Un chevalier parfait…

Enluminure-tournoi-Moyen_Âge-joutesMerci pour ce texte écrit par Elora. Toutes les consignes sont respectées puisqu’il fallait évoquer les qualités physiques et morales du chevalier de son choix, en utilisant le vocabulaire que nous avions vu en classe et en respectant l’univers des romans de chevalerie. J’avais demandé, également, une comparaison sur le modèle de celles que nous avions observées dans l’extrait d’Erec et Enide, de Chrétien de Troyes. Elle est bien présente (« Il faisait demander grâce aux adversaires comme un loup fait aux moutons »). J’ai présenté le texte d’Elora sans faire d’autres modifications que celles que j’ai reportées sur sa copie. Elles sont d’ailleurs peu nombreuses.

Messire Roland, le chevalier le plus courageux et le plus beau de la cour du roi Arthur, allait au combat. Il faisait demander grâce aux adversaires comme un loup fait aux moutons. Il était grand, brun aux yeux bleus, avec un charme incroyable. Il avait le plus beau cheval de l’univers. Son destrier était couleur café au lait. Le bouclier de Roland était bleu, noir et blanc. Ce chevalier était si fort aux armes et unique qu’aucune de ses ennemis ne lui résistait. Toutes les femmes rêvaient de pouvoir être son épouse. Elle disaient : « Elle serait née à la bonne heure celle qui aurait l’amour d’un chevalier aussi remarquable ». Ses cottes de maille étaient  brillantes et soyeuses. Il était si fort qu’il brillait comme la lune parmi les étoiles. Tous ceux et toutes celles qui regardaient le combat disaient que jamais, au grand jamais, ils n’avaient vu de tel chevalier. Il était parfait. Jamais aucun homme n’était de taille contre lui. Il partit donc combattre un dragon si grand que sa longue queue atteignait les nuages. Ce fut un massacre tel que Roland n’en fit jamais de semblable avec Durandal. Roland repartit, fier, en direction de la cour du roi Arthur,  mais, sur le chemin du retour, il rencontra son pire ennemi, Messire Alessandro. Il sortit son épée de son étui et dit : « Prends garde Alessandro, ce combat est le dernier entre nous ! » Il mit un coup avec sa magnifique mais tranchante épée dans l’armure de son ennemi. La lame était si aiguisée que l’armure se retrouva en morceaux. Alessandro demanda grâce à messire Roland, qui, ayant un bon coeur, lui laissa la vie sauve. Il put enfin continuer sa route vers le château. Arrivé en ces lieux, il raconta tous ses exploits et ses mésaventures. Toutes les femmes de la cour l’acclamaient. Il était tellement vaillant, sans crainte, audacieux et courtois qu’il fut nommé meilleur chevalier du monde. Jamais aucun homme de son âge n’avait été si fort et agile. La carcasse du dragon fut séparée de ses écailles avec lesquelles on fit un magnifique manteau pour le roi Arthur qui remercia de bon coeur Roland.

Le salon du capitaine Nemo

Voici le salon du capitaine Nemo décrit par un élève de cinquième. J’avais demandé de faire cette description à l’imparfait, dans un récit au passé simple.J’ai réorganisé le texte, qui était un peu compact, en paragraphes.

« On mit une serviette d’eau froide sur mon front brûlant. Je me réveillai. Je vis le visage de mon meilleur ami Guillaume, penché sur moi. Je regardai  autour de moi. Sur ma droite, je vis des murs flamboyants sur lesquels étaient accrochés de magnifiques tableaux. Sur ma gauche, il y avait une étagère en bois impressionnante, appuyée contre le mur orange. Au dessus de moi, je vis le plafond où resplendissaient de belles peintures, [peintes] avec des couleurs très vives.

Je me relevai. J’aperçu le capitaine Nemo, barbu et brun, affalé dans un canapé jaune et moelleux. Il essaya de se relever pour m’accueillir, mais il eut beaucoup de mal car il était si bien assis qu’il ne pouvait plus se relever. Il m’accueillit avec un grand sourire. Il nous demanda si moi et mes compagnons nous avions soif. Nous répondîmes « non » d’un hochement de tête.

Le capitaine nous emmena visiter son salon en détail. Il nous montra en premier l’arrière du salon. Nous aperçûmes le globe terrestre recouvert d’un vêtement sombre. Le capitaine ne devait pas apprécier la terre…Ensuite, il nous montra son plus beau tableau, [enfermé] dans un coffre-fort. La bibliothèque, située au fond de la pièce, était splendide. Sur les rayons, étaient exposés de nombreux ouvrages très célèbres, comme les Misérables.

Au milieu de la pièce, il y avait une fontaine décorée d’anges blancs et de cygnes majestueux. Puis nous retournâmes dans la pièce principale où nous attendait un succulent dîner : des foies de dauphins cuits au bain-marie, des filets de tortue de mer accompagnés de quelques crustacés…

Une fois ce merveilleux repas englouti mes fidèles compagnons, Guillaume et Rémi, partirent se coucher après cette longue et éprouvante journée. Moi, je restai encore un peu pour discuter avec le capitaine Nemo. Je le trouvais très curieux et très étrange. 

