De nouveaux poèmes inspirés d’Arthur Rimbaud…

Automne

En cinquième, notre première séquence sur la poésie a été marquée par l’étude du magnifique poème « Sensation », d’Arthur Rimbaud.

Sensation

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :

Rêveur je sentirai la fraîcheur à mes pieds,

Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

+++

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,

mais l’amour infini me montera dans l’âme,

Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,

Par la nature, – heureux comme avec une femme.

(Arthur Rimbaud, Poésies, 1870)

J’ai posé quelques questions sur ce poème, lors de l’évaluation (Est-il en prose ou en vers ? Comment est-il organisé ? Relever une rime, une allitération, une assonance…) J’ai aussi demandé aux élèves de réécrire ce poème en respectant le plus possible sa structure. Certains mots que j’avais soulignés devaient être conservés, mais tous les autres devaient être changés, en gardant, dans la mesure du possible, les classes de mots (noms, verbes, adjectifs…), le temps (futur) et le nombre de syllabes. Il fallait aussi faire attention aux sonorités du poème et à ses images. Enfin, j’ai proposé plusieurs titres pour le poème : bonheur, rêverie ou voyage. Les élèves pouvaient bien sûr trouver un autre titre, mais dans ces thèmes.

Voici l’un des textes rédigés, qui possède des qualités musicales et visuelles certaines. Le futur a été rétabli dans certains vers :

Automne

Par les matins colorés d’automne, j’irai dans la forêt,

Mouillé par les pluies, ramasser les feuilles qui tombent :

Rêveur, j’en imaginerai l’odeur dans l’air

Je laisserai les feuilles recouvrir mon corps

+++

Je ne m’enfuirai pas, je ne rêverai pas :

Mais les couleurs magnifiques embelliront la faune,

Et je ne parlerai pas, je resterai muet comme une tombe,

Semblable à l’amour, heureux tel un papillon.

(Salah Din M.)

J’aime beaucoup celui-ci, également , pour lequel j’ai suggéré une correction : remplacer « bonhommes de neige » au vers 2 par « bonhommes glacés » ou « bonhommes gelés », afin d’éviter la répétition de « neige ». Son auteur a choisi « Bonhommes gelés ».

Neige

Par les soirs de Noël, j’irai dans la neige, 

Picoté par le froid, faire des bonhommes gelés

Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds

Je laisserai la neige me combler

+++

Je ne jouerai pas, je ne rirai pas :

Mais la fraîcheur infinie me gèlera d’amour, 

Et j’irai loin, bien loin, comme un voyageur, 

Par la neige de Noël, heureux comme jamais.

(Killian B.)

En voici d’autres, tout aussi beaux. Bravo à tous les auteurs !

Un doux rêve glacé

Par les nuits de décembre, j’irai dans le ciel neigeux,

Glacé par les flocons, admirer les stalactites :

Rêveuse j’en sentirai la fraîcheur à mon cœur

je laisserai le vent baigner mes rêves gelés

+++

Je ne dirai rien, je ne bougerai pas, 

Mais le ciel étoilé émouvra mon cœur

Et je serai portée par mes ailes comme un ange,

Par la lumière, – heureuse comme la reine des neiges.

(Angélina Ch.)

A la campagne

Par les matins gris d’hiver, j’irai dans la campagne

Caressé par les herbes, avec la rosée du matin. 

Rêveur j’en sentirai la douceur à mes mains, 

Je laisserai les feuilles me tomber dessus. 

+++

Je ne bougerai pas, je ne regarderai rien :

Mais je me sentirai libre

Et j’irai me cacher comme un petit lapin,

Dans les feuilles, heureux comme les oiseaux dans les arbres

(Titouan D.)

Rêverie

Par les jours noirs d’hiver, j’irai dans les montagnes, 

Touché par les flocons, frôler les plantes glacées :

Rêveur, j’en planerai dans l’air à mille mètres. 

Je laisserai l’air caresser mes pieds nus

+++

Je ne me lasserai pas, je n’écouterai rien :

Mais la tristesse disparaîtra de ma tête,

Et j’irai haut, très haut comme un oiseau,

Par les montagnes, – heureux comme avec les skieurs.

(Dorian A.)

Hiver glacial

Par les neiges blanches d’hiver, j’irai dans les villages,

Gelée par le froid, faire des bonhommes de neige :

Rêveuse j’en sentirai les flocons à mon visage. 

Je les laisserai frôler mon visage froid

+++

Je ne refuserai pas, je ne ferai rien :

Mais le froid interminable me gèlera le cerveau, 

Et j’irai haut dans les montagnes comme un ours brun

Par le froid, heureuse comme avec une mère.

(Mirana P.)

Voyage

Par les jours chauds de printemps, j’irai dans la forêt, 

Piqué par les fougères, fouler la terre sauvage :

Rêveur j’en escaladerai les rochers à mains nues

Je laisserai les feuilles toucher mes chaussures bleues

+++

Je ne chantonnerai pas, je ne sifflerai pas :

Mais les parfums merveilleux me picoteront le nez

Et je marcherai loin, tellement loin, comme le vent,

Par les chênes verts – heureux comme un oiseau.

(Angelo L.)