2nde – Parfums d’Orient

« Asie, Asie, Asie. Vieux pays merveilleux des contes de nourrice 

Où dort la fantaisie comme une impératrice, 

En sa forêt tout emplie de mystère… » Tristan Klingsor, Shéhérazade.

Introduction

L’orientalisme, terme répandu à partir de 1830, ne désigne pas un style mais plutôt une vogue, un thème d’inspiration qui apparaît au XVIIe siècle et se développe en France aux XVIIIe et XIXe siècles jusque dans la première partie du XXe. Il débute avec la mode des turqueries dont témoigne le célèbre “mammamouchi” du Bourgeois Gentilhomme de Molière : joué devant le roi et sa cour, ce dernier voulant être vengé de la condescendance de l’ambassadeur de Turquie.

 

 

Il se poursuit avec les sultanes et les muftis de convention qu’on voit tant au théâtre que dans la peinture galante de l’époque de Louis XV. Il rencontre par la suite un succès sans précédent : Victor Hugo note en 1829, dans la préface des Orientales, que “l’Orient est devenu une préoccupation générale”.

 

Le monde arabo-musulman

La traduction française des Contes des Mille et Une Nuits (1704-1717) d’origine persane est un grand succès. Certains récits ont survécu dans la culture populaire, tels que Simbad, Ali Baba ou Aladin, survolés par la figure de Shéhérazade. Cet ouvrage, vite élevé au rang de mythe, est suivi des Lettres persanes de Montesquieu en 1721. Ils vont contribuer à dépeindre l’Orient comme un paysage de rêve et de fantaisies qui relance cette vogue de l’Orientalisme.

 

Les conquêtes françaises en Afrique vont faire connaître bien davantage les pays arabo-musulmans. Napoléon, dès son débarquement à Aboukir (Egypte) en 1798, est suivi de savants de toutes disciplines et d’artistes. Ils vont bien vite transmettre leurs travaux et leurs impressions au public français : c’est le cas de l’Egypte puis de l’Algérie dès sa conquête en 1830 (Charles X). Des peintres (Delacroix, Matisse), des écrivains et des poètes (Flaubert, Victor Hugo et Byron) voyagent dans tous les pays du Sud de la Méditerranée et alimentent cet intérêt à travers leurs œuvres.

 

Eugène Delacroix, « Femmes d’Alger dans leur appartement », 1832

 

Ces pays deviennent les décors stéréotypés des sultans tout puissants, jougs d’un peuple asservi. Celui des harems où les mœurs y seraient différentes et où perdurerait l’esclavage, la polygamie, le bain public etc. Cette tolérance entraîne en Europe un phénomène de fascination, teinté de sensualité.

 

 

L’Antiquité

La guerre de libération de la Grèce en 1821 (à laquelle participera Byron), vivifie l’intérêt intellectuel porté à la Grèce et à sa culture Antique. La culture européenne, s’étant construite en partie sur l’héritage gréco-latin, renouvelle le regard qu’elle porte sur sa propre identité. Elle mesure le chemin parcouru d’une certaine façon. Dans ce type d’orientalisme « antiquisant », on trouve également des vestiges de l’empire romain d’Orient comme l’ancienne Constantinople. Le retour à l’Antiquité si cher au courant néoclassique dans les Beaux arts, se superpose à l’attrait exercé par le Moyen Orient.

 

 

La figure conquérante d’Alexandre le grand se retrouve dans celle de Napoléon Bonaparte. Les conquêtes de ce dernier lançant une vogue sans précédent pour l’Egypte qui parcourt tout le XIXe siècle, accompagnant les grandes découvertes des égyptologues, de la pierre de Rosette jusqu’au tombeau de Toutânkhamon. 

 

 

L’Antiquité, est depuis longtemps, et reste le symbole du beau classique, idéal et intemporel auquel tous les artistes se réfèrent. Ils en retirent une inspiration ou se portent en faux contre lui. C’est une figure paternelle qui ne laisse personne indifférent.