A 23 h 30, mort de fatigue, je partis me coucher. Arrivé à mon lit, je tombai sur mon matelas et je m’endormis facilement.

(Benjamin F.)

Au temps des chevaliers

Un petit retour en arrière ! Avec la classe de cinquième, nous avons commencé l’année par une unité sur les chevaliers. J’avais demandé à mes élèves de présenter un chevalier en insistant sur ses qualités physiques et morales et en insérant des comparaisons dans la description. L’une de mes élèves a rédigé ce petit texte en vers, sur le modèle des romans de chevalerie du Moyen-âge, qui étaient rédigés en octosyllabes à rimes plates, le plus souvent :

A l’orée de la forêt, rentrant de la chasse

Le chevalier Valentant de Carelegant

Descend majestueusement et avec grâce

De son magnifique et vaillant destrier blanc.

Il est vêtu d’une armure resplendissante,

Il est rusé, audacieux et persévérant, 

Tel un renard tapi parmi les chênes lièges, 

Près à combattre pour la dame de Pépin. 

Après de nombreux exploits, il tient même un siège,

Il sauve sa dame et suit un autre destin. 

(Ambre A.)

Pour introduire cet exercice, j’avais donné deux textes aux élèves : le premier en Ancien français et l’autre en français moderne.

Un jor de Pasque, au tens novel ,

A Caradigant son chastel

Ot li rois Artus cort tenue.

Onc si riche ne fut veüe,

Car mout i ot boens chevaliers,

Hardiz et corageus et fiers,

Et riches dames et puceles,

Filles de rois, gentes et beles.

(Chrétien de Troyes, Erec et Enide.)

Tens = saison ; ot tenue = eut tenu ; li = le ; cort = court ; onc = jamais ; mout = beaucoup; i ot = il y eut ; boens = valeureux ; puceles = demoiselles ; gentes = gracieuses.

Il faisait partie de la Table Ronde

et jouissait d’une très grande faveur à la cour.

Depuis qu’il y séjournait,

il n’y eut chevalier plus aimé

et il était d’une beauté en nulle terre

on ne pouvait espérer trouver plus beau que lui.

Plein de beauté, de prouesse et de noblesse,

 Il n’avait pourtant pas vingt-cinq ans. 

Jamais homme de son âge

Ne fut de plus grande bravoure.

Que dirais-je de ses qualités ?

Il était monté sur un destrier

Et vêtu d’un manteau d’hermine ;

Il suit au galop le chemin,

Portant une cotte en brocart somptueux, tissé à Constantinople,

Des chausses en tissu de soie,

Parfaitement confectionnées et taillées.

Il était campé sur ses étriers

Et avait mis une paire d’éperons en or.

(Chrétien de Troyes, Erec et Enide.)

Un peu plus tard dans l’unité, j’ai donné un sujet d’écriture plus complexe :

« Rédigez un récit d’une quinzaine de lignes au présent dans lequel vous raconterez le combat de votre chevalier avec une créature imaginaire comme une licorne, un dragon, un serpent… Insistez sur la vaillance du chevalier. »

La même élève a mis en scène, de nouveau, le chevalier de Calogrenant !

Le chevalier Valentant de Calogrenant se promène avec son cheval dans la forêt de Brocéliande en quête de nouvelles aventures car les paysans de la Seigneurie voisine lui ont fait remarquer qu’une créature vile crachant du feu piétine et brûle les champs et les potagers, depuis peu de temps.

« La Grande-Bretagne est pleine d’aventures fantastiques », se dit le chevalier, avec enthousiasme. Tout à coup, il entend un bruit sourd résonant dans la belle forêt. Résultat, les oiseaux s’envolent, les biches courent à l’abri, les lapins rentrent dans leurs terriers et les poissons [vont] à la recherche d’un refuge dans les profondeurs du lac. La forêt grouille de peur comme une belette face à un ours.

Le chevalier Valentant de Calogrenant se dresse sur son cheval. Il accourt vers une grotte car c’est de là que vient le bruit. Quand il y arrive, il voit un spectacle extraordinaire : un dragon d’or se bat contre un dragon noir, plein de malignité. Le chevalier Valentant de Calogrenant ne s’attarde pas point à se faire supplier pour venir en aide au dragon d’or plein de noblesse.

Le combat prend place : le chevalier plein de vaillance s’interpose entre les deux dragons; il se protège des flammes avec son bouclier qui fait partie de ses armes vermeilles; il esquive les coups de pieds que le dragon noir lui donne; il tranche sa queue et met en pièces sa tête. Le chevalier, victorieux, se fait désormais appeler le chevalier au dragon d’or.