusqu’à l’arrivée d’une autre.
Au « n’importe quelle circonstance climatologique » de l’article 85 du règlement espagnol il est précisé dans l’article 86 du français que « lorsque le vent constitue par sa violence un risque grave pour les toreros » le spectacle sera suspendu de manière momentanée ou définitive.

BETAIL
Le poids des toros est similaire dans les catégories correspondantes.
Le nombre de toros de réserve est identique, ainsi que les cas de renvoi : en principe celui-ci n’est pas possible pour un accident inhérent au combat.
Pour le transport des animaux le RTM fait référence à la réglementation en vigueur, sans qu’on puisse savoir exactement s’il renvoie à la réglementation française en matière de transport de bétail en général ou s’il se réfère au règlement taurin espagnol (art. 47).
Il existe ici aussi l’obligation de porter la devise (art. 59).
Dans le cas où un toro serait gracié, la mise à mort doit être simulée avec une banderille (comme dans l’article 83 du règlement espagnol) et le prix de la viande doit être payé par l’éleveur à l’organisateur (distinction avec le règlement espagnol qui mentionne la chose suivante dans l’alinéa 5 : « la quantité ou pourcentage convenus par eux »).

PRESIDENCE
Les communications aux spectateurs doivent être autorisées par le président, appelé en France avec le qualificatif de ‘technique’ (art. 30.5).
Dans les deux règlements, le président peut renvoyer une bête après que le matador ait jugé qu’il s’agit d’un animal toréé au préalable.
Après avoir averti les matadors (directeur de lidia ou un autre) il pourra le sanctionner pour faute légère dans le cas d’un manquement au règlement (art. 71 y 72) mais pour la suerte des piques la sanction interviendra au troisième avertissement (art. 73.8.) comme dans le règlement de 1996.
Les mêmes « avis » apparaissent pour la suerte suprême avec un décompte à partir de la première passe de muleta et la seconde oreille est également une attribution présidentielle.

INTEGRITE
En contradiction avec la réalité, l’article 46 affirme que les animaux aux cornes fendues (astillados) ne pourront pas être combattus en corridas de toros, à moins que cet article soit pris comme justification pour « arranger » les cornes. Si non, le RTM suit les mêmes conditions que le règlement du royaume voisin pour les animaux escobillados (cornes en brosse), despitorradas (cornes cassées), hormigones (cornes malades) et mogones (cornes arrondies) qui pourront être combattus en novilladas piquées.
La proportion de 1/7 est la même dans les deux règlements pour prendre en considération un manque de substance sur une corne.
Théoriquement le sang, les viscères et les déjections des animaux peuvent être également analysés, si tant est que le délégué de l’U.V.T.F. en décide ainsi, et pour ce faire un laboratoire officiel est indiqué, sis dans la ville de Lyon, bien que dans les faits il ne semble pas qu’il y ait eu aucun prélèvement effectué.


Mai 23 2015

Etude comparative entre le RTM et ses homologues espagnols (I)

I. CADRE LEGAL et STRUCTURE

1. CADRE LEGAL
La décision n°2012-271 du Conseil Constitutionnel du 22 septembre 2012 ne fait que confirmer la légalité des corridas dans les villes de tradition taurine, en reprenant l’historique juridique sur la question qui nous occupe . La France n’a pas de loi taurine proprement dite et la légalité à laquelle nous faisions allusion se base sur la loi 51-461 du 24 avril 1951 sur la maltraitance animale dans laquelle ces spectacles ont été autorisés de manière dérogatoire après un siècle complet de lutte. Par conséquent, les corridas sont interdites en France sauf dans quelques cas concrets comme le confirme l’article 521-1 du Code Pénal.
Par ailleurs, depuis la loi du 18 mars 1999 sur les spectacles, les corridas ne sont plus soumises à une autorisation municipale préalable bien que le maire puisse les suspendre, mais pas de manière abusive, comme l’a confirmé le verdict du Tribunal Administratif de Toulouse du 13 septembre 2002 sur le cas du village de Rieumes qui a permis de préciser que le concept de tradition taurine se considère en fait plutôt d’un point de vue géographique, un précédent dans une municipalité concrète n’étant, par exemple, plus nécessaire pour la célébration d’un spectacle taurin.
Etant donné que le gouvernement français se désintéresse de la question taurine, la réglementation est à la charge des cinquante et quelques villes taurines du sud de la France qui accueillent des spectacles avec mise à mort et qui se sont regroupées dans l’U.V.T.F. (Union des Villes Taurines de France, créée en 1966) pour donner vie à la première version du Règlement Taurin Municipal en 1973.
Il faut noter que Nîmes en est exclue depuis 2006 (depuis lors elle ne semble pas avoir manifesté le désir de revenir en son sein) après l’engagement de l’élevage de Palha de la part des organisateurs malgré qu’il ait été sanctionné par cette association.

