La robe de ses rêves – épisode 1

Une nouvelle rédigée par Elsa Malkoun, trois épisodes de lecture pour ces vacances, avec une chute inattendue à la fin, comme il se doit.

Ce soir, comme tous les autres soirs, Marie se préparait un maigre en-cas en guise de repas. Comme tous les autres soirs, elle l’avalait machinalement, puis elle se levait péniblement pour laver son assiette en économisant la moindre goutte d’eau. Elle pénétrait ensuite dans sa chambre, fermait la porte derrière elle et, avec un plaisir délicieux qui l’emplissait de bonheur, elle s’allongeait enfin sur son lit, et commençait à rêver.
Marie était une femme comme les autres… ou presque. La vie de tous les jours ne lui apportait aucune sensation : elle ne trouvait aucune joie dans la fraîcheur matinale, dans les belles couleurs des robes de vitrines, dans le son entraînant d’une chanson, ni même dans le goût sucré d’un dessert. La réalité ne lui inspirait pas la fougue qu’elle trouvait dans ses longs périples enchantés de la nuit. Elle ne vivait que pour l’instant où enfin, son esprit pouvait s’abandonner dans ses songes piquants et dorés. Son imagination lui fomentait des rêves tous plus merveilleux et surprenants les uns que les autres. La lune et son infinité d’étoiles brillaient plus à ses yeux que les rayons chauds du soleil. C’était une jeune femme de la nuit.
Le lendemain, elle sortait de son rêve fantastique avec lenteur, et peu à peu rentrait sur Terre. Les paillettes s’évanouissaient dans le lointain. Elle ouvrait alors délicatement les paupières, et redécouvrait les formes banales de
la réalité d’un œil triste. Son réveil affichait 8 heures. Elle s’habillait, sans grand empressement, puis avalait son déjeuner, le regard perdu dans le vague. Et elle partait prendre le métro, au bas de sa rue. Certains passagers finissaient leur somme dans la machine grognonne qui boudait sous terre.

Un jour où elle remontait de son métro, à l’arrêt « Florence », comme tous les autres jours, elle vit une nouvelle boutique qui venait d’ouvrir la veille. Cela ne l’étonna pas. Mais elle sentit une envie irrésistible d’y entrer, comme un appel. Il fallait qu’elle passe par là pour que son destin s’accomplisse. Alors la jeune femme, attirée, avança lentement vers l’entrée de la boutique. Chaque pas qui la rapprochait de cet endroit l’y entraînait encore plus, et lui faisait un bien incroyable. Elle ne s’était jamais sentie aussi bien que lorsqu’elle pénétra dans ce petit lieu. Il n’y avait personne à la caisse, la boutique semblait dormir. Peut-être n’était-elle pas encore ouverte ? Qu’importe, Marie la visitait, emportée par le bonheur que lui procurait cette pièce. La boutique était remplie de robes tout à fait merveilleuses, chacune totalement unique et époustouflante. Elle sautillait de robe en robe, comme une petite fille comblée.
Soudainement, elle s’arrêta net.

(suite prochainement)

Elsa Malkoun

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