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Suite à la lecture de votre livre Paris Gare du Nord nous avons tenté de réaliser un travail similaire, c’est à dire se placer dans un lieu de passage et observer, analyser ce qu’il se passe et écrire. Pour ma part, j’ai choisi de réaliser mon travail dans le bus. J’ai donc pris le bus tous les matins et tous les soirs pendant une semaine, comme à mon habitude, mais cette fois-ci avec un cahier sur lequel je notais tout ce que je pouvais observer et tout ce que cela m’évoquait. Pour vous donner un aperçu de ma production voici trois passages extraits de celle-ci :

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LUNDI 5 MARS 2018,   17h23

Autre univers

  Contrairement au matin, à cette heure-ci le bus est très agité, il est rempli, toutes les places sont occupées, il ne doit en rester que trois ou quatre, impossible de s’entendre parler. Les gens qui ont encore une place seule veulent à tout prix la garder, ils mettent sur la place à côté d’eux leur sac, leur manteau, leurs jambes pour certains, jusqu’à ce que le bus s’arrête de nouveau et qu’une nouvelle personne monte et demande : « Bonjour, je peux m’asseoir s’il vous plait ?  » ou pour un jeune homme moins poli qui s’est assis derrière moi un simple « pardon » suffira.
Le soir, avoir une place, seule, est un privilège dont peu de passagers bénéficient. Une personne qui était assise seule s’apprête à quitter le véhicule, commence une bataille de regard entre trois garçons assis aux alentours de cette place, les trois la veulent. L’homme remet son manteau, prend son sac et descend du bus. Un des trois garçons se lève spontanément, comme pris d’une pulsion et se dirige à la place de l’homme parti. Les deux autres ne tentent même pas de le doubler, ils savent que c’est trop tard, ils finiront leur trajet assis à côté d’un étranger.

MARDI 6 MARS 2018,   7h44

Bonheur

  Le bus est en avance, personne ne dit rien, bizarre, il y a toujours une ou deux critiques habituellement : « je vais être en retard », « il est quelle heure là ?  »
Tout le monde l’a remarqué, l’homme devant moi vient de regarder sa montre deux fois d’affilé. Les passagers ne sont pas plus heureux, ils restent passifs mais pour une fois ils ne râlent pas, tout simplement.

MERCREDI 7 MARS 2018,   7h26

La ville fantôme

  Les gens ont l’air… « vides » ?, des visages morts, inexpressifs, le regard vide et flou comme des robots, des fantômes, des morts vivants possédés par le temps, dès que le bus s’arrêtera à leur arrêt et qu’ils descendront leur regard s’illuminera et ils reprendront conscience et vie. Même le chauffeur semble dans cet état, il ne prononce pas un mot et fixe d’un air obnubilé et stupide la route qu’il suit, tout comme les passagers fixent un point et leur regard n’en dévie plus, ils le tiennent et ne le lâchent plus, une bataille de regards entre eux et du vide, ils sont comme endormis.

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  Durant ce travail je me suis rendue compte de nombreuses choses comme la routine, nos habitudes, le comportement des personnes qui m’entourent et le mien par la même occasion, ce que je ne remarquais pas avant. Ce travail m’a surprise finalement car en analysant comme cela ce qu’il se passe autour de nous, on change de point de vue, on se rend réellement compte de ce qui nous entoure.

Marjorie

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