2. STRUCTURE
Il n’y a pas plus de 28 pages dans le règlement français contre 41 dans l’espagnol, en partie parce que celui-là renvoie à celui-ci. En plus, le règlement ibérique est composé de différentes dispositions additionnelles et de X titres qui comportent 93 articles quand le français compte VIII titres mais le même nombre d’articles.

PLAN DU RÈGLEMENT TAURIN MUNICIPAL

PRÉAMBULE

TITRE I – OBJET ET CHAMP D’APPLICATION (articles 1 à 4)

TITRE II – LA COMMISSION TAURINE EXTRA-    MUNICIPALE (articles 5 à 9)

TITRE III – LES ARENES ET LEUR PERSONNEL
    Les trois catégories d’arènes (article 10)
    Des infirmeries (articles 11 à 18)
    Des personnels divers (articles 19 à 22)
    De l’horloge (article 23)

TITRE IV – DISPOSITIONS COMMUNES A TOUS LES SPECTACLES
    CHAPITRE I – CLASSIFICATION DES SPECTACLES ET CONDITION REQUISES POUR bbbbbbbbbbbbb LEUR ORGANISATION ET LEUR CELEBRATION ( art. 24 à 29)
    CHAPITRE II – DROIT ET OBLIGATIONS DES SPECTATEURS (articles 30 à 37)
    CHAPITRE III – PRESIDENCE TECHNIQUE ET POUVOIRS DE POLICE (art. 38 à 42)

TITRE V – DISPOSITIONS VISANT A GARANTIR L’INTEGRITE DU SPECTACLE
    CHAPITRE I – CARACTERISTIQUES DU BETAIL A COMBATTRE (art. 43 à 46)
    CHAPITRE II- TRANSPORT DU BETAIL ET EXAMENS PRELIMINAIRES (art. 47 à 54)
    CHAPITRE III – EXAMENS ET OPERATIONS PREALABLES A LA COURSE (art. 55 à 57)
    CHAPITRE IV – DES EXAMENS « POST MORTEM » (article 58)
    CHAPITRE V – DES GARANTIES ET MESURES COMPLEMENTAIRES (articles 59 à 68)

TITRE VI – DU DEROULEMENT DE LA COURSE
    CHAPITRE I – DISPOSITIONS GENERALES (articles 69 à 71)
    CHAPITRE II – DU PREMIER TIERS (TERCIO) DU COMBAT (articles 72 à 76)
    CHAPITRE III – DU DEUXIEME TIERS (TERCIO) DU COMBAT (articles 77 à 79)
    CHAPITRE IV – DU DERNIER TIERS (TERCIO) DU COMBAT (articles 80 à 84)
    CHAPITRE V – AUTRES DISPOSITIONS (articles 85 à 87)

TITRE VII -DISPOSITIONS PARTICULIERES RELATIVES A CERTAINS SPECTACLES
    CORRIDAS DE REJONES (article 88)
    FESTIVALS (article 89)
    BECERRADAS (article 90)

TITRE VIII – DES SANCTIONS (articles 92 et 93)


Mai 16 2015

Etude comparative entre le Règlement Taurin Municipal et ses homologues espagnols

