A l’âge de 11 ans, je vivais libre dans mon petit village rural de Méroux parcourant sans cesse les bois et les champs, véritable pays de cocagne : la biodiversité étant encore intacte dans son éblouissante magnificence. Je me serais tout à fait contenté de cette vie rustique, mais ma mère n’était pas de cet avis. Au printemps 1950 elle demanda au directeur de mon école de m’inscrire à l’examen d’entrée en 6ème. Celui-ci refusa, prétextant n’avoir pas été prévenu assez tôt pour me préparer à cette épreuve ! L’année suivante, je fus donc le seul élève à passer l’examen d’entrée en 6ème. Je fus reçu et fis mon entrée au mois de septembre en 6ème moderne.
La décision de ma mère était irrévocable et ce fut sans entrain que j’obtempérai. Mon rythme de vie au village m’accordait beaucoup de loisirs, la fréquentation de l’école primaire me convenait très bien et ne me posait aucun problème. Le trajet qui me séparait de l’école s’effectuait joyeusement avec mes petits voisins et nous permettait de batifoler le long des haies et des ruisseaux. La taille du village fournissait des élèves pour trois classes. Mes camarades, pour la plupart étaient issus du monde agricole et quelques autres du monde ouvrier (Peugeot. Alsthom). Bref nous vivions dans un monde homogène, relativement bien « circonscrit » et l’école nous permettait un accès plutôt sympathique à la vie en société.
Le départ pour la capitale, Belfort, et l’accès au lycée qui, toutes classes et niveaux confondus, devaient réunir, au moins cinq cents élèves, m’épouvantait.
Il me fallut plusieurs mois pour retrouver ma place dans cette nouvelle organisation sociale.
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