Jan 15 2020

Les fondamentaux du toreo

Aguantar, mandar et templar puis ligar et enfin cargar ?

            On aurait pu écrire les fondamentaux de la lidia mais il est sous-entendu que pour qu’il y ait toreo il faut maîtriser la lidia et on ne saurait confondre faire passer un toro et le toréer.

            Chacun de ces fondamentaux est à définir et à préciser :

En début de lidia

Fixer le toro, le conduire au centre et l’arrêter (parar : dans le premier canon classique issu du toreo belmontien c’est bien le toro qui doit être arrêté pour réaliser le toreo moderne qui fait passer l’animal)

Conduire le toro au cheval et le placer

– Eviter les coups de cape inutiles et tout faire avec parcimonie et sans brusqueries

En début de faena

– Tenir l’estaquillador dans sa partie centrale et la muleta plane, de face

– Donner à chaque animal ce qui lui convient : soumission ou soulagement mais en ouvrant  le chemin, en le faisant répéter et sans accrocher la muleta (donner le bon rythme voire lui imposer le tempo le plus lent possible)

– Trouver la distance et le placement idoine : en se croisant ce qu’il faut en fonction de l’animal, pas toujours sur la corne contraire, parfois seulement au fil de la corne, jamais en dehors (fuera de cacho)

– Supporter immobile la charge de l’animal (aguantar) et réduire les déplacements au maximum (juste pour retrouver le sitio)

– Respecter les 3 temps en aimantant la charge bien en avant (citar et enganchar) puis, au milieu de la passe, en pesant sur la charge avec la jambe d’appui (mandar ou cargar la suerte selon les définitions) avant d’allonger la passe au maximum pour marquer la sortie (rematar)

En milieu de faena

– Montrer l’animal sur les deux cornes

– Toréer en le soumettant par le bas même si le toréer avec temple à mi-hauteur a aussi sa valeur

– Eviter les recortes inutiles qui cassent l’animal mais le rompre en toréant pour l’obliger à faire ce qui lui coûte, charger en rond autour de la jambe d’appui, vers l’intérieur en terminant derrière la hanche

Fin de faena et mise à mort

– Choisir un final de faena qui convient au toro, si possible dans des naturelles de face ou dans des aidées à mi-hauteur ou par le bas selon les cas

– Placer le toro dans la suerte contraire ou naturelle selon ses caractéristiques

            Même si on imagine toujours la faena idéale, un toreo en mouvement, sur les pieds, imparfait, légèrement accroché, les passes incomplètes, d’une en une, avec un animal « encasté », accrocheur, ne possédant qu’une demi charge, ayant tendance à se serrer et au port de tête altier peut avoir un mérite énorme et donner de grands moments d’émotion quand on ressent que l’homme a extrait toutes les possibilités de l’animal. Il n’y a pas une seule manière de toréer ni une seule manière de triompher. A chaque animal sa lidia.

            Précisons aussi que le toreo rêvé que nous appelons tous de nos vœux est presque un mirage et que réaliser une passe en point d’interrogation, avec un double déplacement n’est possible qu’avec une composante suffisante de noblesse, c’est-à-dire avec un animal à la charge suffisamment franche, qui baisse la tête et surtout lorsqu’il est progressivement dominé mais qu’il a encore la force suffisante pour supporter ces contorsions contre-nature ; cargar la suerte dans l’acception idéale que nous lui donnons n’est possible qu’en fin de faena ou éventuellement, dans le meilleur des cas, dans la première passe d’une série lorsque l’animal vient de loin mais est antinomique avec le concept de liaison.