INTRODUCTION

La planète taurine n’a qu’une seule frontière, celle qu’on connaît par la litote de la « marre », c’est-à-dire la séparation naturelle entre les continents européen et américain. La saison du premier a lieu de manière continue entre les différentes régions taurines, même s’il est certain qu’elle se déroule fondamentalement entre deux Etats, la France et l’Espagne, si nous nous référons à la tauromachie espagnole à pied avec mise à mort (ce qui n’est rien d’autre qu’un pléonasme dans sa forme moderne).
Celle-ci est apparue avec force dans le pays de Voltaire dans la période connue comme Second Empire, c’-est-à-dire à l’équateur du XIXe siècle, et elle s’est étendue depuis lors sans discontinuité jusqu’à l’actualité, s’enracinant sur la base d’une tauromachie autochtone, dans deux zones principalement, la basquo-landaise et la camarguaise.
Durant longtemps, la France taurine a été considérée d’une manière quelque peu condescendante (et même moqueuse) par une partie du mundillo et ce regard était repris par les aficionados français eux-mêmes qui prenaient en exemple tout ce qui se faisait en Espagne avec très peu d’esprit critique (il ne faudrait pas non plus maintenant revenir à l’esprit expansionniste d’une autre époque et vouloir donner des leçons) en copiant en particulier, presque au pied de la lettre, le règlement espagnol.
Plus personne (de bonne foi), aujourd’hui, si tant est qu’il connaisse quelque peu la réalité taurine française, ne peut considérer « l’art de Cúchares » comme une anomalie culturelle mais comme quelque chose appartenant à la culture de ces territoires qui sont, cependant, une extension de ce qu’on appelle la « peau du toro », et ce malgré les barrières naturelles ou artificielles. Mais la France a-t-elle empruntée enfin son propre chemin ?
Quand la Corrida fut attaquée en Catalogne, notre pays a été le premier à réagir, avec l’inscription au Patrimoine Culturel Immatériel, en 2011, qui a surpris autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Si une partie du territoire espagnol rejetait cette culture aussi séculaire que barbare, comment n’allait-il pas en aller de même dans cette terre d’accueil ?, pensèrent quelques-uns, et en effet le danger guettait. Cependant, malgré cette grosse pique, la tauromachie continuait à être forte de ce côté des Pyrénées. Dans la deuxième partie du XXe siècle, le nombre d’élevages s’est multiplié, des toreros de premier rang sont apparus, des ferias ont été créées et en ce début de XXIe siècle l’effet de mode ne s’estompe pas, le public continuant même à venir en masse aux spectacles taurins malgré la conjoncture économique que nous connaissons.
Dans cette même période, l’Espagne, submergée par une crise dévastatrice, voyait son marché taurin s’écrouler (donnant proportionnellement à son voisin une importance accrue) en même temps qu’apparaissait une dispersion règlementaire et s’instaurait le débat prohibitionniste auquel nous avons fait référence. Il y a eu une réaction et celle-ci continue mais on ne voit pas toujours (à mon avis en tous cas) les fruits du brainstorming, comme disent nos amis anglais, en partie parce que les professionnels veillent sur leurs intérêts particuliers plus que sur ceux de la Fiesta nacional.
Ceux qui font vivre ce spectacle devraient être plus pris en considération, ceux qui l’aiment d’un amour pur et véritable, complètement désintéressé, cette partie du public qui parle par elle-même et qu’on appelle Afición, qui va aux arènes contre vents et marées, et non ce public muet de flux aléatoires dont les professionnels se font les porte-paroles en expliquant à qui veut l’entendre, leur manière d’interpréter ce silence : en détruisant des encastes parce que la véritable bravoure ne se trouve que dans un seul, en diminuant la force (et parfois les cornes) du toro, parce que les gens veulent, disent-ils, un spectacle écrit à l’avance (eh bien, qu’ils aillent au théâtre !), et en pervertissant également la magnifique suerte des piques, voulant faire croire que le piquero est le méchant du film, et finalement en réduisant les risques, pour toréer ou occire, invoquant une meilleure efficacité (parfois vraie, d’autres moins) que ce grand muet, soi-disant, lui demanderait.
Qui, sinon l’Administration, peut ramer à contre-courant et adopter une posture impartiale pour imposer une limitation des abus ? Les responsables du Ministère de l’Intérieur avaient, dit-on, l’habitude de dire à leur successeur : « Ne vous immiscez pas dans les affaires taurines !». Je ne sais pas si la phrase est exacte mais il est certain qu’il y a bien dû y avoir un certain laisser-aller, peut-être dû au mépris que ceux qui « se mettent devant » ont envers ceux qui n’avons pas ce courage, ce qui leur permet de croire qu’il sont les détenteurs de la vérité absolue, qu’ils sont les seuls à même de parler de notre sujet. Cependant, si n’importe qui peut comprendre qu’ils veuillent moins souffrir, la tauromachie ne s’élève que quand se résout dans l’arène une situation compliquée digne d’admiration (et sinon, personne n’est obligé à « se la jouer ») qui ne peut être confondue avec le simple fait, bien que méritoire en lui-même, d’appliquer une technique face à une bête à cornes (c’est la base, non la finalité).
Il est de notoriété publique que quelque chose est en train de se produire en France en matière d’exigences bien que, comme nous le verrons dans la partie correspondante, tout ne soit pas rose, en particulier car il faut trouver un juste milieu entre la rusticité d’une lidia pure (que beaucoup appellent « combat »), recherchée dans certains secteurs, et le raffinement excessif sans émotion ou les contorsions contre-natures et sans âmes, poursuivies par d’autres. Mais parmi les avancées indiscutables se trouve la revalorisation du premier tiers et l’accent mis sur la diversité du cheptel brave, la France étant pour de nombreux encastes minoritaires, avec Madrid et quelques autres rares arènes, la bouffée d’air salvatrice qui leur permet tout simplement de survivre.
Quelles sont les similitudes et les différences entre les règlements espagnols et le Règlement Taurin Municipal (RTM)? Dans quelle mesure ces progrès sont-ils dus à cette règlementation ?
Après avoir constaté quel est le cadre légal et la structure du règlement français, nous essaierons de répondre à cette problématique en étudiant les points sur lesquels il correspond au contenu du règlement espagnol de 1996 avant d’analyser dans quelle mesure ils divergent et nous termineront par une rapide confrontation avec les règlements régionaux sur les grandes lignes.
A partir de là, nous pourrons tirer les conclusions pertinentes pour apprécier le grade d’indépendance auquel le RTM a pu arriver et voir s’il continue à être une transposition du règlement espagnol, s’il s’inspire ou s’il est comparable aux règlements régionaux, ou bien s’il est en tous points novateur et précurseur.


