Océane, critique littéraire

J’ai donc lu le livre de Joy Sorman qui est une femme de lettres française, également chroniqueuse de télévision et animatrice radio. Ce récit s’intitule “Paris Gare du Nord” paru en 2011, l’autrice s’est installée pendant une semaine à la gare de Nord, sans jamais monter dans un train, un RER ou même un métro, elle observe simplement la gare à toutes les heures de la journée. Elle en rapporte ce récit, écrit sur le vif, d’une semaine passée là où les choses ne s’arrêtent pas. Entre enquête et collection de coïncidences, “Paris Gare du Nord” est la mise en récit d’un lieu gigantesque et des foules qui le traversent. Une nouvelle manière de dire notre monde contemporain, avec précision, humour et sensibilité.

C’est un tout petit livre d’une rapidité de lecture. Il m’a fallu seulement 4 heures pour le lire, il peut être fini en une après-midi avec de nombreuses pauses.

Il y a cet extrait que j’ai bien apprécié : “Lui aussi, comme l’argent du centre de liaison qui surveille les écrans, reconnaît ses passagers. Ceux qui chaque jour à la même heure pendant vingt ans prennent le même métro. Je les vois vieillir, je vois leur vie changer, je les vois seuls, en couple, avec des enfants, seuls à nouveau.”

De ce lieu qui symbolise le départ, le voyage, elle tire un petit livre étonnamment intéressant et bref à lire pour regarder les gares d’un autre œil mais pas que celles-ci forcément. La seule question que je me suis posée est pourquoi écrire des détails insignifiants, parfois même pas amusants. Je comprends bien que c’est le but de ce livre : nous montrer l’ordinaire de nos vies pour qu’on les regarde autrement.
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Et après avoir lu “Paris Gare du Nord”, j’ai eu l’occasion de lire un autre livre de Joy Sorman également qui s’intitule “Sciences de la vie” qui est paru à la rentrée  2017, pour résumer brièvement : ce roman est le portrait d’une jeune fille de 17 ans qui vit à Paris, dans un appartement avec sa mère, elle mène une vie d’adolescente banale à un détail près. Cette jeune fille est issu d’une famille un peu particulière qui depuis le moyen-Âge plus précisément depuis 1518, toutes les filles aînées de chaque génération sont frappées par un malheur, par une malédiction génétique. Par exemple : la mère de l’héroïne, qui est Ninon Moïse, ne voit pas les couleurs. Chaque soir, elle contait à sa fille, l’histoire maléfique, et étonnante d’une de ses ancêtres, récits plutôt drôles qui vont ponctuer pour un réel plaisir de lecture le récit personnel de Ninon.

“On ne se rebelle pas contre le mauvais sort, on courbe l’échine”. Ce livre raconte le parcours de la jeune fille, qui va essayer de guérir de la maladie appelée : allodynie tactile dynamique, qui brûle la peau de ses bras sans laisser de traces, ni une quelconque explication. Elle va enchaîner les consultations mais aucun  médecin ne va réussir à la soigner, elle va donc se tourner vers des médecines plus irrationnelles, elle grandira donc avec ce symptôme en tout cas 3 ans de sa vie. A la fin du livre, Ninon trouvera un moyen de vivre sa vie et d’affirmer son identité

  Pour poursuivre, il y a un extrait que j’ai bien apprécié dans ce roman, c’est celui-ci : “ Vous me dites que je n’ai rien mais alors pourquoi j’ai mal ? J’ai peut-être quelque chose qui ne se voit pas à l’image. Vous pouvez tout voir avec vos machines ? Ninon est à cran, l’esprit aussi inflammable que ses bras, exagérément susceptible depuis quelques jours, depuis qu’est apparue cette foutue douleur incompréhensible sur sa peau, se sent soupçonnée, accusée d’affabulation; elle tâche  de soutenir son regard mais l’interne a remis le nez dans les feuilles d’examens et les radios plutôt que sur le visage contrarié de Ninon”

A travers ce roman, Joy Sorman décrit avec justesse l’état d’esprit de ces personnes atteintes de maladies rares, véritables énigmes pour la science. Et parfaitement aussi, cette douleur avec laquelle il faut vivre en permanence. Cette douleur qui devient une part entière de l’être, à tel point que lorsqu’elle disparaît, on se trouve content mais dépossédé. J’ai été touchée par sa manière bien particulière de parler de la maladie de l’âme et du corps en la tenant à distance par le conte, les histoires de sorcellerie…

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