Nous avons aimé cet article, publié sur le site « Rue89 » le 9 janvier.
http://www.rue89.com/2011/01/09/ces-ecrivains-dont-le-francais-nest-pas-la-langue-maternelle-184395
Nous vous en citons quelques extraits.
« Au début, il n’y avait qu’une seule langue », écrit, en français, la Hongroise Agota Kristov (« L’Analphabète »).
Agota Kristof a quitté la Hongrie à 21 ans.
Un dictionnaire raisonné à paraître en 2011 répertorie pour la première fois les auteurs migrants ayant adopté le français comme langue d’écriture, depuis 1981. L’ouvrage comporte 300 entrées, d’Alain Mabanckou à Atiq Rahimi (Goncourt 2008) en passant par Nancy Huston, Dai Sijie ou Andreï Makine. Il raconte la migration comme source de créativité. Le site « Rue 89 » a extrait quelques passages de l’article paru dans la revue « Hommes et migrations », prochainement en ligne sur le site de la revue.
Ils sont issus de plus de 50 pays différents. Ils ne sont pas nés en France, ni de parents français vivant en dehors du territoire national, et ont vécu, alors qu’ils étaient jeunes adultes ou plus tardivement, l’expérience de la migration.
Les uns se sont installés en France, où ils vivent, écrivent et publient en français : ce sont des figures d’« ancrage ». D’autres en sont repartis, soit vers d’autres pays soit vers leur pays dit d’origine : ce sont des figures de « passage ».
Ainsi, Alain Mabanckou, né au Congo-Brazzaville, vivant et écrivant en France pendant de longues années, est installé aux Etats-Unis. Mahi Binébine, après un long séjour en France et aux Etats-Unis, est rentré au Maroc, son pays natal. Mongo Beti, avant sa mort en 2001 à Douala, n’a cessé de faire le trajet entre son pays d’origine -le Cameroun- et la France.
Dans tous les cas, la France a exercé une nette influence sur leur carrière littéraire.
L’exil qui permet d’écrire et de créer
Au lieu d’insister sur le déracinement ou la perte de repères, le « Dictionnaire des “écrivains migrants” » considère la migration comme une source de créativité (…)
Le champ littéraire français a souvent distingué ces auteurs, par l’attribution de prix importants, comme le Goncourt à Atiq Rahimi ou le Femina à Dai Sijie et François Cheng. L’attribution du prix Nobel à Gao Xingjian (photo) témoigne à elle seule de la répercussion internationale que peut avoir l’œuvre d’un migrant passé par la France.
Rousseau, Zola, Apollinaire, Ionesco…
Le phénomène n’est pas nouveau : ceux qui écrivaient avant le 20ème siècle ont souvent été « incorporés » au patrimoine national, comme Jean-Jacques Rousseau (né à Genève), Emile Zola (dont le père était italien), Guillaume Apollinaire (né polonais), les Ionesco (natif de Roumanie) et les Beckett (de nationalité irlandaise, mais dont une bonne partie des livres sont écrits en français)(…)
(Ursula Mathis-Moser et Birgit Mertz-Baumgartner)