Fév 14 2015

Toristes et toreristes (II)

LES AFICIONES

La carte taurine européenne a une claire division est-ouest avec quelques exceptions tout de même. Dans le centre et le nord de l’Espagne ainsi que dans le sud-ouest français le public est majoritairement « toriste » avec des nuances plus ou moins importantes. En revanche dans le sud, la côte méditerranéenne et dans le sud-est français la sensibilité est plutôt « toreriste » là aussi avec un certain nombre de nuances. Je vais prendre 5 exemples, 5 manières de voir la tauromachie :

Valence : cette ville est la capitale du Levante (toute la façade méditerranéenne) où il est de mise de faire une pause au milieu de la corrida pour faire un goûter (souvent salé et arrosé). L’esprit y est festif, superficiel peut-être, généreux sans doute envers les toreros. Le toreo varié et enjoué y est particulièrement apprécié et les élevages les plus durs peu programmés.

Séville : dans les interviews il est souvent coutume de demander aux toreros s’ils préfèrent Madrid ou Séville, considérées comme les deux arènes les plus importantes d’Espagne. Certains grands toreros ont été ‘torero de Séville’ (Pepe Luis et Manolo Vázquez puis Curro Romero ont été les 3 toreros dans lesquels elle s’est sentie incarnée ces 70 dernières années) ou ‘torero de Madrid’ (par exemple, Paco Camino, bien que sévillan, était plus un torero de Madrid). Au-delà de son rôle premier dans l’histoire de la tauromachie moderne et contemporaine ou d’une histoire de rang, c’est sa sensibilité et sa conception de la tauromachie qui la singularise. Ici le temple est la base de tout, même de la domination. Elle raffole également des détails inspirés. De réputation « toreriste », elle est de plus en plus décriée par les ultras pour son toro harmonieux mais respectable (voir faena de Manzanares lors de feria de San Miguel 2012). Le toro de Séville (mais on peut toujours critiquer certains exemplaires qui sortent en-dessous du trapío exigé comme les 2 premiers de la corrida d’El Pilar pour l’alternative d’Esaú Fernández en 2011) ne va pas dans la course effrénée pratiquée depuis quelques années dans certaines arènes au toujours plus haut, plus gros, plus lourd, plus armé. Ceci dit sur les deux semaines de la feria d’Avril au moins 4 ou 5 fers qu’on compte parmi les plus difficiles sont toujours annoncés même si ce chiffre a tendance à baisser depuis le début de l’ère Canorea. Le niveau d’exigence est peut-être inférieur à celui de Madrid mais le fait de couper 3 oreilles pour triompher rendent les sorties par la mythique Porte du Prince assez exceptionnelles, permettant une répercussion importante. D’une taille relativement modeste pour des arènes de première catégorie (c’est aussi la plus ancienne avec un peu moins de 13 000 places) ses gradins se divisent actuellement et à mon sens en 3 parties : les tendidos 1 et 2 en particulier (3 et 4 en partie), qui essaient de faire respecter le traditionnel silence d’attente de ces arènes et vont aux « toros » comme on va à l’opéra, sont composés majoritairement de familles taurines (le pourcentage d’éleveurs et de toreros de la région est plus élevé que n’importe où ailleurs) et le reste des arènes est partagé entre spectateurs plus ou moins aficionados selon les affiches et les touristes, notamment étrangers, étant une destination très prisée. Faire jouer la musique pour une série de passes de cape remarquable y est une tradition, ce qui n’empêche pas que les picadors y soient encore régulièrement applaudis.

Madrid : objectivement les premières arènes d’Espagne, le toro y apparaît imposant mais souvent trop volumineux sous la pression du célèbre tendido 7. Elle est considérée comme une ville « toriste » même si pendant le mois de la feria de San Isidro il n’y a tout au plus qu’une semaine réservée aux ganaderías de cette tendance. La sensibilité du public est variée mais dans l’ensemble on peut affirmer qu’il y a un certain équilibre entre les valeurs du nord, en particulier basques et celles du sud, andalouses surtout, ce qui fait que des toreros aussi marqués que Curro Romero ou Rafael de Paula y aient été très aimés (parfois haïs aussi). Si une bonne lidia y est appréciée, c’est avant tout voir toréer que veut Madrid et les toreros besogneux (El Fundi en est un exemple) peuvent y être estimés mais non idolâtrés. Le niveau d’exigence fait que le toro doit avoir un minimum de qualités pour que le torero puisse s’exprimer.  Le tendido 7, très brailleur, a des élevages et des toreros fétiches (José Tomás en est un) et d’autres qu’il ne porte pas dans son cœur (El Juli en fait partie), la passion l’emportant sur la rationalité, les critères peuvent varier. Mais ce que veut voir Madrid ce sont des cites de loin, des passes profondes et enchaînées, les mains basses, bref le toreo classique dans son plus simple appareil.

Pampelune : sa ‘feria du toro’ est appelée ainsi pour les cornes surdimensionnées des animaux qui foulent l’arène (même si certaines corridas de figuras sont moins impressionnantes) et parce que les élevages y sont traditionnellement annoncés avant les toreros. Dans les faits, la moitié de la semaine des sanfermines a un profil plutôt « toreriste ». Le toro de Pampelune est (en moyenne) le plus impressionnant de toute l’Espagne et si ses arènes sont de deuxième catégorie, du 7 au 14 juillet elles sont considérées de première concernant les rémunérations des toreros (il faut y aller !). Les célèbres encierros du matin à 8h attirent une foule cosmopolite où se trouvent beaucoup d’émules d’Hemingway, ce qui en fait une feria médiatisée mondialement. L’exigence y est nettement inférieure à des arènes comme Madrid mais pour un torero il s’agit d’un des 4 endroits où la répercussion d’un triomphe sera la plus importante après Madrid, Séville et Bilbao. Moins sérieuse dans l’ensemble que sa voisine basque, les arènes sont séparées en deux : au soleil, les peñas, habillées en rouge et blanc, qui boivent et chantent et ne fixent leur attention que lorsque le spectacle en vaut vraiment la peine (une ambiance absolument unique), à l’ombre un public beaucoup plus sérieux et attentif. Dans l’ensemble, comme dans le reste du nord de l’Espagne (le substrat de la tauromachie basquo-navarraise est là), le public apprécie les toreros vaillants et complets et il aime bien ce qui est spectaculaire (le toreo à genoux par exemple et ce n’est pas pour rien si Padilla a été une idole à Bilbao) tout en sachant apprécier le bon toreo. Il est souvent très pointilleux sur la position de l’épée.

Peñas imbibées (c’est un pléonasme)

Vic Fezensac : arènes de moins de 7000 spectateurs où un triomphe peut permettre à un torero obscur de se faire connaître mais où la répercussion sera sans commune mesure avec les précédentes. Elle est néanmoins la capitale du « torisme » à la française, une des 7 grandes arènes françaises et sa feria de la Pentecôte est une des 25 plus importantes du circuit franco-espagnol. Le public, constamment à la défensive, y manque souvent de sensibilité, en particulier artistique. Le toro de Vic n’a souvent rien à envier à celui de Pampelune (l’influence basque est indéniable) ou de Madrid et ici la lidia prime sur le toreo. De plus la suerte des piques a la primauté sur les autres. Ici on ne fait pas de concessions et les figuras n’y vont généralement pas (d’ailleurs on n’est pas prêt à leur payer leurs cachets exorbitants).

N.B. : Le paragraphe ‘Artistes et lidiadors’ dans la page Canons, manières et styles (clic) peut compléter cet article.


Fév 7 2015

Toristes et toreristes (I)

DES SENSIBILITES DIFFERENTES

Pour les néophytes, quelques définitions plus ou moins neutres :

L’aficionado torista va avant tout voir des toros, il exige un animal imposant (au trapío parfois démesuré pour la taille et les cornes) et spectaculaire par sa puissance et sa dangerosité (un toro de poder et de caste ou tempérament) qui rendra toute réalisation artistique difficile, voire impossible. Il est très critique envers le torero. Il privilégie le tercio de piques, la caste sur la bravoure, la lidia sur le toreo et donc les toreros lidiadores et largos.

Le « torisme », compris dans son acception la plus stricte confine à l’intégrisme dans un véritable manichéisme. Elle utilise à propos de certains toros le substantif de chèvres, utilise volontiers le terme de vedettes pour parler des figuras et considère in fine que les corridas auxquelles ils participent configurent une tauromachie spectacle dénuée de tout intérêt, de sens et même de danger.

L’aficionado torerista “se met à la place” de l’homme, il est plus sensible au travail et à l’art de celui-ci qu’au taureau. En tout cas il préfère un toro harmonieux, pas trop grand et aux cornes relativement modestes plutôt dirigées vers l’intérieur, noble et avec une charge longue et répétée (la bravoure) pour favoriser le toreo, en particulier celui des toreros au style le plus marquant. Il considère la pique comme un mal nécessaire, une formalité qui doit être écourtée le plus possible, et il valorise surtout les suertes de cape et de muleta.

Mais à trop rechercher l’Œuvre, par définition exceptionnelle, on obtient souvent, il est vrai, un spectacle sans saveur avec un toro sans force.

Il y a sans doute des excès dans les deux camps. Entre « intoréabilité » et invalidité, sauvagerie et toro bobo, piques et lidia perçues comme une fin en soi et passes stéréotypées et sans consistance peut-être y a-t-il un juste milieu.

Là où on peut donner raison aux toristas, c’est quand le toro est invalide, qu’il tombe lamentablement, parfois même avant d’avoir été piqué ou lorsque le toreo est obligé de toréer au fil de la corne et à mi-hauteur, toréant à la faveur du toro comme disent les taurins, ce qui exclut toute profondeur. Il est vrai que les taureaux sans force, déclassés ou « descastés », à la charge molle, sont aujourd’hui la norme. Lorsqu’ils ont un fond de bravoure on pourra parler de ‘bravitos’ mais je rechigne à les appeler braves.

Dans l’autre extrême certains éleveurs, en accord avec l’idéologie torista, choisissent la sauvagerie brute et la puissance contre le groupe équestre avec des charges décomposées qui sont loin de l’idée de bravoure, tout au plus cherchent-ils la caste dans son sens négatif. Le toreo moderne, celui qui a évolué tout au long du XXe siècle est impossible avec de tels animaux mais ce qui est certain c’est que ces éleveurs ont un grand mérite à élever ces animaux d’un autre temps et qu’ils permettent de préserver une tauromachie variée, une tauromachie dans son sens étymologique où, comme au XIXe siècle, prime avant tout le combat.

Les élevages

On peut classer ceux-ci en 3 catégories (avec toutes les polémiques qu’un tel classement peut impliquer), des plus durs au plus doux. Voici une liste non exhaustive :

– José Escolar, Victorino et Adolfo Martín pour l’encaste Albaserrada, Prieto de la Cal pour celui de Veragua, Dolores Aguirre pour l’encaste Atanasio Fernández, Cuadri, Guardiola, Pérez de Vargas, Cebada Gago, Palha, Miura ou l’encaste Santa Coloma dans son ensemble

– Entre les 2, des élevages comme Fuente Ymbro (Domecq), Alcurrucén et Joselito (Núñez), Samuel Flores ou Baltasar Ibán (Contreras)

– L’encaste Domecq bien sûr mais avec des nuances (du sous-Domecq à des élevages de qualité comme Núñez del Cuvillo ou El Pilar), Valdefresno ou Puerto de San Lorenzo (Lisardo Sánchez), Torrestrella ou Torrealta

Les toreros :

– Les spécialistes : Castaño, Robleño, Rafaelillo, Ferrera, Urdiales…

– Les toreros faisant ou ayant à plusieurs reprises fait un « geste » : Ponce, El Juli, El Cid (de moins en moins pour ces trois), Juan Bautista, Fandiño…

– Les figuras qui ne toréent qu’une seule catégorie de toros : José Tomás, Manzanares, Morante, Talavante (son geste face à 6 victorinos 6 à Madrid n’a pas été un succès, loin de là, et il n’a pas montré l’intention de recommencer), Castella (malgré une oreille dacquoise coupée à un toro de Don Victorino), El Fandi…


Jan 24 2015

La demi-corrida

Madrid, 1787

Sur cette affiche madrilène du 3 septembre 1787 on voit que Pepe Hillo et Costillares se chargeront de tuer 14 des 18 toros de la journée, 6 le matin et 12 l’après-midi, et que les quatre derniers seront occis par Francisco Garcés, El Curro, José Jiménez et El Maligno même si les noms des picadors apparaissent avant ceux des « lidiadors » à pied. Ceci dit, le seul nom qui apparaît en gros caractères est celui du président de la course, don José Antonio de Armona.

En effet, la composition d’une corrida n’a pas toujours été la même, celle que nous connaissons actuellement est seulement en vigueur depuis le dernier tiers du XIXe siècle.

Au XVIIIe on tuait des toros presque toute la journée. Au début du XIXe siècle il n’était pas rare d’avoir 10 toros le matin et 6 l’après-midi et à partir de 1814 on commence à célébrer à Madrid et à Séville des demi-corridas, seulement l’après-midi (de 6 à 10 toros mais le plus souvent 8 comme cela apparaît dans le règlement madrilène de 1852) . D’après Francisco de Cossío c’est “le prolongement des faenas de cape et de muleta qui a imposé la célébration de ce que l’on a appelé les “demi-corridas”, à la place des corridas complètes” .

Le nombre de toreros et de toros était cependant très variable dans les temps anciens. Il y avait souvent deux matadors principaux qui affrontaient une quantité variable d’animaux.

Par exemple à Séville, 10 ans plus tôt on voit que se célèbre un mano a mano de 4 toros entre Jaqueta et Cirineo (plus un toro « emboulé » pour le public). On voit aussi que les corridas ne se sont pas toujours données aux proverbiales cinq heures solaires puisqu’en ce 25 novembre la course était prévue à trois heures moins le quart.

Image (35)

En fait, le nombre de toros était moins important du temps des rites et spectacles sans mise à mort avec un exemplaire unique pour la pratique du toro nuptial et deux dans « la première corrida formelle » d’après André Viard (avec mise à mort à caractère exceptionnel, en 1385 à Pampelune, voir opus 54). Dans les courses aristocratiques le nombre d’animaux était plus important.

On peut se demander d’ailleurs si le nombre de toros par corrida n’est pas amené à évoluer. Dans certains cas sont organisées des corridas de 4 ou 5 novillos qui permettent un coût moins élevé. Pourquoi ne pas imaginer une corrida économique de 4 toros plus un novillo en guise d’entracte, annoncée à grand renfort de publicité (et pourquoi pas avec quelques explications et ralentis sur grand-écran et même une vachette pour le public à sa conclusion) pour faire venir à la corrida un public différent ?